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En 1996, Michel Galabru publia une autobiographie intitulée “Je l'ai perdue au 18”. Si l'on a aimé le personnage qu'il incarnait, avec son exubérance, ce livre nous renseigne davantage sur l'homme qu'il fut. Sans doute en rajoutait-il sur son enfance de cancre. Il évoque dans ce livre des souvenirs d'alors qui l'ont marqué. L'épisode le plus étonnant de sa vie, et certainement le moins connu, se place durant la guerre. Envoyé au STO, il échoua en Yougoslavie. Il fut libéré par les Partisans de Tito, avec lesquels il passa plusieurs semaines, période très singulière qui ne lui laissa pas une mauvaise impression.
Le jeune Galabru fut récompensé par un Premier Prix du Conservatoire, et entra à la Comédie Française. Étape trop souvent oubliée dans son parcours. Il décrit dans ces mémoires le petit monde en question, d'une façon délicieusement ironique. Outre ses premiers succès, Galabru décrit ses amitiés professionnelles (dont celle avec Louis de Funès), ses admirations (Sacha Guitry, Michel Simon), et évoque ses amitiés de toujours (le comédien et réalisateur Jean Pignol, 1924-1990). Une autobiographie permet de mieux connaître l'intéressé. Celle-ci est, en plus, fort bien écrite : on navigue entre l'enfance, son métier, ses réflexions, de manière non-linéaire, sans jamais être confuse ni brouillonne. Réalisme, sens de la dérision, absence d'hypocrisie, Galabru n'avait pas la "grosse tête". C'est sûrement pour cela qu'il était populaire.
Le texte de 4e de couverture de “Je l'ai perdue au 18” :
« Quand j'étais jeune, ça m'aurait bien dit d'être écrivain. Mais j'avais le complexe du cancre. J'avais la syntaxe flottante, l'orthographe incertaine. Et puis, il fallait inventer des histoires, créer des personnages. Peut-être n'en avais-je pas le talent. C'est plus facile, l'âge venant de réinventer sa vie, d'écrire ses "mémoires". Moi j'avais l'impression de m'être fait baiser ; d'abord par les profs, par les parents, par les curés, puis par les femmes, les agents du fisc, les metteurs en scène. A la relecture, je me rends compte aujourd'hui combien ce sentiment était justifié. Mais je n'avais pas perçu à quel point tout cela était une farce énorme : "Une histoire de fou racontée par un ivrogne". En fait, seules les incandescences, les étincelles, sont intéressantes, le reste n'est pas là que comme remplissage, une sorte de sauce qui a le même goût pour tout le monde, qu'on soit clown ou plombier. Mes mémoires c'est ça : "Du Ketchup avec des étincelles".
Par delà les mythes sous lesquels on a parfois caché son vrai visage, Michel Galabru écrit là son premier livre, et quel livre ! Pour un coup d'essai c'est un coup de maître, un véritable bonheur pour le lecteur, avec une qualité d'écriture qui en surprendra plus d'un.»