Originaire du 6e arrondissement de Paris, Georges Dupin est commissaire de police depuis quatre ans à Concarneau, dans le sud du Finistère. S'il lui reste encore bien des choses à découvrir sur les mœurs bretonnes, Dupin connaît déjà l'archipel des Glénan. Dont l'école de voile est universellement réputée. N'étant guère amariné, le policier n'était jamais allé là-bas. On vient de découvrir les cadavres de trois quinquagénaires sur l'île du Loch, qui fait partie des Glénan. En ce mois de mai, avec une marée coefficient 107, la tempête de la nuit passée en mer a pu entraîner un naufrage fatal. Arrivés sur le site, les enquêteurs n'oublient pas de tenir compte des courants, même si on leur rappelle aussi les légendes qui font partie de la tradition locale, avec sa part de surnaturel.
Le commissaire Dupin s'ancre sur l'île Saint-Nicolas, principal lieu de vie de l'archipel, tout en restant en contact téléphonique permanent avec son assistante Nolwenn. Le bar des Quatre-Vents, tenu par la jeune veuve Solenn Nuz et ses filles, devient naturellement son quartier général. Le homard qu'on y déguste est un plaisir pour le gourmet policier. On va identifier dès les premières heures deux des disparus. Champion de nautisme, Lucas Lefort est un des propriétaires de l'école de voile, avec sa sœur Muriel. Tous deux possèdent des maisons sur l'île. L'autre victime est Yannig Konan, un proche de Lefort, homme d'affaires ami du préfet. Bien qu'étant en déplacement, le préfet exige que l'enquête soit prioritaire. Heureusement que le policier Dupin peut joindre par téléphone le médecin légiste.
Un troisième disparu a été signalé, mais cet Arthur Martin ne paraît pas être le dernier quinquagénaire des Glénan. Lefort et Konan, qui ont passé la soirée de la veille au bar des Quatre-Vents, n'étaient pas des néophytes : en cas de tempête nocturne, ils pouvaient s'en sortir. Le légiste apprend au commissaire Dupin que l'on a fait absorber à Lefort et Konan un puissant sédatif. Pour le policier, celui qui les a intoxiqués était forcément un des clients du bar, la veille au soir. Ses collègues Le Ber et Labat interrogent tout le monde. Lui se concentre sur la charmante Muriel Lefort, et son assistante à l'école de voile, Maela Menez. Par ailleurs, un plongeur a repéré un bateau à moteur naufragé. Il appartient à Grégoire Pajot, qui est la troisième victime retrouvée sur l'île du Loch.
Ayant voulu développer des projets touristiques, Lucas Lefort ne manquait pas d'ennemis. Le parcours de Yannig Konan, qui s'est enrichi dans les affaires, pouvait causer quelques jalousies, aussi. Le policier Dupin est rentré pour la nuit sur le continent. Ce qui lui permet d'interroger le lendemain le maire de La Forêt-Fouesnant. Une piste anonyme désigne à la fois la société Medimare et la station de biologie marine de Concarneau. Le directeur de la station ne se montre pas du tout coopératif. Les policiers poursuivent leurs investigations aux Glénan. Où ils devront passer la nuit suivante, car la tempête interrompt les liaisons téléphoniques autant que la possibilité de rentrer…
On avait fait la connaissance du commissaire Georges Dupin dans “Un été à Pont-Aven” (2014). Après la cité des peintres, ce policier qui n'a pas le pied marin met le cap sur les îles des Glénan. Son enquête va durer à peine trois jours. On comprend bien qu'il ne soit pas pressé de quitter ce bel archipel aux allures tropicales, dont La Chambre peut faire penser à un lagon. Entre Solenn Nuz et Muriel Lefort, il est agréablement entouré, au risque d'en oublier sa compagne Claire Chauffin, chirurgienne parisienne. Par rapport à l'état d'esprit des Bretons, fiers de leur territoire et de leurs coutumes, comme sur les questions de protection du littoral ou d'algues vertes, le policier citadin s'acclimate très bien dans la région concarnoise. Sans doute à l'image de l'auteur, habitué des lieux : c'est un écrivain allemand, utilisant un pseudonyme à consonance bretonne.
Il décrit de belle manière les décors des Glénan et l'impression qu'on y ressent. Hommage à Simenon, c'est à L'Amiral, sur le port de Concarneau, que Dupin prend ordinairement ses repas. Évacuons quand même les points qui s'éloignent de la réalité : il n'existe pas de Conseil national breton (un Conseil régional, oui) ; jamais un préfet finistérien ne serait missionné dans les îles anglo-normandes ; et surtout, la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) ne dispose que de canots tous-temps, pas d'une flottille d'hélicoptères (ce sont des appareils militaires). Ce sont là des détails, ignorés de la plupart des lecteurs, qui ne gâtent absolument pas l'intrigue proprement-dite. Car notre vaillant commissaire dirige sans faillir son enquête, téléphone portable en main, explorant toutes les hypothèses possibles, n'excluant pas les pistes moins probables. Sympathique histoire, dans la bonne tradition du roman policier.
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Jean-Luc Bannalec : Un été à Pont-Aven (Presses de la Cité, 2014) - Le blog de Claude LE NOCHER
Voilà plus de deux ans et demi que le commissaire parisien Georges Dupin est en poste à Concarneau. Il commence à s'adapter au sud-Finistère, à en apprécier les charmes. En ce début d'été,...
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