J’ai récemment chroniqué "Le démon dans ma peau", de Jim Thompson. Plusieurs habitués se sont interrogés sur les futures traductions concernant ce romancier, qui figure au Panthéon des auteurs de romans noirs.
Notre ami traducteur Pierre Bondil répond à leurs questions :
« Bonjour
Je confirme que quatre des romans de Jim Thompson sont passés chez Rivages et qu'ils devraient paraître en deux lots, le premier au plus tôt en juin 2012 (mais quand on attend depuis des années une traduction intégrale débarrassée de l'argot série noire, ce n'est plus "une aussi longue absence"). Les cinq autres (il y en avait neuf en série noire) suivront très vraisemblablement.
Il s'agit de retraductions intégrales et non de replâtrages (contrairement à ce qui a été fait chez Gallimard jusqu'à présent, pour les Chandler ou pour Chester Himes, par exemple). En ce qui me concerne, comme pour Hammett, ce sera une traduction car je ne relirai (je ne relis) pas la traduction antérieure, tant pis si à l'occasion je perds des solutions meilleures que les miennes, au moins je ne suis pas influencé et ne risque pas le plagiat.
Je suis en ce moment sur "The Getaway" ("Le lien conjugal") et Jean-Paul Gratias travaille en parallèle sur "The Killer Inside Me" ("Le Démon dans ma peau"). Le mien est à la troisième personne du singulier, d'où le choix du passé simple en français, le sien à la première personne d'où le choix du présent de narration. Peut-être reviendrons-nous sur ces choix en cours de route. En ce qui me concerne je suis pour l'instant très surpris et déstabilisé par le nombre de mots très longs, la présence envahissante d'adverbes (avec la terminaison en -ment, en français, ça ne va pas passer) et la grande recherche de vocabulaire.
On verra bien, mais je n'avais plus traduit de Thompson depuis vingt-cinq ans ("Libération sous condition", "Recoil", n°1 Rivages/Noir, et "Un Nid de crotales", "The Trangressors", n°12) et ce n'est pas le souvenir que j'en avais gardé. De toute façon, je suis heureux d'être à nouveau en compagnie du grand Jim. Un jour, je reverrai peut-être ces deux textes vieux de vingt-cinq ans...»
Un grand merci à Pierre Bondil pour ces précisions.