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20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 06:10
Prix Mystère de la Critique : les vainqueurs 2016

Chaque année, le Prix Mystère récompense un titre français et un titre étranger, ayant été choisis par une majorité de chroniqueurs de romans noirs. Les lauréats 2016 sont DOA et Jake Hinkson.

 

“Pukhtu” de DOA (Gallimard)

Le terme pukhtu renvoie aux valeurs fondamentales du peuple pachtoune, l’honneur personnel – ghairat – et celui des siens, de sa tribu – izzat. Dire d’un homme qu’il n’a pas de pukhtu est une injure mortelle. Pukhtu est l’histoire d’un père qui, comme tous les pères, craint de se voir privé de ses enfants par la folie de son époque. Non, plutôt d’une jeune femme que le remords et la culpabilité abîment. Ou peut-être d’un fils, éloigné de sa famille par la force du destin. À moins qu’il ne s'agisse de celle d’un homme cherchant à redonner un sens à sa vie. Elle se passe en Asie centrale, en Afrique, en Amérique du Nord, en Europe et raconte des guerres ouvertes et sanglantes, des conflits plus secrets, contre la terreur, le trafic de drogue, et des combats intimes, avec soi-même, pour rester debout et survivre. C’est une histoire de maintenant, à l’ombre du monde et pourtant terriblement dans le monde. Elle met en scène des citoyens clandestins.

 

L’Enfer de Church Street de Jake Hinkson (Gallmeister)

Geoffrey Webb est en train de se faire braquer sur un parking. Et cette situation lui convient bien, il en redemanderait même. À son agresseur, il propose un marché : empocher les trois mille dollars qui se trouvent dans son portefeuille, le dépouiller de tout s’il le faut, en échange de cinq heures de voiture jusqu’à Little Rock, en Arkansas. Webb a besoin de se confesser. Ce braquage et ce pistolet pointé sur lui, il les mérite. Et il est prêt à expliquer pourquoi… Ce roman est un hommage non déguisé à Jim Thompson dont il partage la vision du monde et l’humour noir. Ce roman fait partie des 10 meilleurs polars sélectionnés par le magazine Lire.

 

Par ailleurs, on peut ici consulter le “Top 15” des meilleurs polars d'Action-Suspense, qui recense 15 titres marquants de l'année 2015 :

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19 février 2016 5 19 /02 /février /2016 05:55

Dominique Constantin est âgé de cinquante-trois ans. Depuis plusieurs décennies, sa vie n'est qu'une succession d'échecs. À cause de sa timidité ou de son incapacité à prendre en main son existence, Dominique s'est placé en retrait de la société, sans amis ni emploi. Il a cru que vivre dans l'anonymat parisien vaudrait mieux, ça l'a détruit davantage. S'il a souvent fait des mauvais choix, celui qu'on lui propose est peut-être sa dernière chance. Il a été repéré par Ivan Korolyov, baroudeur originaire d'Ukraine. À l'opposé de Dominique, après un parcours personnel "à la dure", Ivan a fait partie d'une certaine élite. “Il avait ensuite intégré l'armée de l'air, mais malgré sa rapide promotion au grade de capitaine, il s'était vite senti oppressé par sa hiérarchie. Il avait besoin de liberté. Si bien qu'il avait fini par troquer ses galons contre un aller simple vers la vie civile. La meilleure décision de son existence.” Aujourd'hui, dans l'ombre, il est le factotum du ministre Z.

Âgé de dix-sept ans, Nicolas est le fils dudit ministre. Il évolue dans un cocon doré, bien conscient que son père est là pour rattraper ses éventuels écarts. Ce soir-là, il se trouve avec un duo de copains dans une soirée à Saint-Mandé. Si Sandra Sparagi, qu'il connut en classe lorsqu'ils étaient enfants, fut quelques années plus tôt un laideron, elle est devenue une ravissante jeune fille. Nicolas est convaincu d'avoir toutes ses chances s'il tente de la séduire. La suite va très rapidement le refroidir. Bien qu'il s'agisse d'une mort accidentelle, Nicolas doit pas être inquiété. Il alerte son père, qui envoie d'urgence son homme de main Ivan afin de nettoyer le lieu du crime et de faire disparaître le cadavre de Sandra. Nicolas se ménage un alibi pour le reste de la soirée. Par la suite, après le dur coup de semonce paternel, son mode de vie va radicalement changer. Études sérieuses et emploi fictif au ministère, synonymes de solitude ennuyeuse pour le jeune homme.

Le contrat qu'Ivan propose à Dominique, c'est d'endosser le crime accidentel commis par Nicolas, contre une forte somme. Il finit par accepter mais, avant d'aller en prison, il veut passer quelques semaines à la campagne. L'incarcération de Dominique s'annonçant très longue, Ivan est d'accord. Ils vont donc séjourner dans le gîte tenu par Martine Michoux. Dans sa ferme, elle produit du fromage. Le tarif de location supérieur au prix inclut qu'elle ne doit pas se montrer trop curieuse envers Ivan et Dominique, rebaptisé Raphaël. Pour ce dernier, c'est le paradis, et il ne tarde pas à éprouver des sentiments tendres quant à leur logeuse. Irascible, Ivan va bientôt se concentrer sur une tentative de roman, basé sur sa propre vie. Fatalement, Dominique a de moins en moins envie de respecter le contrat. Mais Ivan veille, gardant le contact avec le ministre, suivant l'enquête de police.

Quand la disparition de Sandra est signalée par sa mère, le commissaire Osmond réalise sans tarder qu'il va se trouver en terrain glissant. Le fils d'un ministre a côtoyé la jeune fille ce soir-là. Il interroge Nicolas, qui prétend ne rien savoir de plus. La policière Eva Têtu progresse assez peu dans un premier temps. Pourtant, à Saint-Mandé, le témoignage d'une voisine âgée de soixante-et-onze ans ferait avancer les choses. Même s'il relance Nicolas, Osmond s'avoue impuissant, faute d'éléments probants. Si un quinquagénaire un peu paumé venait se dénoncer, ça lui simplifierait la tâche…

Élodie Geffray : Et le silence sera ta peine (Éd.Belfond, 2016)

Il s'agit d'un suspense psychologique. Afin d'offrir une bonne crédibilité aux personnages, il est nécessaire de dissocier leurs portraits : Dominique, Ivan, Martine, Nicolas, tous ont un vécu particulier. Que ce soit passé familial de l'un, qui a accentué sa faiblesse, dans le cas de Dominique. Ou la détermination d'Ivan, qui tient à conserver son libre arbitre. Ou le rôle de Martine, probablement prête à entamer un nouvel épisode de sa vie. Et puis, il y a le jeune Nicolas, jouissant d'une impunité quasi-parfaite. À son âge, est-il réellement possible d'assumer un crime, d'outrepasser la culpabilité ? Car au fond, la culpabilité est le thème de cette histoire, l'idée même de prendre ses responsabilités.

Le postulat est plausible. Ce contrat fait penser à ces familles riches qui pouvaient jadis engager un remplaçant pour effectuer le service militaire à la place de leur rejeton, s'il était conscrit désigné. L'auteure ne crée pas de pression inutile, le sujet ne l'exigeant pas. Par courts chapitres, l'intrigue nous présente alternativement les protagonistes, y compris les enquêteurs dont la fonction est évidemment relative ici. Structure ordinaire, toujours efficace. Initialement publié sous le titre “Les somnambules se réveillent tard”, réécrit pour cette version finale, ce polar sympathique se lit très agréablement.

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18 février 2016 4 18 /02 /février /2016 10:55
Bienvenue à Calais – Les raisons de la colère (Actes Sud, 2016)

En évacuant toute considération politique partisane, les citoyens français admettent qu'il n'est pas possible d'accueillir tous les “migrants” dans notre pays. Pour la plupart d'entre eux à Calais, la France n'aurait dû être qu'un point de passage vers la Grande-Bretagne. Bloqués chez nous, certains acceptent finalement de quitter ce que les médias se plaisent à nommer “la jungle de Calais”. Des solutions provisoires leur sont proposées, mais ça ne durera pas pour la majorité de ceux-ci, qu'il faudra expulser à terme. Quant à ceux qui restent dans la boue du camp improvisé de Calais, leur destin est encore plus incertain. On comprend que des Calaisiens soient exaspérés, nous n'avons pas invité ces réfugiés à venir, c'est exact. Si leur nombre varie, ils sont trop nombreux pour trouver un remède à la situation, d'autant qu'en arriveront d'autres, c'est l'évidence.

Face à un cas aussi exceptionnel et insoluble, l’État ne peut que veiller à limiter les problèmes, en particulier quand certains tentent le passage en force vers l'Angleterre. Pour le reste, il doit compter sur les associations caritatives. Par leurs initiatives, celles-ci mettent en œuvre des tentatives de solutions, même si la précarité est toujours de mise pour les réfugiés. Aider au quotidien, plutôt que de rester passifs, est-ce condamnable ? Il ne s'agit nullement d'approuver la présence de ces foules migrantes, juste de ne pas se montrer insensibles. La polémique n'a pas sa place quand il est question du sort d'êtres humains.

Textes et croquis, sur le vif, pour écrire et décrire la situation des migrants : Bienvenue à Calais – Les raisons de la colère (4,90€) est le fruit d'une immersion des coauteurs (Marie-Françoise Colombani – illustrations Damien Roudeau) dans ce "no man's land" pour donner à un problème politique et social, des noms, des visages, des souffrances, des rêves. Les bénéfices et droits d'auteurs de ce livre sont reversés à l'Auberge des Migrants.

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 05:55

Il était temps d'actualiser le dossier d'enquête sur Elena Piacentini, d'éclaircir les points obscurs de son parcours d'auteure de polar. Elle a répondu à la convocation qui lui a été adressée. Voici le procès-verbal de l'audition de cette romancière suspecte.

 

Je me présente : commissaire Le Nocher. Figurez-vous, ma p'tite dame que je suis votre dossier depuis… hum, depuis 2008. Pas de bobards avec moi, OK ? "Un Corse à Lille", "Art brut", "Vendetta chez les Chtis". Alors, donc un éditeur vous a contrainte à publier trois romans de 2008 à 2010, c'est bien ça ?

 

Elena Piacentini : Je me disais bien que j’étais sous surveillance… Et il fallait être un enquêteur drôlement curieux et vicieux pour dénicher ces titres chez un éditeur régional ! Contrainte, je ne dirais pas ça. Pour être certain que je ne fasse pas quelque chose, il peut suffire de me l’interdire. C’était une opportunité à saisir, même si pour la suite, rien n’était gagné, surtout en termes de visibilité. Cette période correspond à une première étape qui m’a permis de rencontrer des complices qui sont devenues des amis. Ne serait-ce que pour cette seule raison et si c’était à refaire, j’emprunterais le même itinéraire. Ni remords, ni regrets.

 

Bon, passons à 2012 où vous changez de crèmerie. Une autre esclavagiste de l'édition – Au-delà du Raisonnable, j'vous demande un peu si c'est un nom – vous exploite encore pour trois titres : "Carrières Noires", "Le cimetière des chimères", "Des forêts et des âmes".

 

J’avoue, j’ai changé de gang. Avec Véronique Ducros, fondatrice des éditions Au-delà du raisonnable, on forme un tandem de choc. Elle m’apporte beaucoup par son regard éditorial très fin, son sens du texte et des histoires. Une association de malfaiteurs qui, je suis au regret de vous le dire, est amenée à perdurer. Nous avons notamment le projet de rééditer les trois premiers titres après avoir remis un peu les mains dans le moteur. Je sais que des lecteurs qui ont pris la série à partir de "Carrières noires" sont curieux de découvrir les premières enquêtes de Leoni, alors nous allons leur donner satisfaction. C’est pas demain la veille que je vais me ranger des bagnoles… Ah ! Et puisque vous abordez le sujet de l’exploitation, je tiens à préciser que les éditions Au-delà du raisonnable sont fondées sur le principe de l’équité. C’est, à ma connaissance, la seule maison d’édition où les pourcentages perçus par l’éditeur sont identiques à ceux perçus par l’auteur. Le butin, c’est moitié-moitié. Ça vaut bien une remise de peine, non ?

 

Vous avez obtenu en 2014 le Prix Calibre 47 et le Prix Soleil Noir pour "Le cimetière des chimères". Vous avez menacé les jurys avec des armes, ou plutôt vous les avez fait chanter, c'est bien ça ?

 

Sur ce coup, j’ai un alibi. Vous n’arriverez pas à me mettre ça sur le dos. C’était à la loyale et sans entourloupe. J’encourage d’ailleurs les membres des différents jurys à se montrer aussi curieux que vous et à sortir des voies royales pour permettre aux lecteurs de découvrir de nouveaux auteurs. La notion de compétition est pour moi incompatible avec l’écriture. Dans les lettres, les chiffres, on devrait s’en cogner ! On est encore loin du compte...

 

Un bon prétexte pour faire le tour de France des festivals polars, en compagnie de mon collègue le policier Leoni, tout ça. Vous ne me direz pas que c'est juste le plaisir de rencontrer des lectrices, des lecteurs ?

 

Ben, un peu, oui, j’avoue. C’est pas interdit quand même ! Ok, je deale, mais je ne force pas les gens à acheter ma came. M’enfin, il y en a, quand ils ont goûté à mémé Angèle, ils en redemandent. Pour certains, c’est Eliane. Pour certaines, c’est Leoni. On est en démocratie, non ?

Elena Piacentini : interrogatoire de police d'une romancière suspecte

Et j'apprends qu'un de vos titres sort en format poche, chez Pocket, ce printemps ! Oh, vous allez sûrement me répondre que c'est pour vous « une certaine reconnaissance » ?

 

Ben allez-y, vous gênez pas ! Signez le PV d’audition à ma place, tant que vous y êtes ! La rencontre avec Pocket s’est faite aux Quais du Polar où "Des forêts et des âmes" avait été retenu dans la sélection. Cela, je le dois aux libraires passionnés de L’esprit Livre et au gang des lyonnais (ils se reconnaîtront). "Carrières noires" sortira donc début mars. Et il y aura récidive avec "Le cimetière des chimères" et "Des forêts et des âmes", à intervalle de 6 mois environ. Là aussi, c’est une sacrée équipe et une formidable opportunité de toucher un plus grand nombre de lecteurs. Bref, une occase en or !

 

Je vois que vous êtes un peu masochiste, vous continuez chez la même éditrice en 2016. Avouez le titre de votre septième roman ! Quand sort-il, et ça parle de quoi ?

 

Il n’y a pas de mal à se faire du bien. Le prochain sortira en mai et aura pour titre "Aux vents mauvais". Leoni enquêtera sur une disparition requalifiée en meurtre. Il y sera question de cold cases et de la manière dont les vents du destin nous malmènent. Des fois, les sacs à dos que l’on trimballe sont si lourds qu’il est impossible de faire un pas de plus… Justement, je n’en dirai pas plus. Et c’est pas la peine de sortir le bottin.

 

Dans la police, on est bien informés. Je sais que vous préparez un scénario pour la télé, ne niez pas ! Alors, où, quand, comment, pourquoi ? Et plus vite que ça…

 

Je ne nie pas. Où ? Ce sera sur France 3, dans la série « Meurtres à ». J’ai écrit une histoire originale qui se déroulera entre Bastia et le Cap Corse. Quand ? Pour ma partie, c’est-à-dire le scénario, j’aurai terminé au printemps. Le tournage pourrait démarrer aussitôt après, sinon, ce sera à l’automne. Quant à la diffusion, difficile de vous répondre, mais je vous informerai dès que j’ai du neuf. Comment ? J’ai eu la chance de rencontrer Matthieu Tarot, le producteur de l’Hermine, avec lequel le courant est passé. Il faut dire que c’est un amoureux de la Corse. Il m’a proposé ce challenge et, comme, je suis faible, je n’ai pas résisté à la tentation. Pour m’aider dans cette nouvelle aventure, je peux compter sur l’accompagnement de Catherine Touzet, l’excellente scénariste de la série "Disparue" que certains ont peut-être vue sur France 2 au printemps 2015. Et pourquoi ? M’enfin, un coup pareil, commissaire ! Même vous, vous auriez craqué, avouez…

 

Mmouais, admettons vos explications. Vous êtes libre, Mlle Piacentini. Mais attention, je continue à vous avoir à l'œil. Évitez de vous faire remarquer, sinon j'vous coffre !

 

Je vous prends au mot. Même pas peur.

Elena Piacentini : interrogatoire de police d'une romancière suspecte

Un grand merci à Elena, pour avoir accepté avec humour cet entretien quelque peu original, d'avoir joué le jeu de l'interrogatoire de police. On l'aura compris : Elena Piacentini est une talentueuse auteure, à suivre de près, l'année 2016 s'annonçant riche de projets (en cours) pour elle.

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16 février 2016 2 16 /02 /février /2016 05:55

Le lieutenant de police Paul Massat est en poste à Solieu, une sous-préfecture de quarante mille habitants, vers l'Est de la France. Il est le fils de Jules Massat, un auteur de SF très connu n'ayant plus publié depuis quelques années. Peu liant, plutôt introverti, l'écrivain a choisi de s'isoler autant que possible, dans sa maison non loin de Solieu. Après un divorce houleux, Paul Massat s'occupe de temps à autre de son fils Armand. Au commissariat, il ne cherche pas vraiment à briller, ne prenant en main les affaires qu'en l'absence d'autres collègues. Cette fois, c'est le cadavre d'un inconnu qui est découvert dans un squat occupé par trois SDF vaguement dealers. Selon le légiste, il s'agit d'une mort naturelle. Pourtant, il est souhaitable que Paul Massat parvienne à identifier cet homme mûr.

Harry Pitman est Californien, appartenant à un milieu aisé. “Retraité” âgé de trente-et-un ans, il a fait très tôt fortune grâce à une société innovante. Avant de mourir d'un cancer à cinquante-quatre ans, sa mère lui a confié un secret : son père officiel n'est pas son vrai géniteur. Ce qu'a confirmé une analyse ADN. Harry règle les questions financières et passe par la Floride, où vit sa tante Elena. Celle-ci lui confirme que le vrai père d'Harry était un Polonais que sa mère avait connu alors qu'elle résidait en France. Il fut assassiné en 1985, sans qu'on sache la vérité. Le fait que cet Andrzej ait alors été un opposant au régime communiste fut peut-être la raison de ce meurtre. Harry s'envole bientôt pour Paris, où il compte rencontrer la personne chez qui sa mère logea trente ans plus tôt.

Paul Massat identifie l'homme du squat : Louis Boisrond était un notable, cadre dans une banque privée très select. Son épouse Fabienne confirme qu'il n'était absolument pas un consommateur de drogues. Ça explique d'autant moins ce qu'il faisait dans ce squat. Le policier a déjà fait accidentellement la connaissance d'Agathe, la fille de Louis Boisrond. Un brin bordélique dans sa tête et dans sa vie, cette artiste-peintre fantasque est en instance de divorce. Un caractère qui ne déplaît pas à Paul Massat. Agathe témoigne que son père était assez égoïste, avare d'affection. Le policier n'a pas grand mal à retrouver Verdon, un des squatteurs, qui lui donne quelques précisions. Quant à Jules Massat, qui entame un nouveau roman, il se rapproche d'une thérapeute pratiquant l'hypnose.

La quête d'Harry Pitman le conduit jusqu'en Pologne. Il sait désormais que son père était originaire de Skierniewice. À Varsovie, il entre en contact avec la journaliste indépendante Kinga. Pas inutile pour un Américain, qui assimilerait avec difficulté l'esprit polonais. Harry sent, depuis la Floride, une menace diffuse autour de lui. Ayant obtenu quelques infos sur sa famille, il est d'ailleurs agressé. Peut-être des séquelles de l'époque totalitaire, dont on n'a pas forcément fait le deuil dans ce pays. Harry devra revenir en France pour obtenir de nouveaux détails oubliés sur le meurtre de son père…

Gilles Vidal : Les sentiers de la nuit (Éd.du Jasmin, 2016)

Le récit comportant deux lignes parallèles, l'histoire d'Harry Pitman et celle se déroulant dans une ville française, on ne doute pas qu'existe un point commun entre ces affaires semblant éloignées. Il s'agit d'une structure classique de roman à suspense, encore faut-il que ce soit bien exploité. C'est là que l'on peut compter sur la solidité d'un auteur tel que Gilles Vidal. D'abord, il est habile pour construire cette double intrigue, sans chercher des effets artificiels ou spectaculaires. On sait que ça aboutit souvent à une lourdeur inutile.

Ensuite, il aborde avec une belle aisance les personnages, à travers de délicieux portraits. On remarquera en particulier celui d'Agathe. Cet élément contribue à l'ambiance, entre sombres énigmes et plaisants sourires. On aura même droit à des visites touristiques de Paris et de Varsovie ; normal pour un Américain sur les traces de ses origines. Enfin, on peut affirmer que Gilles Vidal sait que rien ne remplace la souplesse narrative : c'est avec fluidité qu'il raconte les faits. Certes, le chemin de la vérité n'est pas rectiligne, mais il nous amène malgré tout à destination. Un suspense très réussi, qui captive le lecteur.

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 05:55

Le détective privé Charlie Parker a été gravement blessé lors de sa précédente enquête. Il doit passer sa convalescence à Boreas, bourgade côtière du Maine. Bobby Soames, agent immobilier et élu local, est un peu dépassé par les mesures de sécurité prises par les amis de Parker, les new-yorkais Angel et Louis, pour que le détective séjourne tranquillement à Green Heron Bay. Toujours affaibli, Parker poursuivra les soins dans une maison de santé de la région. La quadragénaire Ruth Winter et sa fille de neuf ans, Amanda, se sont aussi installées dans une maison à quelques centaines de mètres. Cela ne semble pas supposer de danger pour Parker. Comme l'agent immobilier, la chef de la police Cory Bloom connaît la réputation du détective d'attirer les ennuis. Toutefois, leur contact initial est positif.

Boreas est une petite station balnéaire endormie, où il ne se passe jamais grand-chose. Quand le cadavre d'un inconnu est découvert près des dunes de Mason Point, en bord de mer, Cory Bloom peut conclure à un suicide ou un accident. Bruno Perlman, quarante-cinq ans, habitait en Floride. Le Maine est un peu loin de chez lui pour venir s'y suicider. Parker propose son aide à la policière. Il a noté certains détails curieux. C'est surtout la série de nombre tatoués sur son avant-bras qui pose question. Ça ressemble à un matricule datant des camps nazis, mais Perlman est beaucoup trop jeune pour être un rescapé de la Shoah. Renseignements pris, cet homme serait devenu un obsédé de l'histoire des camps, car une partie de sa famille aurait été exterminée dans celui de Lubsko, en Pologne.

En Floride, le cynique Steiger interroge le barman Lenny et maltraite son épouse, au sujet de Perlman. Quel est le lien avec ces deux nazis très âgés, actuellement poursuivis par la justice américaine ? Ensuite, le commanditaire de Steiger lui ordonne de se rendre à Boreas, afin de surveiller Ruth Winter. Sur place, Charlie Parker a bien remarqué que Ruth semble sur la défensive. Même si Sam, la fille du détective parvenait à sympathiser avec Amanda Winter, pas sûr que Parker puisse amadouer Ruth. Un crime atroce secoue l’État du Maine : quatre membres de la famille Wilde ont été tués chez eux, avant que la maison soit incendiée. Oran Wilde, leur fils adolescent, en a réchappé avant de disparaître. C'est lui qui est fortement suspecté de ce massacre. En réalité, il a été kidnappé.

Parker et son ami policier Walsh ne croient guère en la culpabilité d'Oran Wilde, mais se demandent ce que ça cache. L'autopsie de Perlman confirme qu'il s'agit d'un meurtre. Le détective se munit d'un pistolet, en prévision de problèmes à venir. Le tueur Steiger passe à l'action, causant une victime, mais il ne parvient pas à éliminer Parker avant de mourir dans les dunes. S'informant sur Steiger, Angel et Louis dénichent une piste. Cambion, un vieux routier du banditisme, servait d'intermédiaire pour transmettre les ordres à Steiger. Parker pense savoir à qui Perlman rendait visite dans la région, sans que ça éclaircisse vraiment les crimes récents, ni le carnage chez la famille Wilde…

John Connolly : Le chant des dunes (Presses de la Cité, 2016)

Peut-être que certains lecteurs n'ont pas encore exploré les romans de John Connolly. Ils manquent quelque chose, assurément. Néanmoins, ils peuvent fort bien aborder l'univers du détective Charlie Parker sans avoir lu la douzaine de titres précédents. L'auteur s'arrange pour les initier au passé de son héros : il est aisé de comprendre qu'il traverse à chaque fois des aventures tumultueuses, et même très violentes. On retrouve ici Louis et Angel, le fidèle duo d'anges gardiens de Parker, et quelques-uns de ses contacts dans la police ou chez les religieux juifs. La première famille du détective a été tuée, il est séparé de sa seconde femme Rachel et de leur fille Sam. Pourtant, Sam a le don de communiquer avec Jennifer, la défunte première enfant de Parker, qui paraît encore veiller sur leur père.

L'intrigue criminelle fait ici référence aux camps de la mort, à la Shoah. La question raciale n'était pas l'unique motivation du régime hitlérien, ainsi qu'en témoigne le pillage des biens de familles juives : “Les nazis étaient des bandits, des gangsters. Ils étaient mus autant par la cupidité que par l'idéologie. Les purs idéologues n'arrachent pas les dents en or des bouches des morts.” Aux États-Unis, il est possible qu'on ne pense plus guère à cet aspect historique, mais n'oublions pas que l'auteur est Européen, un Irlandais de Dublin. Un des atouts principaux chez John Connolly, c'est tonalité équilibrée (et stylée) du récit. Même un décor paisible, revigorant pour son héros diminué, n'empêche pas que le danger s'invite dans ce nouvel épisode de la vie tourmentée de Charlie Parker.

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14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 06:30

Les samedi 5 et dimanche 6 mars 2016 à Bon-Encontre, près d'Agen (47, Lot-et-Garonne), les auteurs de polars ont rendez-vous au Centre Jacques Prévert avec leurs lecteurs pour le festival Polar'Encontre. Lauréat du Prix Calibre 47 en 2015, Franck Bouysse est le parrain de cette édition.

Les romanciers annoncés : Laurence Biberfeld, Laurent Binet (le samedi), Franck Bouysse, Patrick Caujolle, Séverine Chevalier, Pascal Dessaint, Jérôme Fansten, Dominique Forma, Sophie Laroche, Claude Mesplède, Marie Neuser, Patrick Pécherot, Marie Vindy, Philippe Ward

Les auteurs BD annoncés : Amazing Ameziane, Thierry Chavant, Pascale Del Vecchio, Horne, Jef, Bernard Khattou, Stéphane Oiry, Vincent Perriot, Olivier Roman, Sandro, Claude Stassi, et un invité surprise.

Samedi 7 mars - Ouverture du salon dès 10h

11h30 : Inauguration et remise des prix Calibre 47 (roman policier), Polar’Encontre (bande dessinée), Plumes Noires (meilleure nouvelle des élèves de 2de du lycée De Baudre) - Vin d’honneur en fin de matinée

12h30-14h30 : Pause - 18h30 : Fermeture du salon

Dimanche 8 mars – ouverture dès 10h

12h30-14h30 : Pause

15h30 : Remise des prix aux gagnants des jeux organisés en partenariat avec Le Petit Bleu de Lot-et-Garonne et Radio Bulle FM 93,6

17h : Clôture du salon 

 

Ci-dessous, cliquez sur les liens pour mes chroniques autour des livres de plusieurs invités : 

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 05:55

Belle détective de trente-deux ans basée dans la région de Dunkerque, fougueuse enquêtrice impliquée dans des affaires agitées, Virginia Valmain nous raconte ses exploits. Brève présentation de ses remarquables associés. Sa tante Mère-Grand est une corpulente lesbienne, spécialiste (entres autres) en informatique et en réparties vachardes. Quant à Lao-Tseu, comme son nom ne l’indique pas, c’est un géant Malien au QI faiblard mais aux muscles puissants. Deux énergumènes manquant un peu de distinction, mais plutôt efficaces. Afin de glaner quelques infos, Virginia fait aussi appel à David, beau gosse surnommé Curly pour des raisons intimes. Enfin, la détective est proche du policier Adam Bathany, qui aimerait bien reconquérir son ancienne amante Virginia. Voilà pour la photo de groupe des protagonistes.

Virginia Valmain est engagée par l’épouse anglaise d’un des disparus de l’affaire Saint-Folquin. C’est dans ce village en bordure de l’A16 qu’ont disparu depuis six mois quatre hommes et une femme: Évelyne Maes, femme au foyer d’Angers ; Raymond Tournier, cuisinier à Limoges ; Brian Slatter, chauffeur routier anglais ; Dirk Rummenigge, footballeur pro allemand ; et Jos Vandewaele, citoyen belge. Aucun point commun entre eux. Peut-être que les fréquents changements de clubs du footeux allemand peuvent fournir une piste. Rien ne confirme qu’il soit le pivot de l’affaire. À Saint-Folquin, l’ambiance est dantesque quand y débarquent en camping-car Virginia et ses amis. À l’auberge des Dupuis, ils font la connaissance de Silke, journaliste allemande qui enquête sur le cas de son compatriote.

Florine Zoonekind, la maire du village au visage orné de pustules, admet que ces disparitions ont dopé le commerce local. La présence de la détective semble déranger : le camping-car de Mère-Grand est vandalisé. Virginia fait un détour par Angers, découvrant la famille de nazes d’Évelyne Maes. Chez la pieuse épouse du disparu belge, Virginia constate qu’il n’y est pas regretté. Sa cliente, la femme de l’Anglais, n’étant pas plus agréable, la détective en conclut que la plupart des disparus étaient mal mariés. Lao-Tseu est agressé avec violence à Saint-Folquin, encore un avertissement menaçant. David Curly serait bien avisé de s’interroger sur la belle journaliste Silke, devenue si câline avec lui. Après une réapparition bizarre et quelques meurtres, la détective va devoir démêler les nœuds de cette énigme…

Maxime Gillio : Les disparus de l’A16 (Éd.J'ai Lu, 2016)

La pétulante héroïne, un qualificatif qui lui correspond idéalement, installe une complicité amusée avec le lecteur, un peu à la manière d’un San-Antonio. Outre ses pittoresques associés, auxquels une dose de vulgarité ne fait pas peur, Virginia est confrontée à une galerie de personnages hauts en couleur. Il faut même avouer qu’ils sont carrément déjantés, grotesques, etc. Nous sommes ici dans une comédie à suspense, revendiquée comme telle.

Néanmoins, exploiter une veine comique ne suffit pas pour captiver. Virginia n’oublie pas de nous rappeler que nous sommes dans un polar vrai de vrai, où la gaudriole doit laisser une large place à l’intrigue. C’est pourquoi elle nous présente une véritable affaire criminelle, avec ses mystères et une cascade de péripéties, sans oublier une pléiade de suspects et moult rebondissements. Une aventure dynamique et débridée, une enquête énergique. Franchement réjouissant.

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Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

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