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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 06:36

 

QUINZINZINZILI 16Le n°16 de la revue Quinzinzinzili est disponible. Rappelons qu’elle est publiée par la Société des Amis de Régis Messac (71 rue de Tolbiac, Paris 13e), sous la direction de Pierre Lebedel et d’Olivier Messac. À Paris, on trouve cette revue chez les libraires : L’Amour du Noir (5e), Sillage (5e), La Hune (6e), L’œil écoute (6e), Un regard moderne (6e), Scylla (12e), Le Divan (15e), et on peut le consulter à la BILIPO (5e). Dans l'Ouest, on la trouve chez Abraxas Libris à Bécherel (35), Place Média à Coutances (50), et La Boutique d’Anatole F. à Granville (50). Les romans et autres écrits de Régis Messac sont progressivement réédités par les éditions Ex Nihilo, 42bis rue Poliveau, Paris 5e.

Au sommaire de ce numéro, un dossier est consacré au célèbre roman "La guerre des boutons", de Louis Pergaud. Outre un retour sur ce livre centenaire, sont explorées la jeunesse douloureuse de l’auteur, et les enfants dans l’œuvre de Louis Pergaud. Un second dossier est dédié à un auteur singulier d’autrefois, Marc Stéphane. Un de ces écrivain oubliés, qui contribuèrent à la littérature de leurs temps. Un autre portrait ne manque pas d’intérêt, celui du romancier Léon Groc (1882-1956). Présenté par sa petite-fille, on s’aperçoit qu’il fut très productif. Un roman de science-fiction à redécouvrir : "Le bacille", d’Arnould Galopin est aussi détaillé dans ce numéro. On trouvera dans ce n°16 bon nombre d'infos ayant trait à l’univers de Régis Messac, et à cette riche époque intellectuelle de l’Entre-deux-guerres, comme dans chaque livraison de cette passionnante revue.

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 06:41

 

De Marc Boulet, on avait pu apprécier Le roi de Pékin (Denoël, 2009). Son nouveau roman Contrebandiers vient de paraître chez Rivages/Noir.

En 1985, Marc a quitté la France pour exercer ses talents à Honk Kong. Il est vite devenu le caméraman attitré des films de Rita Lee, star de films X. Ils ont tourné des pornos classiques ayant connu plus ou moins de succès. BOULET-2012Ils ont gagné autant de fric avec des films nettement plus hard, plutôt répugnants. Philippe, le frère de Marc, les a bientôt rejoints. Rita n’intéressant finalement plus les producteurs, il faut trouver d’autres sources de revenus. La solution vient de Franck, homosexuel ressemblant à un cachalot, qui se présente comme le frère de Rita. Il organise des passages de marchandises en contrebande. La première tentative, un demi-échec suite à un incident à la douane, ne les empêche pas de continuer. La Corée est une destination où Marc et Philippe finissent par avoir leurs habitudes. Peu de risques pour les passeurs et gros profits pour Franck.

Liz est une jeune Californienne, fille d’une famille très riche. Plus tard, elle espère devenir comédienne. Pour l’heure, elle se joint au trafic des deux frères. Marc ne peut se contenter d’une relation amicale avec cette jolie fille, même s’il apprécie par ailleurs les prostituées. La contrebande devient plus rentable encore lorsqu’il s’agit de Business trips. Un trafic de bijoux et montres de luxe en direction du Japon, sous couvert de voyages d’affaires, où tout se passe bien. La contrebande de l’or est plus problématique. Probablement dénoncé, Philippe est arrêté avec un chargement à l’aéroport de Delhi, en Inde. Marc et Franck n’y peuvent rien, mais leurs relations se dégradent. Pour pouvoir quitter l’Asie avec suffisamment de fric, Marc, Liz et Rita explorent la production chinoise de drogue. Leur périple en Chine n’est pas de tout repos, mais dix kilos de haschich apportent de forts bénéfices.

Grâce à Liz, Marc a obtenu sans difficulté un visa pour les Etats-Unis. À Beverly Hills, Marc n’est plus un contrebandier, un délinquant, mais le fiancé de la riche héritière d’un couple de producteurs de télévision. Toutefois, ses études n’aident pas Liz à devenir comédienne, et le petit capital du couple baisse rapidement. Ils sont restés en contact avec Rita. Celle-ci profite d’un trafic de Rolex (vraies ou fausses) pour les rejoindre en Californie. Le trio passe trois semaines au Mexique, où ils décident de repartir vers l’Asie. Ils s’installent cette fois dans une région de l’Inde, mais leurs aventures prennent une tournure meurtrière. Leur fuite va les conduire jusqu’en Thaïlande, dont les pays voisins offrent bien des opportunités de trafics. Ces trois baroudeurs trouveront-ils le refuge idéal à Koh Wai ? Rien n’est moins sûr…

 

Voilà une histoire qui devrait choquer les adeptes des grandes valeurs morales. Le sexe dans ce qu’il a de plus sale en constitue la première étape. Vient ensuite une escalade vers diverses contrebandes. Un métier que le héros considère comme parfaitement honorable : Les gouvernements volent ainsi l’humanité. Alors, nous autres contrebandiers, à notre échelle, que faisons-nous ? Nous refusons de nous laisser baiser, nous défendons, nous œuvrons pour la justice et la liberté en permettant aux gens d’acheter des produits à leur vraie valeur marchande…

Marc n’est pourtant pas un cynique, faisant parfois même preuve de sensibilité. C’est la vie qu’il s’est choisie, marginale et excitante à ses yeux. De grosses sommes à gagner, mais aussi des périodes moins fastes. Une vie engendrant fatalement la criminalité. Trahison, suspicion, et dangers en tous genres planent autour du trio. Ce roman prend la forme d’une confession, sans rien atténuer du rôle malsain du narrateur. Une tonalité réaliste qui nous hypnotise quelque peu, au point de ne plus juger le trio Marc-Liz-Rita. Malgré des facettes sordides, on le suit avec une certaine fascination, il faut bien l’avouer. Un noir roman d’aventure impeccable !

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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 06:50

 

Basées près de Pau, à Serres-Morlaàs (64160), les éditions de l’Atelier In-8 sont très appréciées des auteurs de polar. Sont publiés dans leur Collection Noires de Pau : Lalie Walker, Mouloud Akkouche, Gilles del Pappas, Hervé Le Corre, Philippe Motta, Thomas Lugos, Philippe Cougrand. Dans la Collection Quelqu’un m’a dit : Francis Mizio, Pascale Fonteneau, Mouloud Akkouche, Jean-Bernard Pouy. Dirigée par Marc Villard (lui-même publié dans la coll. Intra-Muros) la Collection Polaroid présente Jean-Bernard Pouy, Marcus Malte, Franz Bartelt, Anne Secret. On trouve encore Max Obione, Jan Thirion, Hubert Monteilhet, Emmanuelle Urien, dans leur collection Porte à côté. Beau catalogue d’auteurs reconnus de textes noirs. J’en ai chroniqué quelques-uns.

Toutefois, c’est la dernière fois que j’évoque ce petit éditeur. D’abord, parce qu’il méprise les blogueurs, calomniant la sincérité de beaucoup d’entre eux. En témoigne cet extrait d’édito, visant un réseau de librairies : Les blogueurs «indépendants» suivis sur la Toile sont repérés par les éditeurs qui leur envoient gracieusement des services de presse, et leur offrent de temps à autre un déjeuner ou un voyage. Insultant pour les blogueurs intègres qui n’ont aucun enjeu financier à défendre. Largement mensonger, car j’attends toujours l’éditeur qui m’offrira des repas, des voyages, et pourquoi pas des escort-girls ? Quand je vais dans un Festival polar, c’est toujours à mes frais. Je ne suis pas sûr que cet éditeur comprennent notre état d’esprit, le partage gratuit d’informations.

SECRET-2012Mon principal grief est ailleurs. Quand Anne Secret a publié chez Seuil Les villas rouges, j’ai quasiment été le seul à apporter une vraie notoriété à ce roman. Par des chroniques sur plusieurs sites et blogs Internet, par un article dans la Revue 813. Ce qui attira l’attention du jury du Prix Calibre 47, au festival Polar’Encontre. Au festival Mauves-en-Noir, l’auteure m’en a remercié avec émotion. Je ne lui en demandais pas tant. C’est totalement par hasard que j’apprends qu’Anne Secret est aujourd’hui publiée chez l’Atelier In-8. Il aurait été courtois que j’en sois informé par cet éditeur. Peut-être même en priorité, vu mon soutien au précédent titre de l’auteure. Pas besoin de SP (ni de déjeuner ou de voyage), juste un message, une info. Qu’on ne m’explique pas que c’est une petite structure ayant peu de moyens. Des fumistes n’aimant pas les blogueurs, et incapables d’assurer une promotion simple. Marre des tocards de l’édition.

C’est uniquement par respect pour Anne Secret que je fais figurer ici la couverture de son nouveau livre. 

 

Réaction de l'éditeur : lire le 4e commentaire en cliquant ci-dessous. 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 06:24

 

Direction le Gabon, avec les Éditions Jigal qui publient le nouveau polar de Janis Otsiemi Le chasseur de lucioles.

OTSIEMI-2012Dans la capitale gabonaise, il y a des flics consciencieux tels Boukinda et Evame, de la Direction Générale des Recherches. Et d’autres comme Koumba et Owoula, toujours prêts à accepter un bakchich pour fermer les yeux, qui fréquentent assidûment les bordels locaux. Joseph Obiang ne devait pas être un flic tellement honnête non plus, lui qui fut mêlé à la disparition d’armes à feu. On a trouvé son cadavre sur la plage du Tropicana. Boukinda et son collègue enquêtent, tout en sachant qu’ils ont peu de chance d’attraper celui qui a abattu ce Obiang.

À Libreville, il y a toutes sortes de bandes, souvent des malfrats d’occasion. C’est le cas de Marco, qui ne gagne guère sa vie en balayant les rues. Quand Bosco lui propose un braquage, avec le garagiste Tom pour complice, Marco hésite car c’est un coup préparé par Sisco. C’est un caïd douteux, que l’on surnomme Lucky Luke, l’homme qui se tire avec le pognon plus vite que son ombre. Et Sisco a été mêlé à de sales affaires, où il y a eu des morts. D’ailleurs, il se garde bien de dire d’où viennent les armes à feu qui serviront au braquage. Marco et ses amis se laissent tenter. Ils peuvent penser qu’ils ont eu raison, car il n’y a pas eu de victimes et le butin se chiffre en millions. L’opération agite quand même les polices de la ville, alors il est préférable qu’ils restent très prudents.

Des prostituées ont été martyrisées et tuées dans des chambres miteuses au motel Le Labyrinthe ou au motel La Semence. Même s’il garde un œil sur le spectaculaire braquage, c’est une enquête pour le flic véreux Koumba. Une bonne occasion de faire raquer les responsables de motels, afin de leur éviter des poursuites. De leur côté, Boukinda et Evame font bientôt le lien entre le meurtre de Obiang et le braquage fructueux. Grâce à leur ami journaliste Gaspard Mondjo, aussi bien informé que la police, ils sont sur les traces de Sisco. Au sein de la bande, la tension monte vite entre Sisco et Marco. Ce dernier sait qu’on peut retrouver leur piste à cause des armes utilisées.

L’ex-compagnon de la deuxième prostituée assassinée est vaguement suspecté. Mais, dès le troisième cas, Komba et Owoula ont compris que c’était l’œuvre d’un tueur en série. C’est la mobilisation générale dans chaque service de police. Les uns visant la bande du braquage, les autres recherchant activement celui qu’ils ont baptisé le chasseur de lucioles. Mais qui soupçonnerait Georges Paga ?…

 

Ce polar 2012 de Janis Otsiemi est encore plus corsé que les précédents. Croisant plusieurs niveaux d’intrigues, il gagne en densité. Les portraits sont affinés, eux aussi. On différencie par exemple un truand sans règles, et ses complices agissant par besoin financier. Côté flics, même présentation nuancée. Tout cela permet à l’auteur de nous raconter en finesse le contexte criminel gabonais. Et de souligner que Libreville est très cosmopolite, avec des gens venus de divers pays africains. Outre l’aspect purement policier, en témoigne la question du SIDA, c’est un roman comportant une bonne part de chronique sociale. Et puis, il y a toujours ce délicieux langage (partager la bouche d’un autre, c’est être du même avis; le bouya-bouya, ce sont les embrouilles). Ce qui ajoute une belle authenticité à l’histoire, bien sûr. Chaque chapitre est même assorti de proverbes locaux. Merci à Janis Otisemi pour ce beau voyage à Libreville !

 

Voilà l’occasion de rappeler que je n’ai pas attendu la récente approbation des médias (Libération, Canal+), ni celle de Michel Le Bris et d’Étonnants Voyageurs, pour chroniquer Janis Otsiemi. Dès ses débuts, son talent m’a convaincu alors que le microcosme journalistique et cultureux l’ignorait. Qu’il soit aujourd’hui mieux médiatisé est une excellente chose. Retour détaillé sur ses titres précédents…

 

OTSIEMI-2007Peau de balle (Éditions du Polar, 2007). Sur une intrigue qui a fait ses preuves, un roman qui ne manque pas d’originalité. Il utilise à la fois un vocabulaire imagé, des expressions typiques (Je vais le couteauner, Fais l’avion, une couloirdeuse ou une bouasse…) et du vieil argot français pas si désuet. Soulignons une belle fluidité narrative, rendant le récit fort entraînant. Janis Otsiemi n’oublie pas que le roman noir comporte aussi un témoignage social. Il montre de façon vivante la société gabonaise actuelle, à travers sa population, la corruption ou les magouilles très présentes, la réussite légitime de quelques-uns, la violence des interrogatoires policiers, et le poids du pouvoir à la tête du pays…

Yan, sa copine Mimi, et son ami Khalif, préparent un kidnapping très rentable. Khalif a trouvé le chauffeur dont ils ont besoin pour l’enlèvement. Plus âgé que le trio, Bello a 32 ans, dont plusieurs années passées en prison. Expérimenté, il mesure davantage les risques que ses complices amateurs. Pour Bello, ce rapt sera son dernier coup, aussi exige-t-il d’en être l’organisateur plutôt que Yan. Le trio accepte. C’est Mimi qui eût l’idée du kidnapping. Elle fut un temps l’employée de Pascal Simba, un rupin, un ouattara qui a largement les moyens de payer. Bello s’occupe de tout, afin d’être prêt au moment prévu.

C’est au cœur d’une école pour enfants de nababs que Mimi et Bello vont chercher la petite Jennifer, la fille de Pascal Simba. Le rapt aurait pu se passer en douceur. Deux surveillantes et le vigile s’interposent. Bello doit déquiller le vigile, avant de s’enfuir avec Mimi et la fillette. Ils arrivent sans encombre dans la planque de Bello... Owoula et Koumba, deux flics de la PJ, s’en occupent rapidement. La rumeur évoque un braquage au siège d’Air France, avec prise d’otage d’une gamine. Sûr que cette version plairait bien aux autorités compétentes du bled pour camoufler l’affaire, mais le duo de policiers mène une vraie enquête, se rendant bientôt chez le riche Simba. Que celui-ci ait une épouse légitime, une deuxième femme, une flopée de maîtresses, et pas mal d’adversaires n’explique rien. Quand les ravisseurs réclament une rançon de cinquante millions, pas question de mettre en danger sa fille en se servant de faux billets...

 

OTSIEMI-2009La vie est un sale boulot (Jigal, 2009). Janis Otsiemi adopte une intrigue confirmée : sortie de prison, casse fructueux, partage du butin, sans que la structure du récit soit pour autant linéaire. Si le vocabulaire est simple, il est encore agrémenté d’expressions locales fleuries. On s’attache vite à ce pauvre bougre de Chicano, dont le destin n’est pas guidé par la chance. Progressivement, s’installe une certaine noirceur meurtrière. L’autre élément favorable, c’est évidemment le contexte gabonais, l’auteur ne cachant pas les tares de son pays…

Chicano sort de la prison centrale du Gros-Bouquet, où il a purgé quatre ans pour un braquage. Il a été gracié par erreur alors qu’il lui restait trois années de tôle. Certes, il n’était que le chauffeur lors du casse visant un riche commerçant libanais installé ici. Mais ce Farrad fut abattu par ses complices, que Chicano n’a jamais dénoncés. Les puissants Arabes vivant au Gabon ne pardonnent pas quand on tue un des leurs. Libre, Chicano ne veut plus de coups foireux. Il n'a pas oublié son amie Mira. La jeune femme n’habite plus chez sa mère. Un gamin indique à Chicano sa nouvelle adresse. Vivant aujourd’hui avec un autre homme, Mira a perdu sa splendeur. Chicano retourne vers son quartier, où il envisage de travailler dans le petit garage de son frère aîné, Gabi.

Chicano retrouve ses anciens amis, Ozone et Lebègue, et leur nouveau complice, Petit Papa. La bande prépare un gros coup, le jour même. Vu le butin annoncé, Chicano se laisse entraîner. Habillés en soldats, ils vont s’attaquer à la Trésorerie du camp militaire de Baraka, où l’on prépare la paie de la garnison. Face à Ozone et Lebègue, armés et déterminés, le colonel Odja ne peut guère opposer de résistance. Les truands s’emparent du pactole. Au moment de faire les comptes, au lieu des cinquante millions prévus, il n’y en a que vingt. La bande a engagé des frais, réduisant le bénéfice. Ses trois membres actuels se concertent, n’ayant pas l’intention de laisser sa part à Chicano. Les policiers Koumba et Owoula ne sont ni plus efficaces, ni plus honnêtes que la moyenne des flics de Libreville. Bien que l’armée se charge d’enquêter sur le vol du camp de Baraka, Koumba ne tarde pas à comprendre ce qui s’est passé...

 

OTSIEMI-2010La bouche qui mange ne parle pas (Jigal, 2010). Nouvelle exploration fort réussie de la pègre gabonaise. Petites combines, trafics divers, arnaques éprouvées, tout est bon pour traquer le gros coup, dans un pays où l’argent se dépense vite. “Les Gabonais ne sont pas des bâtisseurs… [Ils] ont plutôt la réputation d’être des flambeurs, des canneurs, des coureurs de jupons.” Les petits voyous veulent juste glaner du fric qui sera vite claqué. Dans la police, on suit le même raisonnement, semble-t-il. Le réel talent de Janis Otsiemi se confirme. Se servant sans en abuser du vocabulaire et des expressions locales, il ajoute une saveur particulière à son récit…

Solo sort d’un séjour en prison, à cause d’une bagarre mortelle dans un bar. Spécialiste des coups tordus, il tombait pour une affaire banale. Solo a bientôt besoin d’argent. Parmi la faune de délinquants de Libreville, il peut compter sur son cousin Tito. D’ailleurs, celui-ci lui lâche sans problème une avance sur un prochain coup. Avec le paquet de fric, Solo règle ses dettes et lève une pute. Solo sera le chauffeur de l’affaire amenée par Tito. Même s’il n’est que l’exécuteur pour de mystérieux commanditaires, Youssef dirige l’opération. Ils vont kidnapper un môme, et le livrer à un marabout. Solo désapprouve ce genre d’affaires malsaines : “Trop de choses avaient changé pour lui depuis sa sortie de taule. Les gars n’avaient plus de code d’honneur. Sans coutume et patrie [sans foi, ni loi], ils avaient vendu la honte aux chiens.”

Pendant ce temps, Joe et Fred profite d’une nouvelle combine. Il s’agit de faire chanter de riches femmes mariées, piégées par des photos sexuelles. Dodo et Jimmy ont un autre bizness, le braquage. Ils s’attaquent à une agence de la Western Union, un casse sans faute. Quant à Solo, il s’acoquine avec son vieil ami Kenzo. Babette, l’amante de Kenzo, profite en ce moment des largesses d’un banquier. Un pigeon qu’il ne sera pas difficile d’attirer avec la promesse de billets miracles, apparemment une arnaque classique sans grand risques. Les policiers Koumba et Owoula trouvent toujours le moyen d’obtenir leur pourcentage, quitte à laisser courir des coupables. Puisque leur supérieur, le colonel Tchicot, leur accorde toute sa confiance, ils auraient tort de ne pas en abuser. L’enquête sur la série de meurtres d’enfants n’avance guère. Selon la rumeur, ces crimes rituels sont attribués à des politicards. Encore faut-il des preuves...

Janis Otsiémi est invité au 9e Salon du livre de Genève du 24 au 29 avril 2012, dans le cadre du Salon Africain.

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 06:28

 

Matthieu Blais et Joël Casséus sont deux auteurs québécois. Publié en France chez Kyklos Éditions, leur roman Zippo a pour décor un futur pas si éloigné du monde actuel, mais en bien pire… (disponible dès le 19 mars 2012).

BLAIS-CASSEUS-2012C’est à Villlanueva que se réunira le sommet du Zippo, regroupant les neufs plus grandes puissances mondiales. Évènement de portée internationale, pour cette métropole nord-américaine. Mesures de sécurité maximales afin de protéger les décideurs présents. Vaste couverture médiatique, avec des journalistes aux ordres flattés d’être accrédités. Image positive qui pourrait être ternie par un météore, dont le point d’impact sur Terre semble être Villanueva. Information de second plan, qui ne trouble guère les préparatifs. Une grande part de la population de la ville ne sera pas associée à cette rencontre des puissants. Car on en a déjà placé beaucoup dans un ghetto, le quartier des Pornoputes. Derrière les barbelés et les miradors, les plus pauvres sont rassemblés ici, sans grand espoir d’en sortir.

Quelques clochards isolés ont récemment été éliminés sans pitié. Depuis peu, des autobus où l’on entasse en masse les clodos et autres pauvres circulent à travers la ville. Personne ne veut imaginer ce que l’on fait d’eux. Les filles de Mme Steinman, de l’Italien et de la Sorcière disparaissent depuis un certain temps. Sans doute est-ce le même programme de nettoyage qui vise également ces prostituées. Mme Steinman s’est retranchée dans son bordel de la rue Pouy, mais n’y est pas plus en sécurité… Dans une résidence médicale pour personnes âgées, les vieux patients sont livrés à eux-mêmes, sans le moindre confort. On compte plusieurs décès. Pour Luis et Maervick, rares survivants, il reste pourtant un ultime combat à mener…

O’Donnell, petit délinquant ayant testé toutes les combines, entre en clandestinité lorsqu’il réalise que des gens comme lui n’ont plus leur place à Villanueva. Depuis qu’il a perdu la belle A***, le journaliste Kahid n’éprouve plus aucune motivation. Couvrir le sommet du Zippo, telle est la mission que lui confie son patron. Son collègue Zadourof se serait senti plus impliqué que Kahid dans ce sujet-là. D’ailleurs, Kahid le croise plusieurs fois dans les locaux du sommet. Si l’évènement ne plait pas à tous, une manifestation tourne plutôt à la confusion. La tension ambiante fait oublier les purges contres prostituées et clochards, ainsi que l’imminence de l’impact du météore…

 

Si l’on cherche un qualificatif, il s’agirait d’un polar futuriste pré-apocalyptique. Il est vrai que cette sorte de roman sort de l’ordinaire. Il convient d’accepter une narration elliptique déstabilisante. Cette histoire pouvait se raconter avec plus de détails ? Oui, peut-être. Mais les protagonistes se trouvent dans une certaine urgence, à cause de la menace venue de l’espace. Dans un dénuement quasi-total aussi, situation de survie qui les prive de liberté, et presque de la capacité d’échanger des conversations. Économie de mots et d’actes, autour de ces personnages encore à peine vivants, pas tous résignés.

Un bref glossaire : les macoutes désignent les forces de l’ordre militarisées. Les officiels de haut rang s’appellent les cravates. Les claquedents, ce sont les clochards. Les crache-poumons, les cigarettes. Alors, bien sûr, un esprit contestataire plus direct eut été davantage percutant. Certes, la bataille contre ces acronymes qui dirigent le monde ultra-libéral n’est pas gagnée. Néanmoins, cette projection vers un avenir miséreux devrait nous alerter. Il n’est jamais trop tôt pour protester contre une société inégalitaire à tendance dictatoriale. Peut-être le message à retenir ?

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 07:24

 

LIEGE-FESTIVAL-2012Les dix titres de la sélection du prix Plume de Cristal 2012, décerné dans le cadre du 6e Festival International du Film Policier de Liège. Le prix sera remis au vainqueur le samedi 21 avril. Pour les quatre premiers, il suffit de cliquer sur le lien afin de retrouver mes chroniques.

 

Alex de Pierre Lemaitre, Ed.Albin Michel

Code Salamandre de Samuel Delage, Ed.Belfond

Des rats et des hommes de Tito Topin, Ed.Rivages/Noir

Les Harmoniques de Marcus Malte, Ed.Gallimard

Les ronds dans l'eau de Hervé Commère, Ed.Fleuve Noir

Nymphéas Noirs de Michel Bussi, Ed.Presses de la Cité

Le chat aux yeux jaunes de Serge Brussolo, Ed.Fleuve Noir

Le banc de l'injustice de Simone Gélin, Ed.Les Nouveaux Auteurs

Le jour où tu dois mourir de Marc Charuel, Ed.Albin Michel

Souvenirs du Rif de Michel Claise, Ed. Luce Wilquin

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 06:36

 

C’est le Lieutenant général de police Nicolas de la Reynie (1625-1709) qui créa les premiers services d’enquête, aux temps de Louis 14. La grande histoire de la police retient évidemment le nom de François Vidocq (1775-1857), forçat évadé qui devint Chef de la Sûreté. Mais c’est surtout à partir de 1871 que la police parisienne s’organise, s’installant jusqu’en 1888 au 7 Quai de l’Horloge.

CANCES-DIAZ-1Puis vient le temps du 36 Quai des Orfèvres, glorieuse adresse universellement connue. La quasi-totalité des grandes affaires criminelles passera longtemps par ces bâtiments: de l’assassinat de Jean Jaurès en 1914 jusqu’à l’attentat de la Rue Copernic en 1980 ou à celui du RER B de Saint-Michel en 1995, de l’affaire Violette Nozières en 1933 à celle de Guy Georges en 1994 ou celle de Thierry Paulin vers 1987, de l’assassinat du président Paul Doumer en 1932 à celui du PDG de Renault en 1986 par Action Directe, du cas de Lucien Léger en 1964 à celui du Japonais cannibale en 1981, et bien d’autres encore. Car l’histoire du "36" est aussi liée à la Bande à Bonnot, à l’affaire Stavisky, aux comploteurs de la Cagoule, au gang des Tractions avant, etc.

L’enquête policière, ce sont encore de grandes avancées techniques. Depuis ces inspecteurs qui se grimaient pour guetter leurs suspects, puis les classements et méthodes photographiques imaginés par Alphonse Bertillon, jusqu’à l’ADN et aux spécialistes de criminalistique actuels. Il faut également évoquer la Mondaine et l’Antigang, brigades spécifiques. Et un ouvrage sur le "36" ne peut oublier que le nom de Simenon y reste associé, grâce au commissaire Maigret.

Publiée aux Éditions Jacob-Duvernet fin 2011, cette Histoire illustrée du 36 des anciens policiers Claude Cancès et Charles Diaz est bien sûr intéressante par ses textes, mais surtout par ses illustrations. La très riche iconographie permet de suivre à travers le temps l’évolution de la police, de ses méthodes d’investigation et de la criminalité. On peut regretter, puisque les crimes politiques sont évoqués, qu’il manque des détails sur la proximité politicienne entre l’État et les hauts-fonctionnaires du "36". Et puis on a peut-être moins d’admiration que les auteurs pour des grands noms de la PJ, le commissaire Broussard n’ayant jamais fait l’unanimité dans l’opinion, par exemple. Néanmoins, le lieu par lui-même reste impressionnant et symbolique. Et les documents anciens présentés ici constituent un témoignage, une facette de l’Histoire de France encore récente.

CANCES-DIAZ-2

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 06:38

 

Aux Éditions Belfond, Nadine Monfils nous donne plusieurs rendez-vous en cette année 2012. Dès le mois de juin, sera rééditée la série Commissaire Léon (le flic qui tricote en cachette depuis qu’il a arrêté de fumer, incarné par Michel Blanc au cinéma dans “Madame Édouard). MONFILS-2012-1Elle comporte dix histoires et paraîtra en cinq volumes. Aujourd’hui, c’est avec La petite fêlée aux allumettes que nous pouvons déjà retrouver Nadine Monfils…

 

Pandore n’est certainement pas la plus tranquille des villes. Les morts suspectes ou carrément criminelles s’y succèdent. Geste de défense pour la jeune Nake, qui a poignardé un dragueur plouc nommé Éric Mornier. Celui-ci n’avait guère de contact avec son puant père, ce qui n’empêche pas ce Max Mornier de décréter qu’il vengera son fils. Le décès de la grand-mère de Nake, qui a élevé la jeune fille, n’est pas vraiment naturel non plus. Elle n’était sans doute pas la gentille mamie qu’imaginait Nake. En cherchant des traces de sa famille, elle s’aperçoit que quelques secrets restaient cachés. Elle trouve aussi une boite d’allumettes. Chaque fois que Nake craque une allumette, elle a la vision d’un crime en train de se produire. En effet, plusieurs fillettes sont assassinées à Pandore.

Ce sont des indices fort approximatifs que recueille l’inspecteur Cooper. Pattes de chats dans la bouche, mutilations, fillettes portant des vêtements qui ne leur appartenaient pas. Une copine de la première victime prétend qu’un loup et un fantôme rôdait autour d’elles. Quant aux parents, rien de très fiable dans leurs témoignages non plus. D’autant que Tina Dex, la mère de la deuxième gamine, a des activités plus qu’étranges. L’inspecteur Cooper ne compte guère sur ses adjoints. L’un, Capsule, aime trop la pipe. L’autre, Michou, est un homosexuel extraverti. D’ailleurs, ce dernier se transforme chaque nuit en travesti sous le nom de Betty. Ce qui, en écoulant un peu de drogue, lui donne l’occasion de croiser Max le vengeur. Ainsi que Nake, que Betty n’a pas l’intention de trahir.

MONFILS-juin2012Mémé Cornemuse, c’est comme une tornade causant beaucoup de dégâts sur son passage depuis qu’elle a décidé de ne plus respecter aucune norme. Adepte du philosophe belge Jean-Claude Van Damme, Mémé Cornemuse ne cherche jamais d’excuses à ses actes. Entre tâter les boules des messieurs, faire exploser la maison en bord de mer de l’inspecteur Cooper, et s’occuper du ménage de celui-ci, l’emploi du temps de Mémé Cornemuse est chargé. De son côté, Nake s’interroge sur le mystérieux locataire de sa grand-mère. Fait-il partie de ces hommes aux chapeaux melons, porteurs de mort à Pandore ? L’enquête sur les meurtres des fillettes, Cooper et son équipe s’en préoccupent parfois. On peut déjà affirmer que, si l’assassin est arrêté, un dénouement festif se prépare…

 

Il était une fois, dans un monde semblable à celui des contes de fées, des gens qui ne seraient pas gentils, mais pas haïssables non plus. Dans ce moderne Pandémonium, il y aurait des flics pas spécialement consciencieux, des parents qui s’en fichent de leurs gamines, des types aux allures inquiétantes, et une mémé infernale essayant de comprendre l’esprit de Jean-Claude Van Damme.

MONFILS-MijadeSe plonger dans un roman de Nadine Monfils, c’est pénétrer dans un univers où tout repère a été gommé d’un coup de baguette magique ou maléfique. Il en faut du talent pour captiver avec de sanglants meurtres pour rire, accompagnés de mystérieuses visions issues du flash d’une allumette. Tout cela s’inspirant en partie de l’imaginaire d’enfance, et des authentiques contes bien plus cruels que ceux racontés aux mômes. En guest-star, la mémé Cornemuse de Les vacances d’un serial killer nous déride le neurone de la rigolade. Une potion à base de délire déstressant, un efficace remède contre la morosité, une médication sans effets secondaires néfastes, voici ce que nous offre Nadine Monfils pour passer un excellent moment de lecture.

 

Par ailleurs, Nickel blues de Nadine Monfils est réédité aux Éditions Mijade.

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