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6 mars 2016 7 06 /03 /mars /2016 05:55

Homme mûr, Joss Beaumont fut journaliste gastronomique, avant d'exercer désormais le métier de détective privé : “Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un disciple de Nestor Burma” dit-on à son sujet. Sans doute mène-t-il ses investigations "à l'ancienne", même si dans son vieux break Volvo des années soixante-dix, il n'enquête pas seulement dans Paris. Joss Beaumont a pour petite amie Marie, une avocate de quinze ans plus jeune que lui. Son expérience de vie le fait hésiter à s'engager, au-delà de leurs rencontres dans des hôtels confortables. Samira est l'assistante du détective, une Berbère au caractère affirmé, et d'une naturelle efficacité : “Elle avait le contact immédiat, pas celui mécanique et poussif du vendeur, celui empreint d'une chaleur non feinte, d'un orientalisme communicatif. Samira est un personnage haut en couleur.”

Son ami le commissaire Fernand Tabourin avertit Joss qu'une de ses clientes vient d'être brutalement assassinée. Âgée de vingt-deux ans, Audrey Croisic était un des espoirs de la télévision, ayant déjà joué dans des téléfilms populaires. Fille de parents aisés vivant dans la région brestoise, Audrey avait certes débuté en posant pour des clichés pornos. Mais le photographe pro qui s'en chargea n'est pas suspect, ayant d'autres chats à fouetter que la mort de cette actrice. Son ami journaliste François Merlin donne au détective quelques détails supplémentaires sur Audrey, peut-être une piste à suivre. Joss se déplace jusqu'en Bretagne pour les obsèques de la victime. Dans leur manoir, il fait la connaissance de ses parents : le père a l'air d'un gentleman british, la mère est une séduisante quinqua. Ils souhaitent que le détective poursuive son enquête.

L'actrice Caroline Lombard est actuellement en tournage à Rome. Joss Beaumont se rend en Italie afin de l'interroger. Il arrive trop tard, car la quadragénaire est décédée. Revenu à Paris, le détective doit faire un détour par Brest. C'est l'occasion de rencontrer un jeune homme amoureux d'Audrey, qui lui fait d'importantes révélations la concernant. Joss doit explorer d'autres pistes : l'acteur mégalo Jean Tuffot lui en apprend moins que Marylin Godard, comédienne lucide sur ce métier, habitant Sancerre. Il est possible qu'elle ne dise pas tout à l'enquêteur, finalement. Ses recherches le mènent ensuite à Étretat, du côté de chez Arsène Lupin. Il peut toujours demander au technicien de téléfilms s'il a assassiné Audrey, mais ça relève de l'impossibilité totale. Après un week-end en amoureux à Biarritz avec Marie, les faits pourraient bientôt s'accélérer. Du moins, s'il s'agit bien du coupable…

Thomas Morales : Madame est servie ! (Éditions du Rocher, 2016)

Il n'y a absolument aucun doute : Joss Beaumont revendique de s'inscrire dans la lignée du détective Nestor Burma, célèbre héros créé par Léo Malet (1909-1996). Affichant une certaine nostalgie, et un dilettantisme trompeur, l'enquêteur privé doit suivre un parcours sinueux pour éclaircir l'affaire en cours, telle est la règle. À vrai dire, le dénouement n'a bien souvent qu'une importance relative : suivre les pas du détective, rencontrer avec lui des protagonistes plus ou moins soupçonnables, écouter les témoignages de chacun, voilà ce qui fait le charme de ces investigations. Une petite dose de vie personnelle ne peut pas nuire, entre la jeune amante avocate de Joss Beaumont, et le goût de celui-ci pour les dégustations gastronomiques.

La Bretagne est ici présentée de façon "impressionniste", citadine mais nuancée : “Il avait plu sans débander. Le taux de suicide record, l'alcoolisme atavique et la morosité ambiante s'expliquaient par ce climat chafouin qui rejetait les étrangers et minait le moral des autochtones. Quand, par chance, au bout d'efforts incommensurables, vous vous retrouviez nez à nez avec l'océan, vous oubliiez les galères du trajet. Les vagues se fracassaient avec entrain sur les rochers, l'écume moussait abondamment, les mouettes criaient leur désespoir et de valeureux pécheurs sur des embarcations de fortune jouaient leur vie pour ramener quelques kilos de poissons. La Bretagne se méritait.” On l'aura bien compris : les ambiances importent autant sinon davantage dans cette histoire que le strict mystère. Un roman fort plaisant, et un personnage de "privé" très sympathique.

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4 mars 2016 5 04 /03 /mars /2016 05:55

Le culte d'Elvis Presley a redoublé depuis le 16 août 1977, date de son décès. À travers le monde, il compte une multitude de sosies, dont la plupart présentent des spectacles en hommage à leur idole. On ne s'étonnera pas de trouver un de ses imitateurs en Belgique : Elvis Cadillac. Sa mère Raymonde Pirette lui avait réellement attribué le prénom du King. Quand elle disparut mystérieusement, le petit Elvis Pirette fut placée dans une famille qui admirait Georgette Plana. Si "Riquita jolie fleur de Java" fut la chanson la plus populaire de 1968, pas vraiment le même univers musical que Presley. Depuis quelques années, Elvis Cadillac et sa chienne carlin Priscilla mènent une vie entièrement dédiée au King, même si le sosie commence à ressembler à l'Elvis rondouillard des années 1970.

Tiens, Raymonde Pirette est de retour dans la vie de son fiston. Cette admiratrice d'Hervé Vilard s'avère vite envahissante, prétendant prendre en main la carrière d'Elvis Cadillac. Un programme plein d'ambition, qui passe par l'élimination de Priscilla, mais la chienne survit à cette épreuve. Quant à Elvis, il se concentre sur son prochain contrat. La famille Montibul van Piperzeel l'a engagé pour l'anniversaire de leur riche aïeule Olivia, qui fêtera ses quatre-vingt ans. Rendez-vous est pris au château de Tourinnes-Saint-Lambert, dans le Brabant wallon. Les chansons du King, ça rappelle à Olivia son amant Mario, et le fils qu'ils ont failli avoir ensemble. Quant aux héritiers de la châtelaine, ils sont gratinés : une belle bande de bons-à-rien, toutes générations confondues.

D'un côté, on trouve Philomène et son mari Philibert, dit Fifi. Leur fils Aurélien fréquente volontiers des petits voyous dans le genre de Joe, et des travelos comme Pepita (qui se prénommait précédemment Gérard). De l'autre, il y a Colette qui, malgré son flagrant manque de talent, se prend pour une poétesse. Avec son mari Charles-Henry, qui claque tout l'argent qu'il n'a pas en jouant aux courses et en entretenant une maîtresse. Leur fille Caroline a deux passions : le théâtre et son chat Houellebecq. Doter un chat du nom de ce littérateur, indique bien qu'elle n'est pas plus fine que les autres Montibul van Piperzeel. Néanmoins, la vieille Olivia et elle éprouvent une tendresse mutuelle. Philibert prépare de sombres projets (et un gâteau au chocolat) à l'occasion de cet anniversaire.

Le reporter Robert Bertache sera présent pour la fête, afin d'écrire un article élogieux sur Elvis Cadillac, une initiative de Raymonde Pirette. Homard et champagne sont au menu du repas d'anniversaire, histoire d'installer une dose de bonne humeur, avant le spectacle du sosie du King. Caroline est perturbée, car on la fait chanter. Aurélien ne l'est pas moins, à cause du drag-queen Pepita. Malgré tout, la fête pourrait se dérouler sans anicroche. Sauf qu'il y aura des cadavres. Pas sûr que le commissaire Cramik soit à la hauteur pour mener l'enquête. Le sosie pense qu'Elvis Presley essaie de lui donner un coup de main : “Et si c'était vraiment le King himself qui l'avait appelé de l'au-delà pour l'aider à résoudre cette affaire ?” Se mêler de tout cela n'a peut-être pas grand intérêt pour lui…

Nadine Monfils : Elvis Cadillac King from Charleroi (Fleuve Éd., 2016)

Avec les romans de Nadine Monfils, on entre davantage dans le domaine de la comédie que dans celui du polar. Même si l'intrigue comporte quelques éléments énigmatiques, qui pimentent le suspense. Avant tout, l'auteure fait preuve d'une fantaisie entraînante, dont le but premier est évidemment de nous amuser. Adepte de Frédéric Dard, elle inclut même ici un drôle d'oiseau qui connaît par cœur les pensées drolatiques du créateur de San-Antonio. Elle ne peut manquer d'évoquer l'hilarante Mémé Cornemuse, le personnage qu'elle créa pour une série de romans : vieille dame indigne devenue l'égale des people (ou presque), elle rêve toujours d'épouser un certain Jean-Claude Van Damme.

Cette histoire permet également de nous initier à la belgitude. On apprendra ainsi que les langages wallons et bruxellois, avec (entre autres) leurs stûûts, leurs clouches, leurs rawètes, leurs essuies, leurs slaches et leurs crolles, diffèrent sensiblement du parler académique français. Toutefois, on n'est pas obligés de boire de la Jupiler tout en lisant ce livre, aussi populaire que soit cette bière. On eût aimé un peu plus de respect pour Georgette Plana, et un peu moins pour Michel Houellebecq. Mais puisque c'est une Belge qui caricature ses compatriotes, ne boudons surtout pas notre plaisir : les tribulations d'Elvis Cadillac et de Priscilla nous offrent un très bon moment de lecture.

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3 mars 2016 4 03 /03 /mars /2016 05:55

Membre des forces spéciales du KSK, la chevronnée Katja Rittmer fait partie de l'armée allemande engagée en Afghanistan, pour la sécurisation d'un secteur du pays. Ce jour-là, deux embuscades des talibans visent des convois allemands. Bilan des massacres : seize morts et vingt blessés. Katja a survécu de peu. Son amant baroudeur Christian Franck a dû être mutilé. Agent émérite des services secrets du BND, Éric Mayer se trouvait en Afghanistan quand les guet-apens se sont produits. C'est un ami de Chris et de Katja. Elle lui apprend que c'est avec des armes allemandes que les convois ont été attaqués. Tandis que ses amis sont rapatriés et hospitalisés en Allemagne, Mayer rentre lui aussi à Berlin. Si des matériels allemands sont parvenus en Afghanistan, c'est que la société Larenz est concernée.

Le ministère de la Défense missionne Mayer et son équipe afin d'enquêter au siège des usines Larenz à Hambourg. Patron de cette société, Klaus Bender a déjà engagé le cabinet d'avocat Meisenberg. Il faut gérer au mieux la crise risquant de ternir leur image. C'est l'avocate Valérie Weymann qui en est chargée par Meisenberg. Un bon choix, pense Bender. La jeune femme se retrouve face à Éric Mayer, qu'elle connaît. Magnus Vieth, ami de Valérie, est un des dirigeants de Larenz. Après avoir transmis une clé USB à l'avocate, Magnus trouve une mort suspecte. On évoque officiellement un suicide. Katja Rittmer, alors engagé comme garde du corps de Magnus, est inquiétée par la police. Éric s'arrange pour qu'elle reste en liberté. Valérie accepte d'être l'avocate de Katja, en cas d'accusations plus graves encore.Sous l'effet du stress post-traumatique, Katja menace Éric.

C'est en Afghanistan que va se jouer la suite de la partie. Klaus Bender et une délégation économique s'y rendent peu après, accompagnés d'Éric. Sur place, se trouve l'agent de la CIA Don Martinez, qui n'est pas un inconnu pour l'Allemand. Il protège James Reynolds, sénateur du Michigan, qui supervise l'approvisionnement des troupes américaines là-bas. Il est impliqué dans des malversations. À l'heure où Katja devient vraiment dangereuse, Don Martinez va intervenir sur le territoire allemand. Valérie Weymann, Éric Mayer et lui collaborent alors, que ça leur plaise ou non…

Alex Berg : La marionnette (Babel Noir, 2016)

La romancière allemande Alex Berg nous entraîne dans une intrigue internationale impliquant son pays. À la fois un roman d'action, car les héros sont confrontés à maintes épreuves, et autant un véritable roman noir. Au-delà des aventures mouvementées, ce sont des enjeux politico-économiques qui sont traités avec un réalisme certain. Comme tous les pays occidentaux, l'Allemagne est présente dans de nombreux états à travers le monde, ménageant ses intérêts. L'autre sujet fort, ce sont les syndromes post-traumatiques touchant les militaires. Ce que les Américains vivent après des décennies de guerres, les Allemands n'y échappent pas non plus. Ayant elle-même subi précédemment tortures et maltraitances, l'avocate Valérie peut comprendre. Ces ex-combattants perturbés sont aussi des proies faciles pour qui saura les manipuler. Un suspense riche en péripéties, qui nous présente également un sombre aspect du monde actuel.

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2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 05:55
Benoît Abtey–Pierre Deschodt : Arsène Lupin – Les héritiers (Éditions XO, 2016)

Bien qu'il ne soit encore âgé que d'une vingtaine d'années, l'aventurier Arsène Lupin fait déjà beaucoup parler de lui dans la France de 1897. Né en 1874, Arsène fut adopté par le comte Perceval de la Marche, et grandit au château de Lillebonne. On l'accusa faussement d'avoir assassiné son protecteur alors qu'il était adolescent, avant de lui-même trouver la mort. Version à laquelle n'a jamais adhéré son amour d'alors, Athéna del Sarto. Le baron Lapérière, bientôt quinquagénaire, est assisté de son fidèle Archembault. Ce notable est un philanthrope qui finance désormais l'orphelinat de Lillebonne ; un mécène aussi pour les jeunes artistes, et qui aide les ouvriers dans le besoin. C'est Arsène Lupin qui, habitué à se travestir, joue ce digne rôle. La ravissante Athéna, vingt-trois ans comme lui, l'a deviné.

Le jeune député Bérenger de la Motte est de ceux promis à une belle carrière au sommet de l’État. Cet arriviste n'est pas avare de discours virulents à la tribune de l'Assemblée. Il prend la défense de l'industriel Martin-Laroche, pourtant bien peu soucieux du malheur qui vient de frapper ses ouvriers. Bérenger de la Motte accuse publiquement Arsène Lupin de tous les maux. Il a encore l'espoir de conquérir le cœur d'Athéna del Sarto, mais celle-ci est prête à suivre Arsène. Jaloux, le jeune député va se venger de son rival Lupin. En le dénonçant au préfet de police Lépine, mais c'est insuffisant. Puisqu'Athéna et Arsène ont rendez-vous au Bazar de la Charité, son complice Gabriel de Saint-Mérande s'en occupe. Athéna figurera parmi les cent trente-deux victimes du célèbre et dramatique incendie.

La presse ayant accusé Arsène Lupin d'être responsable de l'affaire du Bazar de la Charité, il va s'expatrier pendant quelques années en Afrique du Nord. Une organisation secrète belliciste, dirigée depuis Londres par Benedict Schwartz et l'Institut Mac Intosh, voudrait entre autres influer sur la situation au Maroc. Mais un sultan rebelle protège la région de Taza, invitant même le général français Lyautey à ne pas se tromper de cible. En 1907, Lupin reprend contact avec Archembault, dès son retour en métropole. On prétend que l'aventurier est mêlé à une affaire d'espionnage au profit de l'Allemagne, pour laquelle une espionne a été emprisonnée. Clemenceau, devenu l'homme fort de la politique française, n'a jamais vu en Lupin un ennemi de la nation. Il réclame que soit éclairci ce dossier.

L'intègre commissaire Letellier est un éminent enquêteur, en qui Clemenceau a confiance. Ils partagent la même opinion sur Lupin. Mais, quand l'espionne est retrouvée égorgée en prison, la presse manipulatrice de la population désigne une fois de plus Arsène Lupin. Ce dernier utilise un subterfuge pour s'expliquer avec Clemenceau. Il est préférable que la mort de Lupin soit officielle, avec des obsèques en bonne et due forme. Si Bérenger de la Motte s'est marié avec l'artiste Ariane Mac Aleister (que Lupin a bien connue) et reste un député féroce, ses activités commerciales sont en difficulté. Heureusement, on lui procure un comptable discret et compétent. Bientôt, Lupin resurgira afin de s'opposer aux projets de Benedict Schwartz et de ses complices, héritiers de la confrérie de l'araignée…

Benoît Abtey–Pierre Deschodt : Arsène Lupin – Les héritiers (Éditions XO, 2016)

Archétype du héros rusé et généreux, de l'aventurier surmontant toutes les épreuves avec courage et habileté, Arsène Lupin appartient au patrimoine culturel et littéraire universel. Créé par Maurice Leblanc en 1905 dans la nouvelle "L'arrestation d'Arsène Lupin", il a été imité par quantité de personnages similaires, généralement aristocrates-voleurs. Plusieurs auteurs, dont Boileau-Narcejac, ont perpétué les aventures d'Arsène Lupin, restant aussi fidèles que possible à l'esprit d'origine. Les adaptations au cinéma, au théâtre, et à la télévision ont également entretenu le mythe. Bien que né deux ans plus tôt, c'est en 1907 qu'est publié le premier recueil de ses aventures "Arsène Lupin gentleman-cambrioleur". C'est l'année choisie par les auteurs de cette version pour l'essentiel de cette intrigue.

Il est probable que chaque lecteur ait, comme pour Sherlock Holmes, Hercule Poirot ou le commissaire Maigret, sa propre image d'Arsène Lupin. Physiquement, on peut l'associer à tel ou tel comédien. Surtout, ce sont les péripéties mystérieuses et rocambolesques qui plaisent autour d'un personnage comme lui. Qu'il se fasse arrêter ou qu'on cherche à l'éliminer, qu'il se dissimule sous diverses identités ou des faciès variés, qu'il voyage ou s'installe dans un autre pays, rien n'est impossible puisqu'il s'agit d'Arsène Lupin. Même s'il est démasqué et pourchassé, accusé de crimes qu'il n'a pas commis lui qui ne tue pas, il est capable de s'adapter à toutes les situations, puisqu'il est Lupin. Ici il ne craint pas de rencontrer le général Lyautey et Clemenceau, n'est-il pas l'unique Arsène Lupin ?

Bien sûr, de belles jeunes femmes interviennent dans cette histoire, car notre héros est un séducteur. Notons encore un sympathique clin d'œil : un des protagonistes se présente sous le nom de Marius Jacob. Les initiés le savent, Maurice Leblanc se serait inspiré de cet authentique cambrioleur facétieux pour inventer son héros. Arsène Lupin est de retour : il ne reste plus aux lecteurs qu'à le suivre dans ses aventures mouvementées, énigmatiques et respectueuses de la tradition du roman populaire d'autrefois.

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1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 05:55

La Calabre, c'est tout au sud de l'Italie, face à la Sicile. Alberto Lenzi y exerce le métier de magistrat depuis onze ans. Ce quadragénaire est divorcé de Marta. Leur fils Enrico n'a guère d'estime pour lui. Il est vrai que Lenzi est un fêtard, joueur de poker, et qu'il se plaît à jouer les séducteurs. Actuellement, il est l'amant de Marina, qui fait partie des carabiniers. Il passe souvent ses soirées avec des amis tels l'aristocrate Lucio ou son confrère juge, Giorgio Maremmi. Flemmard sans aucune ambition, Lenzi a une mauvaise réputation auprès du Parquet local. Néanmoins, un sombre évènement va le choquer : son ami le juge Maremmi est abattu de deux balles par un tueur dans l'entrée de l'immeuble où ils habitent, ainsi que Marina, face au Tribunal.

Peu de temps auparavant, Maremmi fut menacé en plein procès par l'accusé, Manto. On suppose que la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, est concernée. Il est probable que l'assassin soit le frère de Manto, en cavale. Lenzi se joint au groupe d'enquêteur dirigé par le substitut Fiesole et le chef des carabiniers, Brighi. Dans l'équipe, Lenzi remarque la fort séduisante Chiara Allegri, une Florentine qui pourrait bien remplacer Marina, même si elle garde certaines distances. Pour l'heure, l'enquête prime. Le caméras de surveillance donnent peu d'indices : le tueur a été soit prudent, soit chanceux. La piste du frère de Manto reste la plus valable.

Âgé de soixante-quinze ans, Don Mico Rota est est prison depuis quatorze années. Ce vieux parrain d'une branche de la 'Ndrangheta espère toujours sortir, plaidant sa maladie au stade ultime. Il conserve une certaine puissance, malgré tout. Aussi, quand Manto est retrouvé égorgé en cellule dans la même prison, tout le monde pense que c'est sur ordre de Don Mico. D'autant qu'un symbolique béret enfoncé sur le crâne de Manto signifie qu'il était indigne de faire tuer un juge. Dans le même temps, on découvre un cadavre broyé sur le pressoir à olives de Don Peppino Salemi, notable calabrais. Le corps du frère en fuite de Manto est bientôt identifié.

Le magistrat Lenzi parvient à prendre contact avec Don Mico Rota. Celui-ci ne trahira pas la famille mafieuse, mais il admet que Lenzi a raison : on a forcé sur les symboles visant la 'Ndrangheta pour ces meurtres. Ne pas se fier aux apparences, laisse entendre Don Mico. Lenzi et Lucio étudient le cas de Don Peppino Salemi. Convoqué, il se garde de s'expliquer. Le juge Maremmi enquêta sur une affaire de pollution, confirmée par les analyses d'un laboratoire indépendant. Bien qu'ils disposent d'éléments, d'autres meurtres se produisent, et l'enquête n'avance pas aussi logiquement qu'elle devrait. Alberto Lenzi est bien décidé à aller au bout de cette affaire, pour venger son ami Giorgio Maremmi…

Mimmo Gangemi : La revanche du petit juge (Éd.Points, 2016)

La société italienne est gangrenée par toutes sortes de compromissions, par l'affairisme et une part évidente de laxisme dès qu'il s'agit de dénoncer les sphères puissantes. L'ombre des mafias, comme la 'Ndrangheta, plane sur tous les trafics mais aussi sur des arrangements douteux. À vrai dire, c'est tout le système qui apparaît vérolé. Voilà ce qu'illustre en détail cet excellent roman noir. Si l'intrigue criminelle est solide et convaincante, il faut aussi souligner d'autres qualités. Çà et là, le récit est parsemé d'expressions typiques calabraises, offrant un supplément d'authenticité au récit. L'auteur n'oublie pas de gratifier son histoire de passages plus souriants, en particulier dans la relation entre Lenzi et les femmes. Humour grinçant aussi, dans certains cas. Un fort excitant noir suspense, au cœur d'une trouble réalité italienne.

 

Disponible chez Points dès le 3 mars 2016 –

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29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 05:55

À Littlerock, en Arkansas, il est probable qu'Elliott Stilling ait eu des raisons de mettre fin à ses jours. Il est effectivement mort pendant trois minutes, mais les soignants ont réussi à le sauver, à l'hôpital. Le suicide est un acte très étonnant quand on sait qu'Elliott est un ancien pasteur. Il ne tient nullement à expliquer pourquoi il a quitté la religion, ni pourquoi il a tenté de se supprimer. Est-ce le regard de l'infirmière Felicia Vogan qui lui a donné la force de revenir à la vie ? Elle lui rend visite dans sa chambre d'hôpital quand il est un peu remis, et Elliott sent un bon contact avec Felicia, qui lui paraît peu conformiste. Ensuite, il se dépêche de fuir l'hosto, avant que n'arrive son ex-épouse Carrie. Comme il n'a nulle part où aller, Elliott s'arrange pour retrouver bien vite Felicia.

La jeune femme n'a hérité que de problèmes, ce qui explique qu'elle a besoin de beaucoup de fric. Elle s'est associée avec un duo d'imbéciles : DB, un flicard lourdingue en uniforme, et son jumeau muet Tom qui “ressemblait à un employé de banque qui aurait passé la nuit précédente dans un caniveau.” Mais le chef, c'est Stan, un truand qui fait peur à tous ceux qui le rencontrent, une réputation de "dur" amplement méritée. Pour accepter Elliott sur le coup qu'ils ont préparé, il exige des explications. Il n'est parmi eux ni par amour pour la belle Felicia, ni pour obtenir une part du butin, ce qui peut sembler bien vague. Malgré tout, Sam le prend dans leur équipe. Ensemble, ils commencent par repérer les lieux, et la bande va peu après passer à l'action.

Il s'agit de braquer un camion venu livrer à l'hôpital un chargement de médicaments, pour une valeur de deux millions de dollars. Sam ayant déjà un acheteur, pas question de faire foirer l'affaire. On se débarrasse du chauffeur, sans trop se préoccuper de savoir s'il est encore en vie. Puis, on va aller stocker les médicaments dans l'entrepôt de Tom. Mais un souci intervient : il y en a plus de deux fois la quantité prévue. Meilleur bénéfice, certes, à condition que le client soit preneur. Détenir tout cela chez eux, ça rend carrément nerveux le flic DB et son frère. De son côté, Elliott comprend qu'il à intérêt à s'endurcir au plus tôt, en adulte responsable, sans espérer que Dieu l'écoute. Par contre, c'est Sam qui exprime une relation très singulière envers la foi religieuse. Curieux pour un malfaiteur comme lui.

La suite de la mission d'Elliott se passe dans la décharge d'Arnold Thickroot et de sa fille Three, où il doit décharger des ordures dont il vaut mieux se débarrasser discrètement. Sam ayant prévenu Thickroot, tout doit se passer sans anicroche. Elliott retrouve son âme de pasteur pour écouter les déboires de la jeune Three, gagnant ainsi sa confiance. Ce qui ne sera pas inutile pour ce qui va suivre. S'ils doivent affronter Stan, et sauver Felicia, il vaut mieux qu'Elliott et Three possèdent de bonnes armes…

Jake Hinkson : L'homme posthume (Éd.Gallmeister, 2016)

Jake Hinkson a été récompensé par le Prix Mystère de la critique 2016 pour “L'enfer de Church Street”. Son deuxième roman traduit en français, “L'homme posthume”, confirme tout le bien que les lecteurs ont pensé du premier. On retrouve ici la meilleure tradition du roman noir, une intrigue comparable aux plus excitants titres de la Série Noire de naguère. Si le personnage central refuse d'évoquer son passé, on devine que cela cache quelque chose de sérieux. Évidemment, sur sa route de ressuscité, il croise la classique "femme fatale" qui va l'entraîner (et nous aussi) vers des aventures mouvementées. Sans doute est-ce finalement l'Apôtre Paul, celui des Saintes Écritures dont le caïd Stan (ou Satan ?) suit l'un des préceptes, qui nous donne les clés de cette histoire.

Passé l'instant de la mort ratée d'Elliott, il nous raconte en continu toutes les tribulations qu'il traverse, unité de temps qui confère un rythme tonique à ce récit. Des péripéties à foison, bien sûr, mais on apprécie surtout la tonalité amusée de ce suspense. La position du narrateur (avec son passé de pasteur) amène une certaine dose d'ironie, franchement savoureuse. Un noir polar teinté d'humour et plein d'action comme celui-là, on le lit avec un immense plaisir !

 

– “L'homme posthume” est disponible dès le 3 mars 2016 –

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27 février 2016 6 27 /02 /février /2016 05:55

Dans nos campagnes françaises, le brigandage est intemporel. Des malfaiteurs s'attaquent aux voyageurs mal protégés, aux propriétés prospères, aux notables fortunés. Violence et vols ne sont pas rares dans le royaume. Quand arrivent les années 1790, la Révolution entraîne une instabilité politique et sociale. Guerroyer aux frontières et contre les chouans ennemis de la nation, ça ne laisse que trop peu de forces de l'ordre pour lutter contre les criminels. Les prisons étant déjà pleines, il faut réquisitionner d'anciens locaux religieux, où les évasions sont plus aisées. L'autorité fait ce qu'elle peut, mais la réorganisation du pays est bien lente. On colmate les failles, on réglemente vaille que vaille, tandis que les brigands développent leurs activités et leurs réseaux à travers la France.

C'est particulièrement vrai entre Chartres, Orléans et la Beauce. Il n'est pas difficile de s'éloigner de quelques lieues après un méfait ou de se cacher durant un temps. Quand un Lorrain comme Nicolas Cloche, militaire plusieurs fois déserteur, repère tel endroit où il trouvera quelque gain, il ne faut pas s'étonner qu'il y ait rapine. Quand le couple Horeau est sauvagement assassiné dans sa propriété viticole, il est plus simple d'accuser un trio de Prussiens semi-prisonniers que d'envisager que les Pelletier, employés par les victimes, soient complices. Quand, quelques mois plus tard en 1795, le château de Gautray est mis à sac par une bande de brigands, maltraitant les habitants et dérobant tout ce qui leur tombe sous la main, on peut accuser "la bande d'Orléans" sans vraiment les identifier.

Ils sont fort bien organisés dans ce groupe de malfaiteurs autour de Beau-François, connu aussi sous le nom, ordinaire à l'époque, de Jean Anger. Depuis les "mioches" jusqu'à leurs aînés, en passant par leurs compagnes plus ou moins prostituées, tout le monde possède son sobriquet et chacun a un rôle actif dans la bande. Ou plutôt dans "les bandes" : toutes ont leur territoire, mais leurs membres agissent parfois seuls, ou s'acoquinent d'occasion avec tel groupe avant d'en rejoindre un autre. Quand règne une misère noire, les plus pauvres errant sur les routes, ces bandes acceptent volontiers les plus hardis. Profiter du désordre ambiant et ne pas être avare de cruauté, ainsi trouve-t-on de bonnes recrues. Si ces nouveaux ont fui la prison, celle de Chartres entres autres, ce n'est que mieux.

Alain Bouzy : La loi de la guillotine (Cherche Midi Éd., 2016)

La guillotine, châtiment ultime né depuis peu, ne les dissuade sûrement pas. En marge de la société si mal armée contre eux, les brigands n'ont peur de rien, d'autant que beaucoup ont connu le bagne (qu'on nomme encore les galères). La Justice ne traque-t-elle pas en priorité les prêtres réfractaires, les aristocrates déchus, et quelques chouans ? Pendant ce temps, on cambriole presque impunément, on trucide au besoin sans états d'âme. “Il n'y avait rien de plus terrible pour les populations, que de voir débarquer en pleine nuit une horde vociférante, qui cassait votre porte, molestait le chef de famille, menaçait l'épouse ou la domestique. Plus le pain se faisait rare et plus les brigands étaient audacieux.” Si le prix du blé explose, c'est parce que les meuniers spéculent. Les bandits vont les cibler.

Avec sa bande d'enragés, le Rouge-d'Anneau pille les biens du meunier Auger. Dans le Loiret, le meunier Lejeune est victime d'une autre razzia. Grâce à un charretier témoin, le juge Guérin suit une piste qui aboutit à plusieurs arrestations. En 1797, à Gérainville, du côté de Châteaudun, les meurtres de la veuve Coupé et de son berger donnent lieu à une enquête sérieuse, permettant là encore d'arrêter quelques brigands. Pourtant, les bandes multiformes continuent à sévir, utilisant l'esprit anti-républicain pour trouver des alliés. En 1798, à Milhouard, la ferme de Nicolas Fousset, soixante-trois ans, est attaquée par la bande de Beau-François. On torture le paysan pour lui faire avouer où il cache son supposé magot. L'affaire fait grand bruit dans la région.

Le juge de paix d'Orgères, M.Fougeron, fut longtemps un opposant à la Révolution, mais c'est un juriste compétent. Le maréchal-des-logis Vasseur, qui enquête sur le crime de Milhouard, est partisan de l'éradication des bandes de brigands. Le juge et le gendarme se complètent dans l'efficacité. M.Fougeron fait même appel à Lambrechts, le ministre de la justice, afin d'obtenir des renforts. De gros moyens sont déployés en Beauce : “...deux pelotons de hussards, soit quatre-vingt cavaliers”. Le Borgne-de-Jouy, un des complices de Beau-François, ne tarde pas à avouer – ce qui permettra bientôt au juge d'auditionner plus de trois cent suspects. Le 2 février 1798, Beau-François est arrêté : “Fougeron comprit qu'il aurait fort à faire avec cet oiseau-là, dont le regard flambait d'insolence.”

La Beauce en a-t-elle fini avec les méfaits de Beau-François, du Rouge-d'Anneau et de “la bande d'Orgères”, à l'heure où la Révolution cède la place à un régime plus stable ? Si la guillotine est prête à servir, les magistrats feront-ils preuve de la sévérité indispensable ? Possible que Beau-François échappe encore aux griffes de la Justice… Utilisant une riche documentation, Alain Bouzy illustre par l'exemple la "criminalité" qui s'est répandue en ces temps troublés, sans oublier d'évoquer le contexte révolutionnaire. Incertitudes politiques et sauvagerie des brigands vont de pair dans ce récit fluide, relatant le climat d'insécurité des années 1790 et les circonstances authentiques autour de ces bandes. Un aspect de l'Histoire brillamment retracé dans ce livre passionnant.

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25 février 2016 4 25 /02 /février /2016 05:55

Danny Brogan et Claire Taylor vivent, avec leurs fillettes Barbara et Irene, à Madison dans le Wisconsin. Le couple partage les mêmes références culturelles, ayant trait à l'Amérique de 1930 à 1960. Danny a repris le bar-grill de son père, et ils habitent la maison familiale cossue. Sa sœur Donna s'est installée dans une autre ville du Midwest. Le parcours de vie de Claire Taylor, quadragénaire ayant huit ans de moins que Danny, fut plus sinueux. Elle fut adoptée à l'âge de trois ans. Adolescente, elle se passionna pour le théâtre. C'est ainsi qu'elle devint la petite amie de Danny. Ils se séparèrent quand Claire partit pour Chicago, dans l'espoir de développer une carrière de comédienne. Avec Paul Casey et leur groupe d'amis, elle vivota ainsi durant plusieurs années, sans rencontrer le succès. Huit ans plus tard, elle rentra à Madison, où Danny l'attendait. Depuis, ils mènent une vie stable.

À part Dee, son amie coiffeuse venue de Californie une vingtaine d'années plus tôt, qui lui a créé une page Facebook qu'elle n'utilise guère, Claire n'a que peu de relations. Le couple a perdu une forte somme d'argent voilà quelques mois, à cause de l'escroc Jonathan Gatt désormais en prison, mais Danny ne semble pas en faire un drame. Autour d'Halloween, pour se changer les idées, Claire vient de passer une semaine à Chicago. Elle a revu Paul Casey, par sentimentalisme mais pas vraiment pour renouer. Il a évité de lui préciser qu'il ne fait plus de théâtre, qu'il est employé dans la quincaillerie de son vieux père. Claire est de retour auprès de sa famille. Sauf qu'il n'y a personne chez eux. Elle s'aperçoit que la maison a été entièrement vidée, à l'exception de son espace personnel. Danny lui a laissé un signe rassurant. Claire est dans l'impossibilité de les joindre, ni lui, ni leurs filles.

Declan Hughes : Au-dessus de tout soupçon (Presses de la Cité 2016) – Coup de cœur –

Claire découvre le cadavre massacré de son chien dans leur propriété, telle une sinistre farce d'Halloween. Le lendemain, elle reçoit un avis officiel d'expulsion, la maison étant gage de leurs dettes. Puis se présentent deux flics locaux, Nora et Ken. Tous les trois constatent que le cadavre du chien a été remplacé par celui d'un homme. Gene Peterson, la victime, était un copain de Danny depuis qu'ils avaient onze ans. Claire l'a quelque peu connu aussi, plus tard. Le couteau de boucher de Danny est certainement l'arme du crime. Nora essaie de mesurer la situation. Par la suite, elle interrogera Dee et d'autres proches du couple. Ce sera une bibliothécaire ex-enseignante qui lui offrira les meilleures infos. La petite bande de copains composée de Danny Brogan, Dave Ricks, Ralph Cowley, et Gene Peterson fut autrefois au cœur d'une sombre affaire, qui marqua les esprits.

De son côté, Danny peut compter sur son ami cool Jeff Torrance pour qu'il le véhicule dans sa Mustang. Ayant mis ses filles à l'abri chez sa sœur Donna, il rencontre dans sa prison Jonathan Glatt. L'escroc nie toujours en être un. Surtout, il apprend à Danny une info fort troublante. Danny révèle ensuite à Jeff qu'il subit depuis son mariage un chantage, en lien avec son passé et celui de Ralph, Dave et Gene. Un manuscrit inachevé de Ralph Cowley relate l'affaire d'autrefois, accablant pour Danny. Le maître-chanteur est sûrement Gene Peterson, bien qu'il n'en ait pas la preuve. Encore ignore-t-il que Charlie Toland, Irlandais de Belfast, clandestin aux États-Unis reconverti en tueur-à-gages, est impliqué dans les faits actuels, en mission pour un certain M.Wilson de Chicago. Quant aux versions sur le drame du passé imputé à Danny, et sur la vie de l'orpheline Claire, il y en a plusieurs…

 

Declan Hughes concocte un suspense magistral, autour d'une famille supposée ordinaire. Que le mari soit encore perturbé par un épisode horrible vécu quand il avait onze ans, que sa femme ait traversé une époque plutôt bohème sans lendemain, ce sont des aléas de la vie. Chacun a bien le droit de taire, de laisser en retrait, des passages de son existence. Si ça n'impacte pas la "vie en société", les Américains tolèrent petits débordements et autres secrets très privés. Toutefois, l'apparence d'un mode de vie sans histoire peut devenir plus compliquée, si quelqu'un s'en mêle négativement. Harcèlement et manipulations pouvant entraîner des conséquences désastreuses, voire mortelles.

Si ce récit énigmatique nous procure une excellente impression, ça provient à la fois de la tonalité – avec un regard souvent ironique sur les protagonistes, des multiples faux-semblants, et des révélations que nous livre progressivement l'auteur – avec parfois quelques effets de surprise. Parmi les investisseurs floués par l'escroc, outre Danny et ses trois amis, il y a un cinquième nom qui étonne, par exemple. Une intrigue fascinante par sa solidité, impeccable avec sa précision d'orfèvre.

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