Le séjour en Sicile de Livia, la fiancée du commissaire Salvo Montalbano, s'est plutôt bien passé. Non sans quelques accrochages et une part de jalousie, car le policier a imaginé qu'elle le trompait avec un certain Carlo. Il s'est senti cerné par les Carlo. Tandis qu'elle s'en retourne chez elle, Montalbano est occupé par une série de cambriolages à Vigàta et dans ses alentours. Ce serait le rôle de son collègue Augello, mais selon l'agent Catarella, il a été congédié. En somme, il est juste en congés. Donc, c'est Salvo Montalbano qui s'y colle. La manière des voleurs est particulière. D'abord, ils pénètrent dans une résidence secondaire où les propriétaires sont en train de dormir. Ils y dérobent des objets de valeur, et surtout les clés du principal logement des victimes, à Vigàta. Avec la voiture des gens volés, ils vont jusqu'à l'adresse de ces personnes et cambriolent les lieux.
Selon le commissaire, ils doivent être trois pour opérer. Le fils de sa bonne Adelina croit savoir que c'est une bande venue d'une autre partie de la Sicile, dirigée par quelqu'un de Vigàta. Montalbano dispose d'une liste de dix-huit noms, appartenant au même cercle d'amis. Hormis ceux déjà visés, autant de victimes potentielles. D'ailleurs, à son tour cible des voleurs, le plombier Incardona conforte l'impression du policier. Avec son efficace adjoint Fazio, ils ne tardent pas à repérer le receleur des voitures volées en ces occasions. Mis sous surveillance, il est bientôt arrêté. Ce qui ne solutionne rien : le trio d'exécutants reste non-identifié et le "cerveau" annonce de futurs cambriolages par un courrier adressé à Montalbano. En effet, la trentenaire blonde Angelica Cosulich, employée de banque, est également victime d'un double vol selon la même méthode.
À cinquante-huit ans, Salvo Montalbano n'est pas à l'abri d'un coup de foudre. Angelica lui fait penser à l'Orlando Furioso, le magistral poème épique de l'Arioste, avec son héroïne portant le même prénom. Angelica semble attirée elle aussi, et elle partage le même goût que Salvo pour les bons repas et les généreuses doses de whisky sec. Il vaut mieux s'en tenir à une version corrigée du cambriolage, sans parler du baisodrome de la demoiselle, où se passa la première étape du vol. Ça pourrait valoir quelques ennuis au commissaire, quand son supérieur le Questeur est informé des faits complets, par une lettre anonyme parvenue à la Télévision officielle. Le policier plaide la calomnie. Peu après, Montalbano est bloqué par une entorse, ayant voulu donner un coup de main à Angelica. La jeune femme risque des ennuis à la banque, une mutation, à cause de cette affaire.
Les prochaines victimes, la police les a identifiées. Tout est mis en place pour entraver les projets du trio opérant pour Monsieur Z, ainsi que Montalbano à baptisé le cerveau. Salvo comprend qu'il doit mettre fin à son idylle avec la belle Angelica. Celle-ci lui a donné deux noms de suspects : une vérification s'impose, même si elle est vaine. Un nouveau vol avec indice, un cadavre blessé puis achevé par balles, un suicidé par pendaison, des coups de feu visant la jeune femme, autant d'éléments nouveaux sur lesquels le commissaire doit baser sa réflexion pour dénicher le coupable…
Une vingtaine d'aventures de Montalbano, se lisant avec un plaisir toujours renouvelé : tel est le seul constat qu'on puisse faire une fois encore. Des romans d'enquête dans le décor sicilien ? Certes, on suit les diverses investigations du policier quinquagénaire. Pourtant, au-delà de la pure recherche criminelle, on se régale à observer ce héros. Dans sa vie de policier, entouré du professionnel Fazio (passionné par l'état-civil des protagonistes d'un dossier, et plutôt inspiré dans l'action) et de l'inénarrable agent Catarella (qui ne retient jamais les noms exacts de ceux qui téléphonent, mais s'avère doué en informatique). Dans sa sphère privée, également, avec son éternelle fiancée Livia (pas toujours de bonne humeur), ses repas gastronomiques chez Enzo, et ses déboires dès qu'il approche d'autres jolies femmes (souvent avec une part de maladresse ou de naïveté).
Les romans d'Andrea Camilleri ne déçoivent jamais ses lecteurs, et ce n'est pas ce nouvel opus savoureux des enquêtes de Salvo Montalbano ("Il sorriso di Angelica", 2010) qui démentira cette évidence. Puisque le maestro Camilleri vient tout juste d'atteindre 90 ans ce 6 septembre 2015, adressons-lui nos vœux de bonne santé. Sans doute est-ce un peu égoïste, mais on souhaite qu'il continue encore longtemps à nous régaler de ses fictions et de ce langage qui contribue tant au charme de ses livres.
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