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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 04:55

Parmi les polars en format poche, disponibles dès ce mois de septembre 2015, il faut sans nul doute retenir (excellents, dans des genres différents) ceux de Richard Montanari et d'Hervé Commère.

 

Richard Montanari : "300 mots"

États-Unis, Cleveland dans l'Ohio, près du lac Érié. Âgé de trente-cinq ans, Nick Stella est un journaliste sans employeur fixe. Boxeur à ses heures, il est plutôt endetté. Besoin d'argent pour lui, et pour son aïeul Louie, nonagénaire en maison de retraite. Il apprend par son cousin prêtre qu'un double décès suspect s'est produit à la paroisse Saint-François. Le père John Angelino est mort d'overdose, tandis que la prostituée avec laquelle il se trouvait a été défenestrée. Nick Stella y voit une lucrative occasion de vendre des articles au grand quotidien de Cleveland. D'autant qu'il a gardé contact avec deux flics, surnommés Birdman et Willie T, coutumiers des affaires glauques.

Mère de la petite Maddie, Amelia Saint-John appartient à la haute société locale. Elle est mariée à Roger, avocat aussi infidèle que voyageur. Si son frère Garth Randolph, trente-neuf ans, oscille entre richesse et ruine, les parents et l'entourage d'Amelia sont plus stables. À l'image de sa meilleure amie, Paige, qui a ouvert une librairie. Envisageant l'écriture d'un roman, Amelia maîtrise encore mal l'informatique. Quand elle reçoit une pièce-jointe spéciale, elle doit la faire décrypter par un duo d'experts. Il s'agit d'un poème écrit à la main, sûrement tiré de l'œuvre de T.S.Eliot (1888-1965). Ce texte s'accompagne de cinq noms, dont celui de Roger Saint-John.

Nick Stella a exploré la piste chinoise dans l'affaire John Angelino. Ce qui l'a mené à Rat Boy Choi, un dealer habitué des fumeries d'opium. Il a affirmé ne pas être concerné, mais va être éliminé peu après. Le meurtre du docteur Benjamin Crane présente un lien avec celui d'Angelino. L'ordinateur du défunt prêtre révèle à Nick le même poème de T.S.Eliot et la fameuse liste de cinq noms. Dont celui du bijoutier Geoffrey Coldicott, avec lequel Nick essaie d'entrer en contact. Ce commerçant, obsédé sexuel, est déjà sous l'emprise du tueur. Avant de le supprimer, il l'oblige à se souvenir de leur groupe d'étudiants nommé AdVerse, et d'une funeste soirée d'Halloween, vingt ans plus tôt. Et de Julia Raines, qu'il est en train de venger. L'assassin utilise parfois la prostituée mineure Tafy Kilbane pour œuvrer contre ses cibles. Nick renoue avec Ivan Kral, flic de la Criminelle surnommé Birdman, qui aurait voulu être le premier à arrêter l'assassin, avant le FBI…

Tous les romans à suspense devraient être écrits comme ceux de Richard Montanari. En effet, voilà un polar impeccable. On remarque d'abord une parfaite construction du récit. Nous suivons le journaliste Nicky, mais aussi Amelia et son entourage, tout en croisant le tueur dans certaines scènes. Si nous n'avons pas son identité, l'assassin ne cache pas son but, mortelles représailles qui visent d'anciens étudiants. Cinq morts à venir, plus des victimes collatérales. Le deuxième atout favorable, ce sont les personnages et leur vécu. Quelques minces indices aident le reporter, tandis que la menace devient plus présente, et que la tension monte crescendo. Un polar qui captive ses lecteurs.

Hervé Commère et Richard Montanari, nouveautés Pocket de rentrée

Hervé Commère : "Imagine le reste"

Nino, Cimard, Carole, Fred et Karl, ils ont tous vécu à Calais à la même époque récente, où leurs vies se sont croisées. Si personne n'a le même destin, il y a des gens comme eux qui sont liés, malgré tout. Ici, les deux copains quasi-inséparables se nomment Frédéric Abkarian et Karl Avanzato. Un duo de balèzes inquiétants, petits délinquants âgés d'une trentaine d'années. Copains d'enfance, ces malfaiteurs ont chacun fait un peu de prison. Ils ont été amoureux de la même jeune femme, Carole. Celle-ci apprenait les métiers du cirque dans une école calaisienne. C'est Fred qui était le plus accro à Carole, partie dans la région de Bordeaux. D'ailleurs, il rêve encore de faire avec elle un voyage au Portugal.

Pour le duo, le vieux Serge Cimard apparaissait comme un mafieux frimeur, dirigeant un mystérieux trafic. Sept ans plus tôt, Fred fut un temps coursier pour Cimard. Il s'agissait d'être réglo, car le caïd ne plaisantait pas. Quand il fut viré, Fred tenta de monter un trafic similaire, mais finit en taule. Depuis, il s'est renseigné avec précision sur les faits et gestes de Cimard. Et il a fini par lui dérober une sacoche contenant deux millions d'Euros. Cette fois, “c'est parti” avec Karl, dans la vieille Supercinq de sa mère. Direction Bordeaux, pour retrouver Carole. Sur place, leur rêve vire rapidement au tragique.

Âgé de vingt-huit ans, Nino Face a vécu à Calais, dans le même quartier que Fred et Karl. Chanteur dans l'attente de percer, il était animateur au bar-karaoké Le Paradiso. Il tentait parfois d'y montrer ses talents artistiques. Karl semblait le trouver sympa. Plus tard, Nino est entré en possession du sac volé par le duo. Ce qui s'est produit à Bordeaux, il n'en a été informé que par la suite. Car, entre-temps, le destin lui a accordé un sérieux coup de pouce.

D'un caractère volontaire, Ralph Mayerling a eu un long parcours dans le show-biz. Il a été le producteur des plus grandes stars du rock. Aujourd'hui déjà âgé, il a réuni le gratin des musiciens dans sa luxueuse villa de Sainte-Maxime, où il vit avec sa compagne Rosa. Il ne manque plus que Nino, qu'il a repéré quelques mois auparavant, pour qu'existe ce groupe “vert pâle”. Avec le sac volé, le chanteur se joint à eux. En deux ans, Nino Face va effectivement connaître un succès fulgurant, grâce à Mayerling. Le destin se chargera-t-il de faire se retrouver les anciens de Calais ?…

Certains romans n'entrent pas dans une catégorie définie, entre “proche du polar” et “littéraire”, ce qui est simplement le signe de leur originalité. L'intrigue tourne autour de cette sacoche contenant deux millions d'Euros, pactole permettant de réaliser bien des rêves. La tonalité n'est évidemment pas celle du roman d'action, même si quelques scènes sont agitées. Cette histoire nous invite à connaître en détail le parcours de ces individus. Façon de nous dire, peut-être, que chacun a le droit à son propre itinéraire, aussi chaotique soit-il parfois. L'écriture souple et précise d'Hervé Commère séduit. Un suspense psychologique de très belle qualité.

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 04:55

Le séjour en Sicile de Livia, la fiancée du commissaire Salvo Montalbano, s'est plutôt bien passé. Non sans quelques accrochages et une part de jalousie, car le policier a imaginé qu'elle le trompait avec un certain Carlo. Il s'est senti cerné par les Carlo. Tandis qu'elle s'en retourne chez elle, Montalbano est occupé par une série de cambriolages à Vigàta et dans ses alentours. Ce serait le rôle de son collègue Augello, mais selon l'agent Catarella, il a été congédié. En somme, il est juste en congés. Donc, c'est Salvo Montalbano qui s'y colle. La manière des voleurs est particulière. D'abord, ils pénètrent dans une résidence secondaire où les propriétaires sont en train de dormir. Ils y dérobent des objets de valeur, et surtout les clés du principal logement des victimes, à Vigàta. Avec la voiture des gens volés, ils vont jusqu'à l'adresse de ces personnes et cambriolent les lieux.

Selon le commissaire, ils doivent être trois pour opérer. Le fils de sa bonne Adelina croit savoir que c'est une bande venue d'une autre partie de la Sicile, dirigée par quelqu'un de Vigàta. Montalbano dispose d'une liste de dix-huit noms, appartenant au même cercle d'amis. Hormis ceux déjà visés, autant de victimes potentielles. D'ailleurs, à son tour cible des voleurs, le plombier Incardona conforte l'impression du policier. Avec son efficace adjoint Fazio, ils ne tardent pas à repérer le receleur des voitures volées en ces occasions. Mis sous surveillance, il est bientôt arrêté. Ce qui ne solutionne rien : le trio d'exécutants reste non-identifié et le "cerveau" annonce de futurs cambriolages par un courrier adressé à Montalbano. En effet, la trentenaire blonde Angelica Cosulich, employée de banque, est également victime d'un double vol selon la même méthode.

À cinquante-huit ans, Salvo Montalbano n'est pas à l'abri d'un coup de foudre. Angelica lui fait penser à l'Orlando Furioso, le magistral poème épique de l'Arioste, avec son héroïne portant le même prénom. Angelica semble attirée elle aussi, et elle partage le même goût que Salvo pour les bons repas et les généreuses doses de whisky sec. Il vaut mieux s'en tenir à une version corrigée du cambriolage, sans parler du baisodrome de la demoiselle, où se passa la première étape du vol. Ça pourrait valoir quelques ennuis au commissaire, quand son supérieur le Questeur est informé des faits complets, par une lettre anonyme parvenue à la Télévision officielle. Le policier plaide la calomnie. Peu après, Montalbano est bloqué par une entorse, ayant voulu donner un coup de main à Angelica. La jeune femme risque des ennuis à la banque, une mutation, à cause de cette affaire.

Les prochaines victimes, la police les a identifiées. Tout est mis en place pour entraver les projets du trio opérant pour Monsieur Z, ainsi que Montalbano à baptisé le cerveau. Salvo comprend qu'il doit mettre fin à son idylle avec la belle Angelica. Celle-ci lui a donné deux noms de suspects : une vérification s'impose, même si elle est vaine. Un nouveau vol avec indice, un cadavre blessé puis achevé par balles, un suicidé par pendaison, des coups de feu visant la jeune femme, autant d'éléments nouveaux sur lesquels le commissaire doit baser sa réflexion pour dénicher le coupable…

Andrea Camilleri : Le sourire d'Angelica (Fleuve Éditions, 2015)

Une vingtaine d'aventures de Montalbano, se lisant avec un plaisir toujours renouvelé : tel est le seul constat qu'on puisse faire une fois encore. Des romans d'enquête dans le décor sicilien ? Certes, on suit les diverses investigations du policier quinquagénaire. Pourtant, au-delà de la pure recherche criminelle, on se régale à observer ce héros. Dans sa vie de policier, entouré du professionnel Fazio (passionné par l'état-civil des protagonistes d'un dossier, et plutôt inspiré dans l'action) et de l'inénarrable agent Catarella (qui ne retient jamais les noms exacts de ceux qui téléphonent, mais s'avère doué en informatique). Dans sa sphère privée, également, avec son éternelle fiancée Livia (pas toujours de bonne humeur), ses repas gastronomiques chez Enzo, et ses déboires dès qu'il approche d'autres jolies femmes (souvent avec une part de maladresse ou de naïveté).

Les romans d'Andrea Camilleri ne déçoivent jamais ses lecteurs, et ce n'est pas ce nouvel opus savoureux des enquêtes de Salvo Montalbano ("Il sorriso di Angelica", 2010) qui démentira cette évidence. Puisque le maestro Camilleri vient tout juste d'atteindre 90 ans ce 6 septembre 2015, adressons-lui nos vœux de bonne santé. Sans doute est-ce un peu égoïste, mais on souhaite qu'il continue encore longtemps à nous régaler de ses fictions et de ce langage qui contribue tant au charme de ses livres.

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 04:55

Philip Anders est un critique littéraire new-yorkais quinquagénaire. Son père, aujourd'hui âgé, fut un diplomate du Département d’État. Celui-ci resta un simple bureaucrate, et non pas l'homme d'action qu'il rêvait de devenir. Une trentaine d'années plus tôt, il fut le mentor de Julian Wells, le meilleur ami de son fils. Mais, après un voyage avec Philip en Argentine, le jeune diplômé renonça à entrer au Département d’État.

Il préféra devenir un écrivain-voyageur, s'exiler à travers le monde pour ne séjourner que rarement aux États-Unis. Son thème, ce furent des cas meurtriers criminels singuliers et des grands noms de la criminalité. Après des enquêtes fouillées sur place, il écrivit des livres sur la cruelle comtesse Báthory, Gilles de Rais, le "crime" mal élucidé de Cuenca, le massacre d'Oradour-sur-Glane, le tueur en série russe Tchikatilo, et autres sujets macabres. Toujours, Julian chercha une perspective différente pour aborder ces dossiers.

Julian Wells vient de se suicider sur l'étang de la propriété campagnarde qu'il partage avec sa sœur Loretta, correctrice dans l'édition. Aucun mystère sur les conditions de sa mort. Il semblait plus tourmenté que jamais ces derniers temps, selon Loretta. Toute sa vie, Julian avait été plutôt sombre, il est vrai. Peut-être à cause d'un fait qui marqua leur voyage en Argentine avec Philip, dans les années 1980, au temps de la junte militaire. On leur donna pour guide la jeune Marisol, qui n'apparaissait pas politisée. Elle leur présenta le père Rodigo, qui s'occupa d'elle durant son enfance. Puis un jour, elle disparut subitement. Les deux Américains purent penser que Marisol, se sentant menacée, s'était réfugiée dans le Chaco, sa région natale. La dictature donnait lieu à toutes les interprétations. À moins qu'elle ne fut proche des rebelles Montoneros, comme le pense encore le père de Philip.

Si une amitié de longue date fut bien réelle entre Julian Wells et lui, en creusant dans ses souvenirs, Philip s'interroge sur une possible part de duplicité chez son ami. Il se rend à Paris, où Julian possédait un appartement. Il rencontre René, ancien barbouze en Algérie, avec lequel il va jusqu'à Oradour, puis s'informe dans un bar sinistre de Pigalle fréquenté par Julian. Philip sent de plus en plus que sa mort était liée à une culpabilité : cela avait-il un lien avec l'Argentine et Marisol, un rapport avec ces femmes criminelles (telles Ilse Grese ou "la Meffraye") sur lesquelles il écrivit, ou quelque autre raison ? “Dans un thriller, ce seraient les autres qui essaieraient de m'empêcher d'en savoir plus… Mais là, on dirait que c'est Julian qui brouille les pistes.” Un ancien agent du Département d’État installé à Londres lui communique un vieux dossier remontant à l'époque de la junte argentine.

Le père de Philip fut jadis en contact avec une Hongroise qui, après la guerre, était partie en Argentine et fut employée par les autorités. Puisqu'elle est retournée dans son pays, non loin du château de la comtesse Báthory, Philip et Loretta qui l'a rejoint vont recueillir le témoignage de cette Irène Jóság. Elle leur livre ce qu'elle sait, sur son supérieur et sur un terroriste surnommé El Árabe. Le couple va devoir poursuivre son voyage de Rostov, en Russie, jusqu'en Argentine pour ajuster les pièces biseautées du puzzle…

Thomas H.Cook : Le crime de Julian Wells (Éd.Seuil, 2015)

Thomas H.Cook nous présente cette fois un roman d'espionnage. Plutôt dans la tradition des romans à suspense de Graham Greene, que dans le genre spectaculaire des films de James Bond. Ce n'est pas au cœur d'une intrigue d'aventures qu'il nous entraîne ; l'auteur nous adresse d'ailleurs quelques clins d'œil : “Le personnage de fiction parcourt le monde en parlant, comme par miracle, [la langue] du pays où le mènent ses pérégrinations. Dans le monde de la fiction, tout le monde se comprend...” Non, ni facilités de cette sorte, ni scènes bondissantes armes à la main ; tous ses lecteurs savent que Thomas H.Cook est nettement plus subtil que ça. C'est le portrait de Julian Wells que son ami Philip Anders va, sur fond d'espionnage, tenter de reconstituer. Grâce à l'œuvre littéraire du défunt, autant que via ses souvenirs personnels, ceux de son père, de Loretta et de certains témoins.

L'évocation du Mal est fréquente chez l'auteur : il parsème ici le récit de faits historiques criminels marquants. Concernant l'Argentine, il ne détaille pas les exactions des militaires au pouvoir ou de leurs opposants, mais fait habilement ressentir le climat qui pouvait alors régner dans ce pays. Si, désormais, nul n'est censé ignorer les sordides méfaits commis par la dictature et ses alliés (dont la fameuse Opération Condor), les "initiés" étaient assez rares à l'époque : le peuple américain et le reste du monde ne pouvaient en mesurer la monstruosité. Ni, probablement, la perversité du jeu d'espionnage entourant les conflits à travers la planète, de la Guerre Froide à nos jours.

L'élégante écriture de l'auteur semble fort bien mise en valeur par la traduction de Philippe Loubat-Delranc, il convient de le souligner. Un roman impeccable ? Oui, on a le sentiment que Thomas H.Cook se surpasse à chaque nouveau titre.

Un roman court de Thomas H.Cook chez Ombres Noires :

"Le secret des tranchées"

http://www.action-suspense.com/2014/11/thomas-h-cook-le-secret-des-tranchees-ombres-noires-2014.html

Un singulier suspense de Thomas H.Cook :

"L'étrange destin de Katherine Carr"

http://www.action-suspense.com/article-thomas-h-cook-l-etrange-destin-de-katherine-carr-seuil-2013-113819226.html

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5 septembre 2015 6 05 /09 /septembre /2015 04:55

Âgé de vingt-cinq ans, Chase Daniels vit dans la région de Saint-Paul, Minnesota. C'est un junkie durement accro à la méthamphétamine. S'approvisionnant chez l'Albinos, Chase habite en ce moment chez son pote Sténo, aussi camé que lui. Voilà plusieurs jours qu'ils n'ont plus touché terre, à fond dans leur trip. Et voici que, dans leur rue, une fillette à l'air candide s'attaque à un rottweiler, lui arrachant la gorge. Un drôle de délire, provoqué par l'abus de meth, probablement. Sauf que l'innocente gamine, ensanglantée et ricanante, s'en prend ensuite à Chase et Sténo. Y a intérêt à la buter, la petite enragée. Après un peu de repos indispensable, le duo prend la fuite. Le quartier est vide, c'est très bizarre.

Rebecca, la propriétaire de l'appart' de Chase, est morte et ses chats ont commencé à la bouffer. La voisine Svetlana apparaît si agressive qu'il faut la supprimer. Autour de Chase et Sténo, il n'y a plus que des morts ou des zombis comme Svetlana ? Ça ressemble de près à l'Apocalypse, pas de doute. Le duo s'empresse de cambrioler une boutique, afin de se procurer un stock d'armes à feu, avant de prendre la route. Dans une station-service vide, le routier junkie Travis leur explique la situation : “Samedi dernier, les gens se sont pas réveillés. Ils sont morts pendant leur sommeil. Tout le monde.” Les zombies, c'est venu deux jours plus tard : “Je sais pas si c'est un virus ou quoi qui a tué tout le monde, mais ça les a aussi transformés.”

Avec ces Morbacs (morts-back), mieux vaut ne pas rester vingt minutes à l'air libre, sinon c'est l'agression mortelle. Chase réalise que “tous ceux qui sont encore en vie sont accros à la méthamphétamine.” Sténo et lui trouvent refuge chez l'Albinos, mais doivent braquer une pharmacie fermée pour se procurer du supplément de drogue. Kay, l'ex-petite amie de Chase dont il est toujours amoureux, finit par lui téléphoner. Ils s'étaient rencontrés en psychiatrie, mais Kay le largua quand elle cessa de se shooter. Elle a donc replongé, si elle est en vie. La jeune femme s'est barricadée avec son amant Jared dans leur appart' du centre de Saint-Louis. Chase et Sténo vont les récupérer : Jared est mal en point, pas loin de flancher. Une bonne dose de meth va le requinquer.

Tous les quatre se replient à l'abri chez l'Albinos. Ils ont de quoi tenir quelques jours, s'ils ne forcent pas sur la drogue. Une baignade collective s'organise à l'initiative de Chase, un peu d'hygiène s'avérant utile. C'est alors qu'ils sont braqués par une bande de Canadiens, en quête de meth eux aussi. S'ils parviennent à riposter, à buter les intrus, l'Albinos reste sur le carreau. Chase, Sténo, Kay et Jared font un détour par chez les parents de Chase : son père est mort, sa mère a muté Morbac. Bien obligé de se défendre contre elle. Le petit groupe s'adresse ensuite à Cheng, un dealer hmong qui ne tient pas à les héberger plus d'une nuit. La fuite en avant va se poursuivre, avec l'espoir d'échapper le plus longtemps possible à ce monde peuplé de zombis…

Peter Stenson : Déchirés (Pocket, 2015)

Les histoires horrifiques, romans "gore" ou films, c'est toujours à peu près la même chose. Les gentils héros confrontés aux méchants sanguinolents. Intemporel, certes, mais plus souvent divertissant que vraiment excitant. Peter Stenson apporte, lui, une tonalité assez différente à ce thème. Ses sympathiques personnages sont des junkies, des vrais, pas des consommateurs occasionnels, des marginaux fêlés de cristal meth. Le quotidien, la routine genre employée de supermarché pour Kay, ils ont définitivement tiré un trait dessus. Voilà ce qui les sauve : “Ceux qui sont encore en vie sont accros à la méthamphétamine.”

S'en tenir à ce postulat n'irait pas bien loin, il faut l'avouer. C'est l'expérience de survie de Chase et de ses amis qui devient enthousiasmante. Non seulement ils doivent faire face aux Morbacs, zombis ricaneurs, mais ils sont obligés de continuer à trouver leur drogue pour ne pas sombrer à leur tour. “Les junkies sont les mecs les plus débrouillards de la planète”, estime Chase Daniels. L'auteur est suffisamment subtil pour ne pas nous livrer un enchaînement de scènes morbides, pour montrer le chaos à travers la perception qu'en ont ces junkies. Il y aura des victimes, c'est inévitable. Mais également une romance façon punk, bien turbulente et contradictoire, entre Chase et Kay. Cette cavale sans fin nous offre une intrigue franchement captivante, fascinante… (On n'ose pas dire "addictive", vu le sujet abordé !)

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 04:55

Victor Boudreaux est un ex-détective privé habitant La Nouvelle Orléans. Après des ennuis de santé, il a cessé son activité. Veuf de la Vietnamienne Lou Kim, il vit avec Jeanne, une passionnée des classiques du cinéma, qui fut son assistante. Boudreaux surveille sa nièce adoptive Joliette, mutine traficoteuse ingérable. Il s'est reconverti en entraîneur bénévole d'athlétisme. Que le chanteur altermondialiste Flaco Moreno se soit suicidé récemment par pendaison en Louisiane, où il enregistrait un nouveau disque, ça ne concerne guère Victor Boudreaux. Toutefois, quand il est contacté par les parents de l'artiste, il voit l'occasion de financer des projets pour ses jeunes athlètes. Mohed Khouri, le père de Flaco Moreno, est un homme d'affaire aisé qu'il n'y a rien d'immoral à gruger, estime l'ex-détective.

Earl Turnbinton est le meilleur ami de Boudreaux, tous deux ayant jadis combattu dans l'armée américaine au Vietnam. Ce Noir est tout autant un colosse que Victor, ni l'un ni l'autre n'étant rouillé quand il s'agit de se bagarrer. Pour commencer, ils interrogent le responsable du studio d'enregistrement où Flaco Moreno préparait son disque. Pourtant riche, l'artiste était un mauvais payeur, semble-t-il. Ensuite, le duo secoue un flic véreux (pléonasme à La Nouvelle Orléans) afin de récupérer une partie du matériel volé après la mort de Flaco Moreno. À part la piste d'une énigmatique chinoise, Mme Li, Victor et Earl s'adressent à Terry Van Chung, pêcheur de crevettes dans le bayou. Flaco Moreno aurait envisagé avec lui une filière de commerce équitable, une idée sans grand avenir.

C'est au Vietnam que Victor et Earl pensent trouver des éléments nouveaux. Pour eux, un retour à Saïgon, ville bien plus clinquante que celle qu'ils connurent. Ils logent dans l'hôtel modeste d'une proche de Lou Kim, défunte épouse de Victor. Cette dame fut une patriote, médaillée par le général Giap. Victor et Earl ayant riposté sans hésiter alors qu'un gang les agressait, cela leur vaut les faveurs du colonel La Quoc Khanh. La piste Van Chung n'est qu'une impasse, et en secouant le nommé Scott, un Australien installé dans ce pays, ils n'avancent pas vraiment non plus. Alors que Mohed Khouri les a rejoints, le colonel leur montre des pierres précieuses qu'il serait très dangereux de faire sortir du Vietnam. Après un séjour forcé à Hanoï, il est temps pour Victor et Earl de fuir ce pays.

Tandis qu'Earl est reparti en Louisiane, le détective débarque en France. Celui-ci risque de sérieuses poursuites de la part de la justice française. Heureusement, Victor peut compter sur son ami Edgar Ouveure, qui a de hautes fonctions officielles. Revenir à Saproville-sur-Mer ne garantit pas la tranquillité à Victor Boudreaux, au contraire. Zoran Curcovic, l'ex-manager de Flaco Moreno, ne fait que confirmer l'esprit magouilleur de l'artiste. Reste à explorer la piste de Mme Li : “Des Mme Li d'origine chinoise et de nationalité française faisant dans l'import-export, il doit en exister deux ou trois cent. Si on se concentre sur la tranche d'âge entre quarante et cinquante ans, il en reste approximativement la moitié.” Quels que soient les dangers, Victor tente de démêler cette sinueuse affaire…

Michel Embareck : Personne ne court plus vite qu'une balle (Éditions L'Archipel, 2015)

C'est un roman d'aventure dans la meilleure tradition qu'a concocté Michel Embareck, une intrigue mouvementée à souhaits. Une histoire agitée en trois actes, avec pour décors la Louisiane, le Vietnam, et la France. Pour mener à bien les investigations, il faut un héros “jovial de la mandale, brut de l'uppercut” tel que Victor Boudreaux, avec son ami Noir pas moins intrépide Earl Turnbinton. En France, le journaliste marginal Franck Schirmeck peut s'avérer un compère utile aussi. L'artiste sur le décès duquel enquête Boudreaux s'inspire peut-être de Manu Chao, mais ce n'est pas sa copie conforme. Flaco Moreno était-il aux abois, au point de se supprimer, ou s'agit-il d'un meurtre ? That is the question.

L'auteur en profite pour nous présenter certains aspects de La Nouvelle Orléans d'après l'ouragan Katrina, qui apparaît aussi corrompue et criminelle que par le passé. Un détour par les typiques bayous louisianais s'imposait, bien sûr. À travers le témoignage de Maï Nguyen, patriote non-communiste, il retrace tout un pan de la guerre du Vietnam. Avec un regard sur l'évolution de ce pays modernisé où “le libéralisme échevelé ne prospérait que sous le talon de fer d'un État policier.” Il convient de souligner l'écriture enjouée de Michel Embareck, qui offre bon nombre de sourires et apporte une très belle fluidité au récit. Il n'y a plus qu'à suivre ce diable de Victor Boudreaux dans ses trépidantes tribulations.

Une précédente aventure de Victor Boudreaux :

 

http://www.action-suspense.com/michel-embareck-la-mort-fait-mal-archipoche-2013

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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 04:55

À Bittersmith, le shérif porte le nom de cette bourgade du Wyoming. Rien d'étonnant, car c'est son arrière-grand-père qui créa jadis ce village. Âgé de soixante-douze ans, le shérif Bittersmith règne sur sa contrée depuis quatre décennies. En ce début des années 1970, il lui arrive encore, quand il est en position de force face à des femmes, d'exiger des actes sexuels. Pour calmer les hommes trop violents, sa méthode a toujours été de les menacer de mort en cas de récidive. Il n'y a que contre la Milice du comté, qu'il infiltra un temps, que le shérif en resta au statu-quo. Le fermier Burt Haudesert la dirigea sans faire d'excès répréhensibles. La mort suspecte des frères Pounder, membres de la Milice, intoxiqués par les gaz dans leur garage, resta sans suite afin de ne pas attiser les tensions.

La municipalité vient de mettre le shérif Bittersmith à la retraite, lui laissant une dernière journée pour dégager. L'adjoint Odum le remplacera, probablement davantage dans le respect des lois. Bittersmith est furieux, mais n'y peut rien. Quand Fay Haudesert appelle le bureau du shérif, celui-ci s'empresse de braver la neige dans son Bronco marron. Le blizzard approche, il s'agit d'agir sans délai. Dans sa grange, Burt Haudesert est mort, transpercé par une fourche. Ses deux fils, Cal et Jordan, étaient absents. Sa fille Gwen, jolie rousse âgée de seize ans, a certainement été enlevée par l'assassin. Aucun doute sur l'identité du tueur : Gale G'Wain, un orphelin de vingt ans, a travaillé pendant trois mois ici, avant d'être engagé par le boucher Haynes. Ce rouquin était amoureux de Gwen.

Blessé, en fuite, Gale s'est réfugié dans la maison vide du défunt docteur Wilbur Coates, un chasseur ami de Burt Haudesert. Au domicile du médecin, il se soigne artisanalement. Gale redoute l'arrivée de la Milice sur leurs motoneiges. Il trouve sur place un arsenal d'armes à feu, et prépare bientôt la riposte. Au temps de l'orphelinat de Mr Sharp, Gale s'entraîna pour devenir un bon tireur. Il a le temps de repenser à ses amours avec Gwen, à leurs projets de partir ensemble. À seize ans, elle était plus mûre que lui, sexuellement. Si son amie Liz Sunday avait des problèmes, ceux de Gwen n'étaient pas moindres non plus : sa relation avec son père était plus qu'ambiguë. Gale travailla dur pour Burt, mais il ne fut jamais paternel envers lui. Au contraire, des tensions apparurent rapidement.

Épiant les alentours, Gale G'Wain repense au curieux don de Gwen : “Elle entend ce qu'elle appelle une musique de crapaud-buffle chaque fois qu'une personne dont elle est physiquement proche va mourir.” Avec ses maigres économies et son statut d'errant, Gale offrait-il vraiment un avenir à Gwen ? Il se souvient aussi des altercations musclées, après son départ de la ferme, avec Burt Haudesert ou avec ses fils. Se battre contre ce notable local ne l'effrayait pas, Gale ayant grandi "à la dure". Aux archives de Bittersmith, Gale tenta de retrouver ses origines, dans les dossiers de 1951, Mr Sharp étant resté flou sur sa mère. Quand Roosevelt, shérif-adjoint et membre de la Milice, vient menacer Gale dans son refuge, le jeune homme n'a d'autre choix que de le supprimer.

À l'abri, quand les motoneiges cernent la maison, Gale ne craint pas d'affronter Cal, Jordan et leurs amis de la Milice. De son côté, le vieux shérif a du mal à suivre dans la neige les traces de son suspect et de Gwen. Que son successeur Odum tente de reprendre en mains l'enquête, le shérif s'en fiche : sa rage envers Gale devrait suffire pour alpaguer son unique suspect. Bittersmith reste pour quelques heures en fonction. Il compte prouver à Margot, la mère de Burt Haudesert, et à l'épouse de la victime, qu'il y parviendra…

Clayton Lindemuth : Une contrée paisible et froide (Éd.Seuil, 2015)

On imagine que la vie dans certaines bourgades rurales des États-Unis, voilà encore une quarantaine d'années, pouvait d'assez près ressembler à celle décrite ici. Et un tel épisode venant troubler l'ordre des choses apparaît parfaitement plausible. Ce genre de shérifs tout-puissants, absolument odieux, incarnant en despotes leur version de la loi, on est convaincu que ce n'est pas de la simple caricature. Tirant leur légitimité de leur passé militaire ou de leur origine locale, ils imposaient une sorte de paix basée sur la peur, la menace. Remarquons également les rapports méfiants du shérif Bittersmith avec la Milice anti-communiste franc-maçonne. Il ne contrôle pas ces chasseurs paranos qui voient des "Rouges" partout. Qu'on en élimine quelques-uns ne le dérange donc nullement.

Faut-il parler de cruauté ? Par exemple, on tue le cochon non sans sauvagerie. C'est plus exactement l'âpreté du quotidien qui nous est décrite. On découvrira avec un petit sourire pourquoi l'orphelin Gale G'Wain fut ainsi nommé, ce qui n'est pas sans lien avec le vrai prénom de Gwen (qui est un diminutif). Le jeune homme miséreux est, finalement, le seul a avoir une attitude chevaleresque dans cette histoire.

Le récit fait la part belle aux épreuves que ce garçon désargenté a dû traverser, à sa propre expérience d'orphelin. Par ailleurs, on nous livre des moments de la vie (tourmentée) de Gwen, et de sa copine Liz. En parallèle, l'action se concentre sur les dernières heures du vieux shérif dans ses fonctions, avec un semblant d'unité de temps. Puis, jolie figure de style, la narration va entremêler dans les mêmes chapitres les cas de chacun des protagonistes. Un noir suspense de très belle qualité, d'une sacrée intensité, à ne pas manquer.

 

- Ce roman est disponible dès le 3 septembre 2015 -

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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 04:55

Lors de sa publication en grand format, “Le village” de Dan Smith a marqué de nombreux lecteurs, et fut salué sur Internet par beaucoup de sites et blogs. C'est un suspense dur, sombre et puissant, qu'a concocté l'auteur. Tout est cruauté dans le contexte, et il faut une lucidité teintée d'humanisme pour que le héros résiste aux épreuves. “Tu n'as jamais été un fermier. Tu as toujours été un soldat. Un soldat qui joue au fermier, et je vois dans tes yeux que ce n'est pas ta vraie nature” constate son épouse. Il est vrai que Luka a combattu durant la guerre de Crimée, dans la confusion des camps en présence. Toutefois, il n'est pas simplement question d'un jeu de piste, entre un ancien baroudeur et un criminel.

Cette traque se passe à l'époque où débutent le méthodes staliniennes visant à accaparer les biens personnels de la population et à réduire les libertés individuelles, à développer la puissance de l’État russe y compris dans les moindres villages du pays. On sent la tension à Vyriv où, comme partout, la rumeur a précédé la venue des communistes destructeurs. Par contre, cela n'excuse nullement le lynchage initial dû la haine et à l'effet de groupe. Qu'un criminel s'attaque à des enfants n'autorise pas à abolir les lois. On est là dans un épisode violent de l'Histoire, ce qui influe fatalement sur les faits. Le froid et la neige ajoutent une âpreté aux aventures de ces personnages.

Un roman de qualité supérieure, qu'il n'est pas trop tard pour découvrir grâce à sa réédition en format poche.

Dan Smith : Le village (Éd.10-18, 2015)

En cet hiver 1930, la steppe enneigée isole plus que jamais le petit village de Vyriv, dans l'ouest de l'Ukraine. Ce qui convient aux habitants, car les envoyés de Staline sillonnent l'Union Soviétique afin d'installer le collectivisme. Être privés de leurs modestes biens, une échéance inéluctable que les paysans d'ici espèrent retarder, faute d'y échapper. Russe d'origine, Luka a longtemps été combattant, avant de s'installer dans le village natal de sa femme, Natalia. Ils élèvent leurs fils jumeaux de dix-sept ans, Viktor et Petro, et la petite Lara âgée de neuf ans. Leur nièce Dariya, fille de Dimitri Spektor et de la sœur de Natalia, est une gamine intrépide de huit ans, qui fréquente leur foyer.

Un jour, Luka et ses fils ramènent à la maison un inconnu quasi-mourant, dont le traîneau transporte les cadavres de deux enfants d'environ dix ans. La fillette morte a été mutilée, comme victime d'anthropophagie. Alors que Luka et les jumeaux enterrent discrètement les corps, Dimitri intervient. Malgré l'incompréhension, les premiers habitants arrivés sont assez raisonnables. Surexcité, Dimitri rameute les autres villageois, exigeant qu'on leur livre l'inconnu. Luka essaie de les calmer, mais ne peut éviter le lynchage. Les affaires du mourant indiquent qu'il s'agissait d'un soldat, d'un officier médaillé. Grâce à des photos, Luka réalise qu'il était le père des deux victimes. Sans doute traquait-il leur assassin.

La petite Dariya a disparu. Luka doit se bagarrer avec Dimitri, le père de la gamine, quand il accuse à tort et à travers. On remarque dans la neige les traces d'un homme botté, qui est certainement le voleur d'enfants. Luka, ses deux fils et Dimitri partent en chasse. Le coupable laisse des traces, volontairement. Quand le petit groupe se trouve à découvert, le criminel les prend pour cible. Luka comprend que c'est un tireur d'élite bien équipé, qui veut jouer avec eux. “Nous ne sommes plus seulement des chasseurs, nous sommes aussi des proies” constate Luka, qui envisage de continuer seul. Plus loin, le kidnappeur a laissé comme indice dans la neige un scalp d'enfant. Quand Luka et ses fils rencontrent une jeune femme, Aleksandra, elle leur apprend que les émissaires de Staline sont arrivés dans les villages environnants. Les persécutions ont commencé. Le périple dans la neige se poursuit…

 

Le village” est disponible chez 10-18 dès le 3 septembre 2015

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 04:55

Voilà une trentaine d'années que Kurt Wallander est dans la police. Bien longtemps qu'il est en poste au commissariat d'Ystad, petite ville de Suède. Enquêteur expérimenté, il n'a jamais montré un optimisme débordant. En cet automne, la lassitude le gagne de plus en plus. Il s'interroge sur la société, la criminalité. Sa fille Linda suit ses pas : “Il ne s'était toujours pas habitué au fait que sa propre fille soit maintenant adulte, qu'elle travaille dans la police, et dans le même commissariat que lui par-dessus le marché.” Son collègue et ami Martinsson propose à Wallander une maison à vendre à Löderup, dans un secteur résidentiel de leur région de Scanie. Il en rêve, à condition que ça reste au niveau de ses moyens relatifs. Il visite les lieux, qui exigeront des travaux de rénovation.

Dans le jardin, sous les feuilles mortes, Wallander repère le squelette d'une main humaine pointant hors de la terre. Place à la police scientifique, qui ne tarde pas à découvrir les restes d'un corps entier enterré. Wallander est déçu de la tournure des choses, il se voyait bien acquérir cette maison-là. Le cadavre est celui d'une femme quinquagénaire, morte par pendaison. Difficile de dater les lointaines circonstances de son décès. Existe-t-il un lien avec le propriétaire nonagénaire, Karl Eriksson, devenu sénile ? Martinsson ne connaît que vaguement la vie de ce vieux cousin de son épouse. En fouillant la maison, Wallander déniche d'anciens documents administratifs. Il parvient à remonter cinquante-trois ans en arrière, jusqu'aux précédents propriétaires de cette maison.

Interroger une voisine âgée et son fils s'avère une impasse. Wallander et son équipe “se transforment en policiers archéologues” pour retrouver des éléments sur cette femme disparue entre 1930 et 1950. Après un témoignage à Malmö, Wallander revient dans le jardin : grâce à des groseilliers mal alignés, on repère une dent appartenant à un second cadavre. Cette fois, il s'agit d'un homme quinquagénaire. Contacté par le policier retraité Simon Larsson, Wallander pense désormais être sur la bonne piste. Un couple disparut en décembre 1944. Toutefois selon leur petite-fille, ce n'est toujours pas la bonne explication. Des agendas d'autrefois vont mieux renseigner Wallander...

Henning Mankell : Une main encombrante (Éd.Points, 2015)

Ce roman court est suivit d'un texte de Henning Mankell, où il livre aux lecteurs quelques confessions sur Wallander et lui. Il revient sur la création de ce personnage à l'époque de “Meurtriers sans visage”. Mankell lui attribue son propre âge, le fait vivre en Scanie où il habitait lui-même une partie de l'année. Ça aurait pu être un roman sans lendemain. Mais la Lettonie d'après la chute du Mur de Berlin, et l'Afrique du Sud de Nelson Mandela, ont inspiré Mankell. Au fil des livres, le lectorat adopta de plus près Wallander, anti-héros qui ne respire pourtant pas la joie de vivre. L'auteur le ré-affirme, c'est fini : “Il n'y aura pas d'autre enquête avec Kurt Wallander.”

Inutile d'épiloguer sur cette affaire située vers la fin de carrière du célèbre policier d'Ystad. C'est en songeant à acquérir une maison et à se procurer un chien pour ses vieux jours, qu'il cherche la vérité. Pas une enquête prioritaire, puisqu'il y aurait prescription. Le temps ayant passé, il se heurte à des fausses pistes se terminant en culs-de-sacs. S'il a moins la foi en son métier, Wallander garde l'obstination qu'on lui connaît. Il finira même par être menacé de mort par l'assassin au moment des aveux. Une dernière occasion, plus brève mais pas moins passionnante, de suivre le héros d'Henning Mankell.

- Disponible chez Points dès le 3 septembre 2015 -

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