Les romans de Firmin Le Bourhis sont publiés aux Editions Alain Bargain. Mis à part “Poitiers,
l'affaire du Parc”, les enquêtes sont menées par un même duo de policiers, dont on nous dit peu
de choses. Le capitaine François Le Duigou est un pur breton, natif du Finistère-sud. Philippe Bozzi est originaire de Corse. Ils sont mariés, chacun préservant du temps pour sa petite famille.
Au commissariat de Quimper, leur patron Yann Le Godarec a toute confiance en eux.
Le binôme est complémentaire, s'opposant rarement (sauf dans "La belle scaëroise"). Leurs cogitations mutuelles les aident à émettre des hypothèses. L'un confirme souvent
l'impression de l'autre, concernant pistes et suspects. Ce ne sont pas des héros flamboyants et intrépides. Il s'agit de bons flics, consciencieux, avisés, utilisant à bon escient les ressources
de l'appareil policier. Ils suivent les avis des légistes, des experts scientifiques. Interrogeant témoins et suspects, ils font leur métier le mieux possible. C'est l'affaire criminelle qui
prime, et non les enquêteurs. Nous sommes ici dans des romans de procédure policière, respectant la tradition du genre. L'ancrage régional n'est pas le moindre atout de ces récits. Basé à
Quimper, le duo enquête dans toute la région. Bien documenté, l'auteur n'est pas avare de précisions géographiques et historiques sur les lieux concernés. Il a trouvé une astuce pour ne pas trop
alourdir la narration : le breton Le Duigou fait découvrir sa région au corse Bozzi. Il est évidemment incollable sur tous les endroits visités. Considérons cela comme une manière détournée et un
peu ludique de présenter la Bretagne. C'est aussi une façon de planter le décor. Par exemple, dans "Lanterne rouge à Châteauneuf-du-Faou" nous longeons le Canal de Nantes à Brest
; ou dans "Peinture brûlante à Pontivy" on nous rappelle le passé napoléonien de cette sous-préfecture.
Les romans de Firmin Le Bourhis sont donc très documentés, mais pas seulement sur le plan régional. Il utilise également
des faits de société, issus de l'actualité. Le plus bel exemple en est "Étape à Plouay". Cette commune proche de Lorient est réputée pour ses courses cyclistes nationales et
internationales. Une bonne occasion de soulever la question du dopage dans le sport. Dans "Coup de tabac à Morlaix", Firmin Le Bourhis évoque un autre produit dont on a beaucoup
parlé : le GHB, ou drogue des violeurs. Là encore, il s'est documenté. Il peut vous montrer les articles consultés. Dans le même roman, le voyage en Russie de ses personnages témoigne qu'il sait
de quoi il parle. Il ne s'intéresse pas qu'aux drogues. Dans "La belle scaëroise", le principal suspect est PDG d'une entreprise fabriquant des produits naturels à base de
plantes. Voici encore un thème, le "bio", s'inscrivant parfaitement dans notre époque. "Échec et tag à Clohars-Carnoët" traite une fois de plus d'un sujet dans l'air du temps, le
duo de policiers y enquêtant sur la disparition inexpliquée du jeune Erwann, amateur de tags et de graffs. Les romans de Firmin Le Bourhis seraient-ils donc parfaits ? On peut certainement leur
trouver des défauts. Le classicisme des enquêtes balisées ne favorise guère l'originalité. Interrogatoires et recherches d'indices, rien de plus ordinaire. Une grande partie du public aime et
approuve cette forme d'enquêtes, ce qu'on ne peut lui reprocher. Et on a vu que l'auteur compensait en proposant des thèmes actuels. L'important n'est-il pas de rester crédible, par les
personnages et les situations ? Il est vrai qu'on aimerait parfois un peu plus de dualité entre les deux héros. Suggérons à l'auteur d'aimables disputes séparant les deux policiers, afin de
vivifier le récit. Il va sans dire que l'auteur est seul à décider du caractère de ses personnages. On aura compris que ces romans s'adressent en priorité à un lectorat appréciant la tradition
des enquêtes policières.
Récemment publié, le quatorzième roman de Firmin Le Bourhis a pour titre “Jeu de quilles en Pays Guérandais”. Les enquêteurs vont conduire leurs investigations jusqu'à La
Turballe et Piriac-sur-Mer.