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Cinq rendez-vous polars avec le Diable !

 

Dans les romans à suspense, la symbolique du Diable reste une valeur sûre. Il n’y a qu’à observer les titres parus ces dernières années pour s’en convaincre.

Donald Ray Pollock : Le Diable, tout le temps - Erik Larson : Le Diable dans la ville blanche - Frédérick Rapilly : Le chant du Diable - Sylvie Granotier : La rigole du Diable - James Keene & Hillel Levin : Avec le Diable - Gilles Bornais : Le Diable de Glasgow - Deon Meyer : Le pic du Diable - Jo Nesbo : L’étoile du Diable - Ace Atkins : Le jardin du Diable - Anonyme : Le cimetière du Diable - David Fulmer : Courir après le Diable - Marc Villard : Entrée du Diable à Barbèsville - Alexandra Scwhartzbrod : La cuve du Diable - Kathy Reichs : Les os du Diable - Tess Gerritsen : En compagnie du Diable - Raymond Khoury : L’élixir du Diable - Kem Nunn : Le sabot du Diable - Steve Hamilton : Le Diable de Blind River - Peter Robinson : L’Amie du Diable - Preston & Child : Le Violon du Diable - Fabienne Ferrère : Un chien du Diable - Ken Bruen : Le Démon. Une liste incomplète, à laquelle il convient d’ajouter pour 2013 Franck Hériot : Le Diable d’abord - Frédéric Lenormand : Le Diable s’habille en Voltaire - John Verdon : Ne réveillez pas le Diable qui dort.

Retour sur cinq polars récents, évoquant le Diable dans leurs titres.

 

Serge Vacher : “Lo Cro do Diable” (2010)

DIABLE1A la fin des années 1990 entre la Creuse, la Corrèze et la Vienne, sur le Plateau de Millevache, le Limousin rural aux alentours de Bugeat. Trentenaire, Pierre Carmet est un célibataire habitué des bals à Masléon, où il n’a pas de mal à trouver des filles consentantes. Si la musique de Mario Darcel est approximative, c’est l’ambiance festive et quelques rapports sexuels rapides qui importent. Malgré son Brevet de Technicien Agricole et son expérience à l’usine Valliers, Pierre vivote de petits boulots. Il est finalement contacté par Louis Chastagnier, agriculteur quadragénaire ayant besoin d’un bon ouvrier. En effet, depuis que son vieil employé Georges Nouhaud est parti en retraite, Louis est débordé. Même plus de temps à consacrer à sa ravissante jeune épouse, Mine. Louis engage bientôt Pierre. Six mois passent vite, au cœur de la saison agricole. Il est temps de partir pour Pierre. Mais Louis en ayant marre de se débrouiller seul, il demande à Pierre de rester. Ce qui ne déplait pas au célibataire, car il est comme tout le monde sous le charme de l’énigmatique Mine.

Lo Cro do Diable est une crevasse géologique bordant les terrains de Louis. Un jour où avec son chien Pépère, Louis passe près de ce Trou du Diable que craignent les habitants du cru, il y découvre deux cadavres. Il s’agit de son ancien ouvrier Georges, et de son amie de saoulerie, Marie la Mie. Bien sûr que ces deux-là avaient l’habitude de s’alcooliser, mais de là à s’aventurer sans doute en pleine nuit dans ce décor ! En effet, c’est Georges qui a entraîné sa copine Marie dans les parages. Il pensait y avoir aperçu des fantômes ou des lutins, à l’entrée de cette grotte hostile.

Max Léobon, journaliste, et Bastien Lenoir, placide flic de Limoges s’intéressent à cette petite affaire dans la Creuse. Pour l’un, ce coin-là, c’est juste un tas de cailloux. L’autre précise : “La Creuse, mon pote, c’est aussi rempli de paysans et de loups. Que tu sais pas qui c’est les plus méchants. Il parait même que l’ours brun hiberne là-bas…” Le duo part chercher des témoins de ce double décès. Au bar de Marcelle, ils en discutent avec Louis et Pierre. Ce qu’ils ignorent, c’est que Bob le chasseur à l’arbalète rôde dans le secteur. Il surveille le passage qui permet d’accéder au Cro do Diable. S’il a l’âme d’un guerrier, Bob est surtout en mission pour Bellecourt, qui défend lui-même certains intérêts politico-économiques. Mais le stockage de déchets nucléaire en provenance d’Allemagne mobilise peu, par ignorance. Quand Louis est victime d’un accident de tracteur, Pierre pourrait être fortement suspecté…

 

Hubert Monteilhet : “Les confessions du diable” (2011)

DIABLE2Le commissaire Bernard Hauterive est en poste à Bergerac, en Dordogne. C’est un policier d’âge mûr, assisté de son jeune collègue Martinet. Non loin de là se trouve le collège Saint-Christophe. Ancien monastère transformé en pensionnat, cet établissement “à l’ancienne” dirigé par des ecclésiastiques, est fréquenté par des pensionnaires issus de familles bourgeoises. Deux neveux du commissaire y firent d’ailleurs leurs études. On vient d’alerter la police, car un des prélats vient de mourir, se suicidant probablement avec de la mort-aux-rats. Âgé de 73 ans, le père de Coursensac fut un homme d’église dans la pure tradition, enseignant de qualité ayant aussi un parcours colonial. Certes, il est étonnant de trouver du poison dans sa chambre, mais il y a une explication.

Le défunt était proche d’un élève, son filleul Gédéon d’Arsonval. L’adolescent est à la fois solitaire et brillant, “surdoué généraliste”, épileptique, s’intéressant en ce moment au trotskisme sans être aveuglé, interrogatif quant au catholicisme. Gédéon n’est pas dénué d’ambiguïté dans certains cas, d’esprit taquin ou plus manipulateur. Le commissaire connaît déjà le père du jeune homme. En effet, ce notaire de Bergerac s’est récemment inquiété d’un courrier anonyme prédisant à sa famille des drames à venir. Pas de lien apparent avec le décès de Coursensac, qui était une vague parenté du digne notaire. Empruntant un scooter et un peu d’argent, Gédéon s’enfuit du collège Saint-Christophe. Ce que le commissaire n’interprète pas encore comme un signe de culpabilité.

Il existe un enregistrement sur dictaphone numérique des conversations entre Gédéon et de Coursensac, confessions retrouvées par la police. Il y est question entre autres de l’évolution et de l’éthique de la religion catholique, Gédéon n’étant pas avare d’ironie à ce sujet. Il y avoue des petits méfaits familiaux, justifiés par son aversion envers la seconde épouse de son père le notaire. Plus sérieux, il laisse entendre que cette femme serait suspecte...

 

Fabrice Bourland : “Le diable du Crystal Palace” (2010)

DIABLE3Novembre 1936, à Londres. Les détectives Andrew Singleton et James Trelawney rentrent de l’étranger, où ils étaient en mission. Une semaine de vacances sera la bienvenue. Pourtant, une nouvelle cliente se présente, Alice Grey. ­“C’était un ange qui venait d’apparaître. Un ange vulnérable qui réclamait de l’aide” se dit Singleton. Frederic Beckford, le fiancé de la jeune femme, a disparu depuis deux semaines. Entomologiste au British Museum, c’est homme sérieux. On ne peut imaginer qu’il soit parti avec une autre femme, ce que pense la police. Beckford semblait troublé par un article du Star, évoquant un accident entre un taxi et un fauve, dans le sud-est de Londres. Les deux enquêteurs interrogent le pigiste ayant écrit l’article. Il a reçu la visite de Beckford et d’un curieux couple. Ils retrouvent le chauffeur du taxi, qui témoigne avoir percuté un étrange félin. Ce chat à dents de sabre était un machairodus, un animal disparu depuis vingt mille ans.

Singleton et Trelawney contactent l’éminent et original Professeur Winwood. “Un petit homme efflanqué, vêtu d’un complet de drap noir au gilet mal boutonné, apparut bientôt dans l’escalier, sautillant de degré en degré, malgré ses soixante-neuf ans. Une crinière blanche ébouriffée et une grosse moustache de même teinte, qui recouvrait sa bouche comme un auvent de broussaille, lui donnaient l’air de s’être roulé dans les blés.” Depuis que l’affaire du Monstre du Loch Ness a fait la une des journaux, il n’est pas rare qu’on parle ici ou là d’animaux incroyables. Le scientifique Winwood en cite d’éloquents exemples, mais les preuves d’authenticité sont rares. Le duo de détectives rencontre le policier Staiton, le priant de ne pas clore trop vite l’affaire Beckford.

Après une visite à l’appartement du disparu, ils avisent Alice Grey de leurs premières investigations. Elle se souvient d'un certain Alan, ami de son fiancé quand ils étaient étudiants. Les détectives s’intéressent au quartier de Bayswater, où Beckford a été vu peu avant sa disparition. Quand un grand primate est signalé du côté de Bricklayers Arms, un secteur ferroviaire, Singleton rencontre des témoins qui confirment. Il aperçoit bientôt la créature, aux allures d’homme sauvage. Quand Singleton est menacé, Trelawney intervient et abat le primate supposé. Le Professeur Winwood ne tarde pas à donner son étonnante opinion sur ce cadavre. Les deux enquêteurs ont repéré une villa rouge, récemment déménagée. Dans la cave, ils trouvent les traces d’un laboratoire…

 

Gisèle Guillo : “Le Diable Noir de Saint-Cado” (2009)

DIABLE4Vincent et Margot ont loué, avec leurs amis Jean-Luc et Anne-Marie, une maison au bord de la Ria d’Étel, dans le Morbihan. Ces vacances à Saint-Cado débutent mal. Jean-Luc est victime d’une entorse, à cause des trous invisibles creusés dans le jardin. Les jeunes enfants de Vincent et Margot sont effrayés par l’épouvantail pendu au cerisier de la voisine. En outre, la maison est beaucoup plus sinistre qu’ils ne s’y attendaient. Dans le secteur, on prétend même qu’elle est hantée. Ils apprennent qu’une forte rivalité oppose Basile Martin, le propriétaire, à sa cousine et voisine Pénélope Martin. Se disant spoliée de son héritage, elle se montre hostile envers tous les occupants de la maison. Les deux couples parviennent à amadouer Pénélope en l’invitant à dîner. Une sympathie mutuelle naît entre eux tous, même si la célibataire garde quelques secrets.

Un autre cas épineux se présente pour les vacanciers. Gabriel Martin, grand-oncle de Pénélope et Basile, a provisoirement quitté sa maison de retraite pour s’installer en caravane dans le jardin. Ce non-respect du contrat de location irrite Vincent et ses amis. Hélas, Basile Martin et son épouse sont injoignables, car ils effectuent un voyage en Chine. Sans être désagréable, il a l’amitié envahissante, ce Gabriel. Plus inquiétant, la fille de Jean-Luc et Margot croit voir un fantôme, puis sa mère entend des bruits nocturnes dans la maison. Dans un placard, les vacanciers remarquent une poupée ancienne. Contrairement aux affirmations de Pénélope et Gabriel, cette demeure n’a pas toujours appartenu aux Martin. Avant la 2e Guerre, une famille de Juifs allemands y a vécu. Tués ou disparus dans la tourmente nazie, ces diamantaires auraient caché ici un véritable magot. Les trous dans le jardin s’expliquent : on cherche encore ce légendaire trésor. Si le cyclothymique oncle Gabriel joue au somnambule par une nuit d’orage, la suite est plus dramatique.

 

John Erich Nielsen : “Les démons de l’île de Skye” (2010)

DIABLE5Âgé de vingt-sept ans, le policier écossais Archibald Sweeney manque un peu d’allure, mais n’en est pas moins un fin limier. Le superintendant Rolling fait appel à lui, suite à l’étrange disparition d’une famille. C’est ainsi que Sweeney débarque au château de Havengear, appartenant à James Callahan, le plus célèbre acteur d’Écosse. Nul ne sait trop ce qui s’y est produit ces dernières heures. Pas même Gordon Jeffreys, qui est à la fois le majordome du domaine ainsi que l’impresario du comédien et de son épouse. Donc, Sir James (74 ans), sa femme Shauna Powers (35 ans), et leur fille adoptive Lucy (5 ans) ont quitté brusquement le château la nuit précédente. Peut-être se sont-ils absentés sans qu’il y ait à s’inquiéter. Néanmoins, on a relevé des traces de sang.

Les enquêteurs s’aperçoivent vite que le voilier de Sir James a pris la mer. Selon des témoins, le vieux comédien est un marin confirmé, et son yacht est un bateau fiable. Quand même, cette sortie précipitée s’explique mal. La carrière quasiment terminée de l’acteur et ses problèmes financiers n’expliqueraient pas si simplement un geste fatal. Avant d’être mis en garde à vue par le policier Rolling, le majordome Jeffreys (aussi l’agent du couple) a alerté les médias. Pour une affaire devant rester dans la discrétion, c’est raté ! Tandis que Rolling installe son PC au château, des gens affirment avoir vu le voilier un peu partout, sur toutes les mers. Indice plus sûr, la vidéo de surveillance d’une banque d’Inverness a filmé Shauna Powers, venant retirer une forte somme. Il semble certain que ce soit bien la comédienne. C’est troublant car, dans le même temps, on aurait repéré le voilier de son mari au port de Banff.

Dans le parc du château, Sweeney remarque les empreintes de pneus d’un autre véhicule, n’appartenant pas aux habitués du lieu. Peut-être son collègue Stirling saura-t-il exploiter cet élément. McGregor, un vieil Écossais, affirme avoir vu le voilier de Sir James à proximité des Îles Orcades. Selon le scénario de Sweeney, Shauna aurait quitté le voilier à Banff, allant retirer de l’argent à Inverness, avant de rejoindre son mari et sa fille dans un port de la côte. Version plausible, qui reste approximative...

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J
Merci pour vos impressions chaque fois intéressantes. C'est toujours drôle les biblios thématiques. On y fait des découvertes étonnantes. Je peux vous en envoyer une sur le cochon dans le polar,<br /> les insectes, les saisons, les fleurs... Bien à vous. JM
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C
<br /> <br /> Bonjour Joël<br /> <br /> <br /> Il m'arrive, en guise de clins d'oeil, de présenter parfois ces petites thématiques. L'idée reste généralement de mettre en valeur des titres et auteurs moins<br /> connus. Ce qui permet, je le confirme, de faire souvent "des découvertes étonnantes". Et de montrer cette fameuse diversité du polar à laquelle beaucoup d'entre nous sont très<br /> attachés.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
P
Salut Claude, tu as triché, le dernier c'est un titre avec démons, pas le diable ! Et puis, tu nous a gatés avec 5 titres ! Fichtre ! Et demain, ce sont 5 titres avec amour ? Merci encore. Amitiés
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C
<br /> <br /> Salut Pierre <br /> <br /> <br /> Certes, ce sont des romans que j'ai déjà évoqués, mais qu'il n'était sans soute pas mauvais de remettre "en vue". Promis, je ne vais pas le faire sur tous les<br /> thèmes.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
H
le diable<br /> putain de bon atrticle
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C
<br /> <br /> Salut Holden.<br /> <br /> <br /> Le Diable, "putain de bon sujet" sans doute, car le recueil de nouvelles que je reçois ce jour s'intititule dans la même veine : "La part du Diable". On n'en sort<br /> pas  !<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Salut Claude,<br /> N'oublions pas Pierre Salva, qui utilisa le mot "Diable" dans pas mal de ses titres. Encore un auteur à dedécouvrir...<br /> Cordialement,<br /> Max
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C
<br /> <br /> Exact, mon cher Max ! Au Masque dans les années 60/70, tous les romans de Pierre Salva comportaient le mot Diable. J'en ai lus<br /> quelques-uns, qu'il me faudra un jour relire car je n'ai pas gardé de fiches sur ces romans. Salva fut un de ces bons auteurs astucieux de l'époque.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
O
Diable cher Claude<br /> Une invitation aux enfers des bibliothèques ?<br /> Amitiés
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C
<br /> <br /> Salut Paul<br /> <br /> <br /> Plus sûrement, une façon de remettre en lumière quelques titres de bon/très bon niveau, peut-être trop vite emportés vers les tréfonds de l'actualité du<br /> polar.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />