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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 06:32

 

Né en 1928, Hubert Monteilhet publie encore un suspense chaque année aux Éditions de Fallois. Voici son nouveau roman, Les confessions du diable.

MONTEILHET-11Le commissaire Bernard Hauterive est en poste à Bergerac, en Dordogne. C’est un policier d’âge mûr, assisté de son jeune collègue Martinet. Non loin de là se trouve le collège Saint-Christophe. Ancien monastère transformé en pensionnat, cet établissement à l’ancienne dirigé par des ecclésiastiques, est fréquenté par des pensionnaires issus de familles bourgeoises. Deux neveux du commissaire y firent d’ailleurs leurs études. On vient d’alerter la police, car un des prélats vient de mourir, se suicidant probablement avec de la mort-aux-rats. Âgé de 73 ans, le père de Coursensac fut un homme d’église dans la pure tradition, enseignant de qualité ayant aussi un parcours colonial. Certes, il est étonnant de trouver du poison dans sa chambre, mais il y a une explication.

Le défunt était proche d’un élève, son filleul Gédéon d’Arsonval. L’adolescent est à la fois solitaire et brillant, surdoué généraliste, épileptique, s’intéressant en ce moment au trotskisme sans être aveuglé, interrogatif quant au catholicisme. Gédéon n’est pas dénué d’ambiguïté dans certains cas, d’esprit taquin ou plus manipulateur. Le commissaire connaît déjà le père du jeune homme. En effet, ce notaire de Bergerac s’est récemment inquiété d’un courrier anonyme prédisant à sa famille des drames à venir. Pas de lien apparent avec le décès de Coursensac, qui était une vague parenté du digne notaire. Empruntant un scooter et un peu d’argent, Gédéon s’enfuit du collège Saint-Christophe. Ce que le commissaire n’interprète pas encore comme un signe de culpabilité.

Il existe un enregistrement sur dictaphone numérique des conversations entre Gédéon et de Coursensac, confessions retrouvées par la police. Il y est question entre autres de l’évolution et de l’éthique de la religion catholique, Gédéon n’étant pas avare d’ironie à ce sujet. Il y avoue des petits méfaits familiaux, justifiés par son aversion envers la seconde épouse de son père le notaire. Plus sérieux, il laisse entendre que cette femme serait suspecte. Professionnel, le commissaire se renseigne auprès d’un détective privé niçois ayant enquêté sur elle, consulte un article évoquant le décès de la première Mme d’Arsonval. Rien de tellement probant, à vrai dire. Si Gédéon reste un temps introuvable, le policier entend éclaircir cette délicate affaire avant qu'il n'y ait trop de morts…

 

Couronné par le Grand Prix de Littérature policière en 1960 avec Les mantes religieuses, Prix Arsène Lupin 2009 pour Choc en retour, Hubert Monteilhet est un auteur à part dans l’univers du roman policier. Cet esthète de l’intrigue criminelle et du suspense psychologique possède sa propre tonalité. Le terme d’enquête ne convient pas aux histoires qu’il met en scène, même quand (comme ici) un policier interroge des témoins ou écoute une pièce à conviction. Les portraits précis et les faits suggérés, aussi énigmatique soient-ils, importent davantage qu’une traque de l’assassin, s’il existe. Le climat un brin désuet d’un collège religieux traditionnel dans la France profonde se prête bien aux mystères tels que les conçoit cet auteur.

C’est également l’occasion pour lui (qu’on dit catholique intégriste, mais qui dénonça souvent les cyniques excès religieux) de philosopher sur la théologie, d’en railler certains aspects à travers l’opinion de Gédéon. Pris au second degré, ces propos comportent une belle part d’humour mordant. Si l’érudit Monteilhet appartient lui-même à la "bonne société" qui se veut "bourgeoisie éclairée", il ne se prive pas de s’en moquer. C’est en grande partie ce qui fait le charme de ses romans, des polars hors catégorie.

Ici, ma chronique sur deux romans d'Hubert Monteilhet "Choc en retour" + "Oedipe en Médoc" .

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commentaires

Y
Bonjour Claude,<br /> Je ne connaissais pas du tout cet aspect de l'auteur, n'ayant lu de lui que l'excellent Néropolis. mais c'était il y a très longtemps.
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C
<br /> <br /> Bonjour Yv...<br /> <br /> <br /> "La pucelle", "Néropolis", "Les derniers feux" entre autres romans historiques, plus quelques romans jeunesse, c'est vrai. Mais ses suspenses/polars constituent<br /> quand même la plus grande partie de l'oeuvre de Monteilhet. Un auteur en décalage avec pas mal de codes du polar, y compris dans les thèmes abordés, ce qui lui donne une vraie<br /> singularité.  <br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
O
Bonjour Claude<br /> Hubert Monteilhet fait partie de ces auteurs qui comme Louis C. Thomas, René Réouven, et quelques autres de cette génération, qui écrivaient bien avec des intrigues prenantes, toujours bien<br /> "léchées".<br /> Amitiés
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C
<br /> <br /> Salut Paul<br /> <br /> <br /> Des intrigues raffinées, mais surtout pas lisses, écrites avec une manière toute personnelle, hors de toutes les modes du polar. De ces auteurs qu'on aime retrouver<br /> périodiquement.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Bonjour Claude,<br /> Un ton particulier, en effet. Des suspenses psychologiques plein d'humour, d'ironie, de causticité, et très érudits. Après avoir lu toute sa production des années 60 à 80/85, encore un auteur que<br /> j'ai ensuite délaissé. A tort, sûrement ! Quelques titres : "Les mantes religieuses", "Le retour des cendres", "Les pavés du diable", "Mourir à Francfort"....<br /> A aussi écrit quelques romans historiques ("Néropolis", pas lu)et fantastiques ("Les queues de Kallinaos", qui ne m'a pas enthousiasmé.<br /> Monteilhet, un grand du polar à la française !
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C
<br /> <br /> Bonjour Max<br /> <br /> <br /> "Les queues de Kallinaos" était un roman fantatisque très étrange, en effet (mais Grand Prix de littérature fantastique d'Avoriaz 1982, quand même). Ses romans<br /> historiques m'ont moins attiré aussi, toutefois j'ai lu "Les derniers feux" (sur l'Inquisition). Parmi ses bons polars, citons encore "Meurtre à loisir" (devenu "Docteur Popaul", par<br /> Chabrol).<br /> <br /> <br /> On peut dire qu'il présente des personnages d'allure respectable souvent monstrueux de bassesse, mais ce serait trop vite résumer son oeuvre. J'avoue une certaine<br /> tendresse pour ses romans, dont la tonalité ironique est véritablement un régal. Et il écrit toujours !<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />

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