Nos z’amis z’auteurs de polars ont accepté de répondre à l’interview express 2011 d’Action-Suspense, une nouvelle série dans l’esprit des Portraits
Chinois. Ils nous donnent chacun leur version, amusée ou sérieuse, aux six questions décalées qui leur sont posées.
Aujourd’hui : David S.Khara
L’ambiance de vos romans, c’est plutôt : Soleil bruineux sur jungle urbaine, ou Grisaille radieuse sur cambrousse pittoresque ?
Soleil bruineux sur jungle urbaine. L’humour est la politesse du désespoir, et les héros de mes histoires en sont une illustration. Dans mes deux premiers romans, Manhattan jouait un rôle prépondérant, et s’il est bien une ville qui incarne à mes yeux la jungle urbaine, c’est bien New York. Et puis, au cœur des buildings se niche Central Park. J’aime plus que tout le calme au milieu de la ville.
Il est, du reste, amusant de constater que dans "Le Projet Shiro", une scène se déroule dans une véritable jungle industrielle, au sens le plus littéral du terme.
Vos héros sont plutôt : Beaujolais de comptoir, ou Double whisky sec ?
Cela dépend des héros (rires) ! Eytan Morg est plutôt Beaujolais au comptoir tandis que Werner von Lowinsky optera pour un double whisky sec dans un club pour gentlemen. Aucun d’eux ne me représente à ce niveau puisque je ne bois pas d’alcool (rires) ! Je suis plutôt du genre «déca en terrasse avec des potes».
Vos héros sont du genre : J’aime personne, ou Je me déteste ?
Là encore il n’y a pas de constante, et puis si mes héros se ressemblaient tous, cela deviendrait vite lassant, tant pour les lecteurs que pour moi. Ainsi Jeremy Corbin dans "Le Projet Bleiberg" se déteste et donne l’impression de n’aimer personne. Mais il va évoluer de façon radicale au fil du livre. Barry Donovan est du genre «j’aime tout le monde». Eytan et Werner possèdent des personnalités plus complexes.
Vos intrigues, c’est : J’ai tout inventé, ou Y a sûrement du vrai ?
Y sûrement du vrai ! Et pour cause, je fonde mes romans sur des éléments réels de l’Histoire dans laquelle j’intègre mes propres scénarios. J’ai besoin de cette accroche réaliste pour donner plus de poids à mes personnages, mais par-dessus tout, j’utilise les codes du thriller ou du polar, pour évoquer des événements historiques que nombre d’entre nous ignore. Ainsi, dans le Projet Shiro, je me base sur la réalité de l’Unité 731, et des répercussions de ses recherches durant la guerre froide.
Vos intrigues sont : Des torrents imprévisibles, ou Des fleuves canalisés?
Des torrents canalisés !
Je travaille beaucoup sur les émotions exacerbées, sur fond d’action débridée. Parfois je me laisse entraîner par les personnages et les situations. Quand j’entame un roman, je n’en connais pas la fin, mais seulement les idées que je souhaite développer. Après, l’écriture est du genre frénétique, au point qu’en ouvrant le livre imprimé, j’en lis certains passages en me disant : «j’ai raconté ça, moi ?».
Quel est votre propre état d’esprit : C’était mieux demain, ou Le futur c’est maintenant ?
Et si nous essayions plutôt de faire en sorte que ce soit mieux dès aujourd’hui ?
On peut lire ici le précedent entretien avec David S.Kara, où il évoque ses premiers romans: "Les vestiges de l'aube" (chez Michel Lafon, en version définitive) et "Le Projet Bleiberg" (désormais disponible en poche, chez 10-18). Ce roman a été chroniqué par Gridou (Les Gridouillis), par l'Oncle Paul (Mysère Jazz), par la librairie Soleil Vert, et bon nombre d'autres blogs de lecteurs.
Quelques mots de présentation sur "Le Projet Shiro", disponible dès le 17 novembre, aux Éditions Critic : "1957.
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