Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
Prix mystère de la critique, "Attention les fauves" (Éd.Plon, coll. Noir Rétro 2010) date de 1981, et méritait cette réédition. Comme la quasi-totalité des titres du regretté Brice Pelman. Il serait inutile de vanter les qualités de cette intrigue. L’histoire d’une fluidité exemplaire, le suspense permanent autour du sort des deux enfants, les facettes souriantes grâce au commérage de quartier, tout est ici impeccable.
Jeune veuve, Doria Deslandes vit seule et heureuse dans la villa Paprika avec ses jumeaux âgés de 11 ans, corniche des Oliviers, sur les hauteurs de Nice. Lors d’une visite
tardive, son voisin Jourdain, frustré sexuellement, la viole et l’étouffe. Dormant à l’étage, Patrick et Marieke n’ont rien entendu. Quand ils découvrent le corps de leur mère, les deux enfants
mesurent la catastrophe. Qui prévenir ? M.Fink, leur sévère instituteur ? La mort de leur mère signifie qu’on va les mettre en pension, les séparer. Ils décident de ne rien dire, de vivre comme
si rien ne s’était passé. Une journée ordinaire commence par l’école. Ils ont aussi besoin de provisions, quelques courses. Non seulement cette vieille bigote qu’est Mme Josepha leur pose des
questions, mais elle promet de passer voir leur mère. Patrick et Marieke vont devoir ruser, écarter le danger. D’autant que leur tante Françoise, une véritable casse-pieds qui prétend faire sa
loi, vient aussi en visite. Doria n’étant pas là, elle veut s’installer à la villa pour s’occuper des jumeaux. Et puis, il y a ce curieux voisin, que les enfants connaissent à peine,
Jourdain.
Celui-ci n’en mène pas large depuis le crime. Déjà que sa vie n’a rien de drôle, avec son épouse Marie-Louise en mauvaise santé. Et il ne sait plus ce qu’il a fait de la culotte de Dora. Il rôde près de chez elle. “Aux abords de la villa, Jourdain réduit encore sa vitesse. Il est presque déçu de voir que tout est calme alentour. Il s’attendait au moins à ce qu’une voiture de police stationne devant l’escalier.” Même si on le considère comme un honnête citoyen, chef d’entreprise respectable, Jourdain n’a pas la conscience tranquille. Il se prépare à répondre aux policiers, s’étonnant qu’il n’y ait pas plus rapidement d’enquête. S’agit-il d’un subterfuge, d’une manœuvre le visant ? Ou bien la jeune femme en a-t-elle finalement réchappé ? Il approche donc les enfants, qui déclarent que leur mère est en voyage. Aurait-elle abandonné ses mômes, à cause du choc peut-être ?
Cette “sale bique” de tante Françoise finit par exaspérer les deux enfants. Un lourd cendrier permet à Patrick de protéger sa sœur de la violente tante. Elle ne parlera plus, ne les enverra pas en pension. “Un jour ou l’autre, c’est forcé, oncle Paul qui est polytechnicien se mettra en quête de sa femme” mais il est éloigné pour le moment. Néanmoins, Patrick et Marieke risquent qu’on s’aperçoive de la mort de Doria. À cause de son absence, d’un carreau cassé, de l’odeur aussi. Mme Josepha et Jourdain rôdent toujours autour de la villa Paprika. L’éditeur, pour lequel Doria est traductrice, voudrait aussi la joindre. Le gendarme Bonnechaux et son chef ne sont guère convaincus par le témoignage abstrait de Mme Josepha. S’en tenir à une vague enquête préliminaire risque d’être insuffisant. Combien de temps cacheront-ils la vérité ? Si l’oncle Paul y met son grain de sel, ça va compliquer encore les choses. Dépassé par l’affaire, Jourdain échappera-t-il à la Justice ?
Voilà l’occasion de redécouvrir ce grand romancier populaire que fut Brice Pelman, un des ténors de la collection Spécial-Police du Fleuve Noir d’antan.