Excellent suspense psychologique de Jonathan Stone, “La froide vérité” vient d’être réédité au Livre de Poche. Entre mystères, faux-semblants, personnages insolites, et traque de l’assassin, un roman aussi captivant que maîtrisé.
Canaanville, petite ville rurale de l’état de New York, en novembre. Julian Palmer, la nouvelle stagiaire de la police locale, impressionne autant par son physique parfait que grâce à son CV. Si elle a choisi ce poste, c’est que le chef Winston Edwards possède une réputation d’enquêteur hors pair. Ce colosse de cent vingt kilos allie rudesse et subtilité. Une certaine complicité naît rapidement entre Julian et lui. Alors qu’il est proche de la retraite, une dernière affaire risque de ne jamais être élucidée. Une jeune femme, Sarah Langley, a été sauvagement assassinée d’une quarantaine de coups de couteau. “Pas une statistique. Une fille réelle.” C’est dans cet esprit qu’il traite l’affaire, mais Edwards craint qu’il s’agisse du Crime parfait.
Un médium nommé Wayne Hill propose à la police de les aider. Edwards ne veut écarter aucune opportunité de trouver la vérité, restant sceptique. Certes, il voit des images plausibles. Mais on sait qu’Hill a suivi un traitement psychiatrique, après que des tests sur ses pouvoirs se soient avérés peu concluants. Julian s’installe chez Winston et Estelle Edwards, aussi corpulente que son mari policier. La jeune femme s’aperçoit que le médium est un usurpateur. Ce n’est pas le vrai Hill, mais un certain Green, patient du même psy. L’homme affirme avoir été témoin du meurtre de Sarah, et accuse Edwards du meurtre. Menteur pathologique, Green est emprisonné. Il persiste dans sa version, ce qui trouble Julian.
En supposant qu’Edwards ait été l’amant de Sarah, il est possible qu’il protège aujourd’hui celle qui tua par jalousie sa jeune rivale : Estelle Edwards. L’hypothèse apparaît crédible à Julian. Quand l’arme du crime est enfin retrouvée, un indice peut désigner Green. Julian n’exclut pas une manipulation de la part d’Edwards. Une autre piste mérite d’être exploitée : le Dr Tibor, psy de Green, d’Hill et… de Sarah. Peut-être fut-il l’amant de la victime, qui n’était pas si angélique. Tibor a pu se servir d’Hill comme exécutant. Avant qu’Edwards et Julian ne le contactent, Tibor est assassiné par Hill. Le duo traque Hill sur les routes neigeuses de la région, qu’Edwards connaît bien…
Au jeu du chat et de la souris, on ne sait qui aura le dessus. Le gros matou futé, qui conserve toujours quelques atouts décisifs. Ou la jeune et jolie souris, bien entraînée mais manquant d’expérience. Il a ses secrets, elle garde certains traumatismes. Sa vanité pousse Edwards à résoudre l’ultime cas de sa carrière. En proie au doute, Julian utilise ses méninges et son instinct. Sinueux duel, où tout nouvel élément remet en cause les certitudes de la veille. C’est au cœur du Snow Belt, ces neiges si symboliques pour l’enquêtrice, que se dénoue ce suspense habile.