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Coup de cœur - Sylvie Granotier : La Rigole du Diable

 

Dans la collection Spécial-Suspense chez Albin Michel, Sylvie Granotier publie en janvier 2011 son nouveau roman intitulé La Rigole du Diable. Ayant eu le privilège de le découvrir un peu plus tôt, je n’attendrai pas plus longtemps pour lui attribuer un grand Coup de cœur

À vingt-six ans, Catherine Monsigny est avocate pour le cabinet de Me Renaud, ténor du Barreau. Elle espère qu’un procès criminel l’aidera à se faire un nom, en démontrant sa compétence. L’affaire Myriam N’Bissi lui en offre l’opportunité. Native du Gabon, elle réussit à échapper à la famille qui l’exploitait en France. Grâce à une association militante, elle put épouser Gaston Villetreix, plus âgé qu’elle d’une trentaine d’année. Elle partit vivre avec lui dans la Creuse, à Saint-Jean-des-Bois. Le mariage dura six ans, jusqu’au décès de Gaston. Le permis d’inhumer fut accordé, mais des cousins visant l’héritage accusèrent Myriam. Il est vrai qu’on trouva le même poison dans le corps autopsié de Gaston et dans la maison. Incarcérée à Guéret, visiblement déprimée, Myriam nie avoir tué son mari. Il est vrai que dans ce village où les portes ne sont pas fermées à clé, on a pu aisément déposer le poison chez ce couple, trop original pour la bourgade.

GRANOTIER-2011Catherine reste perturbée par son propre univers familial. Elle n’avait que quatre ans quand sa mère fut assassinée. Le meurtrier épargna l’enfant, qui ne saurait le reconnaître. Elle fut élevée et protégée par son père, le Dr Claude Monsigny. Ils changèrent de région et de nom. Catherine n’a jamais obtenu de détails sur le drame, son père s’étant réfugié dans une solitude fermée. Certaines nuits, la jeune femme est hantée par des images de sa mère, plus imaginées que vraies. Sans négliger des affaires mineures, Catherine s’implique dans la future défense de Myriam. Lors de ses séjours en Creuse, elle s’installe dans une chambre d’hôtes du côté d’Aubusson. C’est chez des amis du journaliste Louis Bernier, avec lequel elle a sympathisé. Au village, elle est troublée par Olivier, un néo-rural voisin et ami du couple Gaston-Myriam. Louis et Olivier sont ses meilleurs alliés sur place, le journaliste se renseignant même pour elle.

À Paris, Catherine vit une relation amoureuse compliquée avec Cédric Devers, un de ses clients. Sûrement pas le Prince Charmant, cet homme qui fut marqué par un amour impossible et reste maladroit, voire malsain, avec les femmes. Bien qu’il n’y soit pas dans son élément, le père de Catherine la rejoint à Paris pour tenter de l’aider. La jeune avocate est capable de contrer les cousins de Gaston, mais elle veut mieux définir le profil de sa cliente. Cette hypothétique grand-mère dont elle parle, cette famille qui l’aurait exploitée, ce rapide mariage, bien des questions se posent. Quand Myriam eût une brève relation avec Daniel, de l’association, quel fut son comportement réel ? Une femme intelligente, sans doute manipulatrice, cette Myriam. Pourtant, elle n’avait pas de motif direct pour supprimer son vieux mari, c’est l’essentiel. Maître Renaud approuve la position que Catherine défendra au procès, qui approche. Catherine retourne en Creuse…

 

Ce survol de l’intrigue ne présente que quelques éléments factuels, pas les fins détails qui donnent sa force au récit. On retrouve la virtuosité narrative, qu’on aime chez cette auteure. Il convient de noter la précision des décors et des ambiances, parisiennes ou creusoises. Au tribunal ou au cabinet de Me Renaud, à la prison de Guéret ou chez les amis de Catherine dans le Creuse, les scènes apparaissent vivantes et naturelles, d’une belle crédibilité. Autre point fort capital, la psychologie des personnages. On comprend bien vite que chaque protagoniste tait des secrets, masque sa vérité. Et que le passé de la jeune femme peut s’accorder au présent. Plutôt que des coïncidences, il faut voir ici les hasards de l’existence.

Ce n’est pas un suspense que nous présente l’auteur, mais plusieurs cas énigmatiques. Pour autant, ce n’est ni un roman d’enquête, ni une histoire d’avocat et de prétoire, thèmes classiques de la littérature policière. Avec subtilité, Sylvie Granotier concocte un scénario délicieusement mystérieux, riche en questions et en péripéties. Un roman absolument passionnant.

 

Cliquez pour ma précédente chronique sur deux romans de Sylvie Granotier.

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T
<br /> ca donne envie de lire le livre..... je vais de ce pas voir vos critiques sur les autres livres de cet auteur... pour voir s'ils existent en poche...<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> La plupart des romans de Sylvie Granotier sont dispo en format poche (pas ce nouveau titre, évidemment), chez Le Livre de Poche : Double Je, Tuer n'est pas jouer, Le<br /> passé n'oublie jamais, Belle à Tuer, Cette fille est dangereuse. Une romancière française de grande qualité.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />