Les mythes entourant les Vierges Noires se prêtent à toutes les interprétations. Tel est le thème, richement documenté, du nouveau roman de Philippe Mignaval "Vierge Noire" (Le Pré aux Clercs). S’il nous offre moult précisions sur le sujet, l’auteur n’oublie pas de développer une vraie intrigue criminelle. Le mystère plane sur la mise en scène des cadavres. La menace est omniprésente autour d’Alban et de ses proches. Quelqu’un, parmi ceux qui s’intéressent à la part mystique de ces statues, pousserait-il la passion jusqu’aux meurtres ? L’auteur nous offre aussi quelques dialogues souriants, qui sont les bienvenus.
Voici un petit résumé de l’histoire : Georgette, centenaire, est la dernière habitante de Font-Sainte, le hameau natal d’Alban Vertigo. Avant de partir en maison de retraite, elle lui confie “les affaires de la chapelle”. Ces statuettes, reliques et lettres, Alban va les garder en dépôt chez lui. Avec Eudes, son fils au look gothique, il découvre un vieux courrier concernant la Vierge Noire du Puy-en-Velay. Cette mythique statue aurait inspiré toutes les autres, dit-on. Officiellement détruite lors de la Révolution, il semble qu’elle ait été sauvée et cachée par un prêtre. Alban se renseigne auprès d’un curé et d’un instituteur érudit, visite le musée local. Inspectant clandestinement la chapelle de Font-Sainte avec son fils, ils y trouvent le cadavre du curé consulté, étrangement mis en scène.
Le policier Gargovitch ne soupçonne pas réellement Alban, qui poursuit ses investigations dans le microcosme des admirateurs de la Vierge Noire. Auphanie, l’ex-épouse d’Alban, prétend avoir des talents en matière d’ésotérisme. C’est une amie du nommé Vital, un gourou fumeux. Alban est contacté au sujet de son enquête par une “dame orange” (une antiquaire hollandaise prénommée Marieke), et par la jeune journaliste Valentine. Un prétendu moine copte, Athanase, affirme que la Vierge Noire est passée par l’abbaye de l’Estargue, aujourd’hui détruite. Après un cambriolage chez Alban, un couple tente d’enlever Georgette à la maison de retraite. L’experte parisienne qu’Alban avait rencontrée peu avant est assassinée, avec une mise en scène identique que pour le curé.
La psy Armelle assiste le policier Gargovitch. Elle estime qu’il s’agit d’espèces de sacrifices humains. Quant au concept d’ethnopsychiatrie, il échappe un peu à Gargovitch. Alban retrace le trajet de la Vierge Noire depuis sa disparition. La statue fut cachée au collège de la Sainte-Trinité, avant d’appartenir à un collectionneur paralytique. D’abord peu coopératif avec Alban, celui-ci croit que la statue a des origines antiques. Le druide Gérald Ker prétend, lui, que c’est la représentation de la déesse celte Angona. D’autres victimes sont à craindre. Alban, son fils, Auphanie et Valentine, ne sont pas à l’abri du danger.
En 2006, Philippe Mignaval avait déjà publié "Gévaudan" (Le Pré aux Clercs). En voici la présentation : 19 juin 1767. Jean Chastel, un paysan, tue la Bête du Gévaudan (qui s’attaquait aux femmes et aux enfants) après qu'elle ait attaqué et tué sa centième victime. La bête est embaumée et expédiée à Paris, où elle est examinée par Buffon, sur ordre de Louis XV. Il s'agit, écrit-il, d'un loup de taille remarquable, hélas dans un état de putréfaction si avancé qu'on s'en débarrasse rapidement. Ainsi prend fin le parcours sanglant du monstre, et commence son mystère. Est-on sûr que le loup expédié à Paris était bien la Bête?… De nos jours, à Ribeyrevieille, petite ville du Gévaudan proche de Saint-Flour. A l'issue d'une conférence, une jeune femme nommée Margeride approche un scientifique venu parler de clonage. Elle lui révèle que sa famille détient depuis le 18esiècle une relique effroyable : un fragment de peau et de fourrure ayant appartenu au monstre. Ensemble, ils parviennent à recréer l'animal fabuleux, mais leur créature s'échappe et les meurtres d'enfants recommencent. Avec la même interrogation que jadis : la Bête agit-elle seule ou obéit-elle à un maître ?