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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 05:39

 

Dans la collection Spécial-Police, le roman En légitime défense est un peu connu des amateurs de vieux polars. Il est signé André Berthomieu (1903-1960), cinéaste français qui débuta en 1928. Ce fut son antépénultième film, sorti en 1958. Bernard Blier, Philippe Nicaud, Maria Mauban, Pierre Mondy, Robert Dalban, Rosy Varte, Jean Lefebvre, figuraient au générique de ce film. Il est intéressant de lire la quatrième de couverture du roman, présentant le cinéaste :

« La cinquantaine et trente ans de cinéma ! Plus de soixante films et plus de soixante succès commerciaux (c’est-à-dire de vrais succès). Berthomieu, c’est l’esprit, l’ironie, la gouaille sur pellicule. On lui doit la découverte cinématographique de gens comme : Bourvil, [Robert] Lamoureux, Jean Richard, Darry Cowl ! Entre autres ! Et maintenant, le voici tenté par le genre noir. Il nous raconte son histoire à sa façon, c’est-à-dire le revolver au poing, mais le sourire aux lèvres. Et s’il nous fait trembler, il a à cœur toutefois de nous amuser quelque peu au passage, simplement en braquant sa caméra sur une faune pittoresque dont il sait dégager toute la poésie. Voilà pourquoi En légitime défense ne ressemble pas aux autres films noirs. Tous ses personnages, bons ou mauvais, les tueurs y compris, sont made in France.»

BERTHOMIEUAndré Berthomieu est donc censé être l’auteur de ce roman. S’il en écrivit l’histoire et le scénario, il s’agit ici d’une novellisation du film. C’est Frédéric Dard, auteur des dialogues, qui rédigea le roman. Voici un survol de l’intrigue de En légitime défense

Fin des années 1950. Pierre Lambert, dit Pierrot, tient un bar dans le quartier de Pigalle. C’est un honnête commerçant, apprécié de ses clients et amis, pas un truand. Sa maîtresse Dora est danseuse dans un proche club select, La Nouvelle Ève. Gustave Martinet, le meilleur ami de Pierrot, est inspecteur de police. Ils ont fait la guerre ensemble. Comme tous les établissements de Pigalle, celui de Pierrot subit le racket d’Albert-le-Caïd et de sa bande. C’est le gros Bob qui passe régulièrement à l’encaissement. Il annonce à Pierrot que les tarifs ont augmenté. Pierrot n’accepte pas. Si Albert n’est pas content, qu’il vienne s’expliquer avec lui.

En effet, Albert et son complices s’invitent un soir au bar de Pierrot. Ils se montrent menaçants, y compris envers la clientèle. Bien que freiné par Dora, Pierrot réagit. Il récupère dans son tiroir-caisse le pistolet prêté par Gustave. Se sentant en danger, il abat Albert-le-Caïd. Dora supplie Pierrot de fuir. En tant que policier, Gustave est impliqué dans l’enquête qui s’ensuit. Convaincre Dora qu’elle doit conseiller à Pierrot de se constituer prisonnier, pas si facile. La mort d’un truand n’est pas une grosse perte. Son assassin ne risque pas grand-chose. Bob, le second d’Albert, étant sur sa piste, Pierrot se présente chez Gustave :

« Les deux hommes restèrent en tête à tête à deux mètre l’un de l’autre. Puis Pierrot s’avança, tendit la main :

Tu vois ? L’homme traqué en chair et en os. Je peux tout de même m’asseoir ?

Il se laissa tomber sur une chaise, soupira.

Je ne t’espérais pas si vite, reconnut Gustave.

Quel est le programme ? On me guillotine ici ou sur l’évier ?»

Huit mois plus tard, le procès de Pierrot s’annonce bien. Les témoignages, dont celui de Gustave, l’aident beaucoup. Par contre, attitude plus discutable, Pierrot refuse d’admettre qu’il était racketté. Un témoin de dernière minute va jouer en faveur de l’accusé. Mais les motivations de ce témoin ne sont pas si claires. S’il est libéré, Pierrot doit rester à l’abri durant quelques temps. Malgré la protection de son ami policier, Pierrot n’ignore pas que ses adversaires sont aussi dangereux qu’astucieux…

Il s’agit donc d’un solide petit polar, qui restitue l’ambiance des nuits parisiennes et du banditisme de l’époque. L’amitié entre les deux héros (personnages typés, mais pas si caricaturaux) et la menace contre l’un d’eux, servent de moteur à un suspense de bonne qualité.

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commentaires

P
Bonjour Claude <br /> Comme je recherche des adaptations des romans du Fleuve au cinéma , hier soir je suis tombé sur celui - là...Il est en ligne sur Youtube ...<br /> Un bon petit film sans prétention qui se regarde avec plaisir et une gentille fin ...Un bon jeu d'acteur made in France comme tu le dis , avec la belle belle Maria Mauban ...un bon petit moment de cinéma pour un film méconnu ..<br /> Bon week-end amitiés .<br /> Patrick
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C
Bonjour Patrick<br /> Un bon petit film de l'époque, en effet. Le cinéaste André Berthomieu fut un technicien avant tout, très compétent. Les acteurs choisis étant des vrais pros, le résultat était satisfaisant. Avec un scénario qui "tenait la route", bien sûr. Toujours plaisant à revoir.<br /> Amitiés.
A
<br /> Très bon papier. A mon sens le bouquin a été écrit après le scénario (qui est vraisemblablement de Dard) qu'il suit très bien d'ailleurs. Sur mon blog je parle du film et pas du livre. Il est aussi<br /> vrai que si on n'avait pas la preuve formelle que le livre est bien de Dard, on s'y casserait le nez.<br /> Il y a tout un pan de la littérature noire et du film noir français qui mériterait une réévaluation. Pour les amateurs je conseillerai "Trois jours de sursis" de Gilles Grangier dont le roman a<br /> probablement été écrit par Dard aussi, mais il n'y a pas de preuve directe...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Merci Alexandre. Je sais que tu connais parfaitement bien le sujet, en effet.<br /> <br /> <br /> F.D. ne pouvait pas signer celui-là de son nom, pour les raisons que nous évoquons, loin de son style perso. Question marketting aussi, car André Berthomieu fut un<br /> cinéaste apprécié du public. Sans doute Berthomieu (en bon technicien du cinéma) a-t-il écrit les bases de l'histoire, probablement son "déroulé" ou "story-board". Que Dard l'ait "mis en forme"<br /> est bien possible. Quoi qu'il en soit, le roman reste vraiment sympa à lire.<br /> <br /> <br /> Je suis bien d'accord pour dire qu'on a trop vite, la Nouvelle Vague arrivant, enterré de très bons films/romans noirs de l'époque, stupidement qualifiés de "nanars"<br /> par les beaux esprits des années 1960-70.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Salut Claude.<br /> Tu nous gâtes. Et quel grand écart entre hier (Mazarin) et aujourd'hui (Berthomieu, alias FD): diversité d'époques, de styles, d'histoires. Comme quoi, les eaux du Fleuve Noir restent parfaitement<br /> navigables de nos jours, avis aux a(r)mateurs!Vivement demain pour de nouveau FD, un vrai, cette fois...<br /> Amitiés.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Serge...<br /> <br /> <br /> L'idée de cette suite d'articles, née de votre demande à Paul et toi d'en savoir plus sur le roman de Michel Marly, est effectivement de montrer la valeur de<br /> ces auteurs si différents, éloignés sans doute. Nous savons bien, nous autres, que le polar n'est pas un monolythe. Ce genre est multiple, en voilà quelques preuves.<br /> <br /> <br /> Ce jeudi, demi-surprise pour toi, avec le titre de Frédéric Dard traité ce jour. Demain vendredi, c'est une nouveauté qui sort bientôt dont il sera question. Un<br /> sacré auteur actuel étranger, crois-moi !<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
O
<br /> Bonjour Claude<br /> Pour une fois, ce roman est à mettre au crédit de Frédéric Dard, accrédité par la famille et recensé par François Rivière dans son ouvrage Frédéric Dard ou la vie privée de San-Antonio paru au<br /> Fleuve Noir en mars 1999, soit avant la mort du maître.<br /> Amitiés<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Paul.<br /> <br /> <br /> Aucun doute sur la paternité de ce roman, même si F.D. utilise un style plus neutre que le sien pour cette novellisation du film. Bel exemple des polars de cette<br /> époque, aussi bon qu'Albert Simonin, José Giovanni ou Auguste Le Breton. Demain jeudi, Frédéric Dard sera encore à l'honneur (sous son nom, cette fois) !<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />

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