Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 06:37

 

Aux Éditions La Branche, voici qu’arrive en février le cinquième titre de la collection Vendredi 13, Le dernier contrat, d’Olivier Maulin.

Il se fait appeler Joseph Victor. Sa silhouette d’homme à chapeau doit lui donner une allure sérieuse. On le sent attentif, méticuleux, peu expansif. C’est un tueur à gages, de ceux qui éliminent sans mise en scène, avec efficacité. Bien que le chaos règne partout en France actuellement, ça ne semble pas le perturber. Il a rendez-vous nocturne avec un intermédiaire pour un contrat. MAULIN-2012Sur place, il trouve le cadavre de ce Luc Mornais. Il récupère l’argent destiné à l’avance sur contrat. Bientôt pourchassé, il ne tarde pas à buter les deux assassins de Mornais. Des pros rôdés au combat, pourtant. Joseph Victor n’a plus de raison de s’éterniser dans cette ville. Rentré à Paris, il fouille clandestinement l’appartement de Luc Mornais. Il repère un indice, mais doit vite prendre la fuite car la police arrive. Il se trouve brouillon sur cette affaire, s’alcoolisant aussi un peu trop.

Les émeutes s’amplifient à Paris. Le Ministre de l’Intérieur ayant été abattu, on a imposé le couvre-feu. Au volant d’une Porsche louée, Joseph Victor débarque à Barcelonnette. Florence, la réceptionniste de l’hôtel, est une ravissante jeune femme. Mais ce qui prime pour le tueur à gage, c’est d’entrer en contact avec le nommé Esposito. Cet ami de Luc Mornais, qui dirige un centre équestre, est sa seule piste pour connaître la mission qu’on attend de lui. Joseph Victor affiche à peine sa surprise quand Esposito lui présente Frère-la-Colère. Ce moine exalté est devenu le symbole des troubles secouant le pays. Grâce à ses vidéos sur Internet, il galvanise les foules, en fédérateur de l’insurrection. Dans sa planque en pleine campagne, Frère-la-Colère est parfaitement protégé par ses gardes du corps. C’est aussi là que se trouve son centre opérationnel informatique.

Quand on apprend que Paris se hérisse de barricades, l’ambiance est au beau fixe dans l’entourage de Frère-la-Colère. Pour faire définitivement basculer les choses, le moine sait qu’il n’y a qu’une solution. Il engage Joseph Victor pour abattre le Président de la République. Si l’euphorie règne, la menace n’est pas loin. Grâce à une alliée siffleuse, le tueur à gages débusque un commando de deux hommes, du même genre que les assassins de Luc Mornais. Direction Paris pour Joseph Victor, Frère-la-Colère et son équipe. Le moine fait des apparitions remarquées, tandis que le combat de rue se radicalise face à l’augmentation du nombre de militaires. Accompagné de la farouche Emmanuelle, le tueur à gages prépare l’opération qui aura lieu durant le défilé du samedi 14 juillet…

 

Le contexte de cette fiction est évidemment exagéré. La France n’est pas dirigée par une élite ploutocratique, qu’on pourrait ainsi stigmatiser: Le désordre est dans leurs mœurs. Dans cet appât du gain qui est devenu leur dernière religion. Dans ce cynisme qui est leur unique morale… Un monde où l’homme n’est plus un frère pour l’homme, mais son prédateur… Un monde bâti pour le profit exclusif d’une petite minorité de puissants. Un monde où toute vie sociale est strictement assimilée au marché… Ils nous ont asservis par le bien-être, ils nous ont lobotomisés à coup de soldes, ils nous ont rendus esclave de la matière. Ils ont voulu faire de nous des chiens… Si tel était le cas, on ne se contenterait pas de s’indigner, on se révolterait sûrement comme dans cette histoire.

Cette toile de fond est esquissée par l’auteur, sans forcer la caricature. Frère-la-Colère développe une utopie altruiste. Le rôle du tueur est d’aller froidement au bout de son ultime mission. Ses actes sont décrits avec soin, tels qu’il les vit. Pas totalement sans états d’âme, en témoigne son dépressif excès d’alcool. Sans doute sait-il être un de ces Mohicans (dixit le moine) qui devra bientôt ranger les armes. Les paisibles épisodes bucoliques alternent avec les moments de tension. Difficile de préciser ce qui en fait l’attrait, néanmoins Le dernier contrat est un suspense captivant. Mais où est donc le vendredi 13, thème de la collection ? Patience, il vient en son temps, ainsi que toutes les pièces de ce roman.

 

Les autres romans de la collection Vendredi 13 : "Freaky friday" de Brigitte Aubert - "Close-up" de Michel Quint - "Samedi 14" de Jean-Bernard Pouy - "L'arcane sans nom" de Piere Bordage.

Partager cet article
Repost0
5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 06:37

 

Le 1er février 1954, l’abbé Pierre lançait un appel à la solidarité pour les plus démunis victimes du froid. En février 2012, la Ligue de la Protection des Auteurs de Polars nous adresse à son tour un message de détresse. FROID-1La situation est nettement moins dramatique, mais soyons solidaires des auteurs de polars. Car beaucoup d’entre eux sont SDF (Sans Diffusion Fixe). Voici l’appel que lance en leur nom Jan Thirion :

 

« Les auteurs de polars souffrent du froid comme tout le monde, surtout les plus jeunes et les plus vieux: ils doivent s'hydrater davantage, manger plus et se couvrir.

Ils disparaissent vite par moins 0 Celsius. Leurs mains engourdies ne leur permettent plus d’écrire. Plus de commandes vocales avec leur gorge prise. Quant à leur cerveau gelé, il ne répond plus. De bons livres policiers sortent-ils en hiver? Non.

Par temps froid et sec, ces écrivains du domaine criminel ont tendance à se déshydrater et à brûler davantage de calories, notamment ceux qui vivent de réalisme social.

En priorité, il faut donner beaucoup d'alcool à tous les romanciers. Chambré pour éviter qu'il gèle à l’absorption, lorsque la consommation se fait à l’extérieur. FROID-2Les auteurs souffrent des variations thermiques. Pour la promenade, ils doivent porter un manteau s'ils sont jeunes et peu connus, et s'ils sont vieux, également, avec un bonnet, même ceux qui ont un nom.

Attention, plus les écrivains sont contestables, plus ils souffrent du froid! Un auteur de thriller aura plus froid qu'un auteur de whodunit. Un auteur de polar horrifique souffrira davantage qu’un auteur de roman d’enquête. Pour éviter les engelures aux doigts des plus fragiles, il leur est conseillé d’enfiler des gants.

Les quantités de nourriture doivent être triplées pour ceux qui courent les salons du livre, et sensiblement augmentées pour les autres.

Les auteurs véristes ont naturellement un épiderme endurci à force de raconter la vie sinistre de leurs contemporains; il n'est donc pas utile de les couvrir. En revanche, ils doivent avoir beaucoup de vin à leur disposition et une ration de viande et de charcuterie quotidienne plus importante. FROID-3Les auteurs scandinaves font exception à la règle: ce sont des usines à faire du chaud! Avec une température de 39 degrés en permanence par tous les temps, ils ne souffrent guère du froid.

De tous les écrivains de romans policiers, ce sont ceux publiés à faible tirage qui souffrent le plus des rigueurs de l’hiver. Ils ont le sang chaud par intermittence et bouillent de vouloir réussir; ce qui les fragilise. Dans leur logis, la température ne doit pas descendre en dessous de 22 degrés, sous peine de mort.

Lire les auteurs de polars, c’est bien, mais en période glaciale, il faut penser à les choyer, à les protéger des intempéries, à les nourrir et à étancher leur soif. Ne pas les laisser crever seul chacun dans leur coin est de la responsabilité de tous.»

 

Merci à Jan Thirion pour cette (souriante) contribution, visant à souligner la fragilité de nos z'amis z'auteurs. On peut lire ici ma chronique sur son dernier roman "Nuoc mâm Baby" ou visiter son site.

Partager cet article
Repost0
4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 06:34

 

FIVET-2012-10Luc Fivet a collaboré à l’écriture du roman Museum, avec Véronique Roy (Fayard, 2006). Puis il a publié deux romans chez le même éditeur : Total chaos (2007) et Requiem (2008 - réédité au Livre de Poche en 2010). Il crée aujourd’hui Les Volubiles, éditions de livres numériques, où il présente ses deux nouveaux romans.

 

"Repentirs"

Boston, 1990. Une toile unique de Vermeer de Delft, "Le Concert", est dérobée dans des conditions rocambolesques à l'Isabella Gardner Museum. Une récompense de cinq millions de dollars est promise à quiconque livrera une information aux enquêteurs. En vain… Paris, 2011. Des policiers spécialisés dans la traque d’œuvres volées retrouvent le célèbre tableau dans un box crasseux des Puces de Saint-Ouen. FIVET-2012-1La découverte provoque la stupeur dans le petit monde de l'art. Aussitôt, les appétits s'aiguisent : historiens, marchands de tableaux, commissaires-priseurs et intermédiaires plus ou moins louches se bousculent autour de la toile. Tous sont ensorcelés par le pouvoir magnétique du maître de Delft, le peintre le plus énigmatique de l'histoire. Et si "Le Concert", au-delà de son apparente douceur, n'était pas une simple œuvre d'art ? Eléonore Mercoeur, la jeune conservatrice française de l'Isabella Gardner, et le redoutable expert François Regard partent sur les traces du secret de Johannes Vermeer. Quel mystère se cache derrière ces personnages au visage impassible ? Les questions s'accumulent, les meurtres aussi...

 

"L’excès de bonheur nuit gravement à la santé"

Le capitaine Michel Ancône rumine son ennui dans la brigade des Stups d’un obscur commissariat de quartier. FIVET-2012-2C’est un excellent flic en dépit d’une incapacité congénitale à respecter la voie hiérarchique doublée d’une regrettable inclination pour les solutions expéditives. Il se soigne auprès d’un thérapeute versé dans les pratiques bouddhiques, mais les révélations védiques sont solubles dans la bouteille. Plus que jamais, son espoir de réintégrer la Brigade criminelle, dont il a été viré pour insubordination, relève de l’utopie. Si la belle vendeuse du magasin de meubles orientaux daignait au moins remarquer son existence. Hélas, elle reste désespérément insensible à son charme, quand elle ne l’humilie pas en public. Tout irait donc pour le pire si la jeune femme n’avait pas l’étrange idée de se faire égorger en pleine nuit sur son lieu de travail. Pour le capitaine Michel Ancône, la rédemption est proche. Mais le chemin de l’illumination est long, escarpé et semé de cadavres…

Le site des éditions numériques Les Volubiles.

Partager cet article
Repost0
3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 06:33

 

Publié aux éditions Terre de Brume fin 2011, La fille au grain de beauté est le cinquième suspense d’Alain Vince. Une histoire agitée et souriante, mais aussi un regard sur un aspect de notre époque.

Âgé de 29 ans, Jérémy Bast est agent de recherches privées à Paris. Détective, mais plutôt pour une clientèle professionnelle. Grâce à l’avocat Georges Raffi, son mentor, expert dans les Ressources Humaines de grandes entreprises, Bast obtient de missions rémunératrices. Il s’agit de traquer l’espionnage industriel, autant que les indélicatesses de certains employés. En toute confidentialité, il enquête sur ceux qui nuisent au bon fonctionnement des entreprises. VINCE-2012Il ignore les motivations des clients de Raffi, son rôle consistant à apporter des preuves. Ce jour-là, Jérémy Bast est agressé à son bureau par une visiteuse. Elle l’accuse même d’assassinat. Tout ce qu’il retient d’elle, c’est son excitant grain de beauté au niveau du genou. Geste violent incompréhensible, qu’il ne sait expliquer aux duo de supposés policiers qui l’interroge peu après.

L’avocat Georges Raffi lui recommande d’oublier cette mésaventure. Pourtant, Bast commence à réaliser que son rôle n’est pas vraiment moral : L’attrait de l’argent facilement gagné avait brouillé l’image négative du mouchard, du fouilleur de merde que j’étais devenu. A-t-il causé la mort de quelquun ? Dans les dossiers piratés chez Raffi, Bast cherche parmi ses plus récentes enquêtes. Le cas d’Alain Dange, physicien de haut niveau employé chez REA, semble une piste à suivre. Pour la sœur de celui-ci, Sylvie, sa mort serait suspecte. Même si elle a raison, Bast n’est pas loin de renoncer face à une enquête en cul-de-sac. Il découvre la jeune femme assassinée dans l’appartement de Dange. Bien qu’il se soit arrangé pour ne pas être impliqué, Bast est dénoncé anonymement. De retour à son bureau, il est agressé par deux Iraniens brutaux. Quand intervient la police, ceux-ci causent un terrible carnage.

Le détective trouve refuge dans la famille de sa femme de ménage, Aminata. Il a compris que la société REA, leader mondial dans le domaine du nucléaire, était au cœur des questions qu’il se posait. On lui offre un moyen d’y pénétrer. Chez REA, quelques rebelles au méthodes de l’entreprise ont créé un comité. Riposte peu efficace, ayant juste le mérite d’exister. Membre du groupe, Ida pratique la gélothérapie chez REA, soins qui restent relatifs.

Jean-François Pernin, n°2 de la société, a des problèmes depuis la disparition d’une grosse quantité d’uranium. Les Iraniens qui l’ont payée ne le lâcheront pas. C’est Alain Dange qui déroba cet uranium. Il faudrait identifier son complice. JFP espère pouvoir compter sur le discret Marcol, sosie de Jacques Dutronc, pour résoudre la question. De son côté, le commissaire Verger avance peu dans l’affaire Blast. Se sentant seul contre tous ou presque, le détective va essayer de sauver sa peau…

 

Ne nous y trompons pas, cette histoire comporte deux entrées, deux facettes complémentaires. C’est d’abord une excellente comédie à suspense. Aventures mouvementées pour notre détective, ne maîtrisant que très peu les mystères du dossier auquel il a été associé. Avec un avocat ne parlant de lui-même qu’à la troisième personne, homme de loi dont le père est carrément rock’n’roll. Avec une brochette de délicieux personnages tragicomiques. L’action bouge sans temps mort, dans un spectaculaire feu d’artifice de péripéties.

Faisant son métier avec bonne conscience, le détective n’a pas jusqu’alors réfléchi à l’impact de ses enquêtes. C’est là que réside l’autre aspect de ce roman. Sans marquer le trait, on souligne le manque d’honnêteté relationnelle dans les grandes entreprises. Et son corollaire, les surveillances et autres manipulations que cela engendre. On augmente la pression, on fait régner la méfiance; un comité interne ne peut rien pour contrer l’ambiance délétère. Retenons aussi cet élément dans notre lecture. Mais avant tout, savourons ces tribulations jusqu’au bout du dénouement.

Les quatre précédents romans d'Alain Vince sont chroniqués ici.

Partager cet article
Repost0
2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 06:44

 

Les lecteurs de solides thrillers vont apprécier "Seul à savoir" de Patrick Bauwen, réédité en février 2012 chez Le Livre de Poche. Petit résumé de l'intrigue :

POCHE-BauwenMarion Marsh est une parisienne de trente-cinq ans, exerçant un vague job d’assistante dans l’audiovisuel. Marion ne fréquente guère que Cora, ambulancière pour une compagnie privée, qui pilote son Hummer à travers Paris. Marion voit peu son père, Américain d’origine. Sur Internet, elle est contactée par quelqu’un qui signe Le Troyen. Il lui adresse la photo d’un médecin californien, Adrian Fog. Marion reconnaît le visage de Nathan Chess. À vingt ans, étudiante en médecine, elle fut externe à l’Hôtel-Dieu. Les premiers temps, sa relation avec Chess fut orageuse, puis se transforma bientôt en histoire d’amour. Nathan Chess disparut brutalement, laissant la jeune femme sous le choc.

Pas d’erreur, Adrian Fog et Nathan Chess sont la même personne. Le Troyen exige que Marion joue avec lui à “Sauvons des vies”. Quand elle s’adresse à la police au sujet de ce psychopathe au but nébuleux, il n’y a pas assez d’éléments pour qu’une plainte soit recevable. Cora est une des cibles du “jeu” imaginé par Le Troyen. Suite à l’accident provoqué contre son Hummer, Marion et Cora ne sont que légèrement touchées. Marion comprend le caractère obligatoire du “jeu”. Elle démissionne de son poste, avant de s’envoler pour les Etats-Unis, comme il lui est demandé. À son arrivée, elle doit contacter la jeune Chloé, treize ans, la fille d’Adrian Fog, lequel a disparu depuis un mois. Son grand-père, l’énigmatique “Pope”, s’assure qu’on veille sur Chloé. Altman, un agent du FBI est déjà sur la trace de Marion. Le “jeu” se poursuit, de plus en plus dangereux...

Partager cet article
Repost0
1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 06:29

 

Coup de cœur pour Trash circus de Joseph Incardona (Éd.Parigramme, 2012), un pur roman noir exprimant le sombre reflet de notre monde…

Exhiber sans pudeur le malheur des gens, sous couvert de compassion exploiter la médiocrité pour faire de l’audience, tel est le concept hypocrite de l’émission-phare de Canal7. Auriol la présente; Thierry Muget la produit. Frédéric Haltier se charge de trouver victimes et bourreaux, prêts à témoigner en exclusivité pour du fric. INCARDONA-2012Trente-trois ans, sportif, veuf d’Hélène, père de jumelles de douze ans, Porsche, Rolex, appartement luxueux, vêtements coûteux, Frédéric Haltier a le profil du gagnant dans l’univers des médias. Son autre facette, ignorée de tous ses proches, est nettement plus sombre. Supporter du PSG, il fait partie de ceux qui pratiquent la baston en marge des matchs, la castagne sauvage mêlant skins fachos et hooligans sans pitié. Cette violence, il en a aussi besoin lors de ses rapports sexuels, traitant les femmes tels de simples objets de luxure.

Que son père soit hospitalisé dans le coma, il s’en fiche. Que ses filles, éduquées dans un collège huppé soient des gamines turbulentes, pas son problème. Que sa belle-famille bourgeoise fasse ou non semblant de l’accepter, qu’importe. Pour Frédéric Haltier, dopé aux excitants, seuls comptent les rapports de force, en particulier pour ses relations féminines. Généralement ça marche, comme avec la jeune Éléonore, qu’il entraîne dans une partouze "de libertins". Parfois ça dérape, comme avec sa collègue Jenny, pas consentante pour le sexe brutal. Il y a aussi le cas de Mourad, un employé de Canal7 qui estime avoir été humilié par Haltier. Ça pourrait finir par un duel, combat réglo. Mais Frédéric choisit de se montrer conciliant. En réalité, il va attirer Mourad dans un sale guet-apens. Dire qu’il ne peut même pas consoler la blonde et sensuelle épouse de celui-ci !

Tandis qu’arrive le mois de décembre, Frédéric Haltier est de plus en plus à cran. Son assistante Rebecca en fait les frais. Il lui semble impossible de renouer avec Jenny. Les soirées sexe en clubs avec de jeunes partenaires lui suffisent à peine pour évacuer le stress. Et voilà qu’un flic de la DCRI, l’ayant repéré parmi les amateurs de baston, lui propose un deal. Plus inquiétant, il reçoit des messages téléphoniques pouvant indiquer que l’on connaît sa vie cachée. Une personne de chez Canal7 en est l’auteur mais, perdu dans son rythme effréné, Haltier ne sait qui soupçonner. Un mystère qui augmente encore sa tension schizophrénique. Autour de la fête de fin d’année, destinée à célébrer les succès des productions de Canal7, l’anxiété violente de Frédéric Haltier est plus forte que jamais…

 

Dans les médias télévisuels où tout n’est qu’apparence, fric et sexe, nul doute que les intéressés s’y reconnaîtront. Pourquoi se priveraient-ils d’humilier leurs téléspectateurs, eux qui appartiennent à une caste supérieure ? Un univers bien plus superficiel ou précaire qu’il y parait, pourtant. Parmi les supporters ultras, pour lesquels le foot n’est que prétexte à libérer leurs bas instincts, ceux qui savent lire s’y retrouveront. Bizness du foot et comédie de l’admiration pour un club, combines qui masquent tant de haine. Quant aux femmes ambitieuses dont le principal talent réside dans leurs aptitudes sexuelles, celles qui sous couvert de relations libertines disent chercher le prince charmant, elles ont leur place dans cette histoire. Voilà donc un roman qui devrait faire l’unanimité chez ces divers publics.

Bienvenue dans la noire réalité des années 2010 ! C’est un portrait de notre époque, dans ses aspects les plus véreux, que dessine ici admirablement Joseph Incardona. Son personnage central est-il vraiment plus cynique que beaucoup de nos contemporains ayant une parcelle de pouvoir ? Plus égoïste, estimant que tout lui est dû ? On se le demande. Dans une société sans freins, Haltier fonce furieusement vers le gouffre. Cette fiction n’est pas seulement criante de vérité. Elle a le mérite d’être parfaitement bien écrite, car l’auteur veille à soigner le style. Quand les excès vont jusqu’à l’écœurement, il n’y a pas de raison d’atténuer le propos. Écriture mordante, ironique, diablement maîtrisée, qui ne peut laisser insensible. Après l‘excellent 220 Volts, Joseph Incardona frappe encore plus fort.

 

Les romans de J.Incardona : "220 Volts" - "Lonely Betty" et "Remington". Il a aussi répondu au Portrait Chinois.

Partager cet article
Repost0
31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 06:30

 

Première enquête du généalogiste Nigel Barnes, Code 1879 de Dan Waddell est désormais disponible en format poche, dans la collection Babel Noir.

WADDELL-2012babelProche de la cinquantaine, Grant Foster est un policier grand et massif, au crâne rasé de près, au caractère ferme. À Londres, son équipe de la Criminelle Ouest se compose des inspecteurs Heather Jenkins, Andy Drinkwater et Majid Khan. Un cadavre amputé des mains vient d’être découvert dans un cimetière. Quasiment pas de témoin sauf une clocharde, la Femme Cidre. Avant l’autopsie, Foster remarque des entailles sur le corps de la victime. Que signifie ce “1A137” ? En outre, un numéro codé a été composé sur le portable du défunt, après sa mort : 1879. Des indices intraduisibles. Heather propose de faire appel à Nigel Barnes, généalogiste expert. “Ils n’avaient rien (…) Ils tâtonnaient à le recherche d’une ouverture. Foster voulait trouver le détail, l’information qui ferait jaillir la lumière et éclairerait l’enquête.” Pourquoi pas la généalogie ?

Ayant connu des difficultés professionnelles, Nigel Barnes s’avoue excité d’être associé à cette affaire. Il consulte au Family Records Centre des registres datant de 1879. Nigel déniche des documents relatifs à un meurtre ayant eu lieu cette année-là dans ce quartier, dont un Albert Beck fut victime. Barnes poursuit sur cette piste, mais les descendants de l’homme sont aujourd’hui tous décédés. Dans les journaux d’alors, on évoque une série de trois meurtres. Virulente, la presse réclama un coupable. Barnes essaie de repérer géographiquement ces faits anciens, ces quartiers de Londres ayant beaucoup changé depuis la fin du 19e siècle. Foster s’intéresse au cas d’un clochard, supposé suicidé, qui porte le même signe 1A137 sur le corps. En réalité, il s’agit d’un avocat ayant disparu depuis deux mois. Une troisième victime mutilée doit être attribué au même criminel. Chroniqueuse pour un journal, elle appartenait à une riche famille. Les médias s’emparant de l’affaire, le supérieur de Foster prend en main l’enquête. Foster et Heather Jenkins continuent avec Nigel à explorer les faits de 1879...

 

L’auteur démontre que la généalogie peut être plus qu’un loisir. Ici, il convient de se replacer dans le contexte et dans l’esprit victorien, pour expliquer les erreurs commises alors. Certes, une forme de vengeance explique les meurtres actuels. Mais les liens historiques entre les deux séries criminelles sont bien plus subtils qu’il y parait. Sans doute cette solide énigme nous présente-t-elle des personnages suspects, selon la bonne tradition. Pourtant, ce sont bien les pistes généalogiques et les filiations qui font avancer l’affaire, et qui créent l’ambiance. Le tourmenté policier Foster, le passionné Nigel Barnes, la sensible et efficace Heather, forment un trio sympathique et convaincant dans cette première enquête.

 

La nouvelle affaire traitée par le généalogiste et les policiers s’intitule “Depuis le temps de vos pères”. Voici la présentation éditeur de ce deuxième roman de Dan Waddell, publié dans la collection Rouergue Noir.

WADDELL-2012noir« Tout juste remis d’une enquête qui a manqué lui coûter la vie, l’inspecteur Grant Foster réintègre la Criminelle de Londres lorsque Katie Drake, actrice de théâtre sur le déclin, est retrouvée morte dans le jardin de sa propriété londonienne. Sa fille de quatorze ans, Naomi, est introuvable. Mais difficile de progresser quand la victime semble avoir coupé tous les liens avec son passé. Une seule piste : un cheveu retrouvé sur le corps. Lorsque les résultats des analyses ADN révèlent qu’il appartient à un parent de Katie Drake, Foster décide de faire appel au généalogiste Nigel Barnes pour tenter de retracer l’histoire familiale de la défunte. Barnes parvient à retrouver certains parents éloignés en remontant jusqu’en 1891, mais il semble impossible de pousser plus loin les recherches. Pourtant, il faut briser rapidement la malédiction qui frappe cette lignée. Des vies sont en jeu.

L’Église des mormons est manifestement liée à l’affaire et entend protéger ses secrets de famille. À Salt Lake City, les enquêteurs plongent au cœur des archives colossales de la communauté pour découvrir une congrégation aux pratiques redoutables et comprendre pourquoi le dogme Jusqu’à ce que la mort nous sépare n’existe pas pour ses disciples. Ils ne font qu’obéir aux Commandements. Aussi sanglants soient-ils.»

Partager cet article
Repost0
29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 06:28

 

Offrons-nous un voyage insolite dans la Provence de l’Entre-deux-guerres, avec le suspense de Bente Porr La vallée des disparus (l’Archipel, 2012).

Appartenant à des familles de la haute bourgeoisie berlinoise, Curt von Sedlitz et Joachim Hans Germer sont "amis" depuis leur scolarité. Sedlitz est un bon élève, solitaire par nature. D’un caractère dominant, Germer peut se montrer blessant. En cet été 1932, ils sont devenus de jeunes adultes. PORR-2012Sedlitz va bientôt s’installer à New York, ayant décroché un poste dans une banque. L’avenir de Germer reste beaucoup plus incertain. Il doit se marier avec Fee, une rurale issue d’un village de Poméranie. Tous trois vont passer des vacances ensemble. S’étant donné rendez-vous à Genève, ils vont descendre jusqu’à Cannes dans la voiture que Germer a emprunté à son père. Dès le début, Germer marque son mépris envers Fee et n’est pas plus aimable avec Sedlitz. Malgré un premier incident en montagne, ils descendent la vallée du Rhône jusqu’à Avignon et au-delà.

Ils s’égarent finalement sur une petite route, ce qui entraîne un grave problème de moteur. Les voici obligés d’attendre une éventuelle réparation au village de Moriac. Bien que l’auberge de Léon Caillou soit accueillante, Germer est toujours de mauvaise humeur, jalousant le calme de Sedlitz et de Fee. Sedlitz trouve le décor des environs à la fois majestueux et inquiétant. Le Mont Larin, autrefois nommé Mont Noir, lui apparaît menaçant. Sedlitz sympathise avec un Anglais, le Dr Gordon Lynn, du même âge que lui. Celui-ci recherche les circonstances le disparition de deux amis, lors d’une randonnée dans le secteur. On n’a guère fait d’efforts pour les retrouver, semble-t-il. D’autant que ces Anglais ne sont pas les premiers à disparaître dans ce massif montagneux. Dés le lendemain, Gordon Lynn part explorer la sombre vallée masquée par le Mont Larin.

Selon l’aubergiste, Lynn a quitté le village. En réalité, il a disparu à son tour. Aucun habitant n’est prêt à tenter une expédition. Devant moi, la montagne se dressait, inaccessible comme une forteresse, et la vallée se muait en un gouffre obscur. Lorsque je sortis de la forêt aux arbres centenaires, je me retrouvai devant une étendue d’éboulis et de broussailles sèches. J’étais à l’entrée de la vallée. Elle ne devait pas mesurer plus de trente mètres de large et se rétrécissait progressivement, formant un défilé d’une profondeur insondable et d’une sauvagerie si rude que j’en fus effrayé. D’après une légende, cette vallée maudite serait hantée par le fantôme du comte de Larin. Depuis sa mort, deux cent ans plus tôt, on compte de nombreuses disparitions. On parle d’une pierre noire qui lui servirait d’arme contre les intrus. Le colérique Germer étant de plus en plus odieux, Sedlitz et Fee interrogent divers témoins de la région…

 

C’est un étrange épisode de sa vie que se remémore Curt von Sedlitz, cinquante ans après les faits. Cette épreuve a révélé sa fausse amitié avec Germer, et bien d’autres choses encore. S’il est impressionné par ce qu’il apprend, et par les mises en garde posthumes du Dr Lynn, le jeune Curt sait conserver une certaine distance. Cette histoire captive très vite. D’abord, grâce à des personnages finement décrits, et aux relations tumultueuses du trio (un dominant, un passif, une réaliste). Antagonisme et tension, d’une part; questionnement et tendresse, de l’autre. Bel équilibre, qui sert l’intérêt du récit.

L’époque correspond aux tribulations chaotiques qu’ils traversent. Par exemple, trouver un carter pour une automobile allemande devait être compliqué. L’auteur soigne de nombreux détails destinés à restituer l’ambiance d’alors, en particulier dans ce village. Les descriptions des paysages provençaux, du côté de Cavaillon et d’Apt, sont fort pittoresques. Passons vite sur deux ou trois imprécisions (le bureau de poste rouvre à seize heures) sans conséquence. Et puis, suggérée et si présente, cette vallée avec sa légende, fascine par son mystère surnaturel. Peu importe si une explication rationnelle éclaire ou pas le dénouement, puisque ce sont les faits vécus par nos héros qui priment. Un très joli suspense.

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/