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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 06:48

 

Chez Krakoen, le cru 2012 d’Hervé Sard est intitulé Le crépuscule des Gueux. Ni vinasse, ni bibine : un grand cru du polar, un pur nectar du roman noir.

SARD-2012Le Quai des Gueux, c’est un petit bidonville le long des voies, du côté de Chaville. Quelques cabanes formant un camp de SDF, vivant quasiment en autarcie. Ils ne faisaient de mal à personne, ne salissaient rien. Au contraire, ils nettoyaient. On ne les voyait même pas. Juste les passagers du RER, qui allaient ou revenaient du boulot, sur Saint-Quentin ou Versailles. Et eux, ils pensaient voir des cabanes de jardiniers… Capo gère un peu la discipline, mais ne revendique pas un titre de chef. Bocuse, dit Boc’, organise une sorte de cantine pour eux tous. Luigi, après dix-sept ans de prison pour le meurtre d’une femme, a bien le droit de se reposer parmi eux. Krishna fut certainement un intellectuel avant d’échouer ici. Et puis, Betty Boop, qui ignore même d’où vient son sobriquet. Et encore Môme, encore plus fragilisée depuis un accident. Des gens au vécu plus compliqué que la moyenne, au présent moins incertain grâce à ce groupe.

Ils gênent peu les voisins, mais n’aiment guère voir traîner les Bleus dans leurs parages. Depuis qu’il y a eu non loin de là trois mortes, dont deux graves, les flics rôdent autour d’eux. Des jeunes femmes ont trouvé la mort près sur la voie du RER, peut-être victimes d’un dingue. Avec son passé judiciaire, Luigi sait qu’il ferait un excellent suspect. Alors, il prend son chariot de supermarché et décide d’aller rejoindre à pied Jérôme et, surtout, Lula. Une longue balade solitaire qui ne l’effraie pas. Il songe au dingue, qu’il croit avoir remarqué. Il pense aux trois victimes, qui auraient aussi bien pu se suicider. Son absence du Quai des Gueux le rend plus soupçonnable que tout autre, il ne l’ignore pas. Un nouvel arrivant s’y est présenté, chez les SDF. Timothée est un jeune type longiligne mesurant deux mètres. Âgé de vingt-six ans, plus paresseux qu’étudiant, il garde un air naturellement absent. Timothée n’est pourtant pas là par hasard.

Son amie Christelle est stagiaire à la PJ, dans le service d’Évariste Blond. Elle n’a rien fait de très passionnant, jusqu’à cette affaire des trois mortes. Le contact avec Blond passe mieux, cette fois. Il demande à Christelle d’envoyer Timothée en mission dans le sous-monde de Chaville. Il risque de passer plus de temps à philosopher avec Krishna qu’à chercher des informations. De son côté, Luigi finit par trouver dans son chariot les têtes coupées des deux principales victimes de l’hypothétique dingue. Une collègue d’Évariste Blond, la lieutenant Florence Sonier, finit par identifier ces jeunes femmes. Elle fouille dans leur ordinateur, ce qui fait que l’enquête progresse enfin d’un grand pas. Mais la vie et la mort continuent au camp des SDF. Et pour Luigi, rien n’est encore réglé…

 

Je ne peux faire autrement que de m’adresser directement à l’auteur.

SARD-imageÇa y est, Hervé ! Voilà le roman que tu voulais écrire. Celui qui était sûrement dans tes tripes. Tu nous as raconté de bonnes histoires : Vice Repetita, Mat à mort. Avec La mélodie des cendres et Morsaline, tu as trouvé une tonalité enjouée qui convenait à ton écriture. Il y a d’aimables dilettantes et, à l’opposé, des graines d’écrivains. Depuis cinq ans, je n’ai jamais douté que tu fasses partie de la meilleure catégorie. Celle des auteurs portent en eux un beau roman.

Le crépuscule des Gueux, ton authentique roman noir. Avec intrigue criminelle de bon aloi, évidemment. Mais l’essentiel, c’est de montrer la réalité des gens, avec cet humanisme qui nous est indispensable. La valeur ne se mesure pas dans le compte en banque. Elle est dans la capacité d’assumer même une vie d’échecs, selon les critères de la société. Passé un seuil de pauvreté, on s’adapte à tout, on ne craint plus tant les épreuves. C’est là que réside la richesse de ces miséreux; c’est là que se trouve celle de ce roman. Pas d’apitoiement inutile, juste une saine dose de compréhension et de vérité sociale. Ce que tes lecteurs vont partager en lisant ce livre.

 

Mes chroniques sur les romans d'Hervé Sard : "Morsaline" - "La mélodie des cendres" - “Vice Repetita” et “Mat à mort” .

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 06:43

 

Grâce aux productions Vivement Lundi, j’ai eu le privilège de visionner le film documentaire de Richard Hamon Jim Thompson, le polar dans la peau (2011). Il faut savoir que ce réalisateur avait déjà consacré un documentaire à un autre grand nom du roman noir, Howard Fast, histoire d’un rouge (2004). Dessiner un portrait de Jim Thompson (1906-1977) n’est pas chose facile. Aujourd’hui encore, si cet écrivain est davantage reconnu aux Etats-Unis, il effraie quelque peu les lecteurs américains. La violence du film The killer inside me (2010) choque toujours le public. Tel est l’univers des livres de Jim Thompson. Pourtant sa fille, Sharon Thompson Reed, témoigne dans le documentaire de la gentillesse de son père : Il n’avait pas de face obscure. Il détestait la cruauté. Ça se lisait sur son visage.

THOMPSON-1Cette violence, Thompson l’a observée dès son plus jeune âge. On ne peut exclure qu’il ait assisté à des lynchages à Anadarko, bled perdu de l’Oklahoma (dont le shérif actuel témoigne, lui aussi). Violence du banditisme des années 1920-1930, alors que Jim Thompson fréquente encore le lycée de Fort Worth. Des images d’époque nous montrent crûment l’ambiance d’alors. Quand son éditeur Arnold Hano, de Lion Books, raconte Thompson, on ressent la tendresse et l’exaltation qui liait les deux hommes. Il avait une nature fragile et sensible. Je n’ai jamais entendu Jim parler violemment, être violent ou grossier dit Arnold Hano, sans cacher l’alcoolisme de Thompson. Pour lui, cet auteur exprima une écriture terrible et désespérée qui creuse dans les profondeurs de la dépravation.

Robert Polito, biographe de Thompson, partage ce respect pour l’homme et l’écrivain. [il] a ceci de fascinant qu’il s’est réinventé au milieu de sa vie. En effet, c’est vers l’âge de quarante-cinq ans que Jim Thompson se démarque de la littérature prolétarienne pour entamer l’écriture de romans noirs. Il en écrira d’abord onze en vingt-deux mois. Arnold Hano nous raconte la genèse de The killer inside me, devenu un chef d’œuvre. Le journaliste David Geffner souligne aussi la nouveauté des romans de Thompson. Il n'entre pas dans les conventions du genre Pulps. Il les a dynamités. La violence jusqu’au-boutiste de cet écrivain il l’explique comme prophétique, car il était capable de ne pas se censurer. Ses récits à la première personne sont totalement à l’opposé de l’image américaine de ces années-là. Face au style de vie idéalisé, il montre qu’elle engendre aussi la monstruosité.

THOMPSON-2C’est ce que retiennent François Guérif, éditeur qui a beaucoup fait pour cet auteur en France, et le cinéaste Bertrand Tavernier (Coup de torchon, adapté de 1275 âmes). Pour Guérif, il y a chez Thompson une volonté d‘aller au tréfonds des choses. Il donne la parole à ceux qui n’y ont pas droit. L’analyse sociale et politique, c’est ce qui intéresse aussi Tavernier. Pour lui, il est éloigné des normes, pas culturellement correct dans l’Amérique de son temps. Bien qu’il ait collaboré à plusieurs films majeurs, le cinéma hollywoodien ne pouvait pas apporter une reconnaissance méritée à Thompson. Son dernier agent-producteur en témoigne. Lui aussi répète combien la violence des romans de Thompson est toujours dérangeante pour le public américain. Chez toutes les personnes interrogées, on sent respect ou admiration pour Jim Thompson et son œuvre.  

Un grand merci à Jean-François Le Corre, des Productions Vivement Lundi. Ce DVD est désormais disponible à la vente via la boutique PayPal de Vivement Lundi : http://www.vivement-lundi.com/vivement-lundi/Boutique.html ...

 

Lire ici la chronique sur "Le démon dans ma peau" et des infos sur les traductions nouvelles de Jim Thompson, par Pierre Bondil.

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 06:38

 

Parmi les romans réédités par Le Livre de Poche en janvier 2012, retenons deux titres. Le premier n’est d’ailleurs pas un polar, le second est un solide suspense signé James Patterson.

 

Martin Provost : “Bifteck

PROVOST-2012LPÀ Quimper, au début du 20e siècle, la boucherie de Loïc et Fernande Plomeur est appréciée d’une large clientèle. Dans cette famille, on est tous élevés dans la viande, bouchers de père en fils. André Plomeur a suivi dès son plus jeune âge cette tradition, ayant acquis un beau savoir-faire. Blond, le front bas, un faux air d’albinos, André est aussi précoce quant aux plaisirs du sexe. Il n’a que treize ans quand la belle Jeannine éveille en lui des prédispositions viriles. C’est au temps de la Première Guerre mondiale, tous les hommes sont au combat. Le jeune étalon attire les clientes. Tout en leur préparant la viande, sans malice, il en choisit quelques-unes pour des rendez-vous amoureux. Tout à une fin, même la guerre. Lorsque les maris reviennent, les bébés nés des étreintes entre André et ses clientes s’avèrent encombrants. C’est ainsi qu’on dépose anonymement devant la boucherie un de ces bébés, puis un deuxième, et encore d’autres. Voilà bientôt sept bébés, cinq garçons et deux filles, dont le jeune André s’occupe avec enthousiasme. Au détriment de la boucherie, qui va vite péricliter, causant le décès de ses parents. Orphelin à seize ans, avec sept enfants à charge et un commerce à tenir, André se sent capable de faire face. Sauf que la situation se complique, au point qu’il doit s’enfuir avec sa marmaille…

Il serait vain de faire entrer ce livre dans une catégorie précise, ou d’ajouter un long commentaire. Il s’agit là d’un conte plein d’humour et de tendre fantaisie. L’histoire concoctée par l’auteur est drolatique et savoureuse, riche en jolies trouvailles, racontée avec une fluidité bienvenue, avec un certain suspense.

 

James Patterson : “Une ombre sur la ville

PATTERSON-2012LPVeuf depuis quelques mois, Michael Bennett s’occupe autant qu’il peut de ses dix enfants, tous adoptés. Par chance, il peut compter sur la jeune nounou Mary Catherine. Et sur Seamus, le grand-père ecclésiastique de Michael. La tribu Bennett est actuellement touchée par une épidémie de grippe. D’autres soucis, Michael en rencontre déjà beaucoup dans son métier. Négociateur de la police new-yorkaise, il a “presqueréussi sa dernière mission, un sniper n’appartenant pas à la police ayant abattu le preneur d’otage. Une journaliste désigne Michael Bennett comme fautif dans un article accusateur. Déjà, une nouvelle affaire de tueur psychopathe s’annonce. À Manhattan, une jeune femme a été poussée sur les rails du métro. Peu après, un vendeur d’une boutique de grand luxe est assassiné. Puis c’est le maître d’hôtel d’un restaurant chic de New York qui est tué par un faux livreur. Michael Bennett est chargé de diriger l’enquête. Le criminel portait trois tenues différentes, mais Michael est bientôt sûr qu’il s’agit d’un seul homme. Pas un tueur en série classique, estime Michael : “Ce gars-là fait preuve d’un grand sang-froid. La plupart du temps, on a affaire à des individus vindicatifs, perturbé, partis en vrille. Ce n’est visiblement pas son cas”. En effet, celui qui se surnomme Le Professeur a établi un plan précis, dans le but de donner des leçons à quelques concitoyens. Il a même rédigé et adressé à la presse un manifeste expliquant sa mission…

C’est avec grand plaisir qu’on retrouve ici le héros de “Crise d’otages”, entouré de sa nombreuse famille. D’une tonalité assez ironique, le récit à la première personne offre une bonne dose de vivacité à ses mésaventures. La souplesse narrative reste la première qualité d’un bon polar. L’adversaire est un psychopathe en croisade. Un criminel ordinaire aux prétentions moralistes ? Un tueur vite pisté par les enquêteurs ? Peut-être, à moins que quelques faux-semblants et d’autres victimes ne masquent la vraie démarche de l’assassin.

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 06:42

 

Aux Éditions Baleine en ce début 2012, c’est Stéphane Pajot qui nous présente une nouvelle aventure du Poulpe, Aztèques freaks.

Dans le bistrot de Gérard, avenue Ledru-Rollin, on s’excite sur les suppositoires frasques de DSK à New York. Le troussage de soubrettes, Gabriel Lecouvreur n’y joue qu’avec sa Chéryl préférée, magicienne du Kamasoutra. Revigoré, Le Poulpe a des envies de prendre l’air entre la Loire et l’Erdre. Car il a appris que c’est le cirque à Nantes. PAJOT-2012Plus précisément qu’un artiste lilliputien de l’Olympic Circus s’est suicidé par pendaison dans le passage La Pommeraye. Et qu’un avaleur de grenouilles, du même cirque, est porté disparu depuis quelques jours. Gabriel n’a pas besoin d’aller bien loin en ville pour s’informer. Au buffet de la gare, le barman Thomas est un circophile, un ardent passionné connaissant toutes les attractions présentées par l’Olympic Circus. D’ailleurs les frères Hugo, géants authentiques, et quelques autres artistes fréquentent son bar chaque mardi.

Thomas a recommandé à Gabriel l’hôtel des Camélias. C’est plus proche du boui-boui que du palace, mais certains artistes de passage y logent régulièrement. Et l’accueil est assuré par l’une d’entre eux. En guise de bienvenue, une intervention policière musclée conduit Gabriel au commissariat. Y a maldonne, flics sur les nerfs, erreur sur le suspect. L’article de presse du localier Pierre-Cénon Trigo complète les informations du Poulpe. Vu que le lilliputien est mort d’abord d’une balle dans la tête, le journaliste n’exclut pas un meurtre. Quant à l’avaleur de grenouilles, pas de nouvelles ne signifie pas bonne nouvelle. Pour Gabriel, direction le square du Maquis-de-Saffré, à la découverte des animations présentées par les "phénomènes de foires". Les bonimenteurs sont à l’œuvre, attirant le public, dans une ambiance aussi festive qu’insolite.

Le Poulpe s’introduit clandestinement dans la roulotte du disparu, en quête d’un éventuel indice. Vanzini, le directeur du cirque, va bientôt l’engager comme figurant dans son propre rôle poulpesque. Ce qui permet à Gabriel d’approcher encore davantage les artistes de l’Olympic. Il y a même de l’Aztèque au menu, remarque-t-il. Plus exactement un couple d’amis des victimes, soi-disant héritier des civilisations précolombiennes. C’est plutôt par l’attirante Wanda, charmeuse de serpents ressemblant à Chéryl en brune, que Gabriel se laisse dévorer. Tester les spécialités locales de bières dans les bistrots du centre-ville nantais, ou fréquenter le club des amis circophiles du barman Thomas, ça n’apprend pas grand-chose à Gabriel. Pourtant, le danger rôde toujours autour du cirque…

 

Le bouillonnement culturel n’est pas un vain mot lorsqu’on parle de Nantes. Les lieux de rencontre y foisonnent. Les initiatives artistiques y sont nombreuses et diverses. Stéphane Pajot nous en a déjà donné un aperçu en 2011 dans Carnaval infernal, une aventure de Léo Tanguy, cousin breton du Poulpe.

Cette fois, Aztèques freaks est le prétexte à une balade de l’octopode au cœur de cette ville, dont l’auteur nantais connaît autant l’histoire que chaque lieu. Voici donc l’infatigable Gabriel au milieu de disgraciés du physique, qui transforment leur singularité en atout artistique. Ambiance décalée, aussi quelque peu troublante, puisque évoquant le film marquant de Tod Browning Freaks (La monstrueuse parade, 1932). Sans oublier Phineas Taylor Barnum (1810-1891), qui mit en valeur les "phénomènes de foires".

Si le contexte est important, l’intrigue criminelle et ses mystères ne sont pas négligés non plus. Du bout de ses tentacules, Le Poulpe ne manquera pas de nous désigner les coupables. Un épisode très séduisant de cette série.

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 06:08

 

La France serait le pays de la gastronomie. Ce n’est pas flagrant quand on lit des polars actuels. Jadis, le commissaire Maigret quittait le 36 Quai des Orfèvres pour rentrer dans son appartement du boulevard Richard-Lenoir. Son épouse Louise lui tenait au chaud une portion de bœuf bourguignon. Ou de blanquette de veau, le plat préféré de Jules Maigret. Son confrère San-Antonio pouvait toujours compter sur la bonne cuisine de Félicie, sa brave femme de mère, tandis que son adjoint Bérurier s’empiffrait de son côté. De nos jours, c’est à peine si des enquêteurs à la diète prennent le temps de mâchonner un mauvais sandwich light. On ne réfléchit plus à l’affaire en cours autour d’une table de restaurant, entre collègues. Pas assez percutant, sans doute. BRUNETTI-2012Même pendant le briefing du staff, pas le moindre grignotage. On est des pros, des experts, des sportifs préférant des boissons énergétiques à de vrais repas.

Alors, c’est dans le polar italien qu’on ira rechercher cette tradition du policier gourmet. Il n’y a pas que pizza et pasta au menu pour les flics transalpins. En Sicile, le commissaire Montalbano apprécie les petits plats mijotés par Adelina, ou la cuisine du restaurant côtier d’Enzo. À Venise, Paola aime préparer des mets de qualité pour son mari, le commissaire Brunetti. Habile enquêteur, le héros créé par Donna Leon est aussi gourmand. Quelques-unes des recettes recensées par Roberta Pianaro dans Brunetti passe a table apparaissent en effet au cours des affaires criminelles qu’il traite, des extraits nous le prouvent.

On testerait volontiers pour commencer les hors d’œuvres, ou antipasti. Omelette aux courgettes au four, ou Petits chaussons de langoustines, déjà tout un programme. Viennent ensuite les premiers plats, largement basés sur les pâtes. Parmi tant d’autres variantes, on peut savourer des spaghetti aux palourdes, ou les pâtes préférées de Brunetti, les penne rigate. Assortiment de légumes, courgettes, aubergines, endives, etc. Quelques plats à base d’artichaut aussi, mais ce légume en version méditerranéenne n’a pas la saveur de celui de l’Ouest de la France. Soulignons également que, même si Roberta Pianaro ne force pas les doses, l’huile d’olive n’a jamais été un aliment diététique.

Côté poissons, on est prêts à tester les filets de lotte aux poivrons autant que le loup au four. Rien de meilleur que ce poisson noble, qu’on appelle plus généralement le bar. Si vous avez la chance de déguster un "bar de ligne" au four, c'est pur régal. On cuisine beaucoup le veau, semble-t-il, chez les Vénitiens. Mais d’autres plats de viandes ne sont pas moins alléchants… Autour d’un gâteaux aux poires et à la crème pâtissière, le commissaire Brunetti cite Platon. Mais, à part peut-être le gâteau à la ricotta, les desserts ne sont pas ici d’une grande originalité. Il est vrai que, comme le précise Roberta Pianaro, ces recettes-là sont souvent issues de traditions familiales, plus que de spécialités locales. C’est le cas en Italie comme ailleurs.

Puisque nos médias affirment que la cuisine est une des activités préférées des Français, bonne occasion d’essayer les recettes de Brunetti passe a table. On le vérifie donc, cuisine à l’italienne et polar peuvent faire bon ménage.

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 06:34

 

Le nouveau titre d’Andrea Camilleri Le champ du potier est publié chez Fleuve Noir (dès le 12 janvier). Et comment je vous la résume cette fois-ci, l’histoire ? À Vigàta, en Sicile et ailleurs, tout le monde connaît déjà le commissaire Salvo Montalbano, oh que oui. Célèbre, il l’est pour ses emportements, sa crainte de vieillir et son amour de la bonne cuisine. Le monde actuel, il le trouve parfois désespérant : Montalbano s’arappela qu’à une époque désormais lointaine la mer, quand elle se retirait, ne laissait sur le sable que des algues parfumées ou de très beaux coquillages, comme un cadeau que les ondes laissent aux hommes. À présent, [polluée de déchets] elle nous rendait nos propres cochonneries. Sa compagne Livia qui vit à Boccadasse, du côté de Gênes, on ne la présente pas non plus, avec son caractère soupçonneux.

CAMILLERI-2012L’adjoint de Montalbano c’est le consciencieux Fazio, que tous les détails de l’enquête c’est lui qui s’en charge, comme toujours. Il ne livre ses trouvailles qu’avec parcimonie : Ce devait être très intéressant pour que Fazio se fasse sortir les réponses au tire-bouchon. Chaque fois qu’il devait lui dire quelque chose d’essentiel pour une enquête, il se munissait d’un compte-goutte. Il y a aussi le Dr Pasquano, le légiste qui furibonde pour se défouler, lui ne change surtout pas. Enfin, il y a le collègue policier du commissaire, Mimì Augello. Lui, on ne le voit pas beaucoup dans cette histoire, à part au début de l’enquête. Impliqué dans l’affaire, il l’est pourtant. Il a sorti des calembredaines à sa femme Beba, laquelle en a parlé à Livia, qui a transmis à Salvo. Et voilà un tracassin supplémentaire pour le commissaire.

 

Un souci de plus, oh que oui, car on a découvert un cadavre non-identifiable dans un terrain argileux sous la pluie. C’est qu’il est découpé en trente morceaux, le catafero. L’irascible légiste affirme qu’il s’agit d’une exécution, avec découpe méthodique du corps. Mais Fazio ne trouve aucun porté disparu correspondant à la victime. Par contre, il identifie bientôt une jeune femme qui a peut-être été agressée par une voiture, la nuit. Cette Dolorès Alfano s’adressera à Montalbano, mais ça c’est plus tard. Entre-temps, Salvo demande un petit service à son amie Ingrid (Le mari d’Ingrid était connu pour être un bon à rien, il était donc logique qu’il se soit consacré à la politique). Elle doit surveiller ce séducteur de Mimì Augello, pour savoir ce qu’il mijote. Car les courriers plutôt énigmatiques qu’il transmet à Montalbano, celui-ci ne sait pas du tout comment les interpréter.

Un roman d’Andrea Camilleri et, surtout, l’évangile selon Matthieu offrent à Salvo un début d’explication sur le cadavre inconnu. De quoi penser que la Mafia joue un rôle mortifère dans le meurtre. Les flics de l’anti-mafia, ils ne prennent pas au sérieux les hypothèses de Montalbano, tant pis pour eux. La belle Dolorès Alfano, la revoilà. Son mari qui est embarqué sur un navire marchand, elle n’en a plus aucune nouvelle depuis deux mois. Elle s’inquiète, la pauvrette, c’est normal. D’autant que son mari, vérification faite par Salvo, il n’a pas pris son poste sur le bateau comme prévu. Et que dans le studio de Messine d’où il est parti, il y a des indices possiblement suspects. La concierge (monarchiste) est une précieuse alliée pour Salvo. Quant au cadavre, il est très probable qu’un grand chef de la Mafia ait ordonné son exécution…

 

Et l’agent Catarella, qu’est-ce qu’il fut pour lui ? Glissades dans la boue d’argile. Transmission approximative des messages et des noms. Des problèmes avec la porte du bureau de son supérieur, aussi : Dottori, j’étais en train de pinser que peut-être bien qu’il m’aconvient de frapper avec le pied, vu qu’avec la main je ne contrôle jamais. Non, il vaut mieux que tu utilises le système que je te dis: quand tu es derrière la porte, au lieu de frapper avec la main, tu sors le revorber et tu tires en l’air. Tu feras sûrement moins de bruit. Brave Catarella, sans lequel une aventure de Montalbano perdrait tant de sa saveur… En conclusion, car il est temps : au summum de son écriture, le maestro Camilleri nous régale une fois encore, avec une histoire ciselée alliant intrigue et humour.

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 06:38

 

Richard Caron (1933-1997) produisit une dizaine de titres pour la collection Spécial-Police du Fleuve Noir de 1963 à 1969 (plus un autre en 1976). Ces histoires s’appuient quelque peu sur des sujets de société d’alors. Documentées, elles ont le mérite d’évoquer le monde des années 1960. Côté intrigues, il s’agit d’honnêtes romans d’action, avec leur lot de péripéties. Loin d’être médiocres, ils se lisent encore avec un certain plaisir. En voici trois exemples.

 

Les frelons (1963)

CARON-1Paris est alors la capitale de la mode, de la haute couture. Ce qui attire une riche clientèle internationale. Malgré toutes les précautions prises, on vient également copier les nouveaux modèles. Journaliste à Paris Flash, Sacha rencontre par hasard Marta de Souza, séduisante quadragénaire sud-américaine. Elle assiste aux défilés de mode destinés au étrangers. Ils deviennent vite amants. Elle lui révèle bientôt qu’elle vend dans ses boutiques au Brésil des imitations de vêtements français, dessinés de mémoire après les présentations. D’ailleurs, elle demande à Sacha de prendre discrètement des photos grâce à un appareil sophistiqué. Il accepte, restant curieux d’en apprendre plus sur Marta. Ainsi que sur le nommé Astorga, qui visite clandestinement la chambre d’hôtel de Marta.

La mort de Chuka, une mannequin de chez Dior originaire d’Argentine comme Marta, entraîne une enquête pour meurtre. Alors que Marta parait avoir disparu, le reporter interroge Nacha Badaraco, une habilleuse venant du même pays. Puisqu’elle ne lui fait guère de confidences, il la prend en filature une nuit. Nacha passe à son ambassade, avant d’être enlevée. Sacha intervient quand les ravisseurs malmènent trop brutalement la jeune femme. Il existe un rapport entre la défunte Evita Peron, épouse du dictateur argentin exilé Juan Peron, et le monde de la mode…

 

L’heure noire (1965)

CARON-2Bob est journaliste à Paris Flash. Un soir, les téléscripteurs annoncent un accident d’avion. Le patron de la société Piétroleum, M.Dumas-Moraval, et son pilote en sont les deux victimes. Rodolphe, le pilote, était un proche cousin de Bob. Avec son photographe, le reporter se rend sur les lieux de l’accident. Une affaire bien plus suspecte qu’on la dit. En témoigne la présence du commissaire Canavacchi, de la DST. À cette époque, la France soutient les initiatives visant à offrir l’autonomie pétrolière au pays. Sans être aussi puissante que ses concurrentes internationales, la société Piétroleum avait constitué un pôle européen économiquement efficace.

A-t-on éliminé Dumas-Moraval pour faire échouer les projets ? Ou s’agit-il d’une affaire impliquant les actionnaires de l’entreprise, dont plusieurs proches du patron ? Les grandes compagnies nient toute responsabilité. Pourtant, on a bien payé le nommé Costapoulos pour supprimer les victimes. Ce dernier est-il mort, comme on le croit ? S’il a trois principales suspectes, Bob doit déterminer qui est le véritable commanditaire…

 

Terminale (1969)

CARON-3Ancien de l’OAS, Enrico rend visite à Francine, professeur d’anglais qui fut un temps sa petite amie. Il meurt accidentellement, d’une malencontreuse chute. Esprit pratique, Francine place le cadavre d’Enrico dans une chambre froide. Elle a pensé à Hervé, un de ses élèves, pour l’aider à se débarrasser du corps. Chantal, la copine d’Hervé, n’aime pas du tout le comportement secret de Francine. Elle n’hésite pas à suivre le couple, le soir où le déménagement du cadavre doit avoir lieu. Elle est aussi prête à avertir les parents de son petit ami de la liaison entre Francine et Hervé.

Tout ce que souhaitait le jeune garçon, c’est que Francine l’aide à avoir son BAC. Hélas, devenu complice, il s’est placé dans une situation terriblement délicate. D’autant qu’il faut compter avec le père de Chantal, qui va s’intéresser au cadavre pour d’autres motifs… Une galerie de personnages typés peuple cette histoire : un proviseur bourgeois de gauche, son fils sportif et cancre, des agents des services secrets aux têtes de catcheurs, une prof manipulatrice. C’est de la bonne comédie policière !

 

Par ailleurs, Richard Caron créa l’agent secret Jasper Wood (dit TTX75) pour une série de romans dans la collection Espionnage. Le film de Georges Lautner Il était une fois un flic avec Mireille Darc et Michel Constantin est l’adaptation du roman TTX75 en famille (1968). Transposition due au scénariste Francis Véber, futur cinéaste à succès, un ami de Richard Caron. Pour l’anecdote, dans le rôle d’un reporter pour la radio, Francis Véber apparaît dans le roman L‘heure noire (voir ci-dessus). Voici une des aventures de cette série.

 

TTX75 opération (1967)

CARON-4Sous ses airs de play-boy désinvolte âgé d’une trentaine d’années, Jasper Wood est un agent chevronné de la CIA. Il se trouve en poste à Paris. C’est par hasard, en accompagnant une amie, qu’il découvre un objet insolite dans une clinique de chirurgie esthétique. Il s’agit d’un masque, moulé sur l’ancien visage d’un patient étant passé ici. Jasper Wood identifie bientôt les traits de Jeffries A.Thorps, scientifique américain ayant choisi le camp soviétique.

TTX75 montre le masque à son supérieur, mais ça reste une preuve incertaine. Il faut d’autres éléments certifiant que Thorps fut bien un patient du Dr Canurien. Jasper Wood surveille le médecin et son assistante, Elisabeth Marcus. Peut-il espérer l’aide de la jeune femme ? Pas si sûr, car l’autre camp est financièrement généreux. Le Dr Canurien n’a sans doute pas mesuré de quel imbroglio il se mêlait. L’affaire se poursuit au Grand Duché du Luxembourg, où se tient une réunion de médecins. Dans une autre clinique, la vie de TTX75 sera sérieusement en danger. Cette fois, il ne peut qu’espérer l’aide active d’Elisabeth Marcus…

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 06:44

 

La 7e édition du festival Polar’Encontre aura lieu les 10 et 11 mars 2012 à Bon-Encontre, près d’Agen. L’ami Pierre Seguelas nous donne quelques précisions.

 

Bonjour Pierre, peux-tu nous confirmer la liste des invités polar ?

Alexandra Schwartzbrod, lauréate du "Prix Calibre 47" en 2011, sera la marraine du 7ème Salon Polar'Encontre. Voici les auteurs invités : Romain Slocombe, Joseph Incardona, Sylvie Rouch, Stéphanie Benson, Cristina Rodriguez, Alexandra Schwartzbrod, Philippe Georget, Mouloud Akkouche, Claude Mesplède, José-Luis Muñoz, Jean-Hugues Oppel, Jean-Bernard Pouy.

POLAR-ENCONTRE2012

Polar’Encontre, c’est aussi la bédé. Qui sera présent cet année ?

Nos invités Bande Dessinée sont : Will Argunas, Julien Bonneau et Laurent Bonneau, Jean- Christophe Chauzy, Olivier Cinna, Pasquale Del Vecchio, Richard Guérineau, Horne, Jean-Charles Kraehn, Ralph Meyer, Séra, Ullcer, Frédéric Volante, Roberto Zaghi. L'affiche est de Ralph Meyer, lauréat du "Prix Polar'Encontre" en 2011.

 

Quels sont les romans en lice pour le Prix Calibre 47, dans le cadre du festival ?

La sélection pour le Prix "Calibre 47" qui sera remis lors de l'inauguration de la 7ème édition de Polar'Encontre le 10 mars 2012 : Philippe Georget, "Le Paradoxe du Cerf-Volant"; Joseph Incardona, "220 volts"; Cristina Rodriguez, "L'Aphrodite profanée"; Romain Slocombe, "Monsieur le Commandant"… Aline Kiner ("Le Jeu du pendu") et Dominique Sylvain, ("Guerre sale") n'ayant pu honorer l'invitation qui leur avait été faite à ne participeront pas à la sélection finale.

 

Est organisé un salon du polar, où les lecteurs peuvent rencontrer les auteurs. Mais des animations importantes sont prévues dans le cadre du festival ?

Voilà comment s'articulera le prochain Polar'Encontre : les jeudi 8 mars et vendredi 9 mars, Stéphanie Benson, Mouloud Akkouche Jean-Hugues Oppel et Will Argunas animeront les rencontres avec les scolaires de la Communauté d'Agglomération d'Agen - les samedi 10 mars et dimanche 11 mars : rencontres/dédicaces et débats traditionnels avec auteurs et illustrateurs - le 3 mars, le Musée des Beaux Arts d’Agen ouvrira ses portes aux enfants et adolescents de 7 à 13 ans pour une soirée enquête "Panique au Musée" imaginée par le Théâtre du Terrain Vague de Villeneuve-sur-Lot - le 5 mars, la comédienne Sarah Clauzet et le saxophoniste Matthieu Lebrun proposeront, en partenariat avec la bibliothèque du comité local d'entreprise de la SNCF, une soirée lecture musicale inspirée du roman de Philippe Georget, "Le Paradoxe du Cerf-Volant"...

 

Et d'autres animations, encore...?

Oui, le Jeudi 8 mars, Jean-Bernard Pouy rencontrera les lecteurs de la Médiathèque d'Agen autour de "Une brève histoire du roman noir" - le 8 mars, les Montreurs d'Images d'Agen (cinéma d'art et d'essai) proposeront une soirée Polar probablement animée par Jean-Hugues Oppel (la programmation correspondra à l'actualité du moment) - le 9 mars, le Centre Culturel Delbès de Bon-Encontre proposera une soirée consacrée aux adolescents Polar'Ados (théâtre et vidéos) - le 10 mars, Le Florida d'Agen proposera une soirée Ciné-Concert, "Le Cabinet du Docteur Caligari" de Robert Wiene parle groupe d'Electro Dub angevin, Zenzile.

 

Merci Pierre ! Un programme copieux pour Polar'Encontre, comme chaque année. Bravo aux organisateurs !

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