Julian Strummer et Pierre Moince sont deux reporters qui vont être récompensés par le Prix Pulitzer 2017, pour une enquête d'exception. Quelques temps plus tôt, l'Anglais Julian traverse une crise sentimentale, rompant avec son amante Ashlee, qui est mariée. Pour un reportage, il séjourne durant un mois en Amérique latine. Dans un coin perdu de l'Équateur, il remarque un certain Juan, guide touristique qu'il devine être un compatriote. Son vrai nom est John Woodcock, natif de Liverpool, ancien militaire britannique. Malade, il accepte de raconter son histoire, en échange de soins. Après des combats en commando plus ou moins glorieux, John intégra une unité occulte de l'armée anglaise.
Le 27 juillet 2012, il participa à une action secrète au Niger. La mission de son groupe consistait à éliminer une poignée de villageois du déserts, probablement soutiens d'Al Qaida. John eut un peu de chance quand, leur cible ayant été exterminée, son groupe fut abattu par des militaires français qui ne laissèrent aucune trace. John parvint à quitter l'Afrique, passa par son pays natal où il comprit être recherché, avant d'aller se cacher en Équateur. Certes, il y eut une version officielle de la mort collective des Peuls Nigériens. Mais l'ouverture des J.O. de Londres primait dans l'actualité de ces jours-là. Dès son retour d'Amérique, Julian entreprend de savoir ce qui a motivé cette mission meurtrière.
Il renoue avec son amante Ashlee, avant de contacter son ami journaliste Pierre Moince. Ce dernier a des relations en Afrique. Pour le colonel français en poste au Gabon qu'il connaît, silence officiel de rigueur. En confidence, il affirme néanmoins que son pays n'a commis aucune bavure. “Il y a une chape de plomb sur cette affaire qui semble convenir à tout le monde, reprit Seyresse. Je sais simplement que l'armée est plus victime que coupable, qu'elle a été manipulée.” Les deux reporters trouvent une piste au Liechtenstein, paradis fiscal. Mais Julian réalise vite que le siège de cette banque fantôme se trouve au cœur de Londres. Le duo va devoir faire preuve de ténacité pour déterminer les enjeux et les rouages de cette affaire, empoisonnante pour certains...
Des romanciers français sont, autant que les auteurs américains, capables d'écrire de très bons “thrillers internationaux”. En voici un exemple, avec ce roman d'aventure, comme il se doit riche en mystère et en péripéties. “En six mois, Julian et Pierre étaient allés sur les cinq continents, parcourant l'équivalent de trois tours du monde.” Quand on s'attaque à un organisme tentaculaire, il faut une part de chance et de hasard, mais on doit surtout aller dénicher les renseignements à la source. Revenir au vrai métier de reporter.
“Ne confonds pas tout et tout le monde. Ce sont les vils journalistes de révérence, obséquieux aussi bien avec ceux qui possèdent le pouvoir qu'avec ceux qui ont l'argent, quand il ne s'agit pas des mêmes ; ces journalistes de connivence, qui tentent d'imposer leur définition de l'information et au-delà, une certaine façon de penser, une certaine manière de voir le monde […] Ceux-là, oui, salissent ta profession.” Même si la vérité est sale et visqueuse, plus sombre encore que la population ne l'imagine, risquant de déséquilibrer les intérêts de dirigeants sachant se protéger, elle doit éclater dans toute sa noirceur. Publié par une petite maison d'édition, un suspense d'action plein de qualités.