Le Prix "Calibre 47" à Anne Secret pour "Les villas rouges"

14.03.2010

Voir un roman que j'ai défendu (sur www.rayonpolar.com et dans le n°105 de la revue "813") obtenir un Prix de lecteurs m'offre toujours une grande satisfaction personnelle. Le "Prix Calibre 47" du Festival Polar’Encontre 2010 a été attribué à Anne Secret pour "Les villas rouges" (Seuil, 2009).

SECRET-CALIBRE47 Kyra est une ex-jeune prof de Lettres. Fin 1987, elle est impliquée dans une évasion lors d’un transfert pénitentiaire. Le commando est organisé par Udo, l’amant de Kyra. L’évadé est plutôt un truand qu’un activiste politique, comme le laisse entendre Udo. Un CRS est abattu durant l’opération. Kyra, Udo et leur complice Andrea trouvent refuge dans la station balnéaire de Ault-Onival, déserte en décembre. Ami de longue date d’Udo, Gillain héberge Kyra dans une villa qui lui appartient, tandis que les deux autres se mettent à l’abri. La jeune femme en cavale essaie de ne pas se faire remarquer. Udo revient brièvement auprès d’elle, préparant leur proche départ.

À la date prévue pour partir, Andrea est arrêté par les forces de l’ordre. Kyra s’enfuit, se planquant pendant quelques jours dans la maison vide de Gillain. Elle s’interroge sur son absence. Il est aux Antilles, alors que c’est lui qui devait les amener en Belgique. Recherchée par la police, Kyra change d’aspect et rentre à Paris. Un temps logée chez un copain sûr, elle doit s’en aller quand son portrait-robot est diffusé dans les journaux. Elle passe d’un hôtel minable, où on ne lui pose pas de question, à un autre plus confortable, où on la prend pour une étudiante. Elle contacte Serge, un ami traficoteur qui a toujours gardé ses distances avec Udo et l’action purement politique. Kyra refuse de se poser des questions sur les missions, illégales, que lui confie Serge, pour lesquelles elle est payée. Neuf mois après son premier séjour, munie d’un flingue, Kyra retourne à Ault-Onival. Toujours sans nouvelle, Kyra reste obsédée par le fait de retrouver Udo...

Errances et désillusions sont au programme de ce roman sombre, retraçant le destin d’une femme en rupture. Elle n’était pas prête pour une existence ordinaire et rangée. Le romantisme de la marginalité l’a conduite à vivoter dans la clandestinité, à la merci d’une arrestation. Dans ce monde-là, on pratique aussi la manipulation et la trahison. Le parcours de Kyra est assumé avec le fatalisme d’une dérive qui peut mal se terminer. Pas un instant l’auteur ne “victimise” son héroïne et narratrice, ne s’apitoie sur son sort. L’écriture est précise, les images sont nettes, le ton est juste. On perçoit autant l’isolement de la jeune femme que ses vains espoirs.