Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !

Joseph Incardona : Misty (Ed.Baleine, 2013)

 
Âgé de cinquante-trois ans, Samuel Glockenspiel n'est pas le plus glorieux détective privé de Los Angeles. Ce qu'il admet, conscient d'avoir abusé des alcools forts, et autres plaisirs qui finissent par vous miner la santé. Ferdinand, son médecin traitant, qui se sent lui aussi usé, a prévenu Sam qu'il n'irait pas loin à ce rythme. INCARDONA-2013Le détective vit dans l'espoir que son ex-femme Molly, vivant désormais avec un vrai flic, lui reviendra. Un chien empaillé, un Bouddha en bronze, et quelques bricoles sans valeur, voilà tout ce qu'il reste à Sam. Avec sa Coccinelle bleue pourrie, quand même. Seuls quelques morceaux anthologiques de jazz lui remontent le moral. Sinon, loyers impayés et railleries de la profession, tel est le sort de Sam. De rares copains : son voisin peintre Jackson et sa compagne Lee ou l'ex-soldat Tito qui fut un héros, aujourd'hui patron gay d'un restaurant au Mexique. «Lorsqu'on fait appel à moi, c'est qu'on n'est pas heureux». Suffit juste qu'il y ait de la demande.
Un client qui lui donne rendez-vous dans le quartier rupin où il habite, ça ne se laisse pas passer. Arrivée dérangeante pour le voisinage, semble-t-il. Heureusement que Sam a une sorte d'ange gardien. En réalité, c'est une sculpturale cliente qui l'attend. Toute fortunée qu'elle soit, la souffrante Milady vit dans de l'aseptisé. La mission qu'elle propose à Sam, sur lequel elle est bien renseignée, consiste à récupérer une précieuse clé. Pas beaucoup de détails, mais un rémunération exceptionnelle. Cent mille dollars, le rêve du détective privé, qui voit là l'occasion de boucler une ultime affaire avant de se la couler douce. En commençant par rembourser ses dettes: «Donnez-moi de l'argent et je vous relance le commerce de proximité». Entre-temps, Sam a bien connu de légers soucis avec sa Coccinelle, et pour une affaire de mœurs à cause de la jeune Lillipop. Tout a été réglé suite à de mystérieuses interventions, lui apprend le gros inspecteur Frijoles.
Si Milady se prénomme Eva, il existe également sa sœur Ditta. Des jumelles, mis à part que la seconde n'a aucun problème de santé. Par contre, elle est du genre à mettre des bâtons dans les roues à Sam, puisqu'il refuse catégoriquement de travailler pour elle. Son voisin artiste va en faire les frais. Un détour s'impose par le restaurant mexicain de son camarade de combat Tito. Tandis que rôde le menaçant Hummer de Ditta, Sam sent monter la pression autour de lui. Renoncer à cette mission, et au reste du pactole, ce serait la solution la plus sage pour le détective. D'autant qu'il a compris que Ditta dispose d'une sacrée équipe de tueurs. Les trois délinquantes qui braquent le diner où il se trouve, sans doute pas un hasard. Sam continue, direction un cimetière au Mexique, où il devrait récupérer la fameuse clé. Ce qui n'est pas de tout repos quand, après avoir creusé et ouvert une tombe, il est visé par des tirs carrément hostiles...
 
Si la mythologie du détective américain vous est inconnue, vous risquez fort de passer à côté de cette histoire. L'alcoolo solitaire, le malchanceux largué, le cador de la poisse : telle est l'image traditionnelle. Toutefois, c'est une variante plus excentrique qu'a imaginé Joseph Incardona. Sam n'est pas ici un privé classique, aux mésaventures balisées et aux échecs permanents. Il y a bien plus de fantaisie dans ce monde intemporel qui l'entoure. Il y côtoie un peintre qui deviendra célèbre, croise un pianiste qui sera réputé, s'adresse à un animateur radio spécialiste du jazz nommé Vernon Sullivan. Mongo Le Magnifique ou Edward Bunker enfant sont aussi de la partie.
En tête de la play-list musicale, Erroll Garner interprète son mélodieux «Misty», qui donne son titre à ce roman (la version chantée d'Etta James n'est pas oubliée). Ce n'est pas pour autant un étalage de culture jazz, mais l'ambiance (brumeuse) dans laquelle évolue notre détective. Que seraient les déboires d'un privé sentimental sans un peu de sexe ? L'auteur n'abuse pas de ce piment, rassurons-nous. Après l'inoubliable " Trash Circus", l'écriture de Joseph Incardona fait mouche une fois de plus, grâce à ce suspense décalé.
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
Salut Claude, après Trash circus, je vais lire celui là ! En plus, rien qu'avec ce titre, on ne peut pas hésiter ! Amitiés
Répondre
C
<br /> <br /> Eh eh, mon cher Pierre, j'espère que tu as cliqué sur la musique d'Erroll Garner. Et la chanson est encore plus puissante. Encore une fois, Incardona nous fait<br /> décoller du roman basique, même sympa, pour nous proposer "tout autre chose". On ne s'ennuie jamais avec ses héros.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Est-ce que dans ce roman il est explicitement dit à un moment en quelle année précise on est ? Ou est-ce au lecteur de le supposer d'après l'ambiance, le contexte ou Vernon Sullivan ( écrivain<br /> imaginaire oeuvre de Boris Vian ) ?<br /> L'inspecteur qui s'appelle Frijoles, c'est un jeu de mots ? Des frijoles, ce sont des haricots noirs. La seule fois où j'ai vu ce mot, c'était dans Oro, de Cyzia Zykê, ce fameux récit des années<br /> 1980. Il dit que le choix d'un restaurant dans le pays d'Amérique du Sud où il voyage au début du livre est aisé, car tous les restaurants ne proposent que le feijoada, un plat à base de boeuf et<br /> de frijoles.<br /> Le détective qui creuse dans un cimetière pour chercher la clé, alors que les méchants sont là pour lui tirer dessus, cela rappelle l'une des dernières scènes du western spaghetti " Le bon, la<br /> brute et le truand " ( 1966 ) de Sergio Leone, avec Clint Eastwood, Eli Wallach et Lee Van Cleef. Eastwood dit à Wallach, après avoir tué Van Cleef : " Tuco, vois-tu, le monde se divise en deux<br /> catégories ( phrase souvent utilisée dans le film ) : ceux qui tiennent le revolver et ceux qui creusent ( pour chercher un trésor ). Toi, tu creuses ! "<br /> <br /> Cordialement
Répondre
C
<br /> <br /> Bonjour Philippe<br /> <br /> <br /> Il faut croire que le policier Frijoles ressemble à un gros haricot. Sinon, je n'ajouterai rien à ce petit résumé, je n'en<br /> dévoilerai pas davantage. Car les questions que vous vous posez sont, justement, "ce qui fait tout le sel" de ce roman. Des clins d'oeil, des allusions, c'est une des bases de cette histoire.<br /> Jouer avec les références... et l'imaginaire de chacun, c'est tout un art !<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
O
Bonjour Claude<br /> Malgré l'ambiance Jazz que tu décrit, je ne sais pas si je vais lire ce nouvel opus de Joseph Incardona ayant été refroidi (mais apparemment je suis le seul) avec Trash<br /> Amitiés
Répondre
C
<br /> <br /> Salut Paul<br /> <br /> <br /> Il arrive qu'on n'adhère pas au style d'un auteur, ou qu'on reste sceptique. "Trash Circus" était, en somme, le portrait d'un cynique : probablement pas le genre de<br /> personnage qui va te plaire. D'autant que l'auteur devait "charger" les effets pour noircir le tableau. Ce nouveau roman, très écrit aussi, est plus léger sur les couleurs sombres, quand<br /> même.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
P
Salut Claude,<br /> ...220 volts, Trash Circus et maintenant Misty. Décidemment, Joe est un récidiviste notoire.<br /> J'ai commencé ce dernier roman hier...vivement ce soir!<br /> Amitiés<br /> Pierre
Répondre
C
<br /> <br /> Bonjour Pierre<br /> <br /> <br /> Je te sais un admirateur de Joseph Incardona, qui a été et sera invité au Festival Polar'Encontre. Encore une belle réussite de cet excellent romancier !<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />