Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 04:55

Rendez-vous un dimanche à Cumseh, petite ville de Géorgie vers 1970. À l'origine, tous ces hectares de terre, c'était la plantation de coton de Jack Gates, avec ses soixante-dix-huit métairies et autant de familles noires. Quand il est mort voilà quinze ans, il ne restait plus grand-chose de sa fortune. Quand même, il avait créé cette maison de retraite, dont hérita alors sa fille Pearl Lee Gates. Âgée aujourd'hui de trente-cinq ans, cette femme robuste a rebaptisé les lieux en Axel's Senior Club, et se fait appeler Axel. Elle est assistée d'Utopia, vieille râleuse chargée de la cuisine et du service. Les clients contrariants, “elle les aimaient tous quand ils étaient morts, ou bien entamés… Pour Utopia, rien ne pouvait être plus chouette au monde qu'un être humain qui avait cessé de bouger.” Le Senior Club dispose aussi d'un masseur, Jefferson Davis Munroe, un nain aux méthodes brutales.

Le docteur Marshall s'occupe ponctuellement des clients, du moins ceux guettés par le trépas. Le “Pavillon” à l'écart des bâtiments est destiné à ces malades qui se sont effondrés. Le pasteur Hiram Peters, de l’Église du Christ Universel, est un obsédé de l'heure précise. Il y a bien longtemps que, avec ou sans la foi, il exerce à Cumseh. Chaque dimanche, sur la colline, il dit la messe au Senior Club, tandis que son assistant se charge des paroissiens ordinaires, au village. Ses cérémonies en extérieur, c'est un peu le parcours du combattant pour les vieux clients d'Axel. Ce jour-là, Jeremy et Molly, se sont soustraits à cette obligation. Malgré leur âge avancé, le couple a préféré flirter dans les bosquets de la propriété. Pas sûr que Jeremy, déjà décrépi, se remette de l'expérience. Ce dimanche, Axel va être confrontée à des situations quasi-impossible à maîtriser.

La station service Gulf Oil est tenue par son cousin J.L.Gates, vaguement aidé par Lummy, un bougre sans malice. C'est là que débarque du bus Carlita Rojas Mundez, oubliée par le chauffeur déjà reparti. C'est une costaude et resplendissante cuisinière d'origine cubaine, qui ne parle qu'espagnol. Inquiétante Carlita, car elle pratique le vaudou haïtien. Jefferson Davis insiste auprès d'Axel afin qu'il l'engage pour faire à manger, Utopia étant mauvaise cuisinière. En fait, le nain pense que la magie vaudoue pourrait peut-être l'aider à grandir. Car sa correspondante Sarah Nell Brownstien va se pointer incessamment sous peu, et elle croit que Jefferson Davis est un grand mec musclé. Il aura intérêt à se cacher quand elle arrivera au Senior Club. La romantique Sarah Nell est employée au tri postal de Macon (Géorgie). Conduite ici par le pasteur, elle s'expose à quelques vives déceptions.

Âgé de trente-trois ans, tout habillé de vert, Junior Bledsoe est témoin du remue-ménage qui sévit en ce dimanche à Cumseh. Son métier de commercial dans le funéraire, c'est une véritable vocation. Vendre des concessions de cimetières dans un bled tel que celui-ci, pour l'essentiel peuplé de vieillards, quelle aubaine ! Il s'invite naturellement à la maison de retraite, où il va faire du bon bizness. Le summum consisterait à vendre une concession à Axel elle-même : la solitaire trentenaire “avec son mètre quatre-vingt et sa musculature d'homme” a d'autres idées en tête, plus lubriques. Dans sa pièce perso, Jefferson Davis se rapproche de Carlita, tentant d'apprendre d'urgence la langue espagnole. Molly, pour se réconforter, va voir un film sirupeux avec Doris Day et Rock Hudson. Chacun espère que cette journée dominicale se terminera sans gros dérapage, ce qui n'est pas certain…

Harry Crews : Les portes de l'Enfer (Éd.Sonatine, 2015)

Ce pourrait être juste une excellente comédie. L'unité de temps, un dimanche, et l'unité de lieu, la maison de retraite avec ses abords, se prêteraient à ce genre d'amusant roman, distrayant et animé. D'autant que nous suivons en souriant une poignée de personnages, définis et bien typés, "qui n'engendrent pas la mélancolie". Dès le départ, le ton est donné par l'arrivée incongrue de cette Cubaine non-anglophone, paniquant le propriétaire de la station service, qui la refile à sa cousine, maîtresse-femme. Entre le pasteur avec ses cadrans horaires, le nain Jefferson Davis sans pitié pour le corps de ses patients, le vendeur d'emplacements funéraires et toute la galerie, une cascade de moments insolites et de scènes saugrenues nous attend : on ne se plaindra pas de cet humour débridé.

Pourtant, il existe une autre possible lecture. Tous ces gens végétant dans un trou perdu de cambrousse géorgienne sont des insatisfaits ou des malheureux. Loin du chemin lumineux qui les mènerait au paradis, ils sont dans une impasse terne. Prenons le vieux Jeremy qui, dès son réveil, sent son cas empirer, sachant que ce n'est pas le masseur qui améliorera les choses : il essaie donc de tirer parti du temps restant. Derrière chacun des portraits, on trouvera une détresse, des failles. On n'ironise pas à leurs dépens, notre sourire se teinte quelque peu d'émotion. Avec ses facettes comiques et sombres, ce roman d'Harry Crews restait inédit en français. Heureuse initiative d'en publier la traduction, ce qui nous procure un succulent plaisir de lecture.

Partager cet article
Repost0
4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 04:55

En 1962, Jamie Morton avait six ans. Sa famille et lui habitaient Harlow, une bourgade du Maine. Très pieuse, la population méthodiste accueillit avec enthousiasme le jeune pasteur Charles Jacobs. Avec sa séduisante épouse Patsy et leur enfant, ils venaient de Boston. Le dynamisme du révérend, et le charme de sa femme, permirent d'augmenter le nombre de paroissiens. Jamie Morton fut très impressionné par la passion de Charles Jacobs pour l'électricité. La maquette du Lac de la Paix en était l'illustration. Surtout, le pasteur réalisa une sorte de miracle. Conrad, un des frères de Jamie, fut victime d'une extinction de voix risquant d'être définitive. Grâce à son Stimulateur Nerveux Électrique, le révérend Jacobs réussit à guérir Conrad. Coup de chance peut-être, le bricolage étant à peine au point.

Trois ans après leur installation à Harlow, survint le tragique accident de l'épouse et du fils du pasteur Jacobs. S'il subit un monstrueux choc psychologique, cela n'expliquait qu'en partie le Terrible Sermon qu'il adressa quelques jours plus tard à ses fidèles. Peu après, quand il quitta la région, Jamie fut le dernier à lui dire au revoir. Le seul qui ait compris sa fascination pour la foudre, probablement. Dès ses treize-quatorze ans, Jamie s'avéra très doué pour la guitare. Non pas pour le tranquille folk, comme Conrad, mais pour le tempo du rock'n'roll. Dès son entrée au lycée, Jamie intégra les Chrome Roses, et fut convaincant dès le premier concert. Ce qui lui accorda davantage d'assurance : c'est ainsi qu'il devint le petit ami de la belle Astrid. Puis il entama une carrière de musicien, de 1978 à 1992.

À cause d'un accident de moto qui endommagea sévèrement sa jambe, Jamie goûta à la morphine. D'autres drogues suivirent, ce qui fut nuisible à son métier. Lors d'une foire en Oklahoma en 1992, Jamie recroisa Charles Jacobs. Son spectacle des Portraits à la Foudre avait un certain succès. Après avoir apporté quelques soins au junkie Jamie, il lui montra son atelier de Tulsa. Jacobs y poursuivait ses expériences sur le potentiel de l’Électricité secrète. Utilisant des électrochocs de sa conception, l'ex-pasteur réussit à guérir Jamie de son addiction pour les drogues. Jamie fut un temps son assistant, non sans noter que les spectacles de son mentor pouvaient entraîner d'étranges effets secondaires. Hallucinations dont la jeune Cathy Morse ne fut pas la seule victime, Jamie les ressentant parfois aussi.

Ayant eu l'opportunité d'un nouveau départ sur des bases saines, Jamie s'installa près des Rocheuses, à Nederland. Au ranch de Hugh Yates, que Jacobs avait guéri de sa surdité non sans séquelles, il s'occupa du studio d'enregistrement musical. Ce n'est qu'en 2008 qu'ils entendirent à nouveau parler du pasteur. Il avait modifié son nom en C.Danny Jacobs, et présentait sous chapiteau un grand show où il prétendait miraculeusement guérir la plupart des personnes souffrantes. Hugh et Jamie se déplacèrent pour ce spectacle. Un public crédule semblait fanatisé : “J'étais abasourdi. Chaque mot est un mensonge, ils doivent bien s'en rendre compte.” Non, ayant totalement foi en lui, espérant leur guérison, la foule des malades et des handicapés le dévorait des yeux, en extase.

Au lieu de rompre tout lien avec Charles Jacobs, Jamie chercha à vérifier l'authenticité des miracles qu'il s'attribuait. Avec l'aide de Brianna Donlin (dite Bree), qui avait la moitié de son âge, Jamie recensa les divers degrés de "réussite" quant aux personnes traitées par le prédicateur. En tout cas, il n'y eut pas d'issue heureuse pour l'histoire de Cathy Morse. Jamie finit par trouver l'adresse personnelle de Jacobs à Latchmore, propriété rurale dans l’État de New York. Comptait-il vraiment ne plus se consacrer qu'à ses expériences sur l'Électricité secrète ? Pour le bien de l'Humanité ou dans quel autre but ?…

Stephen King : Revival (Albin Michel, 2015)

Stephen King est le plus inspiré des conteurs, le plus magistral des narrateurs. Ce n'est pas une opinion, il s'agit d'une évidence. Rares sont les écrivains capables "d'embarquer" leurs lecteurs comme il le fait si bien. Il le démontre une fois encore avec ce “Revival”. Si l'on s'attend à un roman d'horreur effrayant, si l'on espère une dualité du Bien contre le Mal, on se trompe de lecture. Le personnage sombre de cette intrigue, le pasteur Jacobs, est un homme sympathique dont les actes n'ont rien de répréhensibles. Un passionné d'électricité tel que lui est, dans la majorité des cas, un bon bricoleur juste trop concentré sur son sujet. La tension existe, au fil du récit, mais elle est beaucoup plus subtile. Car ici, l'écriture est limpide et stylée, privilégiant le parcours de vie de Jamie Morton.

C'est sous les auspices des précurseurs et autres grands de la littérature fantastique (de Mary Shelley, Bram Stoker, H.P.Lovecraft, jusqu'à Robert Bloch) que Stephen King place ce roman. Il est assez chevronné pour ne pas tomber dans les ornières du caricatural, en chargeant les effets. Bien sûr, l’Étrange domine cette histoire, entre miracles supposés et magnifiques hallucinations. On apprécie autant d'autres aspects, tel le Terrible Sermon. Pour le pasteur, ça exprime une remise en cause définitive de sa foi ; pour les lecteurs, ce doit être une mise en garde contre la multiplicité des doctrines religieuses. Censées nous consoler dans les moments difficiles, leurs promesses d'un paradis ne serait qu'une arnaque, suggère ledit sermon.

Plus souriant, l'auteur fait allusion à “Joyland”, un de ses titres précédents. Ou s'amuse au sujet des rythmes musicaux rock'n'roll (“Toutes ces conneries commencent en Mi”). Et il nous offre un souvenir de la décennie 1960, non dénué d'une part de nostalgie. Époque si différente, qu'il restitue avec intelligence. Toute la virtuosité de Stephen King se retrouve dans ce roman impeccable.

Partager cet article
Repost0
1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 04:55

En novembre 2003, dans un hôtel du quartier de la gare de Nancy, l'Ordre des Filles de la Charité de Saint-Lazare se réunit pour un congrès international. Deux religieuses âgées, sor Lucía de Fatima et sor María del Carmen, sont assassinées dans leur chambre. Près d'elles dans leurs lits, se trouvent des poupées de chiffon sans visage. Les victimes avaient exercé des professions médicales, possédaient des caractères très déplaisants, affichaient une rigoureuse piété. Ces nonnes étaient sous la responsabilité du père Eduardo Carril, de Madrid. La symbolique des poupées décapitées n'échappe pas au commissaire Ney, chargé du dossier. Quant à la strangulation, difficile de définir avec quel objet. Ont-elles été garrottées, comme jadis les condamnés à mort espagnols ?

Il s'avère que la señorita Angustias Amate Mora, dame de compagnie quadragénaire des deux religieuses, a eu une enfance chaotique et reste de tempérament rebelle. Malgré l'intervention du père Carril, elle est interrogée par le commissaire Ney. La señorita Amate n'était pas réellement orpheline : elle avait un lien familial proche avec sor Lucía. Elle évoque la cruauté des gens qui l'élevèrent, et confirme la dureté des deux victimes, avant de passer brusquement aux aveux. Pour les policiers, le mode opératoire suggère plutôt d'autres possibilités. D'autant que la version de la señorita Amate est bancale, fort peu crédible. Complice ou pas d'un tueur, elle ne souhaite pas retourner en Espagne. La suite montrera sa dramatique détermination.

Selon l'ami psy du policier Ney, l'assassin a vécu enfant des situations qui l'ont privé de son identité, et ont continué de le déstabiliser. Il a supprimé les deux nonnes “non pour se venger mais pour rendre justice… Il agit de son propre chef, mais il a conscience d'être le bras armé d'une multitude d'autres victimes.” Enquêtant sur divers clients de l'hôtel, les policiers soulignent le nom d'un mystérieux Jésus Vargas. Le consulat d'Espagne fait pression afin de contrecarrer la poursuite des investigations dans leur pays. Le père Carril n'y est pas pour rien, bien sûr. Néanmoins, Ney se rend bientôt à Madrid. Les CV complets des deux religieuses indiquent qu'elle furent, plus jeunes, de pures franquistes.

De leur monastère d'origine à la maison de retraite où elles vivaient, le policier français finit par trouver une trace : elles eurent un lien direct avec la prison de Carabanchel après-guerre, haut-lieu de la répression des opposants. La Guardia Civil cherche à freiner l'enquête de Ney : le colonel Ramón Muños Iribarne est adepte des méthodes brutales du passé. Si l'ambassade du France le sort du pétrin, le policier est prié de prendre le premier avion pour rentrer chez lui. Grâce à ses collègues locaux, le commissaire Somodevilla et le jeune policier Garcia, il parvient à continuer ses recherches. Même si ça indispose certains réseaux datant de la dictature, protégeant toujours des responsables…

Diego Arrabal : Jour de colère (Éditions Arcane 17, 2015)

Voici une intrigue qui répond parfaitement à la définition du roman noir, au cœur d'une réalité sociale et historique. Si l'enquête finit par déterminer qui est l'assassin, on n'est nullement dans un roman d'énigme avec son côté ludique. Le contexte prime, sans que le scénario soit alourdi. Au contraire, car l'auteur maîtrise l'univers du commissaire Ney, qui a déjà été le héros de plusieurs de ses livres (L'énigme de la rue des Brice, A quoi rêvent les chats lorsque le printemps tarde, Le meilleur d'entre nous). Ce qui offre une narration souple au récit. Un atout majeur : on entre rapidement dans le vif du sujet, autant pour l'aspect policier que pour la toile de fond, les sombres heures de l'Espagne.

L'auteur le précise : “Le cadre dans lequel s'inscrit cette enquête est totalement véridique et fait l'objet, depuis seulement une quinzaine d'années, de recherches à la fois d'historiens et de juristes. Les faits sont avérés, documentés, mais prescrits au terme de la loi d'amnistie de 1977… Quarante ans après la mort de Franco, des fonctionnaires ayant participé à la dictature sont toujours présents au plus haut de l’État espagnol...” Hélas, ce ne sont ni des fantasmes ni des rumeurs, la cruauté des plus impitoyables franquistes fut bien réelle contre leurs opposants et leurs proches. Peut-être certaines rancœurs sont-elles encore ardentes chez les victimes de ce régime dictatorial. C'est avec harmonie que ce roman noir de Diego Arrabal mêle polar et Histoire : le résultat est passionnant.

Partager cet article
Repost0
29 septembre 2015 2 29 /09 /septembre /2015 04:55

Qui est Ralph Exeter, correspondant à Paris du journal anglais de gauche Daily World, en ces années 1920 ? Né en 1894, il a servi dans l'état-major de la RAF durant la Première Guerre Mondiale. Il a épousé Evguénia, fille du général russe tsariste Ignatiev, mort lors de la débâcle de l'armée du général Wrangel. Il est proche de sa belle-sœur Fania et de sa belle-mère, résidant à Londres. À Paris où il habite avec sa femme, Ralph Exeter fréquente assidûment les endroits festifs, collectionnant les maîtresses. Evans, un des responsables de son journal, collabore avec les services secrets bolcheviques. Son agent parisien Exeter lui fournit des infos censées venir d'un contact dans les ministères. En fait, il a inventé ce personnage haut-placé, afin d'obtenir davantage d'argent d'Evans, en plus de son salaire, car il est fort dépensier. Se déplaçant à travers l'Europe, voilà quelques mois Exeter a même rencontré Mussolini, un dirigeant politique italien plein d'avenir.

Alors que Ralph Exeter vient d'être contraint de devenir agent de l'Intelligence Service, le Guépéou russe entend renforcer son organisation et son efficacité en Angleterre et dans le reste de l'Europe. Ils ont envoyé à Londres la jeune Zhenya Krasnova, ardente militante d'origine polonaise, épouse d'un diplomate communiste. La fermeté et l'élimination ne font pas peur à cette espionne déterminée. Exeter est bientôt fasciné : “Non seulement cette fille était extrêmement agréable à regarder, mais il sentait en elle un esprit proche du sien, doué d'une compréhension instinctive et sûre des questions de la politique…” Zhenya est également là pour confier à Exeter une mission particulière. Ça concerne le cosaque Igor Koliazine, aujourd'hui directeur d'une troupe folklorique. Il y a quelques années, il fit partie de l'armée Wrangel, qui fut obligée de fuir après sa déroute en Crimée. Comme ses congénères, il erra un certain temps dans les Balkans avant de se stabiliser.

Sous prétexte d'un article, Exeter gagne la sympathie d'Igor Koliazine. Lors d'une soirée arrosée, le Cosaque confirme au journaliste-espion la rumeur qui a excité la curiosité de Zhenya Krasnova. Le “trésor” de l'armée Wrangel existe bien : “De l'argent, étranger uniquement. Des kilos de diamants et d'émeraudes. Des actions de compagnies étrangères. Du platine. De l'or...” Koliazine reste le seul à savoir dans quel coin de Bulgarie cette fortune est enterrée. Sans pouvoir s'en emparer, il a récemment vérifié sur place, le “trésor” est encore là, intact. Les services secrets anglais surveillent de près leur nouvel agent, capables d'utiliser la torture contre un compatriote peu fiable tel que lui. “Ce qui m'ennuie, c'est que cela commence à faire beaucoup de monde sur la piste du trésor Wrangel” conclut l'espion qui l'a malmené, et a obtenu les confidences du journaliste. Igor Koliazine et Exeter se lancent dans un voyage aérien fatigant jusqu'à Constantinople.

À l'arrivée, leur guide ne serait pas indispensable, le Cosaque connaissant la ville. Mais il s'agit de l'envoyé de l'Intelligence Service, qui sert par ailleurs d'indic aux Turcs et aux Allemands. Si l'on croise ici d'anciennes princesses russes en exil, il est prudent d'être armé. De pistolets ou d'un kindjal, long poignard ancestral des cosaques. Exeter ne tarde pas à adresser un rapport circonstancié au chef de l'espionnage britannique. Ziya bey appartient à l'Emniyet, les services secrets de la nouvelle Turquie de Mustapha Kemal. Il se doute qu'Exeter n'est pas seulement dans cette ville pour visiter les musées et les sites de la Corne d'Or jusqu'à Stamboul. Ziya bey est bien informé aussi sur les précédents passages de Koliazine à Constantinople. Il prévient Exeter que le baron Otto von Braam, du parti d'Adolf Hitler, rôde en ce moment entre Turquie et Bulgarie. Jusqu'où cette mission conduira-t-elle Exeter ?…

Romain Slocombe : Le secret d'Igor Koliazine (Éd.Seuil, 2015)

Romain Slocombe nous entraîne-t-il dans une sorte de “chasse au trésor” qui serait assez sympathique, mais peu novatrice ? Ce serait mal connaître le grand perfectionnisme de cet écrivain. Depuis “Première station avant l'abattoir” (2013), nous savons que le héros Ralph Exeter s'inspire d'un aïeul de l'auteur, qui grenouilla sous couvert de journalisme dans les services secrets de l'Entre-deux-guerres. Et que quelques-uns des personnages présents dans le récit sont issus de la réalité d'alors, en modifiant légèrement leurs noms. Telle Zhenya Krasnova, pétulante espionne bolchevique, dont on nous donne l'identité en exergue du roman. En effet, c'est en se basant sur une solide documentation que Romain Slocombe entreprend de nous raconter un épisode de ce temps-là. Qu'il s'agisse d'armes, de trajets périlleux, de soirées festives ou de l'ambiance glauque d'une ville, l'auteur reste immanquablement précis dans ses descriptions, fidèlement réaliste.

Alors que les séquelles de la Première Guerre Mondiale sont encore vivaces, l'Europe des années 1920 préfigure ce qui se passera bientôt : d'abord à l'état larvaire, les dictatures vont s'imposer après des campagnes d'espionnage tous azimuts. Les “Rouges” sont très actifs sur ce terrain, mais c'est autant le cas de toutes les nations, de l'Atlantique à l'Oural en passant les Balkans et le Caucase. Soulignons qu'on en est encore au bolchevisme, avec une part de sincérité naïve chez certains occidentaux, pas au communisme stalinien. Voilà le climat qui entoure et accompagne les tribulations de Ralph Exeter. Il ne s'agit pas d'une évocation académique à la manière d'un livre d'Histoire. Néanmoins, la fiction n'interdit pas d'approcher le passé dans des conditions réelles ou plausibles. Une fois de plus, avec “Le secret d'Igor Koliazine”, Romain Slocombe réussit à nous convaincre grâce à un roman brillant et riche en péripéties.

- Ce roman est disponible dès le 1er octobre 2015 -

Partager cet article
Repost0
28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 04:55

La tauromachie, certains y vouent un culte particulier. Pour eux, ce n'est ni un amusement pour touristes, ni un art de vivre pour aficionados. C'est bien davantage, une religion dédiée non pas à l'homme mais au taureau : le puissant animal traité telle une divinité, la corrida comparable à un rite sacrificiel. Autour d'une Épée hautement symbolique, se réunit en secret une étrange confrérie composée de sept membres, restant anonymes. Le directeur d'une revue taurine est le premier d'entre eux à être exécuté, de façon cruelle et spectaculaire, non sans connotation sexuelle. Après ce crime à Bayonne, c'est à l'occasion des corridas de Pampelune qu'un impresario de toreros, adepte du même groupuscule, est mortellement touché à son tour. La mise en scène est identique.

Âgée de trente-et-un ans, célibataire, la brune Amaia Aguerre est policière à Lille. Elle est originaire du Pays Basque, où se parents tiennent une auberge. Elle y revient en vacances dès qu'elle le peut, retrouvant sa sœur cadette Lucie, vingt-trois ans. Par contre, Amaia ne cherche guère à renouer avec une ancienne amie, Marie-Christine. Si Lucie est amatrice de tauromachie, Amaia n'a jamais aimé cette activité. Un juge d'instruction la contacte, afin qu'elle se joigne aux policiers locaux enquêtant sur le double meurtre. Car Amaia a une spécialité, elle est profileuse. “Certains préfèrent parler d'analyste comportemental ou de psycho-criminologie, mais ce sont des termes trop barbares pour les journalistes et le commun des mortels” précise-t-elle. Elle est vite acceptée par ses collègues basques.

La part sexuelle de la mise en scène criminelle peut suggérer une vengeance après un viol. Lors des fêtes de Bayonne, les agressions de femmes sont nombreuses, par exemple. Les policiers interrogent l'organisateur de ces festivités, Samuel Laroux. Celui-ci désigne les anti-corridas dont il redoute les actions, comme probables coupables. Mme Lipiensky, la plus virulente d'entre eux, à la tête d'une association opposée à ces spectacles taurins, ne paraît pas en cause : “Nous ne voulons pas la mort du taureau, alors comment pouvez-vous croire que nous puissions tuer des hommes pour nos idées ?” Amaia reconnaît le bien-fondé de cet argument. La piste d'un ex-matador alcoolique ne donne rien. C'est à Saint-Jean-de-Luz qu'une troisième victime est bientôt découverte.

Philippe Ward : Danse avec le taureau (Éditions Wartberg, 2015)

Ce surfeur de vingt-cinq ans prénommé Quentin faisait partie du groupe d'amis de Lucie. Ceux-ci savent de lui que c'était un gigolo pour dames mûres. Les meurtres seraient-ils commis par une secte concurrente à celle de l’Épée, manipulant ses propres initiés pour une vendetta cultuelle ? Un entraîneur de rugby de Cambo-les-Bains et un ex-artificier de la branche armée d'ETA sont les victimes suivantes parmi les adorateurs du Taureau. Si Amaia et ses collègues progressent, leur intervention au siège de l’Épée va s'avérer explosive. Toutefois, la série n'est peut-être pas close, il reste une victime à occire…

 

Passionné de littératures populaires, Philippe Ward est bien connu des lecteurs de romans dans la catégorie Fantastique. Pour ce “Danse avec le taureau”, c'est la forme de l'enquête policière qu'il emprunte. D'une certaine façon, c'est aussi une mise en valeur de l'Euskadi, le Pays Basque, puisqu'il nous promène de Bayonne à Biarritz en passant par Pampelune (de l'autre côté de la frontière), Cambo-les-Bains (village cher à Edmond Rostand), Saint-Jean-de-Luz ou Itxassou. C'est surtout dans le petit monde de la tauromachie qu'il nous entraîne. Passion et polémique vont de pair lorsqu'on évoque ces spectacles.

Bien que les aficionados soient encore très nombreux, on organise moins de corridas prestigieuses de nos jours, semble-t-il. Ce qui convient à ceux qui plaident la barbarie de ces prestations. Si la jeune enquêtrice connaît toutes ces traditions et sa région natale, elle doit explorer diverses pistes avant de finalement trouver la bonne. Il est vrai qu'en matière de serial killer, la motivation profonde est généralement difficile à définir. Notons une belle fluidité narrative, qui rend fort agréable la lecture de ce noir suspense.

Partager cet article
Repost0
26 septembre 2015 6 26 /09 /septembre /2015 05:10

Solène Decourbey, la fille du préfet de Lille, âgée de bientôt dix-huit ans, a encore fugué. Cette fois ça semble différent, peut-être plus définitif, selon la directrice de cabinet Carole Guillon. De retour de vacances, le policier Marc Flahaut est invité à la retrouver. On le sait discret, or il est souhaitable d'éviter tout scandale. Ça n'emballe pas Flahaut, qui débute son enquête sans conviction. Solène s'est-elle entichée d'un marginal, ou d'un artiste ? La donzelle a besoin de son petit confort douillet, on l'imagine mal errante au hasard. Le message qu'elle a laissé à son père est violent, accusateur. Ce qui est injustifié, affirme la dircab Carole Guillon. C'est son amie Esther qui offre à Flahaut la bonne piste, celle d'un supposé SDF traînant tout près de chez le policier.

Solène est maquée avec ce beau gosse aux allures de Jésus-Christ, dealer à ses heures. Bien qu'ayant changé de look, la fille du préfet reste reconnaissable. Son enquête mène Flahaut vers un canal souterrain lillois, théoriquement clos. Il y découvre une réserve de drogue, des cachets faisant penser à des stupéfiants de synthèse, type amphétamines. Ça mérite analyse : ces pilules roses sont-elles du yaabaa, ou bien un nouveau produit qui commence à être diffusé ? Stéphane Grangeux, le Jésus de Solène, simple rouage d'un réseau ? Flahaut piste un de ses comparses, petit nerveux se masquant sous sa capuche. Ce qui l'entraîne dans des caves désaffectées du Vieux-Lille. Le policier est alors agressé sévèrement, poignardé à la cuisse et au bras.

Lucienne Cluytens : Pink Konnexion (L'Atelier Mosesu, 2015)

Carole Guillon arrive à la rescousse, et conduit Flahaut chez une amie infirmière. La tendre Elsa va bien soigner le policier. Celui-ci s'interroge sur la confiance qu'il peut accorder à la dircab. Elle s'affiche vertueuse à tous niveaux, mais il n'est pas exclu qu'elle cache son jeu. Entre-temps, Solène a été récupérée par son père le préfet, qui l'a expédiée chez des proches en Suisse. C'est là-bas que vit la mère de la jeune fille. Qu'il y ait eu des fuites, Flahaut en est convaincu, mais qui ? Le dossier est entre les mains de la Sûreté Urbaine et des Stups, ce qui n'interdit pas de creuser. La drogue rose est de fabrication artisanale, et sa vente n'a encore que peu d'ampleur. Pourtant, on commence à éliminer les dealers.

Flahaut et Carole Guillon se rendent à Genève, afin de rencontrer la mère de Solène, en résidence médicalisée. Le policier est autorisé à interroger la jeune fille : elle n'est plus si mordante envers son père, nie avoir participé au réseau, et ignore qui en est le chef. Néanmoins, Solène est probablement en danger. Après un détour par le Jura, arrosé de vin jaune, Flahaut et la dircab rentrent à Lille. D'autres services de police s'occupent de la suite, pour les pilules roses. La piste belge paraît plus qu'incertaine à Flahaut. L'intuition ne suffit pas dans une affaire aussi tortueuse : il faut des preuves. Qui se trouvent peut-être dans les sous-sols lillois. Ou dans le passé rock'n'roll de quelques protagonistes…

 

Il s'agit d'un solide roman d'enquête, bien évidemment. Marc Flahaut a été le héros de plusieurs précédents titres de Lucienne Cluytens. C'est dire qu'elle "tient" ce personnage, amateur de bières et de jazz, ainsi que son entourage avec son ex-amante complice Esther. Flahaut ne manque pas de ténacité, ce qui est le plus sûr moyen de prendre des coups, mais permet également de dénicher la vérité. Par ailleurs, l'auteure utilise les décors lillois qui lui sont familiers. Voilà ce qui explique son agréable aisance narrative, entraînante à souhaits. Outre les "apartés" dédiés à la réflexion du policier, il n'est pas inutile de souligner en plus la justesse des dialogues, qui crédibilisent l'histoire. Nous n'avons plus qu'à suivre les sinueuses investigations officieuses de Flahaut. Un bon polar traditionnel : ce neuvième roman de Lucienne Cluytens se lit avec grand plaisir.

Ma chronique sur un précédent titre de Lucienne Cluytens :

http://www.action-suspense.com/2014/09/lucienne-cluytens-la-panthere-sort-ses-griffes-l-atelier-mosesu-2014-coup-de-coeur.html

"La Panthère sort ses griffes"

Partager cet article
Repost0
25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 05:15

Olek Volchek est un truand russe installé à New York depuis vingt ans, avec son adjoint Arturas. Bien qu'en liberté provisoire, Volchek est accusé dans un procès pour meurtre, en tant que commanditaire d'un assassinat. Little Benny, le témoin-clé protégé par le FBI, doit mourir avant 16h le lendemain, pour que le caïd puisse espérer s'en sortir. Volchek et Arturas comptaient sur l'avocat Jack Halloran pour résoudre le problème. Mais il a eu trop peur, car il s'agissait d'introduire un engin explosif au tribunal. Jack éliminé, les Russes s'adressent à son ex-associé, Eddie Flynn. Avocat pendant neuf ans, après avoir eu une vie aventureuse – tradition familiale oblige, Flynn soigne actuellement son addiction à l'alcool. Il réalise rapidement qu'il n'a pas le choix : les truands menacent de maltraiter et de tuer Amy, sa fille adorée de dix ans, issue de son mariage avec Christine.

Eddie Flynn est conscient de ne pas pouvoir accorder la moindre confiance à ses clients russes. La Bratva, la mafia russe, a toujours basé son action sur la violence. À son entrée au Palais de Justice de Chambers Street, Flynn n'a que trente-et-une heures pour éviter le pire, pour échapper à ce guêpier. Avec des explosifs sur le corps, pas facile de réfléchir, ni de paraître naturel. Eddie Flynn connaît bien le vieux tribunal, ainsi que Miriam Sullivan, la féroce procureure. L'écriture de Volchek sur un billet de banque, désignant la victime, est le premier atout de l'accusation. Trouver la parade n'a rien d'impossible pour Flynn, qui piège à la fois Miriam Sullivan et l'expert venu témoigner. L'avocat repère dans le public Arnold Novoselic, collaborant avec la procureure. Il est probable qu'il ait compris le plan de Volchek, concernant la bombe.

Sous la direction de la juge Gabriella Pike, la bataille juridique est acharnée entre Flynn et la procureure. L'avocat essaie de mettre à profit les interruptions de séances. Mais Arturas et ses sbires, Victor et Gregor, surveillent afin que Flynn ne se permette aucun écart. S'il découvre où est revenue la petite Amy, l'avocat a-t-il une chance de la mettre à l'abri ? Après l'audition des témoins, dont Tony Geraldo, frère de la victime, Little Benny sera le dernier pion de l'accusation. Quand l'agent Bill Kennedy, du FBI, vient mettre son grain de sel dans l'affaire, c'est Flynn lui-même qui risque de se retrouver en mauvaise posture. Toutefois, l'avocat ne se contente pas de plaider : s'appuyant sur la fidélité de ses amis Jimmy et Harry, Eddie Flynn reste un fonceur. Malgré ses efforts, le danger reste explosif jusqu'au bout…

Steve Cavanagh : La défense (Éd.Bragelonne Thrillers, 2015)

Traditionnellement, lorsqu'une intrigue se déroule lors d'un procès, on appelle ça un "roman de prétoire". Ce n'est pas une formule qui s'applique strictement dans le cas de “La défense” de Steve Cavanagh. Assimiler au plus tôt l'ensemble des éléments du dossier, déjouer les attaques de l'accusation, ce ne sera pas l'unique mission de l'avocat. Avant tout, l'auteur nous a concocté un roman d'action.

Comment en douter, puisque dès les premières pages, on entre dans le vif du sujet, sans fioriture. On tient la fille de l'avocat : même s'il n'y a aucune chance légale de faire libérer l'accusé, il doit obtempérer. Les aptitudes du héros sont hors norme, sa débrouillardise lui venant de l'époque où il appartenait à la confrérie des arnaqueurs. D'ailleurs, il lui arrive durant cette aventure d'avoir une pensée pour son passé, n'oubliant jamais la vie de sa fille. De sourdes menaces planent en permanence sur le procès, la tension augmente. Le narrateur n'est autre qu'Eddie Flynn, ce qui donne du rythme au récit. Un tempo bien dosé avec sa succession de péripéties, c'est le meilleur moyen d'alimenter le suspense. Ce dont ne se prive pas ce fort sympathique roman.

Partager cet article
Repost0
23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 15:00

Le Grand Prix de Littérature Policière est un prix littéraire fondé en 1948 par le critique et romancier Maurice-Bernard Endrèbe, afin de récompenser les meilleurs romans policiers français et étrangers publiés dans l'année. C'est un jury d'experts qui se réunit pour déterminer les vainqueurs. En cette année 2015, ils avaient retenu 28 titres (11 français, 17 étrangers) pour leur sélection finale.

Le Grand Prix de Littérature Policière 2015, domaine français et domaine étranger, a été attribué officiellement ce mercredi 23 septembre 2015 aux romans suivants :

Prix roman français : “Derrière les panneaux il y a des hommes”, de Joseph Incardona, Éditions Finitude [Le Bouscat, Gironde], 2015 – devant : “Une valse pour rien”, de Catherine Bessonart, Ed. de L'Aube (coll.L'Aube noire), 2015.

Prix roman étranger : “Toutes les vagues de l'océan”, de Victor del Arbol, Actes Sud (Actes noirs), 2015 – devant : “Le moineau rouge”, de Jason Matthews, Le Cherche Midi (Thrillers), 2015.

Félicitations aux gagnants de ce Grand Prix de Littérature Policière 2015.

Grand Prix de Littérature Policière 2015 : les vainqueurs
Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/