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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 05:11

 

Désormais disponible chez Folio, La preuve de sang nous permet de continuer à explorer les remarquables romans de Thomas H.Cook.

Kinley est auteur de livres sur des cas criminels réels, ouvrages documentés sur les contextes d’affaires singulières, basés sur les dossiers et les témoignages qu’il recueille. Sans doute cette passion lui a-t-elle été transmise par sa grand-mère Grannie Dollar, décédée deux mois plus tôt. COOK-2012-FolioQuand il était enfant à Sequoyah, elle lui lisait des récits de La Gazette de la Police évoquant de monstrueux crimes. Il y eut aussi, dans sa jeunesse, plusieurs cas de disparitions inexpliquées dans cette ville de Georgie où ils habitaient. Ce quadragénaire solitaire vit à New York, dans un petit appartement avec vue sur les hauteurs de Broadway. Quand il apprend la mort soudaine de son seul véritable ami, Ray Tindall, Kinley retourne à Sequoyah. Serena, la fille de Ray, est contente de sa présence. Lois, l’ex-épouse du défunt, se montre quant à elle franchement désagréable.

Serena pense que le décès de son père peut s’avérer suspect. Pour s’en assurer, Kinley consulte les rapports officiels, avant de s’adresser au vieux docteur Stark, médecin et coroner. Ray étant cardiaque, rien de surprenant à ce qu’une longue marche dans le canyon ait provoqué cette crise fatale, selon Stark. Si Lois est furieuse que Kinley ait entrepris une enquête, c’est qu’elle a dérobé certains des dossiers de son ex-mari. Ceux pouvant concerner Dora Overton, l’amante de Ray. Kinley rencontre bientôt cette femme, qui lui révèle que son ami cherchait de nouveaux indices sur une vieille affaire touchant le propre père de Dora. Trente-sept années plus tôt, le modeste ouvrier Charles Overton fut condamné à mort à l’issue d’un procès de cinq jours. On l’accusait du meurtre de la jeune Ellie Dinker, seize ans, dont le corps ne fut jamais retrouvé.

Se plongeant dans les minutes du procès, Kinley vérifie que la procédure fut bien respectée. Overton fut arrêté sans opposer de résistance. On découvrit dans son camion la robe ensanglantée de la victime et ses chaussures. Pièces à conviction capitales durant le procès, faute de cadavre. Cacher le corps, mais garder ces vêtements d’Ellie Dinker, l’avocat de Charles Overton souligna cette contradiction. Aujourd’hui, il confie à Kinley que son client devait être coupable, sans qu’on puisse comprendre ses motivations. Dans les dossiers du procès, les témoignages sont clairs et, en effet, plutôt accablants. Pourtant, on oublia de noter qu’Overton était souffrant le jour de la disparition. Le réquisitoire du procureur Warfield fut brillant, autant que fut solide la plaidoirie de la défense. Kinley rencontre encore Ben Wade, enquêteur de l’époque. C’est dans le canyon où est mort Ray et, pour partie, dans son propre passé, que Kinley retrouvera les clés de cette affaire…

 

Thomas H.Cook utilise ici le même schéma scénaristique dont il se servira dans un autre roman quelques années plus tard, Les instruments de la nuit. Un écrivain enquête sur un cas ancien, où une jeune fille a disparu et où un ouvrier fut le suspect principal, afin de rétablir la vérité. Avec des bases similaires, on peut aboutir à des romans assez différents, comme le démontra autrefois William Irish en développant diverses histoires de vengeances.

La toile de fond est une petite ville paisible, et même endormie. En près de quarante ans, les mentalités n’y ont pas changé. Une condamnation évidente, un dossier classé, mais surtout pas mal de non-dits, qui prouvent progressivement que l’ambiance locale n’était pas si sereine. Si la transcription du procès sert beaucoup, témoignages et images personnelles du héros complètent les investigations.

L’intrigue serait touffue sans l’habileté de l’auteur à construire un récit limpide, parfaitement fluide. Caractéristique de la manière dont Cook captive ses lecteurs : présent et passé ne font qu’un, subtilement entrelacés, d’autant que des témoins d’alors ou leurs descendants vivent toujours à Sequoyah. C’est avec un luxe de détails factuels et psychologiques que cet excellent suspense apparaît d’une belle intensité.

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commentaires

J
Bon je sais c'est un peu mégalo de parler de soi, mais votre site est bien fait et peut-être pourriez-vous parler de mon dernier bébé : "Sans tête" chez corsaire édition<br /> http://www.polarspavillonnoir.com/product/SANS-TETE-Jean-Michel-ROCHE<br /> Dans sa collection "Pavillon noir"
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