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En ce début 2014, paraît un format poche “double” qui rassemble deux aventures du juge Ti. Robert van Gulik (1910-1967) popularisa en Occident ce personnage, qui exista réellement et connut les plus hautes fonctions (Juge Ti, 630-700). Frédéric Lenormand est l'auteur d'une nouvelle série des enquêtes du Juge Ti, restituant avec justesse la Chine du 7e siècle, sous la dynastie T’ang. Dans ce volume “Panique sur la Grande muraille” se situe à l'automne 671. Le juge Ti dirige la ville de Lan-Fang, à l'ouest de l'empire, non loin du désert de Gobi. Dans la seconde histoire, “Le mystère du jardin chinois”, l’intrigue est délicieusement tarabiscotée, pleine d’humour, jusque dans sa conclusion. Les personnages sont vraiment savoureux. En ces lieux mystérieux où rôde la mort, le héros amnésique mène une enquête pleine de rebondissements. La fluidité narrative nous entraîne à partager ses mésaventures, d'une façon très agréable.
Voici un survol du scénario de “Le mystère du jardin chinois”.
En l’an 669, sous le règne de l’impératrice Wu, le juge Ti (âgé de 39 ans) est sous-préfet de Pou-Yang, importante cité sur le Grand Canal impérial qui traverse la Chine du nord au sud. Une étrange “guerre du ciel” provoque la mort massive des volailles et des oiseaux migrateurs dans le district. Pris dans une attaque de canards fous, le juge Ti tombe au sol et perd la mémoire. Émissaire du Censorat, l’inspecteur Peng Shen l’envoie se reposer à la campagne avec ses trois épouses et ses enfants. Ils trouvent asile dans la luxueuse propriété d’un négociant en thé, Hu Nong. Le juge Ti s’y fait passer pour un médecin.
Le domaine se compose de quatre jardins, chacun symbolisant une saison, créés par le jardinier taoïste Ding Quon et son assistant eunuque Rossignol. Le juge Ti se pose bientôt des questions sur les invités de leur hôte, qui reste invisible : un militaire loyal et rigide, un moine bouddhiste plus ambitieux que religieux, un peintre célèbre, une voyante alcoolique parfois inspirée, une hautaine dame de cour, et tout un personnel qui ne voit jamais Hu Nong. Au centre des quatre jardins, un enclos difficile d’accès, doté d’une laide décoration. C’est là que le propriétaire semble se cacher, dans une tour vouée à la méditation. Quand le juge Ti explore l’endroit, il parait vide.
Les invités sont là pour voir éclore le mythique lotus bleu. L’improbable miracle se produit : les fleurs bleues sont remarquables. Le militaire est chargé de veiller à ce que personne n’y touche. Le juge est certain qu’il s’agit d’un trucage. Si la mort suspecte du moine bouddhiste ne les a guère affectés, l’empoisonnement de l’économe du domaine signifie que le danger se précise autour d’eux, qui restent prisonniers ici...