Après deux suspenses historiques destinés aux adultes, Benoît Séverac publie un roman-jeunesse dans la collection Rat Noir des Éditions Syros : “Silence”.
Jules Lascaud est âgé de quinze ans. Il vit à Toulouse avec ses parents et sa jeune sœur Jeanne. Alf et Faouzi sont depuis toujours ses meilleurs copains. Jules est amoureux de la belle Camille. Parfois, ce petit groupe d’amis doit ruser pour se voir hors du contexte scolaire. C’est ainsi qu’il ont un peu menti pour aller tous ensemble à la fête foraine de la Saint-Michel. Tant qu’ils ont dépensé leur argent de poche dans les attractions, tout s’est bien passé.
Hélas, au train fantôme, ils ont été pris à partie par une bande de racailles. Ils ont dû s’éloigner en vitesse, Faouzi protégeant leur fuite. Jules ne s’est vraiment pas montré héroïque dans cette altercation. Une rave-party étant organisée à côté de la fête foraine, ils y sont allés par curiosité. Là, pour impressionner Camille, Jules a eu une très mauvaise idée. Il a avalé à la suite deux cachets d’ecstasy. Il a fait un malaise, gisant près de la bruyante sono de la rave.
Ayant subi un fort traumatisme, Jules se réveille à l’hôpital après une période dans le coma. Il est sujet à des vertiges. Le plus grave, c’est qu’il est devenu sourd. Son cas est irrémédiable, Jules le comprend rapidement. Avoir le moral dans ces conditions, pas si facile. Certes, l’infirmier Damien l’aide beaucoup, et les séances de rééducation de l’oreille interne ont leur utilité. Damien lui suggère de dresser une liste des plaisirs auxquels il doit renoncer, et une seconde liste avec ce qui pourra les remplacer positivement. Idée rassurante, oui.
Les parents de Jules savent que l’ado ne leur dit pas toute la vérité concernant cette maudite soirée à la fête foraine. L’explication avec leur fils est orageuse. Il s’en tient à sa version, minimisant le rôle ―et même la présence― de Faouzi et Alf. Ceux-ci sont finalement autorisés à lui rendre visite à l’hôpital. Par contre, il est sans nouvelle de Camille, qui a pris ses distances. Quand il va essayer de lui adresser des SMS, elle ne répond d’abord pas.
Outre la visite de son prof de français, plus sympa que d’ordinaire, Jules reçoit un courrier où sa sœur lui raconte les réactions à l’extérieur, au sujet de cette affaire. Plus problématique, les deux policières qui l’interrogent ne plaisantent pas du tout. Jules est assez conscient d’avoir tort, comme le lui répète sa mère, de couvrir le dealer qui lui a vendu l’ecstasy. Il peut y avoir d’autres victimes. Mais, plutôt que de trahir, il préfère garder le silence…
Benoît Séverac a déjà montré ses qualités avec ses romans parus aux éditions TME, “Les chevelues” et “Rendez-vous au 10 avril”. Cette fois, c’est donc aux lecteurs ados qu’il s’adresse. Plaçant Jules dans une situation doublement critique, sans l’accabler, l’auteur ne cherche pas à susciter la pitié. Une grave erreur se paie quelquefois lourdement, il ne reste plus qu’à surmonter l’épreuve. Ce jeune héros en prend le chemin avec lucidité. Reste le dilemme de l’aspect “criminel” : dénoncer ou pas, au risque d’impliquer ses amis. Avec des demi-vérités et des échanges de SMS, Séverac manie plutôt habilement cette question. Une bonne histoire, bien racontée, qui plaira aux jeunes lecteurs ― et, pourquoi pas, à un plus large public.
Chez Mystère Jazz, l'Oncle Paul a aussi chroniqué "Silence", ici.