Pilier de la collection Spécial-Police du Fleuve Noir, G.J.Arnaud situa la plupart de ses suspenses en France. Néanmoins, il lui arriva d’adopter des décors plus exotiques pour des romans d’action et d’aventure. En voici deux bons exemples datant de 1971, avec “Un charter pour l’enfer” et “Les Longs Manteaux”. Ce second titre a été transposé au cinéma par Gilles Béhat en 1986, avec Bernard Giraudeau, Claudia Ohana, Federico Luppi et Robert Charlebois. Tournée en Argentine, la version cinéma ne respecte pas le roman original, mais s’en inspire.
Un charter pour l’enfer (1971)
Un avion spécialement affrété pour une vingtaine de milliardaires se dirige vers l’Amérique du Sud, pour un voyage d’agrément. L’hôtesse Mary n’est pas du genre à paniquer, mais elle s’inquiète d’un bagage suspect. À peine le steward Léonard Jourdan vient-il de vérifier, qu’une explosion secoue l’avion. Parvenant à s’extraire de l’appareil qui s’est abîmé au sol, Léonard comprend vite qu’il est le seul survivant. Blessé, il part à travers le désert, en quête de secours. C’est un berger qui le repère, et qui alerte le lieutenant Urique de la milice locale.
Dès son arrivée, Urique traite Léonard comme un criminel, un pilleur d’épaves. Selon lui, “près de cent mille dollars en argent, bijoux et valeurs diverses” se trouvaient dans l’avion. Urique n’est certainement pas un type honnête, comprend Léonard, qui s’enfuit de chez le berger Telmo. Il rejoint San Fernando (Basse-Californie, Mexique) afin de contacter Cary Belmore, fille de deux des victimes, et Judith Carson. Le fugitif est bientôt repris par le lieutenant Urique. Il l’interroge au sujet d’une valise de couleur fauve, ayant appartenu à James Belmore. Un objet qui semble intéresser beaucoup de monde.
Léonard profite de sa chance, quand Urique et lui rencontrent par hasard Roy Krolley, expert de la compagnie aérienne. Ce dernier pense d’abord que Léonard est coupable, mais révise son jugement, se méfiant bien davantage d’Urique. Pourchassés par les sbires du mafieux Carona, alliés du lieutenant Urique, Léonard et Krolley tentent de regagner San Fernando. Course poursuite qui tourne au face à face, entre Carona et le duo. Il serait bon de quitter sans tarder le pays dans l’avion-taxi commandé par Judith Carson, dont le rôle reste obscur. En réalité, ce voyage aérien vers l’Argentine n’était pas qu’une lubie de milliardaire. Roy Krolley finira par innocenter Léonard, et fera la lumière sur l’attentat visant l’appareil…
Les Longs Manteaux (1971)
Ville-frontière entre Bolivie et Argentine, Villazon est la dernière gare bolivienne pour le train-express reliant La Paz à Rio. Révolutionnaire possédant une certaine influence en Amérique latine, le démocrate Juan Mendez était emprisonné en Bolivie. Le nouveau pouvoir fait un geste de bonne volonté en le libérant. Il est convoyé par le train jusqu’à Villazon, protégé par un officier et son peloton de huit hommes. Une mission dangereuse pour le lieutenant Lama. Il n’ignore pas que les ennemis de Mendez feront tout pour qu’il ne quitte pas le pays vivant.
À Villazon, Marina Mendez est venue attendre son mari. Elle a été suivie par un journaliste américain, dont le groupe de presse serait intéressé par les mémoires de Mendez. Marina ne trouve pas de chambre d’hôtel, comme si la consigne avait été passée de ne pas lui en louer. Le policier Garcia se dit chargé de sa sécurité. En effet, la ville est sous le joug de caballeros qu’on surnomme les Longs Manteaux. Il s’agit de militaires réactionnaires, dirigés par un général que Garcia voudrait arrêter.
Marina Mendez, le policier Garcia et le journaliste David Antony se réfugient dans le poste de la police frontalière, en attendant l’arrivée du convoi ferroviaire. La fièvre monte, d’autant que les adversaires se regroupent non loin de là. Difficile de joindre aucun haut responsable par téléphone. De plus, le train aura du retard. D’autant qu’un sabotage a provoqué un éboulement sur la voie. Aussi fiable que soient le caporal et le soldat Murillo, peu de chances de résister en cas d’attaque par les Longs Manteaux. Dans le train, ralenti aussi par la neige, le lieutenant Lama et ses hommes veillent afin de ne pas se faire surprendre. Si le convoi finit par rejoindre à Villazon, l’affaire risque de virer au carnage, les Longs Manteaux étant lourdement armés. Le dénouement ne sera pas sans surprise…