Georges Simenon était né le vendredi 13 février 1903 à Liège. Voici l’occasion, 109 ans plus tard, d’évoquer brièvement cet écrivain que je n’ai jamais abordé chez Action-Suspense. Pourquoi en aurais-je parlé, d’ailleurs ? Des milliers d’articles de presse, d’études biographiques, de conférences ou d’expositions lui ont été consacrés depuis bien longtemps. Quantité de lecteurs continuent à se procurer les sempiternelles rééditions de son œuvre. Préférant sans doute les éditions originales, de nombreux érudits lui vouent une vraie vénération.
Le commissaire Maigret restera un des héros majeurs de la littérature policière. “Héros” bien grand mot, puisque Simenon le définissait comme un fonctionnaire de police faisant tout simplement son métier. Jules Maigret ne rentre-t-il pas auprès de son épouse Louise, dans leur appartement du boulevard Richard-Lenoir, où ils mènent une vie de couple ordinaire ? Une vie normale, y compris dans le cours de ses enquêtes. Maigret ne traque pas les criminels, se sert peu d’indices fournis par les analyses d’experts. Il observe et écoute, il jauge les situations, il essaie de comprendre les faits, il s’intéresse à la victime. Certes, il a parfois assez tôt un suspect, dont il va cerner sans précipitation le caractère et les motivations. Un flic ordinaire de son époque, face à des gens sans histoire mêlés à une affaire criminelle. Quelquefois, il va croiser d’anciens délinquants, des prostituées reconverties, mais il s’agit généralement de menu fretin, pas de malfaiteurs endurcis. Si ces romans sont peuplés d’une population peu suspecte, les intrigues ménagent une bonne part de tranquille suspense.
Recommander un Maigret plutôt qu’un autre serait bien hasardeux. Mon préféré reste “L’écluse n°1”, parce qu’il y est question de péniches et que le commissaire fait face à un adversaire de poids. C’est aussi le cas dans “La tête d’un homme”. Je garde un très bon souvenir de “La nuit du carrefour”, de “Liberty-bar”, de “L'affaire Saint-Fiacre”, de “Maigret se trompe”, mais bien d’autres sont intéressants.
Georges Simenon, ce sont aussi des romans noirs. Certains lecteurs, détestant le personnage trop bourgeois de Maigret, admettent que ces titres-là sont souvent plus subtils. Il s’agit la plupart du temps de très bons suspenses psychologiques. J’éprouve une tendresse particulière pour “Les fantômes du chapelier”, le premier Simenon que j’ai lu, hors Maigret. Je me souviens aussi de ce roman (“Les témoins”, je crois) où un impitoyable président de Cour d’Assises est souffrant lors d’un procès, ce qui remet en cause sa vision des faits et de la vie. En effet, on est loin de l’univers de Maigret dans ces œuvres nettement plus sombres. Il faudrait aussi citer “Lettres à mon juge”, dont le principe a été repris par bien d’autres romanciers après Simenon. La liste serait longue des titres à retrouver, chacun ayant évidemment ses préférences.
On a dit le plus grand bien des romans publiés sous pseudos (Georges Sim, Christian Brulls, etc.) Ceux que j’ai lus (deux ou trois) m’ont semblé terriblement anodins, copiés de cette piètre littérature mystérieuse ou exotique du début 20e siècle. La manière d’écrire, sans afféterie mais sachant dessiner une ambiance, s’améliore chez Simenon après ces ouvrages mineurs. Quitte a redécouvrir cet écrivain, autant lire ou relire des romans et nouvelles plus construits. Les rééditions, sous format Omnibus ou en titre unitaire, n’ont jamais cessé. On trouvera aisément des livres publiés à toutes époques, à tous les prix, neufs ou d’occasion.
Un blog : Les amis de Georges Simenon.
Quels sont les romans de Georges Simenon que vous avez appréciés ? Utilisez les commentaires ci-dessous pour m’indiquer les titres qui vous ont marqués.