C’est le Lieutenant général de police Nicolas de la Reynie (1625-1709) qui créa les premiers services d’enquête, aux temps de Louis 14. La grande histoire de la police retient évidemment le nom de François Vidocq (1775-1857), forçat évadé qui devint Chef de la Sûreté. Mais c’est surtout à partir de 1871 que la police parisienne s’organise, s’installant jusqu’en 1888 au 7 Quai de l’Horloge.
Puis vient le temps du 36 Quai des Orfèvres, glorieuse adresse universellement connue. La quasi-totalité des grandes affaires criminelles passera longtemps par ces bâtiments: de l’assassinat de Jean Jaurès en 1914 jusqu’à l’attentat de la Rue Copernic en 1980 ou à celui du RER B de Saint-Michel en 1995, de l’affaire Violette Nozières en 1933 à celle de Guy Georges en 1994 ou celle de Thierry Paulin vers 1987, de l’assassinat du président Paul Doumer en 1932 à celui du PDG de Renault en 1986 par Action Directe, du cas de Lucien Léger en 1964 à celui du Japonais cannibale en 1981, et bien d’autres encore. Car l’histoire du "36" est aussi liée à la Bande à Bonnot, à l’affaire Stavisky, aux comploteurs de la Cagoule, au gang des Tractions avant, etc.
L’enquête policière, ce sont encore de grandes avancées techniques. Depuis ces inspecteurs qui se grimaient pour guetter leurs suspects, puis les classements et méthodes photographiques imaginés par Alphonse Bertillon, jusqu’à l’ADN et aux spécialistes de criminalistique actuels. Il faut également évoquer la Mondaine et l’Antigang, brigades spécifiques. Et un ouvrage sur le "36" ne peut oublier que le nom de Simenon y reste associé, grâce au commissaire Maigret.
Publiée aux Éditions Jacob-Duvernet fin 2011, cette “Histoire illustrée du 36” des anciens policiers Claude Cancès et Charles Diaz est bien sûr intéressante par ses textes, mais surtout par ses illustrations. La très riche iconographie permet de suivre à travers le temps l’évolution de la police, de ses méthodes d’investigation et de la criminalité. On peut regretter, puisque les crimes politiques sont évoqués, qu’il manque des détails sur la proximité politicienne entre l’État et les hauts-fonctionnaires du "36". Et puis on a peut-être moins d’admiration que les auteurs pour des grands noms de la PJ, le commissaire Broussard n’ayant jamais fait l’unanimité dans l’opinion, par exemple. Néanmoins, le lieu par lui-même reste impressionnant et symbolique. Et les documents anciens présentés ici constituent un témoignage, une facette de l’Histoire de France encore récente.