N'ayant publié que trois titres ("Le dernier mort du Val", "La mort en double", "D'une pierre deux morts") dans la collection Spécial-Police, Alain Rivière ne figure pas parmi les auteurs marquants du Fleuve Noir de l'époque. Selon l'Oncle Paul, il s'agissait du pseudo de l'épouse d'un auteur-phare de cet éditeur. D'autres indices (un enquêteur d'assurances, des prénoms) peuvent faire penser à un autre romancier ayant plusieurs pseudos. Évitons ces broutilles hypothétiques. Dans “Le dernier mort du Val”, l'histoire est un peu lente au départ, lourde comme l’ambiance de la petite ville décrite, floue comme les secrets de chacun. La seconde moitié est plus enlevée, et le dénouement bienvenu. Peut-être pas un grand polar, mais un suspense de fort bon niveau.
Une petite ville de province au milieu de la décennie 1970. “Blotti le long de son fleuve, Saint-Front ne se réveillait qu'à l'aube, au son des premiers vélomoteurs des travailleurs matinaux qui la traversaient.” Ici règne une tranquillité bourgeoise provinciale de bon aloi. Clotilde, l’épouse du promoteur immobilier Arnaud Saint-Voulx découvre son mari, qui vient de se faire tirer dessus. Il n’est pas mort, mais grièvement touché. Un clerc de notaire sera assassiné le lendemain, avec la même arme. C’était un ami de la première victime. Une coïncidence paraît improbable.
Employé d’un cabinet d’avocat, Jean-Placide Moulin enquête pour les compagnies d’assurances. Plusieurs autres habitants de la sous-préfecture étant assurés par la même compagnie, celle-ci craint d’avoir à débourser si d’autres morts se produisent. Jean-Placide se rend donc sur les lieux. Le commissaire chargé de l’affaire connaît bien la région et les personnes concernées. Après avoir dîné avec Jean-Placide, on le retrouve à son tour assassiné. Avait-il déjà identifié coupable ? Assurément, sa mort brutale est liée aux deux agressions précédentes. Un nouveau commissaire arrive, bien décidé à trouver la vérité.
Le notaire M.Donnot, l’agent immobilier Desforges, l’ingénieur M.Gervaise, l’architecte Delagrange, ou le jeune docteur Laurent (l’amant de Clotilde) : tous ces gens-là –non seulement se connaissent car ils font partie des mêmes milieux– mais ont un point commun. Et des intérêts convergents. Est-ce par la belle Nicole, employée du cadastre, que Jean-Placide obtiendra des renseignements ? Ou par Clotilde, qui se demande si elle devra bientôt choisir entre mari et amant ? Est-ce le dernier projet immobilier en date qui est la cause de ces crimes ? Le policier considère le docteur Laurent comme son meilleur suspect. Jean-Placide ne le pense pas coupable. L’argent n’est pas le mobile de l’affaire. L’épisode final arrangera peut-être tout le monde...