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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 06:50

 

Chez Seuil Policiers, Thomas H.Cook nous entraîne dans le Sud des Etats-Unis pour son nouveau roman, Les leçons du Mal (disponible dès le 3 mars 2011). 

Lakeland est une petite ville du Delta du Mississipi. Aujourd’hui âgé, Jack Branch se remémore l’épisode qui marqua un tournant dans sa vie. En avril 1954, ce fils de bonne famille a alors 24 ans. Son père est un intellectuel. Il vit en reclus dans leur propriété familiale, depuis un incident s’étant produit douze ans plus tôt. Jack est un jeune professeur du lycée local, sans doute imbu de principes pédants. Son cours thématique sur les pires aspects du Mal réunit un groupe d’adolescents. Évoquer les bourreaux et les victimes, du Radeau de la Méduse ou de la tragédie du Minsk jusqu’aux Sorcières de Salem, en passant par Jack l’Éventreur, tels sont les sujets abordés. La jeune Sheila n’est guère attentive à ses cours, car son flirt avec l’ado Dirk tourne plutôt mal. Ce vendredi-là, elle disparaît. Jack pense l’avoir vue dans la fourgonnette d’Eddie Miller, un élève. Il en avise le sheriff Drummond, qui va interroger le jeune garçon.

COOK-2011Cette disparition ravive le souvenir de l’affaire Linda, enlevée et tuée par Luther Miller, le défunt père d’Eddie. Lourde hérédité, qui fait d’Eddie un jeune paria, bien qu’il ne soit responsable de rien. Jack a envie de le protéger, de l’aider à enquêter sur les circonstances du cas Linda. Ce qui fera l’objet du devoir qu’il rendra en fin d’année. Venue elle aussi, comme la famille d’Eddie, du quartier pauvre des Ponts, Nora Ellis est une collègue pour laquelle Jack éprouve plus que de l’affection. Elle approuve cette initiative, utile à l’équilibre du garçon. La disparition de Sheila est bientôt résolue, mais la nervosité de Dirk, épaulé par son copain Wendell, reste très vive. Eddie situe la cabane où son père séquestra la pauvre Linda. Outre les documents personnels, des archives de journaux relatent cette affaire criminelle marquante. Le père de Jack a eu pour élèves les protagonistes de ce drame, y compris le fils décédé du sheriff.

Jack et Eddie rencontrent le sheriff Drummond, à propos duquel le jeune prof s’interroge. Ils sont aussi reçus par Mr Brantley, propriétaire terrien. Les témoins dressent un portrait sombre de Luther, s’apitoyant quand même sur son sort. Le duo parvient à rendre visite en prison à l’homme qui exécuta Luther Miller. Membre de mouvements racistes, il ne masque pas son cynisme. Le devoir d’Eddie Miller avance bien, donnant à penser qu’il a un talent d’écrivain. Sheila s’étant rapprochée d’Eddie, elle est agressée par Dirk. Celui-ci est publiquement humilié par le sheriff, afin de l’inciter à se calmer. Longtemps après, son copain Wendell avouera : Dirk était pourri jusqu’à la moelle. Tout à sa relation avec Nora, Jack laisse l’initiative à Eddie. Néanmoins, le prof n’a aucune confiance en Drummond. Si la situation dérape, Jack est partiellement fautif…

 

Il ne faudrait pas aborder ce roman tel un polar au tempo vif. On nous parle ici du Sud des Etats-Unis, à une époque où règne encore une certaine nonchalance. Même si, en apparence, Jack ne nous confie que des éléments disparates, ne cherchons pas à aller plus vite que le narrateur. Nous savons qu’il y eût un procès à l’issue de ces faits. Nous n’apprenons que lentement leur progression, et le sort de chaque protagoniste. Les pièces du puzzle vont s’assembler peu à peu. C’est là que réside toute la subtilité de ce suspense, dont l’action avance sans précipitation. L’ambiance feutrée n’en est pas moins sombre et criminelle. La tradition Sudiste et l’esprit des Confédérés, c’est aussi la ségrégation, raciale envers les Noirs, sociale envers d’autres populations modestes. Le contexte est dessiné avec ses fines nuances. Ce que le héros, idéaliste à cet âge-là, ne perçoit pas forcément. Encore un excellent roman de Thomas H.Cook.

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commentaires

S
<br /> Salut Claude.<br /> Pas lu ce Cook, mais j'interviens quand même pour dire que j'apprécie beaucoup cet auteur, notamment pour la finesse psychologique de ses personnages. Et ce qui en est dit ici, notamment dans le<br /> shaker Simenon/King me renvoie à un autre personnage de prof, celui de Dustin Hoffman dans "Les chiens de paille", majeur film noir de Sam Peckinpah (adapté d'un roman, je crois, mais lequel et à<br /> vérifier...). Et j'aime beaucoup ta définition désinvolte et juste de la littérature populaire: des stéréotypes exploités de manière différente et si souvent fortes...<br /> Amitiés.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Serge,<br /> <br /> <br /> Ce nouveau titre de Cook est tout chaud sorti, logique que tu ne l'aies pas encore lu. Je suis sûr qu'il te plaira, le moment venu.<br /> <br /> <br /> J'admets que les réponses aux commentaires obligent souvent à des raccourcis (désinvoltes)un peu schématiques. Néanmoins, les bons auteurs de littérature populaire<br /> font partie d'une même famille, qu'il s'agisse de Simenon ou de Stephen King, de Cook ou de Block. S'il en est un qui a prouvé qu'on pouvait exploiter les stéréotypes sous tous les angles, c'est<br /> bien notre cher G.J.Arnaud. Et un autre romancier l'a aussi fait, et continue : Pierre Pelot. Même famille, je confirme. Ces gens-là apportent une force à des faits et des personnages, en<br /> leur offrant une sorte de vérité pyschologique, de crédibilité.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Bonjour mon cher Claude,<br /> <br /> Je viens de terminer la lecture du billet de Sophie les bonheurs concernant le dernier Thomas H.Cook.<br /> Pour arriver sur ton blog et découvrir ta critique ...<br /> Pour l'instant, je n'ai lu pour qu'un seul livre de cet auteur américain "les feuilles mortes" une histoire, un style d'écriture qui m'avaient beaucoup plu à l'époque. Dans celui-là, il me semble<br /> qu'il ajoute un ingrédient supplémentaire, celui de la toile de fond historique. C'est bizarre, je trouve que son style d'écriture s'apparente plus à celui des européens qu'à celui des américains,<br /> dans sa façon d'appréhender les couleurs, les odeurs, et la vie américaine de tous les jours. Un auteur qui peut-être a été largement influencé par Simenon? qui sait? En tout cas, je retrouve un<br /> peu le même style d'écriture, transposée cette fois-ci en Amérique, avec cette idée de lenteur assumée, qui nous éclaire sur la vie américaine au quotidien, qu'elle soit rurale ou bien urbaine. Je<br /> viens de terminer "MISSISSIPPI" d'une jeune romancière américaine dont c'est le premier livre et en lisant ta chronique, je retrouve un peu la toile de fond de cette Amérique rurale d'après-guerre,<br /> encore ségrégationniste, notamment dans les états du Sud. A bientôt, cher Claude, amitiés, MIC.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Mic, tes commentaires me font toujours très plaisir.<br /> <br /> <br /> Dans "Les ombres du passé", on trouvait déjà cette ambiance de l'Amérique profonde, là dans les années 1960, avec les abus de pouvoir d'un shériff et les mauvaises<br /> réputations faites aux plus modestes. Il accentue ça ici, les années 1950 étant encore moins tolérantes aux Etats-Unis. Le problème des états du Sud, du Texas à la Floride, c'est qu'ils incarnent<br /> encore cette image passéiste par certains côtés. Sans raconter ma vie, je suis allé en Lousiane il y a longtemps. J'ai retrouvé cette langueur, cette<br /> nonchalance dans ce roman. Les bons aspects de cette région, chaleureuse et vivante, pas trop pressée. Il en existe de moins drôles, et carrément plus détestables.<br /> <br /> <br /> Simenon décrivait ce qu'il appelait "les petites gens", y compris quand il s'agissait d'un notable de province sans grand pouvoir mais plein de fierté, friand<br /> d'honneur. C'est une constante dans le polar, montrer des gens ordinaires face à des situations anormales, qui dérapent, ingérables, criminelles, etc. Ce jeune prof, ici, aurait pu être un<br /> personnage de Simenon. Ou de Stephen King, s'il se croit possédé par je ne sais quel diable.<br /> <br /> <br /> C'est le plaisir de lire de la littérature populaire, des stéréotypes exploités de manière si différentes, si fortes souvent !<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Bonsoir,<br /> <br /> L'écriture de Thomas COOK reste surprenante et de qualitè, dès lors que l'on s'y habitue. Je n'ai pas lu les autres romans de l'auteur, par contre félicitations au traducteur Philippe Loubat -<br /> Delranc<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Bonsoir Eric,<br /> <br /> <br /> Oui, nous avons la chance d'avoir d'excellent traducteurs, et celui-ci en fait partie depuis de longues années.<br /> <br /> <br /> La construction de l'intrigue s'allie à l'écriture chez Thomas H.Cook, ce qui donne l'inverse d'une histoire linéaire. Passé pour le récit et présent par flashes, on<br /> s'y adapte assez vite. Le tempo narratif me semble correspondre à celui de la région décrite, le Sud des Etats-Unis, avec ses lenteurs qui ne gâchent rien. Qualité peu contestable de cet auteur,<br /> en effet.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Vrai lecteur? je ne sais pas. Pur et dur du roman noir? Oui, en ce qui me concerne mais pas forcément du polar avec superflic ou du thriller avec super bargeot. Je pense réellement que Cook comme<br /> certains autres s'inscrivent vraiment dans le roman noir. Evidemment, ça ne flingue pas à toutes les pages. C'est peut-être ça que certains dont tu parles doivent lui reprocher<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> En effet, il existe plusieurs voies dans le polar, et autant de voies dans le roman noir. Pour en rester à Thomas H.Cook, c'est à mon avis aussi une des formes les<br /> plus intéressantes. Car il parle d'affaires criminelles, mais sans un flot d'hémoglobine ni une pétarade toutes les dix pages.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Fais une petite place pour les Feuilles mortes Claude. Je te jure que tu ne le regretteras pas. Il est dispos en Folio et si tu as aimé Les ombres du passé, là, tu ne vas pas en revenir. Promis,<br /> juré et je veux bien subir le supplice du goudron et des plumes dans le cas contraire...<br /> Amitiés<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut-bis, Cynic...<br /> <br /> <br /> Je te crois volontiers, car j'ai lu ici ou là que "Les feuilles mortes" plaisait moins à certains purs et durs du roman noir. Donc, toi qui es un vrai lecteur, tu<br /> dois avoir raison d'aimer ce roman.<br /> <br /> <br /> Le mauvais côté quand on suit l'actualité, c'est qu'on a du mal à rattraper les "non lus". Néanmoins, le charme des ambiances de Thomas H.Cook -cette violence en<br /> arrière-plan, par exemple - c'est effectivement très très impressionnant.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je ne lirai ton papier que bien plus tard car ce Cook, je le lirai. J'avais été déçu par le dernier en Série Noire mais alors les ombres du passé et surtout les feuilles mortes, c'étaient tout<br /> bonnement deux romans magistraux. Et fins dans l'écriture<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Cynic,<br /> <br /> <br /> Pas lu "Les feuilles motes", mais oui pour "Les ombres du passé", c'est un roman remarquable. Quant à la finesse d'écriture, sans t'influencer, tu ne devrais pas<br /> être déçu avec ce nouveau titre. Si, par ailleurs, je ne déteste pas les romans-scénarios, j'avoue apprécier ceux qui sont subtilement écrits. A bientôt pour reparler de ce titre.<br /> <br /> <br /> Amitiés. <br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Salut Claude, celui là, je vais le lire, c'est sur. Thomas Cook, c'est de la valeur sure !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Pierre,<br /> <br /> <br /> Ce n'est pas t'influencer que de dire ce qui suit... Franchement, à ne pas manquer. Tout y est subtil, à commencer par la construction de l'histoire, tu verras<br /> ça.<br /> <br /> <br /> ... et le prochain auteur dont je parlerai mardi ou mercredi, c'est aussi un incontournable.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />

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