Dany et Agnès Quincey forment un couple parisien de quinquagénaires aisés, habitant l'Île Saint-Louis. À cinquante-quatre ans, Dany a perdu son emploi dans l'informatique. Agnès est directrice générale des parfums Destut, réputés à travers le monde. Actuellement, le lancement de leur nouveau produit, Diadème, la met quelque peu sous tension. Les deux meilleurs amis sont un couple de psys, désormais séparés, Anne et Franck Amar. Celui-ci a refait sa vie avec une jeune Russe. Dany et Agnès Quincey restent proches d'eux, même si le hasard doit s'en mêler pour que leurs amis praticiens se revoient, chez eux. En effet, Agnès vient d'être témoin de plusieurs incidents dans le métro. Deux personnes ont chuté mortellement sur la voie. Il peut aussi bien s'agir d'accidents que de suicides. Agnès croit avoir remarqué une femme en trench-coat près de la scène macabre.
Néanmoins, la vie continue. Après la soirée mondaine de promotion du parfum Diadème, et un dîner privé avec le créateur du parfum et le patron de la société, Agnès est mêlée à un autre accident dans le métro. Peut-être est-ce plus marquant encore, car la jeune Coraline n'avait que dix-sept ans. Cette fois, c'est le nommé Michael Fairbanks qu'Agnès pense avoir vu rôder autour de la scène. Cinq ans plus tôt, elle a eu une liaison sexuelle avec cet homme, ce qu'elle avoua plus tard à son mari Dany. Selon Agnés, Fairbanks se montrait assez violent dans leurs étreintes, ce qui l'envoûtait à l'époque. Qu'il soir revenu se venger d'elle après leur rupture, rien d'impossible. Elle livre une version édulcorée des faits, n'évoquant que le dernier cas, au policier Mezghani, chargé de l'enquête.
Ce dernier va bientôt déterminer que Michael Fairbanks n'existe pas. Pourtant, Agnès persiste à y croire. Anne confie à Dany que son amie Agnès fut suivie psychologiquement quand elle était adolescente. Des troubles causés par un viol, semble-t-il. Après avoir assisté aux obsèques de la jeune Coraline, le couple Quincey prend quelques jours de vacances du côté de Chinon, région natale de Dany. Celui-ci cherche à en savoir plus sur sa femme, tout en évitant le clash entre eux. Un accident lors d'une visite au château d'Ussé pourrait avoir des conséquences. Le policier Mezghani risque de finir par s'interroger sur Agnès. La psy Anne finit par conseiller de s'adresser au docteur Patrick Romestaing. Ses théories sur le syndrome de Croyde ne font pas l'unanimité, mais un séjour d'Agnès chez lui peut éclaircir les tréfonds de ces affaires...
Bien que les scénarios soient évidemment fort différents, Agnès n'est pas sans rappeler les héroïnes de “Pas de printemps pour Marnie”(1964) ou de “Sueurs froides─Vertigo” (1958), célèbres films d'Alfred Hitchcock. Est-ce que les troubles psychologiques qui les ont habitées peuvent interférer sur ce qui les perturbe aujourd'hui ? Bien sûr, ce serait résumer beaucoup trop vite la présente intrigue. Si elle s'étale sur cinq cent pages, c'est afin de cerner tous les détails du contexte.
À commencer par le couple Quincey, qui se considèrent comme des “partenaires” excluant la notion purement familiale. Agnès est une femme d'affaires typique, ce qui implique toujours une part de froideur dans ses rapports avec les autres. Ça suppose certains refoulements chez ces personnes, dominantes en apparence. Équilibre probablement plus fragile, car une femme doit davantage lutter pour atteindre socialement les sommets. Et doit s'interdire des pulsions, des choix qui seraient naturels chez d'autres femmes. On les imagine, croyant pouvoir gommer de déplaisantes étapes de leur existence passée et tout assumer dans leur vie de “dirigeante”, ce qui reste illusoire.
À l'opposé, quinquagénaire estimant pouvoir profiter de son temps, son mari Dany affiche une dose de dilettantisme. Face à la situation, inquiet et dépassé, c'est lui qui nous raconte la première partie des faits. Puis c'est au tour de l'héroïne Agnès de raconter la suite. Une introspection visant un retour à la normale, sans doute, mais les méandres de l'âme féminine sont parfois plus compliqués. Voilà une histoire où prime la psychologie, sans négliger un suspense bien réel malgré ses aspects cotonneux.
Lire également l'opinion de Pierre Faverolle et de Mimipinson.