Léo Tanguy est un journaliste qui depuis plusieurs années anime un site Internet d'infos. Il sillonne la Bretagne dans le vieux Combi ayant appartenu à ses parents. Il séjourne çà et là, au gré de ses investigations. Cette fois, c'est dans le Mené qu'il se pose quelques jours. Il s'agit d'une région rurale et vallonnée des Côtes d'Armor. Hélène, une amie depuis leur adolescence, a fait appel à Léo. Son père Philippe et sa mère Marie ont péri dans l'incendie de leur longère rénovée, son oncle Jean ayant disparu de chez lui environ un an avant. Sa famille avait reçu des lettres de menaces, détruites dans le sinistre. Philippe était militant, prônant un mode de vie respectueux de l'environnement, des sites et des populations les plus faibles. Pour lui, le progrès au service de l'humain valait mieux qu'un passé fantasmé, porte ouverte au populisme et à l'extrémisme. Il n'était donc pas apprécié de tous.
Dom, un ami d'Hélène, accompagne Léo à l'inauguration d'une usine de méthanisation. Il lui présente des figures locales, Lebret et Le Saout. Partisans de l'agriculture intensive, ils semblent sincères quant au recyclage des déchets de leur industrie, visant à produire du gaz propre. Pourtant, Hélène conseille à Léo de se méfier : “Le Saout, c'est un type plein de rancœur, un jaloux”. Le journaliste se renseigne auprès de sa copine Suzie. En effet, ce provocateur de Le Saout fait partie de “Vraie Croix”, groupuscule de catholiques intégristes menant des actions violentes, homophobes et anti-avortement. Autre sujet sensible dans la contrée autour de Collinée, les ouvriers maliens. Certains comme Hassane ont travaillé ici depuis quarante ans, dans des boulots pénibles, et y ont vécu en famille. Mais ils se sentent davantage mis à l'écart, la propagande intolérante faisant son œuvre.
Lors d'une réunion associative sur ces questions, un commando cagoulé de fachos frappe durement le public. Pas sûr que la gendarmerie fasse beaucoup d'effort pour retrouver les agresseurs. La famille Kerbussot, c'est probablement une piste à suivre pour Léo. Ils sont imprimeurs-libraires à Loudéac, ville située à quelques kilomètres de là. Ils affichent des opinions aussi décomplexées que haineuses. Léo ne doute pas qu'un des Kerbussot, ex-mercenaire, ait fait partie des cogneurs cagoulés. Rentrant à la nuit dans son Combi si repérable, Léo est pourchassé par un 4x4 noir. Peut-être celui qui rôde dans le coin depuis un certain temps, mais ces engins puissants ne sont pas rares.
Tandis que Léo et Hélène cherchent si l'origine des faits actuels peut avoir un quelconque lien avec un lointain passé, la maison d'Hélène est vandalisée. Désespérant, mais il y a beaucoup plus grave : un jeune couple est violemment attaqué par le trio du 4x4. Cette fois, bien au-delà d'un simple "dérapage", il s'agit de meurtre. Ça devrait inciter les fachos à se calmer. Non, Léo continuant sa propre enquête, il est confronté à un motard casqué brutal. Peu après, le journaliste a de raisons de s'inquiéter quand Hélène disparaît. Il sait où aller la rechercher. Dans sa folie de "nettoyage", le motard casqué est plus dangereux que jamais…
Denis Flageul fut un des quatre auteurs (avec Sylvie Rouch, J.L.Bocquet et G.Alle) qui initièrent en 2008 cette série de romans ayant pour héros le cyber-journaliste Léo Tanguy. À l'instar de Gabriel Lecouvreur, de la célèbre série Le Poulpe, chaque roman est écrit par un auteur différent. Les créateurs du personnage ne s'interdisant pas d'y revenir, bien sûr. D'abord publiées chez Coop Breizh, les enquêtes de Léo Tanguy paraissent désormais aux Éditions La Gidouille. Soulignons qu'il s'agit toujours de romans inédits. Après Yvon Coquil, Michel Dréan et Hervé Sard, Denis Flageul revient nous raconter de nouvelles tribulations du grand rouquin, silhouette qui ne passe pas inaperçue dans son vieux Combi.
Dans sa vie privée, Léo Tanguy est un romantique, non dénué de séduction auprès des femmes. Pour ses investigations, il aborde chaque nouvelle affaire sans préjugés. Léo a davantage de sympathie pour ceux qui ont l'esprit ouvert et respectueux, qui pensent à l'humain plutôt qu'au profit maximum, que pour les gens bornés défendant égoïstement leur intérêt. Ces malfaisants-là, l'auteur nous en présente quelques-uns de bien gratinés. Manière de rappeler qu'entre le discours formaté anti-tout de certains extrémistes, et leur passage à l'acte criminel, le pas peut être vite franchi. Les discours populistes vindicatifs et les idéaux réacs ne sont pas seulement malsains, ils fabriquent aussi de la violence. Il y en a dans cette affaire, située dans la belle campagne costarmoricaine. Péripéties et suspense sont au programme de ce très bon polar.
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Hervé Sard : Larguez les anars ! (Éd.La Gidouille, 2015) - Le blog de Claude LE NOCHER
Léo Tanguy est mort ! À travers son site Internet où ses articles soulignaient quelques-uns des dysfonctionnements de notre société, le cyber-reporter indépendant ne s'était pas fait que des...
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Ma chronique sur un précédent titre de la série Léo Tanguy.
Du même auteur : "Un fils à papa chez les zonards" (Coop Breizh, 2008)
C’est dans la paisible cité briochine que Léo Tanguy est appelé à mener l’enquête. Plus précisément au port du Légué, longtemps boudé par les habitants de Saint-Brieuc, désormais réhabilité. Jean-Claude Lebec, petit-bourgeois intolérant, n’a jamais cru à la version accidentelle de la mort de son frère Gérard. Selon lui, il ne fréquentait pas les marginaux de La Fabrique, lieu culturel alternatif, aujourd’hui détruit pour les besoins du nouveau port. Il ne se droguait pas comme ce "ramassis d’épaves", squattant ce bâtiment, troublant la quiétude de la population. Autant que la mort de Gérard Lebec, c’est l’histoire de La Fabrique qui intéresse justement Léo Tanguy. Il accepte de tirer ça au clair.
Avant ça, il y eut un autre décès suspect, celui d’un nommé Kevin. Léo n’ignore pas qu’un port reste un endroit dangereux, surtout si on n’a pas les idées claires. Serveuse au bar La Descente, Kelly fut la petite amie de Gérard Lebec. Elle admet qu’il avait un côté mystérieux. Les deux types qui surveillent Jean-Claude Lebec agressent Léo, en guise d’avertissement. Consultant des documents sur La Fabrique, Léo note un paradoxe. Il s’agissait d’une expérience en concertation avec la municipalité. Alors, pourquoi avoir soudain expulsé les squatteurs tolérés, avant de tout raser ?
Saint-Briac, qui fut le patron de Lebec, reconnaît que celui-ci avait changé. Sans doute l’épouse dépressive de Saint-Briac aurait-elle des choses à apprendre au cyber-journaliste. Rico et sa copine Gilou, ex-punks reconvertis dans l’agriculture bio, ne cachent pas leur hostilité envers Léo. Si ces deux-là en savent davantage, le silence ne portera pas chance à Rico. Ni à Gilou : percutée par les deux types, elle est hospitalisée grâce à Léo, gravement blessée. Elle s’en sortira. Le duo de tueur s'avère toujours plus menaçant. Mais ce sont les commanditaires qui intéressent Léo…
Denis Flageul s’inspira d’une situation bien réelle, puisque le port du Légué à Saint-Brieuc fut vidé de sa population marginale avant rénovation. Les initiatives culturelles sont rarement vues d’un bon œil dans des villes où règne un certain conformisme. Une sorte de phalanstère punk, ça fait désordre. Pot de terre de la liberté artistique contre pot de fer des intérêts supérieurs, éternels enjeux financiers. Exactement le genre d’affaire susceptible de taquiner l’intellect du journaliste Léo Tanguy. Flânant entre bistrots et port, surveillé dans l’ombre, il poursuit sa quête de vérité. Une narration alerte et une bonne intrigue, un polar de belle qualité à redécouvrir.