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14 octobre 2018 7 14 /10 /octobre /2018 04:55

Silvère Lavarec est un jeune séminariste qui sera ordonné prêtre dans quelques semaines. Alors qu’il randonnait en forêt, il a été blessé par un animal. Quand il se réveille, Silvère est attaché sur un lit. La personne qui le séquestre commence par le soigner. Mais il reste durant plusieurs jours dans une alternance entre somnolence et angoisse lucide. Qui est donc sa ravisseuse, une femme pas si âgée qu’il l’a d’abord cru ? Elle s’occupe de lui, mais n’affiche pas ses réactions, ne parle pas pendant les premiers jours. Silvère tente de l’apprivoiser, de susciter une sorte de confession de sa part. Elle n’est pas croyante, paraît animée par une instabilité psychologique pouvant amener des actes insensés. Depuis son enfance, Silvère admet une part de masochisme en lui, ce qui l’aide peut-être à accepter tant soit peu la situation. Néanmoins, il plane sur lui un danger de mort.

L’inconnue finit par libérer Silvère, sans explication. S’il s’éloigne de la masure où il était prisonnier, il y revient peu après par besoin de comprendre. Il trouve une photo ancienne, celle d’une fillette nommée Blandine de Quincy. Serait-ce le nom de la ravisseuse ? Elle nie, mais ça semble être le cas. Silvère rentre chez ses parents, le couple Lavarec s’étant inquiété entre-temps. Silvère dédramatise sa longue absence, continuant à réfléchir à sa mésaventure. “J’aurais dû prévenir la police, les gendarmes – une séquestration quand même, cette femme a tenté de m’empoisonner, elle a même été à deux doigts de m’égorger… Mais je ne peux pas, j’éprouve trop de compassion pour la misérable qu'elle est.” Le futur prêtre entreprend une discrète enquête personnelle sur cette famille de Quincy, dont il obtient l’adresse par la mairie de sa commune. 

C’est dans leur propriété ancestrale que Silvère rencontre Bérengère de Quincy, mère de Blandine – sa fille disparue depuis environ vingt ans. Sans doute ne livre-t-elle qu’une version édulcorée de l’histoire familiale. Par Constance, la vieille employée de maison des de Quincy, il en apprend bien davantage. C’est au temps de Fiacre de Quincy, le père de Bérengère, que se nouèrent les premiers éléments du drame qui entraîna le départ de Blandine dès l’âge de seize ans. Honteux secrets de famille bien réels ou affabulations de Constance ? Silvère s’interroge. S’il retourne à la maison de la supposée Blandine, cela ne suffit pas pour avoir toutes les réponses. Homme d’Église, Silvère craint d’être éprouvé dans sa foi par ces événements inattendus. Si l’emprise du diable touche les de Quincy, il lui reste bien des mystères à éclaircir…

Daniel Cario : Les bâtards du diable (Presses de la Cité, 2018)

N’en sais-je pas assez pour suspendre mes investigations ? Je viens de découvrir l’enfant et l’adolescente jusqu’à seize ans. Selon mes calculs, elle doit en avoir trente-six aujourd’hui. Pourquoi ne pas en rester là ? Une décision dictée par la sagesse, mais qui pourtant ne peut me suffire. Des détails matériels. Isolée dans sa fondrière, de quoi vit Blandine de Quincy ? Le beurre, le lait, le pain qu’elle m’a servis… Où s’approvisionne-t-elle ? Sans être un adepte des marchés, ma mère m’y traînait étant enfant ; je ne me rappelle pas avoir jamais rencontré cette misérable. Ou je ne l’ai pas remarquée. Physiquement, il est vrai qu’elle ne présente rien d’exceptionnel […]
Une chose est certaine : impuissant à fixer mes idées, me voilà entraîné dans un engrenage infernal dont les rouages me grignotent la raison…

Daniel Cario est l’auteur de nombreux "romans de terroir" depuis près de quinze ans. Il n’est pas moins habile à manier le suspense, comme dans “Les bâtards du diable”, jouant sur une atmosphère particulièrement énigmatique. Notons que l’intrigue n’est pas vraiment située dans le temps, intemporelle bien que se déroulant à notre époque – ce qui participe à l’ambiance. Le style d’écriture de Daniel Cario est pur, raffiné, précis, très agréable à lire. Ne pas égarer le lecteur tout en gardant quantité de questions sans réponses, c’est tout un art qu’il gère avec une certaine finesse.

Le récit est empreint d’une poésie, certes macabre, autant liée aux personnages qu’aux lieux décrits. Ici, c’est la ruralité éternelle et son admirable nature. Mais ce sont aussi des endroits où, causé par l’isolement, le mode de vie dans certains milieux cause de lourds mélodrames. Le jeune ecclésiastique s’improvise enquêteur, s’impliquant fortement dans cette affaire. Par pitié pour sa ravisseuse, bien sûr, mais également par un besoin viscéral de vérité. Un très bon suspense possédant sa propre tonalité, tout simplement.

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