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Originaire de Corse, Pierre-Arsène Leoni dirige une équipe efficace de la PJ lilloise, assisté de Baudouin Vanberghe. Le policier habite avec sa grand-mère Mémé Angèle, qui s'occupe de Lisandra, la fille en bas-âge de l'enquêteur. Veuf, Leoni est l'amant d’Éliane Ducatel, médecin légiste qui l'épaule souvent dans son métier. En cette journée neigeuse, la police est appelée au cimetière de l'Est de la ville. On y enterrait Franck Bracco, ambitieux chef d'entreprise âgé de trente-cinq ans qui s'est suicidé. Le gratin de la franc-maçonnerie locale était présent. Lors de la cérémonie, Hervé Podzinsky a été abattu par un tireur. Rédacteur en chef des Échos du Nord, ce journaliste célibataire ayant “beaucoup de relations mais pas d'amis” n'aimait guère faire de vagues, malgré quelques scandales récents secouant la métropole du Nord.
Leoni se demande si les tirs visaient Podzinsky ou un des notables assistant aux obsèques. Plutôt que le franc-maçon André Kaas, la cible pouvait être Vincent Stevenaert. Fringuant sexagénaire, c’est le patron d'une importante société d'immobilier et de travaux publics. L'entreprise d'informatique dirigée par le défunt Franck Bracco appartient à son groupe. Si le puissant Stevenaert n'est pas loin de divorcer à ses frais, il a des ennuis autrement sérieux avec Joost Vanbavel, “Le Flamand”. Celui-ci exige des explications sur la coûteuse embrouille qui lui a fait perdre un tas d'argent. Stevenaert n'a visiblement pas maîtrisé tous les rouages de cette affaire.
Les policiers ne souhaitent pas tourmenter davantage la mère de Franck Bracco, choquée par la mort de son fils. Celle-ci est soutenue par Florence, avocate qui était la compagne de Bracco. Qu'un vieux fusil militaire ait été utilisé par le tireur, ça n'offre pas de piste vraiment intéressante. Franck Bracco “s'est immolé par le feu, probablement après avoir absorbé l'alcool et les médicaments retrouvés dans son véhicule”. Un suicide étonnant, estime Leoni. Il parvient à convaincre la procureure, obtenant une exhumation et une autopsie qui sera réalisée par Éliane Ducatel. Si la magistrate est quasiment aveugle, elle sait flairer les dossiers cruciaux. Elle est contactée par la capitaine Maria Galeano de l'OCRGDF, Office central de la répression de la grande délinquance financière. Cette dernière pourra compter sur Leoni et son équipe qui, de leur côté, cherchent plusieurs témoins disparus…
Grilles closes, le cimetière de l’Est s’était refermé sur ses habitants furtifs : une vingtaine de chats libres de tout maître, et un homme qui s’était volontairement exclu de la communauté de ses semblables ou se prétendant tels. Dans la relative sécurité de son domicile d’infortune, la température avoisinait les quinze degrés. Mais il avait déjà connu pire. D’une armoire aux portes de guingois, il réussit à extraire, non sans peine, un matelas au formes malmenées par ses conditions extrêmes de détention. Dans le fond du meuble tapissé de papier orange, un lot de couvertures soigneusement pliées et un oreiller aplati qui peinait à reprendre son souffle. Déplaçant les modiques attributs de sa fonction de gardien – une table de la taille d’une assiette et une chaise – il aménagea son coin pour la nuit…
Après “Carrières noires”, une nouvelle aventure du commandant Leoni est désormais disponible en format poche, chez Pocket. Une belle confirmation que les excellents polars d'Elena Piacentini s’adressent au grand public. Ce dont ses admirateurs de la première heure n’ont jamais douté, sentant chez cette auteure un réel talent. On ne peut nier qu'il s'agisse d'un roman d'enquête. Pourtant, le contexte exprime tout autant une véritable noirceur.
D'une part, un vaste scandale financier couve derrière l'affaire purement criminelle. Du côté de Lille comme ailleurs, on trouve maints affairistes dénués de scrupules, imaginatifs quand ils montent des combinaisons fructueuses. Il faudrait aussi évoquer Nathalie et Milutka, deux amies intimes depuis leur adolescence, vingt ans plus tôt. Un couple féminin ayant traversé de douloureuses vicissitudes, qui a son mot à dire dans cette histoire.
Fière de ses origines, Elena Piacentini nous gratifie de quelques expressions corses en version originale. Elle nous rappelle sans lourdeur quelles épreuves a traversé son héros taciturne. Heureusement qu'il est aidé par la délicieuse Mémé Angèle. Si on note des clins d'œil souriants, la tonalité du récit reste énigmatique et sombre. Construction impeccable de l'intrigue, faits relatés avec souplesse, pistes nuancées, écriture subtile et précise, ce roman possède de superbes atouts. Cette édition chez Pocket, c’est un bon moyen pour découvrir l'univers de Leoni.
"Le cimetière des chimères" est disponible dès le 8 septembre 2016
Elena Piacentini : Carrières noires (Pocket, 2016) - Le blog de Claude LE NOCHER
Âgée de quatre-vingt-quatre ans, la sénatrice Justine Maes conserve une grande influence dans la région lilloise et au-delà. Ancienne Résistante, veuve d'un riche Écossais, son parcours poli...
http://www.action-suspense.com/2016/04/elena-piacentini-carrieres-noires-pocket-2016.html
Ma chronique sur le précédent roman d'Elena Piacentini publié chez Pocket.