Colin Cotterill fut un des premiers auteurs évoqués par Action-Suspense. Depuis, ses deux romans ont été réédités en format poche. C'est l'occasion de revenir plus en détail sur ces deux histoires véritablement originales, d'un auteur récompensé par le Prix du Polar SNCF pour “Le déjeuner du coroner”. Gardant sa sérénité malgré les évènements secouant son pays, Siri Paiboun est un héros véritablement attachant. Il traverse des aventures à la fois souriantes, humaines, et surprenantes... voire ensorcelantes.
Le déjeuner du coroner (2006)
Laos, 1976. Septuagénaire, le docteur Siri Paiboun est un homme sage, calme et intègre. Il est sceptique quant à la récente révolution démocratique, à laquelle il a contribué. Si l’idéal est juste, le pouvoir est corrupteur. Mais ce médecin, formé autrefois en France, aime son pays. « Quitte à être mal gouverné, autant l’être par d’autres Laotiens » pense Siri. Contre son gré, on lui a attribué le poste de coroner de la République, à Vientiane. Il est assisté par la robuste infirmière Dtui, et par M.Geung, trisomique léger. Il exerce sous l’autorité d’un jeune juge mal qualifié, auquel il finit par imposer le respect. Bien qu’il manque de moyens et de compétence, Siri se satisfait de cette fonction assez tranquille.
Le décès de l’épouse d’un officiel du Parti entraîne une autopsie. Selon Kham, le mari, elle est morte d’un abus de
lahp, plat à base de viande crue. Mais les analyses révèlent la présence de cyanure. Peu après, le rapport du
médecin disparaît. Siri s’interroge aussi sur la mort de trois vietnamiens, qui semblent avoir été torturés. Avec un confrère venu de Hanoi, ils tentent de comprendre. La mission du trio était
secrète, mais dans l’intérêt des Laotiens. Quelqu’un veut envenimer les relations avec le Vietnam. Une autre affaire oblige Siri à se déplacer dans le sud du pays. Les chefs d’un projet militaire
y sont victimes d’une malédiction trouvant son origine dans un village Hmong.
Siri est trop cartésien pour se croire la réincarnation de Yeh Ming, un prestigieux chaman admiré par les Hmongs. Mais s’il est son médium, ça peut expliquer les étranges rêves du médecin. Hanté par les morts, Siri parvient à interpréter certaines visions. Pour l’heure, il doit surtout se protéger, car on essaie plusieurs fois de l’assassiner. La supposée jeune amante de Kham se suicide, avouant le meurtre de l’épouse. Siri n’y croit pas. L’aide de son ami politicien Civilai et de l’honnête policier Phosy fait progresser son enquête.
La dent du Bouddha (2007)
Vientiane, mars 1977. Le vieux docteur Siri Paiboun est toujours le médecin légiste national du Laos démocratique. Depuis qu’il se sait investi de l’esprit du légendaire chaman Yeh Ming, Siri prête attention à tout signe ou vision. La mort de deux cyclistes près d’un ministère apparaît énigmatique. Une des victimes a fait une chute de plusieurs étages. C’était un archiviste du ministère, qui voulut ouvrir un coffre ayant appartenu à la famille royale. Il semble dangereux d’essayer de forcer l’objet. Dans le même temps, plusieurs femmes sont mortellement agressées. Une ourse échappée de sa cage se vengerait des humains, selon une version probable. Le Dr Siri ne peut s’attarder sur ces affaires, car il est envoyé en mission dans l’ancienne capitale royale. Deux pilotes d’hélico ont été abattus, sans doute des fidèles de l’ancien régime. Dans le magnifique verger de l’ex-roi, Siri rencontre un jardinier nostalgique. Il reconnaît le monarque déchu, qui a perdu le kwun, l’esprit sacré de sa dynastie.
Le politburo local réunit les chamans de la région. On exige que les esprits se plient aux règles du nouveau régime. Après cette divertissante soirée, Siri retourne à Vientiane. Où il est arrêté, un voisin jaloux l’accusant de vandalisme contre-révolutionnaire. Son assistante, l’infirmière Dtui, a commencé à enquêter sur les crimes de l’ourse. Un dompteur russe affirme qu’il s’agirait plutôt d’un félin. Un tigre en liberté à Vientiane, c’est impensable. A moins qu’il ne s’agisse d’un “tigre-garou”. Un ami de Siri parvient à ouvrir le coffre royal du ministère. Il contient des marionnettes, sachant se défendre si l’on n’observe pas un certain rituel. Dtui a suivi la piste d’un délinquant libéré, qui se transforme en “tigre-garou”. Siri recherche son infirmière dans des tunnels oubliés...
Originalité des décors et des personnages, on l'aura compris. Soulignons également la belle traduction de Valérie Malfoy. Sir Paiboun est incontestablement un héros à découvrir !