Né à Narbonne en 1919, André Héléna vit une jeunesse bohème avant de publier ses premiers romans noirs en 1949 : Les flics ont toujours raison et Le bon Dieu s’en fout. A l’époque, on le considère comme un besogneux, productif mais peu fiable. Jusqu’en 1955, il est exploité par des éditeurs douteux. Il écrit de nombreux romans, signés de son nom ou sous pseudonymes. Il s’agit d’histoires sombres, ayant pour héros des malfrats médiocres aux destinées fatales. La pègre y est présentée sans concession. Les intrigues sont simples et solides. La narration entraînante évite les fioritures, dans un langage direct. A lire : le cycle Les compagnons du destin (1952-53), neuf romans indépendants. Plus souriante, la série L’aristo (16 titres, 1953-55) est très plaisante. D’autres romans ou séries (dont Le gars Blankie ou La môme Muriel) signés de pseudos sont moins rigoureux. Les scénarios ordinaires, parfois mal maîtrisés, jouent sur l’ambiance du monde des truands.
En 1955, il co-écrit la novellisation du film Interdit de séjour (1956, La Chouette), dont il est co-scénariste. Pour La Chouette, il crée l’avocat Valentin Roussel. Dix-sept aventures sont publiées, de 1956 (Ces messieurs de la famille) à 1961 (Des fruits, des fleurs et du plomb). Il s’agit d’agréables comédies policières à suspense, souriantes et rythmées. Pour les cinq premiers titres, l’auteur est "encadré" par Simone Sauvage puis Claire Cailleaux. Cette série est signée Noël Vexin. Sous son nom, André Héléna publie dans la même collection des romans plus noirs : Peinture au couteau (1958), En cavale (1959), Le filet (1959). En parallèle, il écrit des romans érotiques, pour la plupart signés Alex Cadourcy, et probablement des pornos (non identifiables). A noter, un très bon roman noir Les clients du Central Hôtel (1959, coll. La Grenade).
Le Fleuve Noir accueille enfin André Héléna en "Spécial-Police", avec Par mesure de silence (1965). Pour cette collection, il crée le journaliste Em Cary. Huit épisodes sont publiés, de 1965 (L’article de la mort) à 1967 (Dionysos 7,65), des enquêtes agitées. Par la suite, beaucoup de ses livres sont réédités, sous le pseudo de Noël Vexin – en 1968-69 au éditions Les Presses Noires, puis chez Eurédif à partir de 1970.
André Héléna est décédé à Leucate en 1972. Malgré ses imperfections, il reste un très bon romancier, souvent comparé à Léo Malet. Sans doute y a-t-il une part de nostalgie dans la reconnaissance tardive, mais méritée, dont il est l’objet. Les plus récentes rééditions : en 1986, plusieurs romans noirs chez 10-18; en 1988, Les compagnons du destin, aux éditions Fanval; début des années 2000, aux éditions E-dite, quelques romans noirs et un inédit : Les crabes (2001). Le réalisme sombre, sans espoir, de beaucoup de ses livres a peut-être nui à la réputation de cet auteur prolifique.
Le demi-sel (1952) est réédité en septembre 2010 ans la collection Noir Rétro.