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Coup de cœur pour le premier roman de Jean-Christophe Gérard, “Le bûcher de la salamandre” (Collection
Polars en Nord). Outre l’intrigue à suspense, il s’en dégage une tonalité personnelle très convaincante. Le petit résumé qui suit est illustré par quelques extraits, indiquant l’esprit du
récit.
Prof de philo, Fabien est tenaillé par des ambitions littéraires, mais son projet de livre n’avance guère. Restant marqué par ses fantômes, souvenir d’amis aux fins tragiques, il est protégé et encouragé par son épouse Judith. Une nuit, Fabien reçoit l’appel affolé de Benjamin, étudiant de 25 ans dont il est proche. La mère du jeune homme, Suzanne, est en proie à une crise d’hystérie. Malgré la fatigue, et bien qu’il n’ait pas de permis, Fabien se précipite en voiture au secours de Benjamin. “Si vous roupillez devant un livre, vous faites peut-être de la peine à son auteur mais, la plupart du temps, il a déjà tant de problèmes que vous êtes le cadet de ses soucis. Lorsque vous vous endormez au volant, vous faites une veuve qui risque de s’enticher d’un écrivain aigri et peut-être encore plus mauvais que vous. Je me suis redressé sur mon siège. Cette fois-ci, j’ai vraiment baissé la vitre et laissé le vent me gifler le visage.”
Suzanne lui ouvre, entièrement nue. Elle a ingurgité de la vodka avec un médicament anonyme. Il prend le temps de la laisser se calmer, avant de libérer Benjamin, prisonnier dans sa chambre. Suzanne s’est enfuie à leur insu. Fabien et Benjamin contactent Barzski, père du jeune homme, ex-mari de Suzanne. Celui-ci ironise volontiers à son propos. “Et c’est ainsi, cher monsieur, que durant les quarante trois mois qui suivirent, parfois ravi, souvent perplexe, mais toujours frustré, Jean-Marc Barzsky a disparu de la surface du monde. Absorbé qu’il était à tisonner les fesses froides de son amante mutique, qu’il avait fort confortablement installée sur un épais matelas fait de lettres passionnées, de compliments, et d’attentions inutiles…”
Espérant un retour de Suzanne, Fabien s’installe chez elle avec Benjamin et sa petite amie. “Armande et Benjamin ne boivent que de l’eau, des jus de fruits ou du lait. Vous demandez un café, et vous sentez immédiatement que vous venez de leur poser un problème insurmontable. Vous vous sentez indécent d’avoir provoqué chez eux pareil embarras. Parfois, lorsque je suis en forme, il m’arrive d’être tenté de réclamer une bière. Juste pour voir. Ça fait longtemps que je n’ai pas été en forme.”
Chez la disparue, Fabien trouve le nom d’un psychothérapeute, Patrick Loury. La suite de l’affaire risque de s’avérer aussi mouvementée que sombre. “Sa voix avait changé. Elle avait perdu son ton cajoleur. J’y distinguais maintenant un léger vibrato qui puait la haine. Mon café était froid. Je l’ai avalé (…) Tout à coup, je me suis senti bien seul devant cette gamine féroce aux épaules étroites et à la poitrine plate qui crachait ses verdicts pleins de venin.”
Avant même que celui-ci ne soit publié, l’auteur s’est lancé dans l’écriture d’un deuxième roman. Que l’on attend déjà avec impatience…