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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 05:44

 

Le cuisinier mitonne ses plats pour sa clientèle, avec savoir-faire et inventivité, afin qu’ils soient satisfaits et qu’ils reviennent. C’est aussi, souvent, dans le but de se prouver qu’il est encore et toujours capable de cuisiner les meilleurs mets. Telle est la comparaison qui me vient en tête quand je pense à Frédéric Dard. Il ne fut pas cuisinier, mais un de ces hommes animés par la passion d’écrire, la nécessité même de s’exprimer par l’écriture. Travail d’artisan non pas seulement propre, mais particulièrement soigné.

Celui-là, tout le monde en est capable, à condition de savoir écrire un roman […] Mais des San-Antonio, je vous jure que c’est dur. Ça me prend là, je suis sans arrêt plongé dans des dictionnaires pour faire des jeux de mots, vérifier un point d’histoire. C’est quelque chose qui me mobilise totalement. Ça me fait suer qu’on traite ça par-dessus la jambe a-t-il écrit. DARD-2010Certes, les beaux esprits littéraires ne pouvaient pas comprendre ce besoin permanent chez lui d’être San-Antonio. Avec cette faconde et ces trouvailles, ce style qui séduisaient un lectorat nombreux à chaque roman.

Il est une question à laquelle cet album ne répond pas. Frédéric Dard aimait-il ses lecteurs ? De lui qui ricana tant sur les cons de toutes espèces, de lui qui a dit Mes contemporains ? Cela fait si longtemps que je les emmerde qu’ils me sont devenus indispensables on pourrait penser qu’il fut un sacré misanthrope. Ce serait sans doute inexact. Simplement, le public n’a pas de visage, le lecteur est trop anonyme. Or, cet homme de clan, de tribu, doté d’une forte sensibilité, avait besoin de visages pour aimer les gens. C’est donc à sa/ses famille(s) que Frédéric Dard réservait son affection, sa tendresse, ses sentiments. On discerne cette chaleur protectrice envers les siens à travers les photos illustrant ce livre. Ses proches, son clan, ça représente déjà une foule de personnes, en France et en Suisse. La famille de son premier mariage, celle du second dont est issue Joséphine Dard, celle de son éditeur et beau-père Armand de Caro, celle du théâtre et du cinéma, celle des amis de toujours et de son quotidien dans ses propriétés helvétiques. Besoin d’aimer et d’être aimé de tous ces gens-là.

Chacun de ses lecteurs possède sa vision personnelle de Frédéric Dard et de ses romans, San-Antonio et autres. Les plus passionnés se sont même rassemblés en association. D’autres lisent ou relisent périodiquement, avec nostalgie ou par plaisir, un de ses romans. Certains se souviennent que c’est, en grande partie, grâce à lui qu’est née en eux le goût (intensif dans mon cas) de la lecture. Lire un Frédéric Dard, c’est la certitude de ne pas être déçu. Lire un San-Antonio, c’est du pur plaisir assuré. À de rares exceptions, on n’idolâtre pas Frédéric Dard, on le remercie simplement de nous apporter une dose de bonheur. Même si sa vie à lui n’a pas connu que des joies, ce qui est aussi évoqué ici. DARD-Joséphine

Joséphine Dard parle de sa relation avec son père, sans oublier le douloureux épisode de son kidnapping en 1983. Pas de haine chez Frédéric Dard, mais il est des faits qui ne se gomment jamais. Cet album nous permet d’entrer, tant soit peu, dans l’intimité du clan et dans le parcours d’écrivain de Frédéric Dard. Deux facettes complémentaires et indissociables, richement illustrées de photos rares.

Un livre réservé aux admirateurs ? Ce romancier aux tirages impressionnants en a certainement encore beaucoup, une dizaine d’années après son décès. Mais il me semble que l’ouvrage s’adresse autant à ceux qui voudraient découvrir cet écrivain qu’ils ont peut-être raté, parce que sous-estimé du monde intellectuel.

Pour terminer, une pensée émue pour Elisabeth Dard, présente dans cet album, demi-sœur de Joséphine Dard, qui a choisi de s’en aller en février 2011.

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22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 05:43

 

Publié en août 2010 aux Éditions Héloïse d’Ormesson, Le joli mois de mai d’Émilie de Turckheim n’avait pas attiré mon attention à sa sortie. Omission aujourd’hui réparée, après avoir croisé l’auteure dans un Salon du livre. Voyons l’histoire que nous raconte Aimé, jeune rural âgé de vingt-huit ans…

Dans sa propriété de Saint-Benoît-sur-Leuze, au cœur d’une contrée giboyeuse, Louis Yoke reçoit des hôtes amateurs comme lui de chasse au sanglier. C’est ce qu’il faisait jusqu’au mois dernier, avant qu’on ne le retrouve mort par balle sous un arbre de son domaine. Ne restent plus ici que ses employés Aimé et Martial, pour nourrir les poules et les cochons, passer l’épuisette dans l’étang, ratisser les allées, s’occuper de la maison. C’est surtout Aimé, aussi simplet paraisse-t-il, qui s’occupe de tout. Car Martial, au temps où M.Louis était encore là, a subi un sévère choc qui lui a laminé la tête et l’esprit. TURCKHEIM-2010Pour le réconforter, Aimé ne peut même plus compter sur la tendresse de Lucette. Cette prostituée quadragénaire fut une habituée de la propriété, une intime de M.Louis.

Mai, c’est pas la saison de la chasse. Pourtant, Aimé et Martial doivent recevoir cinq invités. S’ils sont réunis, c’est parce que M.Louis qui avait ni femme ni enfant ni considération pour personne à part son chat Grin [les] a choisis par hasard dans la liste de ses clients pour [tout] leur léguer explique Aimé, avec la maladresse qui le caractérise. Ils devront patienter ce soir : le notaire viendra le lendemain à onze heures pour régler la succession. Il y a là, venant de Picardie, M.Truchon et sa pulpeuse épouse Paulette. Le commandant Lyon-Saëck, policier retraité septuagénaire, arrive de la même région. Sacha Milou, un petit gros dont ce n’est sans doute pas le vrai nom, est accompagné de son chien Pistache. C’est le patron du bordel L’Ange Bleu, du côté de Saint-Étienne. Très discret, le cinquième hôte est un ancien militaire au court patronyme incertain.

Ils sont donc ici pour hériter tous les cinq, comme l’indiquent les dispositions testamentaires de M.Louis. Encore qu’il s’agisse d’un document assez sommaire, peu officiel. La soirée débute mal, Paulette Truchon quittant prématurément le cercle des héritiers, suite à un malaise soudain, mortel et définitif. Culpabilisant sans raison, Martial fait une crise. Aimé est son soutien psychologique, comme celle qui l’a écouté dans l’affaire de Lucette. Tandis que M.Truchon s’occupe de couper du bois pour le feu dans la grange, Aimé recueille les confidences du policier retraité Lyon-Saëck. Ce fut un homme de principes, mais sa rigueur n’empêcha pas des errances familiales. Peut-être Aimé comprend-il son histoire mieux qu’il ne veut le montrer. Le lendemain, la matinée risque d’être longue, voire mortelle, en attendant l’arrivée fort improbable d’un notaire…

 

La vie elle en fait voir de toutes les couleurs, et surtout du noir et du foncé, se dit Aimé, narrateur malhabile de ce récit. Ce n’est pas qu’il explique mal, mais les souvenirs se mélangent souvent aux faits du moment. Il faut pourtant bien qu’il évoque feu-M.Louis, Lucette, le drame de Martial, les filles de Sacha Milou, ce dont il fut témoin, et ce qu’il sait de ces gens aveuglés par l’héritage. Ici, l’écriture joue avec le langage, donnant sans en avoir l’air indices et révélations, au fil d’une intrigue criminelle de bon aloi. On sent pointer l’hécatombe. Il s’agit donc d’un bel exercice de style, extrêmement plaisant à lire.

Néanmoins, sans revenir sur l’impression très favorable, il faut nuancer les louanges. La base du sujet n’a rien de novatrice, elle a servi à quantité de romans depuis qu’existe le genre policier. Il n’est pas inutile d’avoir quelques notions en la matière avant d’écrire un suspense. Éluder certaines précisions, c’est quelque peu tricher. En outre, aussi ciselé et littéraire soit-il, le style a ses limites. Tout lecteur tant soit peu exercé devinera très tôt les rouages et les connections, moteurs de l’affaire. Émilie de Turckheim devra corriger quelques petits défauts, si elle publie un autre polar. Toutefois, répétons-le, celui-ci reste fort agréable à découvrir.

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 05:44

 

Publié chez L’àpart Éditions, le nouveau roman de Gino Blandin Les heures noires du duc de Berry se déroule dans la région de Saumur, où son héroïne Julie Lantilly est journaliste au Courrier Ligérien. Malgré sa jeunesse, elle a déjà vécu quelques périlleuses mésaventures.

Les reportages en cours s’annoncent plus calmes. Son sujet traite de l’ouvrage Les très belles Heures du duc de Berry, un des Livres d’heures réalisés pour ce noble personnage vers 1416. Avec ses magnifiques illustrations, des miniatures peintes par Paul de Limbourg, c’est un chef d’œuvre du patrimoine français. En compagnie de l’expert qu’elle consulte, Julie relève néanmoins deux énigmes autour de ce livre. Si les châteaux du duc de Berry figurent dans cet ouvrage, on y voit aussi celui de Saumur qui ne lui appartenait pas. Nul n’a d’explication. Autre question, non moins intrigante : Paul de Limbourg et ses deux frères décédèrent en 1416, sans doute tous trois assassinés. Peu de détails existent sur ces faits, mais un érudit habitant Baugé (Maine-et-Loire) suggère une version assez étonnante.

BLANDIN-2011Le reportage suivant entraîne Julie à la découverte de l’abbaye Notre-Dame-des-Gardes. Elle s’installe pour quelques jours au couvent. Une autre jeune femme y séjourne. Cette Gaétane, qui apparaît assez farouche et secrète, Julie ne tarde pas à la surnommer Tomb Raider. Alors qu’elle explore l’abbaye, la journaliste se trouve enfermée dans le clocher de la basilique. Julie a compris immédiatement que c’est un mauvais coup de Tomb Raider, et trouve le moyen de se venger. Parmi les sujets d’actualité qui attirent l’attention de Julie, il y a l’insolite cas d’un homme visé dans sa voiture par un tir d’arbalète. Le nom de la victime, Paul Bouteloup, ne lui est pas inconnu. Elle se rend chez lui afin de recueillir son témoignage. Ce fermier n’est que l’homonyme de l’érudit ayant étudié l’histoire du duc de Berry. L’homme lui désigne l’endroit où se cachait le tireur embusqué, ainsi que les traces qu’il a laissé. Ou plutôt elle, car il s’agissait d’une motarde.

Une piste amène Julie à s’intéresser à un club pratiquant des jeux guerriers, dont les membres ne semblent guère dangereux. Néanmoins, elle est renversée volontairement par une moto. Sous le choc, elle a besoin d’un peu de repos. Elle prend ensuite contact avec Paul Bouteloup, le véritable amateur d’histoire. Il évoque un de ces alchimistes du Moyen-âge, qui savaient peut-être transformer le plomb en or grâce à la pierre philosophale. Celui-là visait même l’immortalité, d’après ce que l’on sait de lui. Jamais il n’accepta de servir le duc de Berry. À trop approcher la vérité, même bien protégé, l’érudit prend des risques…

 

Construire une enquête sur des faits vieux d’environ six cent ans, il faut un certain talent pour y parvenir de façon crédible. C’est fort habilement que Gino Blandin utilise des références historiques et les mythes de l’alchimie pour bâtir cette intrigue. Il nous donne l’envie de nous documenter à notre tour sur le duc de Berry et ces somptueux Livres d’heure. Le contexte géographique apporte sa contribution à l’ambiance du récit. Ainsi découvre-t-on par exemple la petite ville de Baugé, dont le riche passé n’empêche pas le déclin. Ou encore cette abbaye, avec ses rites immuables. Autant d’éléments qui nous permettent de visiter la région de Saumur. Le mystère criminel n’est pas oublié, car ici rôde l’ombre malfaisante d’une experte en arbalètes. Sans doute pouvons-nous l’identifier, encore faut-il connaître ses motivations. Les tribulations de l’intrépide Julie vont la placer au cœur du danger. Un suspense très agréable.

 

Deux autres romans de Gino Blandin ont été chroniqués ici :

"Mort sur la Loire" et "Fenêt sur cour".

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 14:47

 

INTRAMUROS-2011À Cognac, le 7e Prix INTRAMUROS vient d’être décerné à Erik Wietzel pour son roman "Ne cherche pas à savoir" aux éditions XO. L'administration pénitentiaire était représentée par des personnels des SPIP (Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation) des départements 16 et 17. Quatre personnes détenues et membres des jurys étaient présentes sur les 52 participantes des six établissements pénitentiaires de Charente et de Charente-Maritime, tout comme le lauréat 2010, Tony Cossu ("Taxi pour un ange") et Karine Giebel ("Les morsures de l'ombre") la lauréate 2008. 

Les cinq autres candidats, Xavier-Marie Bonnot ("Le pays oublié du temps"), Jérôme Fansten ("Les chiens du paradis"), Maurice Gouiran ("Franco est mort jeudi") et Pascal Vatinel ("Parce que le sang n'oublie pas") étaient également présents ainsi que le dessinateur de l'affiche, MAKO, lauréat du Prix POLAR BD One Shot 2010 avec "Dernière station avant l'autoroute" cosigné par Didier Daeninckx et Hugues Pagan.

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 05:41

 

Pour concrétiser l’Union Pour la Méditerranée, idée diplomatique phare de l’ère sarkozyste, la France s’est notamment appuyée sur le président tunisien Ben Ali et sur le chef d’état égyptien Moubarak. Sans oublier de courtiser le grand dirigeant syrien Bachar El-Assad, le colonel libyen Khadafi, et autres démocrates de cette région du monde. L'indic n9L’UPM est une initiative réussie. Non pas que cette coûteuse structure basée à Barcelone ait prouvé depuis 2008 une quelconque efficacité. En réalité, l’Union s’est faite par le peuple, dans la rue. Le ras-le-bol final s’est exprimé après des actions suicidaires, démontrant le désespoir de toute une population. D’une génération se sentant sans avenir, sans liberté. Aujourd’hui, une transition démocratique serait en marche. Acceptons-en l’augure.

C’est à ce monde arabe que la revue L’INDIC consacre le dossier de son n°9, par le prisme du polar et du roman noir. Yasmina Khadra, Adlène Meddi, Maurice Attia, Barouk Salamé, Tito Topin et bien d’autres romanciers ont décrit une réalité des pays arabes, celles d’hier ou d’aujourd’hui. Francis Zamponi, évoquant un tragique épisode historique, ou Jean-Paul Nozière, à travers le cycle consacré à son enquêteur Slimane, nous rapprochent aussi de la question. On lira encore un texte de Christian Roux, "Poème aux peuples arabes en révolte", et l’interview de méritants éditeurs algériens, pour lesquels publier est un combat.

Dans ce n°9 de L’INDIC, d’autres rubriques pas moins intéressantes attendent les lecteurs. Des chroniques "Verdict" sur plusieurs romans, l’interview de Thierry di Rollo (auteur de "Préparer l'enfer"), un peu de cinéma et de musique, un article sur l’implication des jeunes héros dans les polars adultes, la "Comparution immédiate" de quelques romans, et de diaboliques mots-croisés.

Il faut saluer le remarquable article d’Alexandre Clément consacré à James Ellroy. Ce que l’on pourrait appeler un bilan critique. Sur quoi repose réellement la renommée d’Ellroy, plus vendu en Europe que dans son pays, un personnage audacieux ou prétentieux ? L’analyse proposée ici, non pas à charge mais refusant la complaisance habituelle, s’avère d’une grande justesse.

Le n°9 de L’INDIC (5 €) est une nouvelle preuve de la vivacité et du sérieux de l’association Fondu au Noir. Découvrez sans tarder l’univers polardeux tel qu’ils nous le présentent au fil des numéros. Cliquez ici pour L'INDIC.

 

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 06:04

Samedi 18 juin 2011, petite sortie de l’après-midi au Salon du Livre de Vannes (Morbihan), évènement généraliste où figurent peu d’auteurs de polars.

VANNES11ATrois ou quatre raisons d’y aller, quand même. Une jolie expo concernant Frédéric Dard, avant tout. Pour qui a été marqué par la prose de Frédéric Dard, ces objets ayant appartenu à l’auteur procurent une certaine émotion. Des machines à écrire, il en a usé plusieurs, sans doute, mais celle-là seule aide à l’imaginer.

VANNES11BVANNES11CUne seconde expo autour des illustrations de San-Antonio par François Boucq. Ayant connu celles de Michel Gourdon, Dubout ou Rogersam, il faut admettre que ces images-là s’inscrivent dans la lignée, digne de San-Antonio.

VANNES11DVANNES11EPassons aux livres. Que dire à Joséphine Dard, sinon que c’est de la faute de son père si je suis devenu un lecteur intensif ? Elle est radieuse, Joséphine. Elle me signe un exemplaire de son livre, dont on reparlera ici. Son mari est à côté, Guy Carlier vu-à-la-télé et entendu-à-la-radio. Comme bon nombre d’auteurs présents, évitons l’énumération.

VANNES11FVANNES11GSous un autre chapiteau, la conférence présentation de trois auteurs de polars. L’intervieweuse est vraiment peu inspirée, ignorant qu’il est préférable de parler de sujet qu’on a potassé. Elle interroge maladroitement Régis Descott, Frédéric Lenormand, et Émilie de Turckheim.VANNES11HVANNES11JRetour au chapiteau de la librairie, très fréquenté. Pour la plupart des flâneurs, des curieux de stars, des flattés de croiser l’auteur. Françoise Dorin, Janine Boissard, Christiane Collange, on a tous leurs livres. Ce Roland Dumas, ça reste un bel homme. Jean Teulé, y parait qu’il est drôle, hein ! Isabelle Alonso, aussi vacharde que dans les médias. De vrais lecteurs aussi. VANNES11LVANNES11MVANNES11PVANNES11KUn bonjour à mes amis Jean Failler ou Firmin Le Bourhis, des photos de Jean-François Parot et de Daniel Picouly. Proches de l’esprit polar, Michel Quint, François Rivière ou Catherine Fradier sont trop occupés, trop agités pour les prendre en photos.

Autre idée concrétisée en venant à ce salon : une rencontre perso avec Frédéric Lenormand, auteur des nouvelles aventures du Juge Ti (chez Fayard), par ailleurs Prix Arsène Lupin 2011 (chez J.C.Lattès). Nous avions eu un bref contact, je m’étais promis de me faire connaître si l’occasion s’en présentait. Contact chaleureux, photo à l’appui (merci au monsieur qui l’a prise, pas facile vu la mauvaise luminosité). Frédéric m’a confié que… Eh non, confidentialité oblige, vous ne saurez encore rien de ses intéressants projets (signés).

VANNES11ZAvant de partir, un détour auprès d’une auteure dont on reparlera ici sans doute. Le temps imparti à cette sortie touche à sa fin.

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 05:43

 

Pour cette chronique, Action-Suspense accueille Serge Breton. Il va évoquer un jeune romancier sexagénaire, Dominique Edler. Cet auteur a écrit bon nombre de nouvelles (polar, SF, fantastique, humour) depuis trente ans. Il vient de publier chez Le Pythagore "Un privé en Champagne". Un auteur à suivre, car deux autres romans sont programmés (en décembre 2011 et printemps 2012).

 

EDLER-2011A l’heure où Dennis Lehanne nous convie aux retrouvailles de Patrick et Angela, coup de projecteur sur le statut du privé en France. L’enquêteur privé est une excroissance du libéralisme économique, électron libre sociétal, tandis que le flic est un fonctionnaire formaté pour maintenir l’ordre établi. D'où la déferlante du privé en terres étasuniennes et son faible écho en nos contrées, farouchement adeptes d'un état providence. CQFD: la stature d'un Maigret domine le paysage littéraire policier français, tandis qu'aux USA, ce sont celles de Sam Spade et Philip Marlowe.

Bien sûr, il y eut Nestor Burma, ce qui nous ramène quand même au milieu du siècle dernier. Plus proche de nous, Eugène Tarpon, Louise Morvan, Slimane Rahali (et son chien Bogart!), et puis qui ? Du haut de ses tentacules, le Poulpe ricanera sûrement de cette foire aux étiquettes. N'empêche, lui aussi enquête sans chaussures à clous... C’est en BD que l’on trouve la plus évidente représentation actuelle du privé made in France (et en solex), avec l’ami Jérôme Bloche.

Autant d’arbres cachant la forêt d’auteurs francophones ayant osé s'attaquer au Mythe. Efforts probants parfois. Ainsi ceux de Dominique Edler, dont "Un privé en Champagne" vient de paraître aux éditions Le Pythagore.

Didier Rouque, ex-flic, débarque dans une bourgade champenoise où a disparu une jeune femme qu’il se doit de retrouver. C'est la saison des vendanges, et dans le sillage de Rouque, l'effervescence du lieu et du moment va s'exacerber de morts violentes... Sur une trame ultra classique, Dominique Edler déroule une partition personnelle qui suscite pleinement l'intérêt.

En situant son roman dans un contexte qu'il connaît manifestement bien (et, pour ne rien vous cacher, moi aussi), l'auteur trouve une authenticité de ton qui accroche d’emblée. Comme, de surcroît, il a parfaitement amalgamé les codes du "hard-boiled", les péripéties dans lesquelles il plonge son privé se révèlent plus que convaincantes. Autre tour de force pour un premier roman, Dominique Edler n'est pas avare de rebondissements, se payant le luxe, comme un vrai pro, d’entremêler plusieurs intrigues. Le tout avec rythme, aisance et clarté. Il faut dire qu’il y a chez lui un évident plaisir d'écrire, communicatif en diable: qui ouvre le roman se trouve happé par un style direct et sans fioritures, au service d’une histoire dont on veut fatalement connaître le fin mot (ou le mot "fin")...

À certains moments, la lecture de "Un privé en Champagne" m'a renvoyé à celle, déjà lointaine, de David Morgon (nom de l'auteur et de son privé lyonnais, publié au "Fleuve Noir Spécial Police" de la grande époque). Car voilà une autre grande qualité du livre de Dominique Edler: faire rimer littérature policière avec roman populaire. Pas si fréquent à bien regarder les étals de nos libraires préférés...

On pourrait regretter des méchants caricaturaux (mais n'est-ce pas une des règles du roman populaire?), un héros au charisme à affirmer (mais l'auteur, par petites touches, commence à nous révéler ses failles, l'empathie pointe...), et un dialogue (art subtil et délicat comme chacun sait) surabondant dans certaines scènes. Broutilles au final: dès son premier roman, Dominique Edler rejoint le cercle des romanciers français ayant réussi à camper un privé crédible, pour la plus grande et simple satisfaction de lecteurs avides de plaisirs roboratifs.

Saluons le travail du Pythagore, éditeur régional qui pallie ici courageusement aux carences ou disparitions de maisons d'édition parisiennes (derechef, une larme émue pour le défunt Fleuve Noir Spécial Police). C'est le 3e polar à son catalogue, après "Champagne rouge garance" de Jean-François Maillet et "Meurtre en Champagne" de Patricia Osganian, ce dernier titre parrainé par Dominique Manotti.

Au début du roman, Rouque débarque sur un quai de gare. C'est de là qu'il nous entraîne, consentants, dans les méandres de son enquête. Dans la dernière phrase, sur le même quai, il monte dans un autre train, comme pour nous convier vers d'autres horizons aventureux...

Des infos sur ce roman en cliquant ici.

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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 06:14

 

Ce n’est pas un polar, mais un roman extrêmement plaisant que Martin Provost nous propose avec Bifteck, publié en 2010 chez Phébus.

À Quimper, au début du 20e siècle, la boucherie de Loïc et Fernande Plomeur est appréciée d’une large clientèle. C’est que, dans cette famille, on est bouchers de père en fils depuis toujours, tous élevés dans la viande. André Plomeur a suivi dès son plus jeune âge cette tradition. Très tôt, il acquiert un beau savoir-faire. Blond, le front bas, un faux air d’albinos, André est aussi précoce quant aux plaisirs du sexe. Il n’a que treize ans quand la belle Jeannine éveille en lui des prédispositions viriles. C’est au temps de la Première Guerre mondiale, tous les hommes sont au combat. Le jeune étalon attire les clientes en longues queues dans la boutique de ses parents. Tout en leur préparant la viande, sans malice, il en choisit quelques-unes, qu’il rejoint plus tard pour des rendez-vous amoureux.

PROVOST-2010Tout à une fin, même la guerre. Lorsque les maris reviennent, les bébés nés des étreintes entre André et ses clientes s’avèrent encombrants. C’est ainsi qu’on dépose anonymement devant la boucherie un de ces bébés, puis un deuxième, et encore d’autres. Voilà bientôt sept bébés, cinq garçons et deux filles, dont le jeune André s’occupe avec enthousiasme. Au détriment de la boucherie, qui va vite péricliter, causant le décès de ses parents.

Orphelin à seize ans, avec sept enfants à charge et un commerce à tenir, André se sent capable de faire face. Sauf qu’il y a un problème du côté de Solange, la veuve d’un sous-préfet mort à la guerre, mère de la petite Gretchen. Le mari n’a pas péri, il revient cul-de-jatte au foyer. Dénoncée par un vil corbeau, Solange a beaucoup de mal à justifier l’existence du bébé. L’époux menace de retrouver le vrai père de l’enfant.

André et sa marmaille prennent la fuite. À Douarnenez, le jeune boucher achète un bateau, y case ses sept rejetons, et prend la mer. Direction l’Amérique ! C’est un bien long voyage pour le petit groupe. Mais il y a tant de tendresse du père envers ses enfants, tant de complicité entre les petits, que le périple peut bien durer autant qu’il faut. Les petits grandissent, la vie à bord a ses contraintes et ses bonheurs. Néanmoins, nulle terre n’étant jamais en vue, André commence à désespérer. C’est sans doute par miracle que leur bateau s’échoue finalement sur une île. André et ses sept enfants décident de rester sur ce territoire peut-être hostile, mais qui est un pays hallucinant…

 

Écrivain et cinéaste, Martin Provost est le réalisateur du film Séraphine, avec Yolande Moreau, qui a connu un grand succès. Bifteck est un court roman paru à l’automne 2010. Il serait vain de faire entrer ce livre dans une catégorie précise, ou d’ajouter un long commentaire. Il s’agit là d’un conte plein d’humour et de tendre fantaisie. La vie était un jeu que les enfants pratiquaient à merveille. Avec eux, [André] était invincible. L’histoire concoctée par l’auteur est drolatique et savoureuse, riche en jolies trouvailles, racontée avec une fluidité bienvenue, sans négliger un certain suspense. Un vrai plaisir de lecture, une histoire d’une belle originalité.

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