La journée s’annonce ordinaire à la Tour Montparnasse, à Paris. Mais, dirigé par une certaine Lorraine – dite "La Patronne" – un commando vient de s’installer au 17e étage de l’immeuble. Si la bande ne compte que huit complices, ils feront en sorte de sembler plus nombreux. Rapidement, Lorraine et ses hommes prennent en otage deux cent personnes employées à cet étage. La plupart des lignes téléphoniques sont coupées par le commando. Parpant, le commissaire de police du quartier, est bientôt informé de la situation. Tandis que Lucien Bédoré, directeur d’exploitation de la Tour, relativise le problème pour calmer les mécontents, le commissaire Parpant obtient un premier contact téléphonique avec Lorraine. Celle-ci montre une détermination certaine.
À la tête du commando, au 17e étage, "La Patronne" gère l’opération avec fermeté. Quand il faut éliminer les otages récalcitrants, Lorraine n’hésite pas à le faire. Elle a exigé d’être mise en rapport avec le Préfet de Police. Ce dernier et les décideurs politiques tergiversent afin de laisser s’enliser les choses. Lorraine n’est pas d’humeur à perdre du temps : une rançon de deux cent millions de Francs, voilà ce qu’elle réclame. Le policier Leripinsec va s’occuper de l’affaire, puisque le Préfet de Police préfère rester en retrait. La rousse Lorraine est finalement identifiée : ce serait Lorena Davallo, connue des services de police mais pas pour actes de banditisme. Le commissaire Leripinsec ne sous-estime nullement "La Patronne", tout en cherchant la meilleure solution pour mettre fin à l’opération.
La rançon en lingots d’or doit être déposée par hélicoptère sur le toit de la Tour. Lorraine accepte cette procédure, même si elle retarde le déroulement prévu. Au 17e, la tension monte chez les otages. S’il advient une tentative de rébellion, Lorraine et sa bande riposteront sans la moindre hésitation, tant pis si ça cause des victimes. Lorraine et sa bande obéissante s’impatientent. Autour de la Tour, le GIGN est prêt à intervenir. Le commissaire Leripinsec préférerait une issue moins expéditive, avec l’aide de certaines personnes présentes dans la Tour, près du 17e. À l’heure du versement de la rançon, l’affaire peut encore réussir pour Lorraine, en évitant un dramatique bain de sang.
À partir de 1975, c’est chez Le Masque que Paul Kinnet va publier l’essentiel de ses romans policiers. “Voir Beaubourg et mourir” est récompensé en 1978 par le Prix du Roman d’aventure. Un seul titre de Paul Kinnet fut publié dans la Série noire, “La Tour, prends garde !” en 1986. Une prise d’otage dans la célèbre Tour Montparnasse, une très forte rançon exigée, une "Patronne" de commando jusqu’au-boutiste, voilà les éléments qui assurent un roman d’action aux péripéties multiples. La narration claire est, comme dans tout bon polar, le premier atout favorable. Pas de cachotterie inutile pour le lecteur, c’est ainsi que le tempo reste vif et passionnant. Baignant dans son époque – le milieu des années 1980 – “La Tour, prends garde !” est sans nul doute un excellent "Série Noire" à redécouvrir.