À Bruges (Belgique), le commissaire Pieter Van In forme une famille avec sa compagne, la juge d'instruction Hannelore Martens, et leurs deux enfants. Depuis peu, Van In s'essaie au sport, à la musculation intensive. Dans son métier, il est entouré de sa fidèle équipe de policiers : Carine son assistante amoureuse de lui, Guido Versavel son adjoint homo, et les autres. Cette nuit-là, un monsieur ivre en cellule de dégrisement, a claironné qu'il fallait s'attendre à plusieurs meurtres dans la région. Dès le lendemain Van In et Versavel vont questionner ce retraité aisé, Hubert Blontrock, joueur invétéré ayant ses habitudes au casino de Blankenberge. Rappelant qu'il était saoul, il reste imprécis dans ses réponses. Peut-être a-t-il peur d'en dire davantage ? Hubert Blontrock est bientôt retrouvé mort chez lui, d'une balle dans la bouche, non sans avoir été torturé. Absente au moment des faits, sa veuve Marie-Louise est affable, mais ne peut renseigner les policiers.
Au casino de Blankenberge, Van In se laisse tenter par les jeux d'argent. S'il bénéficie de "la chance du débutant" dans un premier temps, il ne tarde pas à perdre ses gains. Sans doute Van In est-il atteint par le virus du joueur, car il va y retourner plus tard, à l'insu de sa compagne. Devilder, le patron du casino, se montre courtois et généreux avec lui, non sans arrières-pensées. Le commissaire perd de grosses sommes. Hannelore et Versavel ont compris ce qui se passait, et s'inquiètent de cette onéreuse passion. De son côté, la juge Hannelore s'avoue troublée par un nouvel avocat, Olivier Vanderpaele. Décomplexé, il est plus qu'allusif quant à une relation intime. Hannelore n'est pas du genre à céder, mais Van In est vite jaloux quand il s'aperçoit des manœuvres de Vanderpaele. S'il continue à miser exagérément au casino, il est souhaitable que Versavel et Hannelore interviennent.
Nathan Six est un exécuteur. Il prend un certain plaisir dans l'accomplissement des crimes dont il est chargé par le Maître du Jeu. À Blankenberge, il fait une nouvelle victime. Merel Deman est une ex-employée de la société de transports de malades E&O. Elle venait de se faire refaire les seins trois jours plus tôt dans une coûteuse clinique spécialisée. Pour les enquêteurs, pas de piste à espérer. Van In et Versavel interrogent Willy Gevers, ancien associé de Blontrock dans une société d'antiquités appelée Pair et Impair. Celui-ci reste flou, n'allant assurément pas dire aux policiers qu'il anime un casino clandestin "mobile". Toutefois, il laisse entendre que Blontrock n'était plus si riche, ayant beaucoup perdu au jeu. Nathan Six s'est attaqué à l'arme blanche au vieux Charles Maréchal, nouvelle victime désignée. La cible n'est que blessée, et le tueur doit abandonner sa voiture près de lieu de l'agression. Cette fois, des indices peuvent aider Van In et ses collègues à le traquer…
C'est déjà la seizième enquête du commissaire flamand Van In traduite en français. Une telle série suppose de développer un univers autour du héros. C'est le cas, et le lecteur s'y sent rapidement à l'aise, identifiant sans difficulté les proches de Van In. Ce policier avait déjà quelques défauts, dont une forte tendance à l'alcoolisme, un peu calmée par sa vie en couple. Le voici qui risque d'être touché par la passion des jeux de casinos. Celui de Blankenberge n'étant qu'à environ une demie-heure de Bruges, facile de s'éclipser pour y tenter sa chance. Même les joueurs atteints de cette addiction savent pourtant que seuls les casinos gagnent toujours. Cette histoire souligne également que, dans ces milieux, les gros joueurs se connaissent, formant un cercle d'habitués.
Qu'on ne s'étonne pas que soit cité ici l'exécuteur Nathan Six, car il apparaît tôt au cours de cette intrigue. Tueur en série, il incarne le "comment" de ces crimes, encore faut-il découvrir le "pourquoi" et le nom de son commanditaire, le Maître du Jeu. Nous sommes là dans un roman policier respectueux de la meilleure tradition du genre, ne l'oublions pas. Tandis que se déroule la vie privée et professionnelle des enquêteurs, l'énigme reste donc à élucider. Non sans certains dangers pour le commissaire et son assistante, on le verra. Car la tonalité n'est pas ronronnante, il y a aussi de l'action. Forme classique pour un fort agréable polar, qui se lit avec grand plaisir.