Publié chez Casterman en cette rentrée 2011, “Le curé” est un album signé Christian de Metter et Laurent Lacoste. D’abord, petit survol de l’histoire…
Le père Vincent est un jeune curé nouveau venu, d’une bourgade quelque part en France, autrefois. Bienveillant, il semble apprécié de ses paroissiens. Le vieux médecin du village, Pierre Jarowski, affiche ses positions anticléricales quand il le rencontre. Ce qui ne l’empêche pas d’inviter à dîner le prêtre. Misanthrope possédant une forte personnalité, il considère avec pessimisme que l’homme est foncièrement mauvais. S’il s’oppose à la religion, c’est que la bonté et les belles idées sont trop éloignées de la vérité humaine. “Voir le monde du fond d’une église, ça ne donne pas une réalité très fidèle” affirme Jarowski. Il préfère passer pour un cynique et un coureur de jupons, que d’adopter l’hypocrisie générale. Si les deux hommes ont des conceptions différentes, ils ne sont néanmoins pas adversaires. Le père Vincent reste habité par des doutes sur son choix de vie.
Une nuit, le jeune prêtre est appelé d’urgence au chevet du vieux médecin. Pierre Jarowski croit sa dernière heure arrivée. La peur de la mort entraîne une ultime confession. Il avoue son rôle dans une affaire qui a marqué le village, la disparition de la jolie et trop provocante Camille Tolziac. Le père Vincent ne peut rien pour le mourrant, qui ne demande d’ailleurs pas l’absolution. Claudius, ami de Jarowski, le transporte à la clinique du Dr Martin, ami du vieux médecin. S’il a des chances d’en réchapper, le décès de Mme de Bourg et l’arrivée de sa fille Clara vont relancer l’affaire Tolziac…
Plusieurs remarques s’imposent concernant cette prétendue “nouveauté” parue chez Casterman. En réalité, cet album fut publié en deux parties (La confession, Éd.Triskel 2001; Le jugement, Soleil Prod. 2003; l’intégrale chez Soleil Prod. 2004). Il n’est stipulé nulle part dans la présentation actuelle de cet album qu’il s’agit d’une réédition. Si des albums comme Shutter Island et Scarface ont imposé Christian de Metter, les lecteurs de BD ne connaissent pas forcément sa bibliographie complète. Initiative d’éditeur profitant d’une notoriété, sans doute, mais forcément avec l’aval de l’auteur. Même en bédé, toute réédition se doit d’être précisée, visible. On est en droit de s’interroger sur le curieux procédé, désagréable sensation d’arnaque.
Second point, Christian de Metter possède un réel talent de dessinateur, il serait absurde de le dénigrer. Son graphisme entretient une ambiance sombre, tendue, qui correspond à ce genre d’histoire. Toutefois, il n’est pas interdit de corser un peu une intrigue. Sans être faible, le scénario de Laurent Lacoste méritait plus de profondeur et de péripéties. Certes, dans la deuxième partie, le cas de conscience et l’affaire criminelle se développent. Pourtant, ça ne provoque pas d’enthousiasme particulier, la suite et l’issue étant assez prévisibles. Sentiment très mitigé envers cette réédition.