Trois romans de Stéphane Jaffrézic
Dans cette famille concarnoise des Moreau, il y eut jadis Clet Moreau, gendarme à la fin du dix-neuvième siècle. De nos jours, c'est son descendant Maxime Moreau qui est policier. Ces personnages ont été créés par Stéphane Jaffrézic dans deux séries de romans. Petite présentation de trois de ces titres.
« Le rubis de Châteauneuf-du-Faou » (Editions Alain Bargain, Coll.Pol’Art,
2007)
Juin 1895. Clet Moreau, 38 ans, chef de la gendarmerie de Concarneau, a vecu une première enquête dans « Toiles de Fond à Concarneau ». Blaise Furic, cousin de sa femme, occupe le même poste à Pont-Aven. Ensemble, accompagnés du fils de Moreau, ils se rendent à Châteauneuf-du-Faou. En permission, ils vont y restaurer une bicoque dont Furic a hérité. En dix jours, ils feront de cette bâtisse une maison habitable. Le trajet en diligence n’est pas sans risque. Le trio a voyagé avec le peintre Paul Sérusier, qui loge dans le même hôtel qu’eux. L’artiste y est couvé par la serveuse, Lucette. Les deux gendarmes font la connaissance de Catherine Gestin. Riche amie du peintre, elle est amoureuse de lui. Mais Sérusier reste obsédé par une belle Polonaise qui l'abandonna. Un soir, le peintre et son amie se disputent. Le lendemain, Catherine Gestin a disparu. Sérusier s’étant enivré durant toute la soirée, on ne peut guère l’accuser d’un crime sur la jeune femme, solution qui conviendrait au lieutenant de gendarmerie Mouret. Enlèvement, meurtre, suicide, ou départ volontaire pour Paris, rien n’est exclu... L’image du Finistère d’alors est conforme à l'époque en question, vivante et quotidienne. L’intrigue criminelle n’est pas exagérément compliquée, ce qui n’était pas indispensable. Un « polar historique » fort agréable !
« Chili-Concarneau » (Ed. Alain Bargain, 2004)
Au petit matin, un noyé est découvert dans le port de Concarneau, un SDF assassiné. Son aristocratique compagnon raconte leur parcours insolite au capitaine Moreau, de la police locale. Celui-ci avait oublié combien la vie portuaire est animée la nuit. Les trois jeunes agités qu’il interroge en premier sont juste des casseurs. ’est autour de la criée que Moreau passe la nuit suivante. Il questionne les dockers, les trieurs de marée, les surveillants. Personne n’a rien remarqué. Se mettant à la place de la victime, il tente de reconstituer les faits. Le patron d’un petit bateau de pêche amarré près du lieu du crime n’a rien vu non plus. Bien qu’il ait établi quel type d’arme a été utilisée, le policier est déçu par ce début d’enquête sans grand résultat. Moreau doit aussi se charger d’autres affaires. Un médiocre truand de la région est mort dans un accident de la route près de Nantes. Des vols de tableaux et d’œuvres d’art ont été commis dans son secteur. En outre, son amie Sylvie lui signale un couple qu’elle soupçonne de pédophilie... On se doute que les divers niveaux d’intrigue ont des points communs, mais l'histoire est parfaitement maîtrisée. Très réussi, son héros prend rapidement de la consistance. Une enquête animée de nombreuses péripéties et ramifications.
« Ville bleue et beaux dégâts » (Ed.Alain Bargain, 2005)
De retour à Concarneau, Maxime Moreau est contacté par un agent de la DGSE, espion qu’il surnomme Le Calvitié. Le policier est contraint d’accepter une mission secrète. Pour venger des attaques visant des chalutiers français, il doit commettre des attentats sur des navires de pêche en Espagne. Il n’a pas le choix, et c’est très bien payé. Un ancien activiste de l'ARB, expert en explosifs, l'assistera. Moreau recrute un copain Irlandais, Keran, vivant sur un voilier. Il est aussi bon plongeur sous-marin que lui. Le trio se dirige vers le Pays Basque espagnol. Avant la frontière, ils reçoivent la somme promise et les explosifs. port de Sesnara est leur cible. Ils y remarquent un luxueux yacht et sa séduisante propriétaire Portugaise. La mission d’abord ! Après repérages, ils passent à l’action. Les explosions causent d’énormes dégâts sur la flottille de pêche, sans victimes. Mais la mission se complique ensuite... Cette deuxième aventure de Maxime Moreau est aussi mouvementée, sinon plus. Du pur roman d’action à suspense, dans la meilleure tradition.
© Claude Le Nocher