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Parmi les nouveautés disponibles en format poche depuis ce début 2013, sans doute y en a-t-il deux qui méritent une “piqûre de rappel”. Il s’agit de deux suspenses aux tonalités fort différentes, mais aussi insolites l’un que l’autre.
James Siegel : "Storyteller" (Pocket)
Littleton, une petite ville dans le désert de Californie, à deux cent quarante-six kilomètres à l’est de Los Angeles. Tom Valle y est aujourd’hui journaliste. Il fut naguère un de ces reporters dénichant des scoops pour la presse new-yorkaise. Toujours le premier sur des sujets spectaculaires, sauf que la plupart de ses articles étaient truqués, avec cinquante-six reportages bidonnés. Devenu la honte de la profession, il a pu se recaser dans un petit journal californien. Il subit encore les quolibets du shérif Swenson, qui n’ignore rien de son passé. Des articles sur un sinistre accident de la route ou sur la centenaire locale Belinda Washington, tels sont les sujets qu’il couvre désormais.
Bien étrange accident où la voiture a brûlé, et son conducteur est intégralement calciné. On a l’identité de la victime, un Blanc, alors que le médecin estime que le mort est un Noir. Contactant par téléphone la mère du défunt, Tom apprend peu après que cet ancien soldat est de retour chez elle, malade mais bien vivant. Quant au seul témoin de l’accident, il est introuvable dans la ville qu’il a indiquée. Curieux aussi qu’il n’y ait aucune trace de freinage sur la route. Des éléments qui ne perturbe guère le shérif local. Et encore, Tom ne lui parle pas du message reçu par Belinda Washington, de son fils mort cinquante ans plus tôt. De même, quand Tom est agressé chez lui par un faux plombier, Swenson se montre incrédule. Par chance, le journaliste fait la connaissance de la belle Anna Graham, qui ne semble pas le juger.
John Wren, prédécesseur de Tom, enquêta sur le drame qui endeuilla la région il y a un demi-siècle. Stockées sur microfilm, les archives du journal relatent l’inondation qui causa 892 victimes à Littleton Flats. La seule rescapée fut une gamine, sauvée (selon son témoignage) par des robots au service d’extraterrestres. Il y eut un procès, où un jeune ingénieur servit de bouc émissaire. Dans le village dévasté, Tom croise un ex-médecin octogénaire qui se souvient vaguement du drame. Rien de solide pour un reportage, ni qui fasse le lien avec le récent accident. Pourtant, le menaçant pick-up bleu du plombier rôde autour de Tom. C’est à Santa Monica que le journaliste retrouve le témoin de l’accident de la route. John Wren, qui vit maintenant tel un ermite, connaît les mensonges passés de Tom. Néanmoins, il accepte de lui transmettre ses notes sur le drame du barrage. Toujours insuffisant pour que le shérif Swenson prenne le journaliste au sérieux…
Yishaï Sarid : "Le Poète de Gaza" (Babel Noir, Grand prix de Littérature policière
2011)
Agent confirmé des services secrets israéliens, son rôle consiste à empêcher les attentats suicide. Il passe une grande partie de son temps à interroger proches et amis des gens soupçonnés de terrorisme. La méthode psychologique ne donne pas forcément de bons résultats, aussi doit-on souvent rudoyer les témoins, les maltraiter au besoin. Marié à Siggie, père d’un enfant de quatre ans, l’Agent ne passe guère de temps auprès de sa famille. De plus en plus écœurée par cette situation, son épouse a accepté un poste à Boston où elle va s’installer bientôt, avec leur fils. Quand un incident mortel se produit lors d’un interrogatoire, son supérieur Haïm ne peut disculper totalement l’Agent. Prendre un peu de repos, quelques heures en famille au bord de la Mer Morte, ne suffit pas. D’autant qu’il a une autre mission en cours, dont les résultats apparaissent fort aléatoires.
Près d’un quart de siècle plus tôt, Dafna fut une romancière prometteuse. Mariée à un cinéaste inspiré, elle connut un beau succès avant de tomber dans un quasi anonymat. Se faisant passer pour un écrivain amateur ayant besoin de conseils, l’Agent prend des cours auprès de Dafna. Celle-ci a besoin d’aide pour son ami de toujours, le poète palestinien Hani. Atteint d’un cancer en phase terminale, pour qu’il vive paisiblement ses derniers jours, elle voudrait qu’il soit soigné en Israël. C’est par ce biais que l’Agent espère mettre la main sur le fils de Hani, chef présumé d’un réseau terroriste. Censé être un riche Israélien disposant de relations haut placées, l’Agent ne peut pourtant pas brusquer les choses.
Dafna a un autre gros problème à régler. Consommateur de drogue endetté, son propre fils Yotam se cache et végète dans une cabane sur la plage de Césarée. Selon l’arrogant jeune junkie, c’est le puissant Nokhi Azria qui est cause de ses problèmes. Sans doute le financier Azria n’est-il pas un saint, mais la version du jeune homme est loin de la vérité. Même si Yotam rentre à Tel-Aviv, il ne restera pas moins accro à la drogue. Très affaibli, le poète Hani s’est installé chez Dafna après un séjour à l’hôpital. Comme l’indiquaient de vieux rapports sur lui, c’est un modéré n’ayant jamais menacé le pays.