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27 novembre 2015 5 27 /11 /novembre /2015 05:55

Londres, printemps 1868. Depuis six mois, Mr Thomas Tapley est locataire de deux pièces chez Mrs Jameson, une veuve quakeresse stricte sur la moralité. D'une allure insignifiante et bien que n'ayant visiblement pas beaucoup d'argent, Thomas Tapley est un charmant gentleman sexagénaire. Il se promène souvent en ville, semble féru de lectures tel un érudit, et suit l'actualité dans les journaux. Il n'a rien révélé de son passé, et il ne paraît recevoir personne chez Mrs Jameson. En cette fin d'après-midi, apparemment après cinq heures, Mr Tapley a été assassiné dans son logement. On lui a asséné de violents coups mortels, tandis que Mrs Jameson et son employée Jenny n'ont rien entendu. Probablement pas un cambrioleur. Il est difficile de comprendre comment l'inconnu a pénétré dans la maison, jusqu'à l'étage.

Dans la même rue habitent Lizzie Martin et son mari Benjamin Ross, inspecteur à Scotland Yard, avec leur jeune protégée Bessie. Alerté par Jenny qui a découvert le corps sanglant, Benjamin Ross s'occupe immédiatement de l'affaire. Ni la veuve Jameson, ni sa bonne, ne sont suspectes. C'est sur la victime que le policier se pose des questions : “Un certain nombre de mystères entourent le défunt. Notamment comment il a acquis le talent de se faire héberger chez des femmes respectables, et comment il a persuadé celle-ci en particulier de lui confier une clé de l'entrée principale de sa maison. Il semblait dans le besoin. Il s'exprimait bien et était éduqué, mais il a surgi de nulle part…” Selon le chef de Ross, le superintendant Dunn, soit le coupable était un voleur, soit Tapley était lui-même un homme louche fuyant un fâcheux passé.

Assisté par le compétent sergent Morris, l'inspecteur Ross cherche des indices sur le lieu du crime. De son côté, l'agent Biddle ne trouve guère de témoin connaissant vraiment le défunt. Lizzie, qui vit un clown rôder dans leur quartier, s'informe elle aussi. Le petit Joey, enfant des rues, aurait remarqué un visiteur chez Tapley à l'insu de la logeuse. Un homme jeune et riche, circulant dans une rutilante calèche. Issu d'une famille prestigieuse, fier de sa réussite sociale, l'avocat Jonathan Tapley contacte la police. Il est le cousin germain de Thomas Tapley, de dix ans plus âgé que l'avocat. Celui-ci a pris en charge Flora, sa nièce de dix-neuf ans, quasiment fiancée à un jeune homme de la haute société, fille du défunt, tandis que le cousin Thomas menait une vie quelque peu chaotique à l'étranger. Il n'avait pas averti ses proches de son retour en Grande-Bretagne.

Benjamin Ross s'invite chez l'avocat, réclamant des alibis que Jonathan Tapley lui fournit. Manière aussi de rencontrer Flora Tapley. Elle n'a pas tenu rancune à son père, si absent fut-il. Lizzie fait la connaissance de Horatio Jenkins, détective privé, ancien de l'agence Pinkerton au États-Unis. Il est missionné par une cliente française, mais la mort de Tapley pourrait être source d'ennuis pour le détective et elle. Benjamin se déplace à Harrogate, chez le notaire du défunt. Tapley n'était pas si pauvre, laissant un certain héritage à sa fille, et des documents peut-être dignes d'intérêt. Mrs Jameson en a probablement vu davantage qu'elle ne le pensait. Épaulé par Lizzie, l'essentiel pour Benjamin Ross sera de retrouver la clé… de l'énigme.

Ann Granger : Un flair infaillible pour le crime (Éd.10-18, 2015) – Inédit

Lizzie Martin est l'héroïne d'une série, dont voici le quatrième épisode après “Un intérêt particulier pour les morts”, “La curiosité est un pêché mortel”, “Un assassinat de qualité”. Des histoires (inédites en français) à lire soit séparément, soit dans la chronologie. Aucun problème pour s'y repérer, car de rapides rappels nous renseignent. Une visite chez la tante Parry nous l'indique : c'est là que Lizzie Martin débarqua à Londres, en qualité de dame de compagnie. Première aventure qui fut l'occasion de renouer avec Benjamin Ross. Entre-temps, le couple s'est marié. À chaque fois, tandis que Ben mène en professionnel son enquête, Lizzie y contribue en parallèle. En compagnie de la jeune Bessie, dont le franc-parler l'éclaire parfois sur des hypothèses ou sur le caractère des gens.

Le décor n'est pas sans rappeler celui des romans d'Anne Perry, puisque ces intrigues se déroulent également dans la seconde moitié du 19e siècle à Londres. Il est vrai que l'ère victorienne est propice aux scénarios énigmatiques, à la confrontation entre les ambiances dans la bonne société et dans la population plus modeste, voire fort pauvre. La logeuse appartenant à la communauté des quakers illustre, par exemple, cette classe moyenne qui vivait sans luxe. Lizzie et Ben eux-mêmes sont issus de milieux simples. Nous sommes là dans un polar historique de très belle qualité, avec une parfaite reconstitution de l'époque, où le suspense et les investigations gardent la priorité.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 05:55

Voilà six mois que le parti de droite néo-franquiste a repris le pouvoir en Espagne. Une purge médiatique a balayé l'audiovisuel public. Bien qu'il ne cache pas ses opinions de gauche, le journaliste Diego Martín y a échappé. Son émission de radio hebdomadaire reste percutante quand il s'agit de dénoncer, avec l'appui d'un ami magistrat, la corruption des élites. Par le passé, Diego Martín a payé cher ses investigations : son épouse Carolina fut exécutée par des narcotrafiquants. Cette fois, il enquête sur le meurtre de Paco Gómez, jeune élu droitiste assassiné le soir des élections. Avec le juge David Ponce et la singulière détective privée Ana Durán, originaire d'Argentine, Diego cherche des éléments, sachant déjà que Paco Gómez était le descendant d'une famille directement impliquée dans le franquisme.

L'avocate Isabel Ferrer vient de lancer une association, destinée à rendre justice à ceux dont les enfants furent volés au temps de la dictature. Un sujet sensible qui intéresse les médias espagnols. Son émission sur la mort de Paco Gómez ayant été un succès, Diego ne peut guère passer à côté, lui non plus. Un premier contact est établi entre la détective Ana et Isabel Ferrer. L'avocate sait qu'elle peut avoir confiance en Diego. Elle espère que le juge Ponce pourra donner un caractère judiciaire à ces affaires d'enlèvements de bébés. Si son association excite les médias, elle suscite l'hostilité de beaucoup de fachos haineux. Le franquisme et ses héritiers sont virulents, partout infiltrés. Isabel Ferrer fait parvenir à Diego un dossier accablant. Ana, qui a connu l'équivalent en Argentine, ne peut que se ranger aux côtés d'Isabel Ferrer.

Aller-retour à Paris pour Diego, où il enregistre le témoignage d'Emilia Ferrer, la grand-mère de l'avocate. En 1946, elle fut victime du vol de son bébé à la naissance. Émission-choc, quand Diego aborde la question avec cet entretien, tandis que dans le même temps Isabel est agressée par des sbires opposés à son association. Le scandale agite bientôt toutes les strates de la société espagnole, par ailleurs secouée par la crise économique. Les réflexes totalitaires du pouvoir ne risquent-ils pas de se reproduire ? On en oublierait presque le meurtre du vieux notaire franquiste Pedro de la Vega, celui du médecin de Barcelone Juan Ramírez, l'assassinat du banquier Adolfo Ibañez, et la mort de sœur Mari-Carmen à Valence. Pourtant, il s'agit bien d'une série criminelle qui fait suite au meurtre de Paco Gómez…

Marc Fernandez : Mala Vida (Préludes Éd., 2015)

C'est un thème abordé par plusieurs polars qui est au centre de l'histoire : les bébés volés par la dictature franquiste aux familles communistes d'alors. Il serait imprudent d'affirmer que cette pratique odieuse concerna des centaines ou des milliers d'enfants. L'omerta due à l'amnistie générale espagnole post-Franco, et la probable destruction de preuves plus ou moins concrètes, empêchent la levée du secret. Même si, loin des exactions comparables de la junte en Argentine, il ne se produisit que quelques cas isolés, il serait légitime de lourdement condamner toutes les familles et institutions qui y contribuèrent.

Marc Fernandez connaît bien l'univers du roman noir, lui qui fut un des cofondateurs du magazine Alibi. Marqué par un épisode douloureux, autant que motivé par ses convictions, son héros Diego Martín est un authentique reporter "à l'ancienne" adepte de l'enquête de terrain. “Les règles de base du journalisme, en somme. Des règles qui semblent avoir été oubliées depuis longtemps. Dans un monde où il faut aller toujours plus vite, être le premier sur le coup, quitte à donner une info non vérifiée voire fausse, lui aime aller à son rythme, prendre son temps.” Le rôle de l'avocate Isabel Ferrer est également capital dans cette intrigue, pas uniquement au sein du militantisme associatif. Un thème sombre, des péripéties racontées avec fluidité, pour un noir suspense entraînant.

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23 novembre 2015 1 23 /11 /novembre /2015 06:20

Un inconnu est retrouvé mort dans la parcelle des rhinocéros du zoo de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire). Il aurait fait une chute fatale de plusieurs mètres, avant d'être encorné par un rhinocéros en furie. Les gendarmes et la jeune procureure Tiphaine Chevreau sont vite sur place. Que faisait la victime ici, dans la nuit ? François Gay, fils du propriétaire, confirme que ce n'était pas un employé de leur Bioparc. On découvre l'abri où cet homme s'était installé en clandestin, dans le parc. Ce serait un Nigérien ayant profité du transfert d'un girafon vers ce zoo. En somme, un accident malchanceux pour un migrant caché.

La journaliste Julie Lantilly, du Courrier Ligérien (remis à flot par Ouest-France) a réussi à s'infiltrer parmi les enquêteurs. Quelques jours plus tard, elle revient quand le directeur Pierre Gay est de retour. Un passionné très impliqué dans la préservation des espèces animales. Il retrace pour Julie l'historique de sa famille et du zoo. Ce nouvel incident lui en rappelle un précédent, datant de 1998. Pourtant, la sécurité n'est pas un vain mot à Doué-la-Fontaine. À la réouverture du parc, Julie remarque un quatuor de touristes en Bentley. Peu enthousiastes, ils apparaissent en décalage par rapport à la clientèle populaire.

Renseignement pris, il s'agit d'Attilio de Abreu, néo-châtelain de la région, riche homme d'affaires international, avec des amis. Ce qui n'explique guère leur présence au zoo. Des excentriques ? “On n'est pas excentrique à quatre. Non, ils sont venus vérifier quelque chose qui ne pouvait pas attendre...” estime la journaliste. Sachant qu'Attilio de Aubreu a bien un lien avec le Niger, faut-il imaginer son implication dans la présence du clandestin ? Et un dysfonctionnement ayant conduit à la mort du Nigérien ? Julie se doit aussi de parler de cette autre affaire, sept brebis égorgées et quelques autres blessées par un animal féroce en divagation. Une psychose s'installe chez les éleveurs du secteur.

Gino Blandin : Micmac au Bioparc (Éditions Geste noir, 2015)

Grâce à un son collègue du journal, Frédéric Colin, il est possible à Julie d'approcher du château rénové d'Attilio de Abreu. Une bâtisse somptueuse, aménagée par des équipes venues d'ailleurs. Le propriétaire n'a aucun contact avec les villageois voisins, même si ses proches semblent loger dans la demeure. Explorer les souterrains menant au château, Julie n'y tient pas du tout, mais son ami Frédéric s'y aventure dans la nuit. Une escapade risquant de lui poser de gros problèmes, côté gendarmerie et justice. À moins que Julie s'arrange pour éviter que l'avocate du châtelain porte plainte pour de Abreu.

Tandis qu'une battue est organisée contre la bête tueuse de moutons, peut-être un félin, la journaliste repère un curieux barbu rôdant dans les parages. Pierre Gay reconnaît ce Bob Richardson, douteux baroudeur, sans doute en affaires avec Attilio de Abreu. S'il joue un rôle dans ces évènements, ça reste des suppositions pour Julie et le directeur du zoo. La menace se précise quand Julie et la vétérinaire du Bioparc sont ciblées par un incident dans l'enclos des lions. Néanmoins, la téméraire journaliste persiste à chercher la vérité…

 

Voilà une authentique intrigue policière, dans la belle tradition du roman d'enquête. Une héroïne aussi intrépide que charmante, des situations énigmatiques, des personnages fort suspects, un mort et des incidents à répétition, l'affaire ne manque ni de péripéties ni d'hypothèses à suivre. L'autre atout favorable, c'est l'aspect documentaire de l'histoire. Il est question de préservation de la nature sauvage. Et des réglementations parfois mal appliquées. Mais ce n'est pas seulement le zoo de Doué-la-Fontaine, effectivement au cœur du sujet, qui est évoqué. On nous décrit également l'Anjou et la pittoresque région saumuroise, avec par exemple ses Coteaux-du-Layon, agréables vins du Val de Loire. Un secteur géographique assez peu utilisé dans le polar, semble-t-il. Pour son nouveau roman, Gino Blandin nous a concocté un très bon suspense, qui se lit avec grand plaisir.

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 05:55

En Californie, les deux frères Spellacy étaient natifs du quartier de Boyle Heights, peuplé de prolos d'origine irlandaise. En ces premières décennies du 20e siècle, avec tous ces catholiques fervents de leur entourage, devenir religieux ou policier constituaient les meilleures voies pour progresser. Desmond Spellacy choisit la prêtrise. Durant la guerre, il fut aumônier-parachutiste. Ce qui lui octroya des médailles et de solides relations. Il entra tôt dans la hiérarchie épiscopale. En 1947, âgé de trente-huit ans, fréquentant les milieux huppés, Desmond est chancelier auprès du cardinal Hugh Danaher. Ce dernier s'affiche exigeant sur le financement des projets de l’Église. Il peut faire confiance à Desmond pour trouver les solutions, quitte à frayer avec des mafieux de la construction.

Il est l'ami de gens troubles tels que Jack Amsterdam, Mexicain par sa mère, Juif par son père, homme d'affaire dont l'entreprise de bâtiment masque des activités illégales. Son passé de proxénète, on ne doit plus s'en souvenir. Desmond Spellacy couvre aussi les écarts des dignitaires catholiques. À ce rythme, vu son efficacité, on le nommera Évêque auxiliaire avant ses quarante ans. Ce qui signifie pour lui être “enterré vivant”, car son équilibre dépend de sa vie publique, golf et soirées mondaines. Même si des morts suspectes se produisent, ce sont des incidents que Desmond ne craint pas de surmonter, en bon combinard. On peut déjà dire que, vingt-huit ans plus tard, au milieu des années 1970, on le retrouvera dans une paroisse oubliée de tous au milieu du désert.

Son frère Tom Stellacy est devenu policier. Il a fondé une famille, mais son épouse a été internée à Camarillo pour raisons psychiatriques. Sa fille est devenue nonne, son fils a une entreprise vendant des objets religieux. Toujours l'influence catholique. Tom fit partie de la brigade des mœurs de Wilshire. À cause d'embrouilles avec la prostituée Brenda (au service de Jack Amsterdam), il fut muté grâce à des appuis à la Brigade criminelle de Los Angeles, où il se trouve en 1947. Il a alors une quarantaine d'années. Son supérieur Fred Fuqua applique des méthodes "modernes", espérant devenir préfet de police. Tom a pour partenaire Frank Crotty, flic plus ancien que lui. Avec son langage "direct" et son manque de conscience professionnelle que Tom tolère volontiers. Frank a investi ses bakchichs dans une affaire commerciale avec des asiatiques.

Ce sont les patrouilleurs Bingo (pas très futé) et Lorenzo (un Noir consciencieux, promis à de hautes fonctions bien plus tard) qui sont les premiers à trouver un cadavre de femme découpé en deux, à l'angle de la 39e Rue et de Norton. L'inconnue a un cierge planté dans le vagin et un rose tatouée près du pubis. Les indices autour sont brouillés. Cette belle jeune femme sera difficile à identifier. Frank Crotty estime logiquement que leur enquête est vouée à l'échec. Leur chef Fuqua crée une "brigade des crimes graves" à cette occasion, ce qui n'a guère de sens. Les dénonciations et autres témoignages farfelus ne vont pas les aider. Savoir, grâce au légiste asiatique, qu'elle mangea peu avant sa mort des pâtés impériaux, non plus. Le journaliste Howard Terkel attend, lui, des révélations croustillantes sur cette affaire criminelle. L'affaire de "la Vierge impure" est lancée.

Tom trouve un peu de répit auprès de son amante, Corinne Morris, qu'il sauva naguère lors d'une prise d'otage foireuse. Quand Mgr Gagnon est victime d'un infarctus alors qu'il se trouvait avec une pute, Tom et Frank avec Bingo et Lorenzo s'arrangent pour exfiltrer le cadavre. Desmond et le cardinal imagineront une explication du décès digne du prélat défunt. Les frères Spellacy se revoient pour un déjeuner, même s'ils restaient en contact. Les vacheries fraternelles fusent entre eux. Si l'épouse de Tom devait sortir de psychiatrie, ce qu'annonce Desmond, ça risquerait de bientôt compliquer la vie privée du policier et de Corinne.

On ne peut se contenter de vagues suspects, dans le genre du pervers Rafferty. Par son ex-colocataire Gloria, la victime est finalement identifiée : Lois Fazenda. Le CV de cette jeune femme de vingt-deux ans, originaire de Medford dans le Massachusetts, vivant en Californie depuis trois ans, montre son instabilité. Ses proches actuels et ses amants de passage disposent d'alibis. Serait-ce dans le milieu ecclésiastique, avec ses prolongements financiers, que Tom Spellacy devrait enquêter ? Ce dossier, officiellement résolu par Frank Crotty, ne sera pas sans impact sur son frère Desmond et lui…

John Gregory Dunne : True confessions (Éd.Seuil, 2015) – Coup de cœur –

Le meurtre jamais élucidé après-guerre d’Elisabeth Short à Los Angeles, voilà une histoire qui nous rappelle quelque chose ? Une dizaine d'années après le présent roman, James Ellroy écrira “Le dahlia noir” s'inspirant du même sujet. D'une façon plus factuelle et dure, avec une narration moins enjouée et moins souple que dans ce “True confessions”. Les deux titres ont chacun leurs mérites, mais l'ambition n'est pas identique.

John Gregory Dunne pointe du doigt l'hypocrisie générale régnant en Californie après la guerre. En plein essor, cet État se veut dynamique, s'autorisant jusqu'à des malversations financières qui ne semblent inquiéter personne. Corruption et faux-semblants à tous les niveaux : au sein de l’Église catholique (tels ces civils décorés d'Ordres religieux, ce Monseigneur recevant de luxueux cadeaux à chaque anniversaire, sans parler des contrats d'urbanisme dévolus aux amis), dans la police (entre lucratifs pots-de-vins aux inspecteurs et honneurs pour les chefs), tandis que la presse en tire profit également.

Le récit est ponctué de sourires, en témoigne ce passage. Desmond évoque un futur pèlerinage de groupe en Europe, quinze étapes en quatorze jours : “On saute Paris pour gagner directement Lourdes, avec un peu de chance on y entendra parler un sourd-muet, ou un aveugle recouvrira la vue en notre présence. Un voyage pareil, ça doit être marqué par des temps forts. Puis une nuit à Fatima. Apparemment, on fera halte à tous les endroits où la Sainte Vierge a atterri. Puis une audience générale du pape à Rome, pour les élèves du Saint-Rosaire et quinze mille de leurs amies les plus proches. Je servirai de chaperon, c'est tout. ─ De peur qu'elles se fassent niquer par les macaronis ? ─ C'est curieux, Tommy, j'avais l'intuition que tu ferais une remarque dans ce style.” D'autres scènes et dialogues sont d'un humour encore plus grinçant.

Initialement paru en français sous le titre “Sanglantes confidences”, ce roman bénéficie d'une nouvelle traduction. Si des écrivains confirmés comme George Pelecanos (qui signe la préface de cette édition) et Thomas H.Cook considèrent que c'est un roman majeur, on ne pourra pas les contredire. D'abord, soulignons une belle galerie de personnages, où chacun est présenté avec autant de franchise que de subtilité. On visualise aisément le mafieux entrepreneur Jack Alexander, l'arriviste chef de la police Fuqua, le cardinal qui s'affiche intransigeant, les flics de base Bingo et Lorenzo, la décomplexée Corinne, ainsi que tous les autres. Avec, au centre, les frères Spellacy. Tous deux intelligents, ils portent un regard divergeant sur ce qui les entoure, et sur leur propre vie. Bien que sa foi soit très relative, Desmond pense grimper encore dans l'échelle sociale. Tandis que Tom apparaît d'un cynisme blasé, pas dupe de la médiocrité ambiante, fut-ce chez les catholiques.

Latinos, Noirs, Asiatiques, Irlandais, et bien d'autres communautés ethniques, cohabitent dans l'agglomération de Los Angeles en 1947. John Gregory Dunne s'applique à nous faire partager le climat de l'époque, dans une brillante reconstitution. Sans porter de jugement, il esquisse les réalités. Son “écriture” s'avère splendide, non seulement fluide mais avec le ton juste, dans les dialogues autant que dans la structure scénaristique. Par exemple, il insère en finesse le passé militaire de Desmond, pour nous faire comprendre que le "plan de carrière" du prêtre débute là. Pas si anecdotique non plus, le cas des pompes funèbres de Sonny McDonough, dont un ou deux paragraphes expliquent son arrangement avec l'épiscopat pour les obsèques de paroissiens pauvres. Habiles retours sur l'origine des frères, ou sur la folie de l'épouse de Tom, aussi. Ce sont tous ces détails qui offrent du caractère, de l'humanité, de l'authenticité à l'histoire.

L'enquête sur le meurtre de "la Vierge impure", Lois Fazenda ? Elle progresse, bien sûr. On connaîtra le nom du présumé assassin. Ce dont, ainsi que le dit George Pelecanos, on se contrefiche. Ce n'est pas un roman d'énigme. Il s'agit d'un portrait soigné de la Californie d'alors, d'un puzzle parfaitement cohérent. Y compris dans sa conclusion, vingt-huit ans après les faits criminels. “True confessions” de John Gregory Dunne est un roman noir d'une qualité exceptionnelle, ça ne fait aucun doute.

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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 05:55

À Bruges (Belgique), le commissaire Pieter Van In forme une famille avec sa compagne, la juge d'instruction Hannelore Martens, et leurs deux enfants. Depuis peu, Van In s'essaie au sport, à la musculation intensive. Dans son métier, il est entouré de sa fidèle équipe de policiers : Carine son assistante amoureuse de lui, Guido Versavel son adjoint homo, et les autres. Cette nuit-là, un monsieur ivre en cellule de dégrisement, a claironné qu'il fallait s'attendre à plusieurs meurtres dans la région. Dès le lendemain Van In et Versavel vont questionner ce retraité aisé, Hubert Blontrock, joueur invétéré ayant ses habitudes au casino de Blankenberge. Rappelant qu'il était saoul, il reste imprécis dans ses réponses. Peut-être a-t-il peur d'en dire davantage ? Hubert Blontrock est bientôt retrouvé mort chez lui, d'une balle dans la bouche, non sans avoir été torturé. Absente au moment des faits, sa veuve Marie-Louise est affable, mais ne peut renseigner les policiers.

Au casino de Blankenberge, Van In se laisse tenter par les jeux d'argent. S'il bénéficie de "la chance du débutant" dans un premier temps, il ne tarde pas à perdre ses gains. Sans doute Van In est-il atteint par le virus du joueur, car il va y retourner plus tard, à l'insu de sa compagne. Devilder, le patron du casino, se montre courtois et généreux avec lui, non sans arrières-pensées. Le commissaire perd de grosses sommes. Hannelore et Versavel ont compris ce qui se passait, et s'inquiètent de cette onéreuse passion. De son côté, la juge Hannelore s'avoue troublée par un nouvel avocat, Olivier Vanderpaele. Décomplexé, il est plus qu'allusif quant à une relation intime. Hannelore n'est pas du genre à céder, mais Van In est vite jaloux quand il s'aperçoit des manœuvres de Vanderpaele. S'il continue à miser exagérément au casino, il est souhaitable que Versavel et Hannelore interviennent.

Nathan Six est un exécuteur. Il prend un certain plaisir dans l'accomplissement des crimes dont il est chargé par le Maître du Jeu. À Blankenberge, il fait une nouvelle victime. Merel Deman est une ex-employée de la société de transports de malades E&O. Elle venait de se faire refaire les seins trois jours plus tôt dans une coûteuse clinique spécialisée. Pour les enquêteurs, pas de piste à espérer. Van In et Versavel interrogent Willy Gevers, ancien associé de Blontrock dans une société d'antiquités appelée Pair et Impair. Celui-ci reste flou, n'allant assurément pas dire aux policiers qu'il anime un casino clandestin "mobile". Toutefois, il laisse entendre que Blontrock n'était plus si riche, ayant beaucoup perdu au jeu. Nathan Six s'est attaqué à l'arme blanche au vieux Charles Maréchal, nouvelle victime désignée. La cible n'est que blessée, et le tueur doit abandonner sa voiture près de lieu de l'agression. Cette fois, des indices peuvent aider Van In et ses collègues à le traquer…

Pieter Aspe : Faites vos jeux (Éd.Albin Michel, 2015)

C'est déjà la seizième enquête du commissaire flamand Van In traduite en français. Une telle série suppose de développer un univers autour du héros. C'est le cas, et le lecteur s'y sent rapidement à l'aise, identifiant sans difficulté les proches de Van In. Ce policier avait déjà quelques défauts, dont une forte tendance à l'alcoolisme, un peu calmée par sa vie en couple. Le voici qui risque d'être touché par la passion des jeux de casinos. Celui de Blankenberge n'étant qu'à environ une demie-heure de Bruges, facile de s'éclipser pour y tenter sa chance. Même les joueurs atteints de cette addiction savent pourtant que seuls les casinos gagnent toujours. Cette histoire souligne également que, dans ces milieux, les gros joueurs se connaissent, formant un cercle d'habitués.

Qu'on ne s'étonne pas que soit cité ici l'exécuteur Nathan Six, car il apparaît tôt au cours de cette intrigue. Tueur en série, il incarne le "comment" de ces crimes, encore faut-il découvrir le "pourquoi" et le nom de son commanditaire, le Maître du Jeu. Nous sommes là dans un roman policier respectueux de la meilleure tradition du genre, ne l'oublions pas. Tandis que se déroule la vie privée et professionnelle des enquêteurs, l'énigme reste donc à élucider. Non sans certains dangers pour le commissaire et son assistante, on le verra. Car la tonalité n'est pas ronronnante, il y a aussi de l'action. Forme classique pour un fort agréable polar, qui se lit avec grand plaisir.

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16 novembre 2015 1 16 /11 /novembre /2015 05:55

C'est Octave, cinq ans, “un petit garçon joli comme un ange, aux yeux bleus, aux boucles dorées, intelligent”, qui observe et raconte les mésaventures de ses parents, et de ses six frères et sœurs. Octave joue un rôle quelque peu fantomatique parmi eux. Toute sa famille habite dans le château du grand-père, le docteur Albert Ade. Cet aïeul apparaît sévère, car il se veut garant de l'hérédité familiale, d'une droiture sans faille. Quand Ernest, l'aîné de ses petits-enfants, sort de prison pour une condamnation après un petit vol, le grand-père le chasse de sa propriété. M.Cueille, l'amoureux de Clémence, sa petite-fille de dix-neuf ans, espère se marier avec la jeune fille. Ayant aussi un vague antécédent délictueux, M.Cueille se voit refuser par le docteur Ade d'épouser Clémence.

Les parents d'Octave sont de retour de voyage, accompagnés de M.Khan, l'assistant du père de famille. Cet Indien semble attiré par Madame Ade, peut-être parce que celle-ci affiche un esprit troublé plutôt que par amour. Il finira par quitter le château, disparaissant dans des circonstances bizarres. Le père d'Octave voudrait savoir où son épouse cache le petit Alfred, enfant du couple que personne n'a jamais vu. Si le grand-père médecin est un homme de rigueur, son fils n'est qu'un freluquet. Le plus fort de la famille, c'est Charles. Âgé de quatorze ans, il est grand, musclé, et cruel. Méchant de nature, excessif en tout, il ne craint guère les corrections physiques que lui inflige sa sœur Clémence. Étrangler toute sa famille et mettre de l'argent de côté semblent ses deux obsessions.

Paralysé à la suite d'une "attaque", le grand-père médecin est bientôt retrouvé pendu. Le petit Octave a vu rôder une étrange Bête dans la propriété. Ce pourrait être une des sales idées de son frère Charles, pour effrayer son entourage. Toutefois, la Bête apparaît encore bien plus dangereuse, sans doute meurtrière. Un certain Lefort, docteur défiguré, s'installe dans une maison sans confort proche du château. Charles et lui sympathisent lors de visites nocturnes de l'adolescent chez Lefort. Malgré son incontestable force physique, le jeune Charles s'avère plus faible à la lutte que le médecin défiguré.

Il est probable que ce nouveau venu ait de mauvaises intentions, concernant les habitants du château. Sa violence visant des figurines ensorcelées indique sa volonté destructrice. D'ailleurs les décès vont maintenant se succéder dans la famille Ade. Certes, noyades et chutes mortelles peuvent toujours être attribuées à de la malchance, ou au hasard. Malgré sa paranoïa, la mère d'Octave n'en croit rien. Elle est décidée à protéger coûte que coûte l'invisible enfant Alfred. Contre son mari ou contre la Bête rôdant pour tuer ? Bien que des policiers surveillent la propriété, seront-ils assez forts pour arrêter le criminel ?…

Marc Agapit : Greffe mortelle (Éd.Mille et Une Nuits, 2015)

De son vrai nom Adrien Sobra (1897-1985), Marc Agapit fut l'auteur-phare de la collection Angoisse du Fleuve Noir, produisant deux à trois titres par an de 1958 à 1974. Professeur d'Anglais célibataire, c'est à la soixantaine qu'il écrivit ces romans où règnent la mort et des ambiances étranges. “Une œuvre magistrale dont les thèmes récurrents sont l'Enfer et la mythologie et qui, bien que résolument fantastique, a des accointances avec le policier” écrit François Guérif dans le "Dictionnaire des Littératures Policières" de C.Mesplède.

Les intrigues de Marc Agapit sont servies par deux grandes qualités. D'abord, la fluidité de la narration, sachant que bon nombre de ces histoires sont racontées par des enfants. Candeur et imaginaire enfantin, face à des situations glauques et morbides, le contraste fonctionne à merveille. Autre élément capital, la non-dramatisation du récit : l'auteur ne surenchérit pas dans le spectaculaire, il garde volontairement un côté factice. Il présente des monstres fort laids, des personnages violents, des silhouettes inquiétantes, et cultive le mystère. Néanmoins, on sourit autant que l'on tremble en lisant ces aventures.

Les rééditions de romans de Marc Agapit sont rares, hélas. C'est à l'initiative de l'écrivain Philippe Vasset que “Greffe mortelle” paraît à nouveau (pour un prix modique) dans la collection "Mille et une nuits". Heureuse idée, et bel hommage de sa part en préface de cet ouvrage. Il n'a pas tort de souligner que la littérature populaire a toujours été négligée par les beaux esprits, mais également qu'existe un ostracisme envers les auteurs français singuliers tels que Marc Agapit : “Personne ne conteste la valeur de Philip K.Dick, de H.P.Lovecraft ou de Stephen King, pour ne citer que des monuments. Tous viennent de pays où les frontières entre les genres sont plus poreuses qu'en France, et tous ont été célébrés chez eux avant d'être publiés ici. Mais des auteurs d'espionnage, de fantastique ou de terreur français, ça n'existe pas.”

Grâce à “Greffe mortelle”, les lecteurs actuels sont invités à redécouvrir le talent d'un de nos excellents auteurs d'antan, afin que Marc Agapit et son œuvre restent logiquement dans les mémoires.

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15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 05:55

Située entre le Nicaragua et Panama, la république du Costa Rica est un des pays les plus stables de l'Amérique centrale, peuplé de cinq millions d'habitants. Ancien guérillero, don Chepe vit désormais à Paraíso, dans la province de Guanacaste, sur la côte Pacifique. Ce solitaire ne fréquente guère que le bar de son amie doña Eulalia et une poignée d'amis. Sergent de la Force publique, le Gato en fait partie. Il arrive que don Chepe s'improvise détective pour lui offrir son aide. En cette saison pluvieuse, c'est ce qui se produit quand un cadavre est découvert dans la région. Don Chepe connaissait Antonio Rivas, trente ans, et sa mère María. Cette famille est originaire du Nicaragua voisin. Des “Nicas”, comme on dit ici, par opposition aux “Ticos” natifs du Costa Rica.

Qu'Antonio ait été mêlé à un trafic de drogue, puisqu'on en a trouvé sur lui, don Chepe n'y croit pas du tout. C'est une mise en scène, d'autant que le corps gisait dans un lieu pas si isolé. On ne peut pas s'attendre à une enquête sérieuse de la part de la police. Après les obsèques d'Antonio, ses proches Nicas et don Chepe font face à des réactions xénophobes dans un bistrot. Au lendemain de cette vive altercation raciste, un cousin d'Antonio est agressé à la machette. Grièvement blessé, il est hospitalisé et s'en remettra peut-être. Il est peu probable que les “Ticos” agressifs en soient les responsables. Ligia, policière amie du Gato, est d'une honnêteté irréprochable. Elle leur apprend que le tueur d'Antonio était un gaucher, et qu'il y a quand même un témoin du meurtre.

C'est ainsi que don Chepe et Chato interrogent le pêcheur Arnoldo. Selon sa version, les malfaiteurs étaient des “Nicas”, mais cette impression est douteuse. Don Chepe se rend à Liberia, la ville où Antonio était employé dans une usine de conditionnement d'oranges. Le directeur de cette entreprise prospère confirme qu'il s'agissait d'un salarié fiable, sans exclure des embrouilles de sa part dans un trafic de drogue. Discrètement, à l'insu du contremaître Luis, un collègue et ami d'Antonio contacte don Chepe. Le défunt lui avait confié des documents comptables concernant cette usine. Ligia les consulte, confirmant qu'il s'agit certainement d'un trucage financier. Quant à trouver des preuves impliquant la nébuleuse qui en bénéficie, c'est bien difficile.

Via un atelier de mécanique auto servant d'intermédiaire dans des trafics de drogue, don Chepe et le Gato trouvent une piste exploitable. Quand ils essaient d'alpaguer le dealer Pérez, celui-ci réplique dans un échange de tirs, blessant légèrement don Chepe avant de réussir à s'enfuir. Sans doute est-ce en utilisant la ruse que l'enquête avancera : il faut tenter de piéger le fameux Luis. Ligia continue, elle, à chercher des preuves financières. Pour Don Chepe, l'affrontement avec le commanditaire de l'affaire est inévitable : “La loi et la justice ce n'est pas la même chose, et moi je suis trop vieux pour rester là, à attendre l'arrivée des miracles.”

Daniel Quirós : Pluie des ombres (Éd. l'Aube Noire, 2015)

Dans cette partie du monde, l'image du Costa Rica est plutôt bonne. La solidité du pays tient au tourisme grâce à des sites séduisants, aux investissements fonciers, et à ses rapports économiques avec les États-Unis. Cette façade de tranquillité fait oublier que la majorité de la population vivote, tandis que les plus puissants engrangent les profits. Le mécanisme de la corruption est fort bien expliqué par l'auteur. Quelques billets pour les sans-grades qui feront semblant de ne rien voir, un pactole pour les dirigeants tricheurs. Et tant pis pour ceux qui seraient trop curieux ou pas assez obéissants : on usera de la violence à leur encontre, on les supprimera au besoin. Ce n'est pas tant que la police soit inactive, mais il existe des moyens de la museler, de calmer le zèle.

L'autre principal aspect évoqué, c'est le racisme. Un ouvrier venu du Nicaragua accepte un salaire plus faible qu'un habitant du Costa Rica. Beaucoup d'entreprises s'offrent ainsi de meilleures marges, et du personnel moins exigeant. Schéma classique, créant la division entre populations locales et étrangères. Généralement trop lâches pour s'en prendre aux vrais responsables, les "perdants" désignent d'aussi pauvres qu'eux. Ce roman noir baigne dans une ambiance sombre et pluvieuse. Voilà une intrigue de très bon niveau. À travers l'enquête de don Chepe, personnage mûr, rebelle assagi mais toujours réactif, ce sont les réalités du Costa Rica que nous dessine Daniel Quirós.

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14 novembre 2015 6 14 /11 /novembre /2015 05:55

À l'initiative de l'éditeur Otto Penzler, chaque année paraît un recueil de nouvelles qui recense les meilleurs textes des auteurs américains du moment. Un écrivain confirmé choisit au final parmi les nouvelles sélectionnées. Ce type d'ouvrage fut publié plusieurs années sous le titre “Moisson Noire”. Donald Westlake, Lawrence Block, James Ellroy, Michael Connelly présidèrent au choix des textes. Pour cette édition, c'est Harlan Coben qui décide quelles sont les vingt nouvelles présentées. Il a retenu les auteurs suivants :

Brock Adams, Eric Barnes, Lawrence Block, David Corbett et Luis Alberto Urrea, Brendan Dubois, Loren D.Estleman, Beth Ann Fennelly et Tom Franklin, Ernest J.Finney, Ed Gorman, James Grady, Chris F.Holm, Harry Hunsicker, Richard Lange, Joe R.Lansdale, Charles McCarry, Dennis McFadden, Christopher Merkner, Andrew Riconda, S.J.Rozan, Mickey Spillane et Max Allan Collins. Certains de ces noms sont mal connus en France, d'autres ont déjà une solide réputation dans le suspense. Une présentation biographique permet de situer chacun de ces auteurs. Tous apportent leur inspiration personnelle et leur propre tonalité à ces courtes histoires. Cette diversité rend le recueil d'autant plus plaisant à lire. Une belle sélection, variée à souhaits.

Harlan Coben présente “Insomnies en noir” (Éd.Pocket, 2015)

Cinq exemples parmi la vingtaine de nouvelles :

Joe R.Lansdale : “Pluie d'étoiles”. Deel s'était engagé pour combattre en Europe, durant la Grande Guerre. Quatre ans plus tard, le voici de retour dans son petit coin d'Amérique. Il retrouve sa femme Mary Lou, vingt-huit ans, et leur fils de huit ans, Winston. Pendant sa longue absence, leur voisin Tom Smites aida beaucoup Mary Lou et son fils. Métis d'une Indienne et d'un Suédois, Tom est un beau jeune homme. Deel se montra autrefois très paternel envers lui. S'il renoue avec son monde, Deel reste marqué par les images fortes des épreuves guerrières qu'il a traversées. Une explication s'impose entre Tom et lui, lors d'une partie de chasse. Il est certain que la mort sera au rendez-vous, quoi que fasse le shérif Lobo Collins.

Lawrence Block : “Table rase”. Âgée de vingt-trois ans, Katherine Tolliver (dite Kit) n'a eu qu'une demie-douzaine d'amants. Son vrai premier petit ami, ce fut Douglas Pratter. Huit ans après leur séparation, elle le recontacte à Toledo. Il est marié, il a un métier stable, il a plaisir à la revoir. Leurs retrouvailles se concluent logiquement par une relation sexuelle. Pourtant, Kit n'est nullement une romantique. Ni cette jeune femme équilibrée installée à New York, ayant réussi socialement, ainsi qu'elle veut paraître. Elle s'est interrogée sur son parcours sexuel, débuté alors qu'elle avait treize ans. Et sur sa vie, qui changea de cap à la mort brutale de ses parents. Kit efface maintenant tout ce qui a trait à certains moments de son passé.

Max Allan Collins, d'après l'œuvre de Mickey Spillane : “Mort depuis longtemps”. Grant Kratch fut condamné à mort et exécuté, son décès effectif fut authentifié. Il s'agissait d'un violeur et tueur en série plutôt fortuné. Ayant assassiné pas moins de trente-sept jeunes femmes, il méritait son sort. C'est le détective privé new-yorkais Mike Hammer qui l'arrêta à l'époque, dix ans plus tôt. Or, Mike vient de le repérer, bien vivant, à l'aéroport. Il le piste jusqu'à son hôtel, et s'arrange pour obtenir ses empreintes digitales. En fait, ce serait celles d'Arnold Veslo, petit truand disparu de la circulation depuis belle lurette. Kratch trouva-t-il le moyen d'échapper à la mort, ou bien s'agit-il d'un sosie ? Avec sa brune partenaire Velda, le privé Mike Hammer enquête. En effet, il y eût d'autres victimes imputables à Kratch après sa mort supposée.

Richard Lange : “Tueur d'enfant”. Veuve, Bianca est la plus âgée des employés de service à l'hôpital, en majorité Latinos. Ses propres enfants restent proches d'elle. Alors qu'elle est de retour dans sa maison, un policier passe pour une enquête de proximité. Quelques jours plus tôt, un bébé a été abattu en pleine rue. Ce quartier de Temple Street est de plus en plus dangereux. Bianca affirme au policier qu'elle n'a rien vu. Pourtant, comme d'autres ici, elle sait que le tueur est un voyou appelé Marionnette (José est son vrai prénom). Mais Bianca a déjà elle-même quelques soucis avec sa fille Lorena, et sa petite-fille Brianna. Peut-être quelqu'un dénoncera-t-il Marionnette ? Pour Bianca, trouver un peu de paix en compagnie de son voisin salvadorien Rudolfo ne serait pas désagréable.

Brendan Dubois : “En patrouille”. Cooper est une vaste et pauvre agglomération de l’État du Massachusetts. Mariée, Erica Kramer y exerce le métier de journaliste free-lance. En vue d'un reportage de fond, elle a obtenu de participer à une patrouille de police nocturne. Parmi les soixante flics, elle a choisi d'accompagner l'agent Roland Piper. Parce que c'est le plus chevronné. Peu ambitieux, il aime s'occuper du secteur du Canal. Ce quartier sensible de Cooper abrite squatteurs et trafics. Une fois posées les règles de respect entre eux, Erica et Roland partent en mission. Le seul incident important pendant la nuit, ce sera un cambriolage en cours dans une bijouterie. Laissant Erica à l'abri, Roland Piper intervient, avant de se faire assommer, un choc pas trop grave. Les collègues de l'agent interrogent Erica, qui ne sait rien sur les gens abattus à l'intérieur de la bijouterie...

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