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29 juin 2018 5 29 /06 /juin /2018 04:55

Chicago, au milieu des années 1950. Jim Lathrop est professeur de maths au collège de Palmer Square. Depuis trois mois, il est marié à la blonde Wilma, vingt-et-un ans. Ce jour-là, Jim est agressé dans un parking par un duo de brutes. Ceux-ci lui donnent un paquet destiné à Wilma. Jim rentre chez lui. Quand son mari lui raconte sa mésaventure, Wilma affirme n’y rien comprendre. Dans le paquet il y a environ 5000 dollars, sacrée somme ! Le matin suivant, Jim s’aperçoit que Wilma a disparu. Il contacte illico la police. Le lieutenant Jezierna écoute attentivement les malheurs de Jim. La fiche de Wilma figure dans les dossiers de la police, sous plusieurs identités. Comme son mari Jim, les flics possèdent très peu de renseignements sur les proches de Wilma.

Jim vient en aide à un couple de petits délinquants, Eddie Mandell — dix-sept ans — et son amie Jenny. Il vaut mieux les remettre dans le droit chemin, faciliter leur union. Mais surtout, Jim cherche des pistes pour retrouver sa bien-aimée. Plus adroit que la police, il déniche l’adresse de Vladimir, le frère de Wilma. Celui-ci ne se montre pas hostile envers Jim, même s’il ne cache pas que sa sœur l’a choisi car c’était un homme respectable. Peu après, Jim découvre Nielsen – le gardien de son immeuble – assassiné dans la cave. Cette fois encore, il alerte la police. Ça commence à faire beaucoup d’énigmes autour de Jim, se disent les enquêteurs. Leur principale hypothèse, c’est que Wilma a été incinérée dans la chaudière se trouvant à la cave.

Voulant contacter son avocat, Jim est à nouveau agressé par le duo des brutes du parking. Simple plaisir de cogner le professeur, peut-être. Pensent-ils vraiment que Jim sait où sont cachés les diamants volés par Wilma ? Jim a intérêt à profiter de sa liberté pour retrouver la trace de Wilma, dont il ne doute pas qu’elle soit encore vivante. Car il est désormais recherché pour meurtre. Bien que devant prouver son innocence, Jim possède assez de sang-froid pour ne pas paniquer. D’autant que la police ne semble pas traquer le fugitif. Les flics ont déjà compris que Wilma, morte ou vive, est davantage victime que coupable dans cette affaire-là. Jim va être de nouveau confronté au duo de brutes, mais avec de meilleurs atouts, ce coup-ci…

Day Keene : Question de braises (Série Noire, 1956)

Day Keene (1904-1969) fut un des auteurs populaires de la Série Noire dans les années 1950-60. Si ses romans n’avaient pas la noirceur de ceux d’un David Goodis, ni la complexité d’un John D.MacDonald, par exemple, il s’agissait de solides intrigues polars, riches en rebondissements. Les protagonistes sont toujours crédibles, correspondant aux Américains de l’époque. Dans ce “Question de braises” (1956), le héros est un professeur de collège ordinaire, respectueux de la loi et de la morale. Ce qui explique une bonne dose de lucidité chez lui, malgré les épreuves qu’il va traverser. C’est son amour pour sa femme – qu’il connaît si mal – qui le guide dans ses actes. Day Keene démontrait qu’il n’est pas obligatoire de faire du spectaculaire, du pétaradant, pour raconter une histoire qui "tient la route". Scénario de qualité et narration claire, le secret des romans agréables à lire.

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28 juin 2018 4 28 /06 /juin /2018 04:50

Chicago, peu avant 1930. Sam Vettori est le patron du Club Palermo, mais c’est avant tout le chef d’un gang. Il dispose d’une petite équipe, de type fiables. Grâce à son indic Scabby, il a préparé un braquage à la Casa Alvarado. Menée par Rico, l’affaire ne traîne pas. Sauf que Rico abat un des témoins, le policier Courtney, qui aurait pu les reconnaître. Au final, le braquage rapporte plus de neuf mille dollars, beau pactole à se partager. Sam Vettori est conscient que la mort d’un flic, ce sont des ennuis à venir, aussi peu suspect soit-il dans un premier temps. Car le policier Jim Flaherty a l’œil sur la bande de Vettori. Surtout Joe, le chauffeur du gang, montre des signes de faiblesse. Il faut l’éliminer sans tarder. Malgré tout, la position de Sam Vettori est moins forte suite à ce braquage.

Les complices de Sam préfèrent désormais suivre Rico, apparaissant comme le nouveau chef. C’est beaucoup de pression pour Rico, même s’il assume son rôle. Dans la Petite Italie, où les gangs sont nombreux, son autorité reste relative. Son ambition est assez grande pour réussir à s’imposer, estime-t-il. D’autant que le puissant caïd Big Boy se montre régulier avec Rico, un atout sacrément favorable. Ce qui n’empêche pas que, peu de temps après, Rico soit la cible d’une fusillade. Le commanditaire, c’est forcément Petit Arnie, autre chef de bande qui n’apprécie pas l’ascension rapide de Rico. Pour ce dernier et son gang, l’heure est à la contre-attaque. Supprimer Petit Arnie ne serait pas la bonne solution, mais Rico l’oblige à quitter au plus vite Chicago.

Rico a trouvé sa place de chef du gang, même s’il doit se méfier un peu de certains truands voulant le rejoindre. Le pouvoir nécessite de la jugeote. Pendant ce temps, la police n’est pas restée inactive. Flaherty n’a jamais cessé de surveiller de près le gang de Vettori, devenu celui de Rico. Bien que n’étant pas le plus impliqué, c’est Joe – le séducteur de la bande – qui est arrêté le premier par la police. Otero, le fidèle lieutenant de Rico, est un des prochains sur leur liste. Rico comprend immédiatement que son tour ne tardera pas. Heureusement, il s’est trouvé quelques alliés qui l’aideront dès que le risque d’une interpellation est évidente. Certes, il devra sûrement quitter la ville, mais l’essentiel est de conserver la liberté…

W.R.Burnett : Le petit César (Série Noire, 1948)

Écrit en 1929, “Le petit César” est le premier roman de W.Riley Burnett. Durant l’entre-deux-guerres, la réputation de Chicago n’est pas usurpée : c’est la ville des gangs, des braquages, des rackets et de tous les trafics. La guerre fait rage entre bandes. À la base, celle de Sam Vettori n’est pas la plus violente. Mais Chicago ne manque pas de truands plein d’ambition, tel Rico. Entre grandeur et décadence, Burnett décrit avec un vrai réalisme l’ambiance chez les mafieux. On est dans l’action, peu dans la psychologie. Si ce livre figure parmi les classiques du roman noir, c’est aussi parce qu’il fut adapté au cinéma par Mervyn LeRoy avec Edward G.Robinson et Douglas Fairbanks Jr. Roman et film connurent un grand succès. Un pilier du roman noir, à découvrir ou à relire.

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10 mai 2018 4 10 /05 /mai /2018 04:55

Le 10 mai 1978, le commissaire Jean-Joseph Janiaut (surnommé 3J) et son épouse Martine dînent chez des amis, avec un couple de proches. Dix ans déjà que se produisirent les émeutes, c’est un sujet de conversation. D’autant que Martine possède une revue d’archives revenant sur les faits, et présentant beaucoup de photos d’époque. Évoquer Mai-68 n’enchante pas le commissaire 3J, cela lui rappelant une affaire criminelle qu’il ne sut résoudre alors. Durant la nuit où un carnage sur des voitures fut commis rue Gay-Lussac, un certain Germain Poupinel alerta le commissariat de la place du Panthéon : il venait de découvrir sa femme assassinée dans sa voiture arrêtée le long des Jardins du Luxembourg. Le tueur lui avait planté un couteau entre les omoplates, avant de calciner le véhicule, une Dauphine.

Malgré l’effervescence de ce mois de mai, la PJ tenta une enquête en bonne et due forme. Sur trois axes principaux : le mari, jeune homme d’affaires débutant dans les produits de beauté ; l’amant de la victime, Klaus Spitzberg, qui produisit un alibi vérifié ; enfin, on ne pouvait exclure que Mme Poupinel ait été prise dans un concours de circonstances, lors de cette nuit révolutionnaire. Certes, elle fut poignardée, mais ça n’innocentait nullement ces étudiants rebelles que l’on imaginait capables de sauvagerie. Version provisoirement retenue, dix ans plus tôt. Ce soir de mai 1978, le groupe d’amis regarde donc les photos, retenant celle du 30 mai 1968, manifestation en faveur du Général de Gaulle rassemblant des foules. C’est ce jour-là que se rencontrèrent deux des convives, Carole et Bruno de Saint-Vallier, devenu depuis avocat.

S’il n’en dit rien à ses amis, Bruno connaît parfaitement l’affaire qui fut un échec pour le commissaire 3J. Germain Poupinel figurait parmi ses relations depuis longtemps, en 1968. Ils avaient renoué à Paris. D’autant qu’ils pouvaient avoir des intérêts en commun. Un ambitieux homme d’affaire a toujours besoin d’un avocat, et inversement, il est bon pour un avocat d’avoir des relations dans les milieux d’affaires. Mais leur complicité alla bien plus loin, autour du meurtre d’Anne-Marie Poupinel. Pour le commissaire 3J, il reste moins de vingt-quatre heures avant la prescription officielle de ce dossier. Un compte à rebours qui semble quelque peu illusoire, aucun élément nouveau n’étant apparu depuis le crime. Du côté de Bruno de Saint-Vallier et de Poupinel, on doit se méfier de la perspicacité du policier. Lui donner des demies-vérités, prendre les devants, c’est peut-être la parade. Il suffit de tenir encore quelques heures, jusqu’à la prescription…

Pierre-Martin Perreaut : Prescription demain minuit (Fleuve Noir, 1979)

— Il vous reste vingt-deux minutes pour faire le rapprochement entre ce qui s’est passé dans le dernier chapitre de leurs aventures et ce qui va se produire ici ce soir.
Maître Saint-Vallier en perd plus d’une à chercher. En perdre ou en gagner, car l’objectif n’est-il pas de faire digression le plus longtemps possible ? Or, voilà que le commissaire lui donne une occasion inespérée de tenir jusqu’à minuit en parlant de tout autre chose. Lorsqu’il a réussi à avoir Poupinel au téléphone, tard dans la nuit, il lui a raconté comment dans un film américain des années 50, James Stewart fait échec au Sénat en gardant la parole jusqu’à épuisement, empêchant ainsi un vote d’avoir lieu dans les délais légaux.

Que l’on trouve dans certains polars des références aux événements de Mai-68 et à leurs conséquences, c’est probable. La particularité de ce “Prescription demain minuit”, c’est que l’enquête est en prise directe avec ce moment d’Histoire, même si dix ans ont passé. Le crime fut commis dans la nuit du 10 au 11 mai, tandis que la rue Gay-Lussac était au centre de l’agitation. Certes, l’auteur ne nous cache pas les identités des criminels, mais il y a bien d’autres points à éclaircir pour le commissaire 3J – son héros récurrent. Il s’agit d’effectuer des retours dans le temps, de reconstituer les détails, afin d’obtenir des preuves dans les délais. Un jeu du chat et de la souris, le policier n’ayant jamais éliminé ses soupçons envers l’entourage de la victime. Avec son équipe fidèle, 3J mise davantage sur la psychologie, sur les réactions de chacun, étant lui-même un commissaire dans la tradition, et non un "flic de choc". Ce n’est peut-être pas un polar d’anthologie, au moins a-t-il le mérite d’utiliser avec intelligence le contexte d’alors.

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26 avril 2018 4 26 /04 /avril /2018 04:55

Revenons aux fondamentaux, avec “Laissez tomber la fille”. Frédéric Dard imagina le personnage du commissaire San-Antonio en 1949, dans “Réglez-lui son compte” publié aux éditions Jacquier, à Lyon. Sa première aventure dans la collection Spécial-Police des éditions Fleuve Noir parait en décembre 1950, c’était “Laissez tomber la fille”. Ça se passe au temps de l’Occupation. Personnage courageux et supposé déjà expérimenté, San-Antonio fait face aux situations les plus agitées et dangereuses. Peu d'éléments sont déjà en place dans son univers. Mis à part sa mère Félicie, pas de héros secondaires tels que le seront plus tard Le Vieux, Pinaud, ou Bérurier (encore qu'apparaisse un flic costaud aux airs de mammouth). C'est un pur roman d'aventures, où s'enchaînent les rebondissements et les surprises. On ne risque pas de s'ennuyer à le suivre.

La tonalité langagière n'est pas aussi exubérante et inventive que par la suite. Néanmoins, l'écriture montre déjà une très belle vivacité et une vraie drôlerie : “Pour camoufler un peu ma remarquable physionomie, je me fais tailler les crins en brosse par un merlan de Poissy, le lendemain matin, et je m’affuble d’une paire de lunettes que m’a donnée Renard. Ainsi déguisé, je ressemble à un instituteur hollandais.” Dès les années suivantes, les enquêtes de ce héros connaîtront l’énorme succès que l’on sait. Notons par ailleurs que Michael Sanlaville a adapté en BD “San-Antonio chez les gones” (Casterman, 2018). Une approche "visuelle" de l’œuvre de Frédéric Dard, dans toute sa truculence.

San-Antonio : Laissez tomber la fille (Éd.Pocket, 2018)

Jusqu'ici, je suis assez content. Mon grand pif, je le crois fermement, a reniflé une piste. Voyez-vous, bande de pègreleux, le raisonnement est une belle chose pour un flic […] Qu'est-ce que vous feriez à ma place ? Vous braqueriez votre soufflant dans la direction du copain, et vous appuieriez sur la gâchette jusqu'à ce que votre magasin de quincaillerie soit vide. Bien sûr, ce serait le parti le plus sage, mais je ne peux plus me permettre d'être prudent. Si cette crapule est venue dans l'appartement, c'est qu'elle a l'espoir d'y prendre quelque chose. Vraisemblablement, ce que Manuel y avait caché. Mon plan est donc de lui laisser trouver ce quelque chose. Mais, allez vous m'objecter, rouscailleurs comme je vous connais, mais si vous n'avez rien trouvé, vous, pourquoi serait-il plus chanceux ? Eh ben, mes kikis, vous en tenez une couche à ce point épaisse, que si un autobus vous rentrait dedans, il ne vous ferait pas mal...

Nous sommes à l'automne 1942. Le commissaire San-Antonio s'est mis en disponibilité, et vit tranquille auprès de sa brave femme de mère, Félicie. Un jour où il s'autorise une virée à Paris, lors d'une alerte dans le métro, il se fait flinguer par un inconnu. Il se réveille au bout de trois semaines, et va rester deux mois hospitalisé. Cette tentative de meurtre lui paraît inexplicable, vu qu'il ne se mêlait de rien en ces temps troublés. San-Antonio sort de l'hôpital peu avant Noël. Dès sa première soirée dehors, il a rendez-vous avec la belle infirmière qui s'est occupée de lui. Il s'agit de séduire la ravissante Gisèle Maudin, car il a trop le sens du devoir pour lui proposer le mariage. Au restaurant de la rue de l'Arcade où ils dînent, San-Antonio capte un curieux message en code morse.

Plus tard dans la soirée, la mort du commissaire est annoncée à la radio. C'est forcément un sosie qui s'est fait descendre. Accompagné de Gisèle, il cause une drôle de surprise en se présentant à ses collègues policiers, chez la victime. Visiblement, le défunt utilisait peu cet appartement, où on ne trouve pas d'indices. San-Antonio élabore son plan pour identifier ce qu'il pense être un gang. C'est un nain qui vient au rendez-vous fixé, chez Gisèle. Agressif et armé, il réussit à fausser compagnie au commissaire convalescent, qui supporte encore mal les coups violents. Dès le lendemain, l'inspecteur principal Guillaume apprend à San-Antonio que Gisèle a été enlevée, bien qu'il lui ait conseillé d'être prudente. Mieux vaut que le commissaire mène une enquête officieuse.

Il s'installe discrètement dans l'appartement de son sosie, un certain Manuel. L'homme qui se pointe n'est autre que son tueur du métro. Il prétend appartenir à une ancienne bande, les Kangourous, censée ne plus exister. Quant à savoir ce qu'ils traficotent avec des ampoules électriques, San-Antonio ne comprend pas vraiment. Le quartier général de ce gang se situe dans une propriété du Vésinet. Lorsque le commissaire y pénètre, la bande est en train de fêter Noël. San-Antonio ne tarde pas à délivrer Gisèle, leur prisonnière. Le nommé Fred dit être le chef de ces truands. Jouant l'astucieux pour obtenir des infos, le policier réalise être en possession de l'invention allemande BZ22. Quand la Gestapo cerne la propriété, San-Antonio et Gisèle parviennent à s'enfuir. Si le commissaire s'échappe en sautant dans la Seine, il sera bientôt confronté aux nazis Karl et Greta, qui lui laissent peu de chances de passer à Londres avec le BZ22. À moins que le destin ou la chance ne donnent un coup de pouce à l'intrépide policier…

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24 avril 2018 2 24 /04 /avril /2018 04:55

Après “Charlie Martz et autres histoires” (2017), la suite des nouvelles inédites d’Elmore Leonard (1925-2013), avec sept autres textes. Le talent de cet auteur, qui produisait aussi bien du western que du roman criminel depuis le milieu du 20e siècle, fut unanimement reconnu à travers le monde. Pour cerner son œuvre et son style, il suffit de lire ce qu’a écrit à son sujet le Dictionnaire des Littératures Policières : “Leonard est un des grands maîtres du genre. Son écriture ne ressemble à aucune autre. Sans temps mort, ni digression, ses romans évitent les clichés, les images ou les métaphores, et s’attachent aux dialogues, qualités qui font aussi de lui un scénariste très apprécié…” On ne saurait être plus clair sur les qualités d’Elmore Leonard.

Concernant ces nouvelles, il en est encore au début de sa carrière d’écrivain. Bien qu’il ait déjà publié quelques romans, il n’a pas toute la maîtrise que l’on remarquera ensuite. Pourtant, ce sont là des intrigues fort inspirées, aux thèmes variés. Des histoires courtes, mais très vivantes, aux contextes dessinés avec précision. Laissons-nous charmer par ces inédits pleins de saveur.

Elmore Leonard : Rebelle en fuite et autres histoires (Rivages/Noir, 2018) – Inédit –

"Première siesta à Palo Verde" : Charlie Martz est shérif du comté de Doña Ana depuis près de dix ans, à l’époque du Far West. Les bandits redoutent peu ce bonhomme, “vieillard fatigué à la moustache tombante, qui portait son revolver bien trop haut pour savoir s’en servir.” Quand on le provoque, il a coutume de laisser dire, dans un premier temps. Ce ne sont pas les quatre joueurs de poker réunis au ranch Spanish Hat qui auront peur de lui. Ils sont bien plus habiles que lui à manier des armes à feu, c’est sûr. Et puis l’un d’eux, Reb Spadea, estime avoir une revanche à prendre sur Charlie, ce qui risque de finir en duel. “Charlie semblait un peu inquiet, mais autour de ses yeux se lisait une expression qu’on aurait pu interpréter comme amusée. Reb avait trop confiance en lui pour s’en apercevoir.”

"Rebelle en fuite" (1960) : Au temps de la Guerre de Sécession, dans l’État du Mississippi. Les troupes Yankees occupent la petite ville sudiste d’Okolona, les Confédérés s’étant retranchés au-delà de la rivière Tombigbee, derrière la frontière de l’Union. Victoria est une jeune femme habitant seule, qui doit prochainement épouser Olin Worrel. Plus âgé qu’elle, ce dernier ne s’est nullement impliqué dans cette guerre. Virginia est veuve, son mari a été tué au combat. De même que son père, près d’un an et demi après son époux. Sa mère s’est laissée mourir peu après. Récemment, c’est le frère de Virginia qui a été abattu par les Yankees près de chez elle. Une heure plus tôt, elle vient de recueillir un soldat sudiste sévèrement blessé, le lieutenant McLean. Bien que très faible, il espère rejoindre son unité de Confédérés. Virginia n’a aucune envie de le laisser partir dans son état, il serait sûrement la cible des Yankees. Olin Worrel s’est aperçu de la présence de McLean. Lui accorder une brève pause ici est possible, mais pas question de le protéger.

"Les intrus" (1958) : Fille d’un homme d’affaires, Chris a épousé Evan il y a six mois. Âgé de vingt-quatre ans, Evan est un ancien basketteur adulé et sympathique, diplômé de l’université d’État du Michigan depuis un an. Chris et lui vivent dans la ferme d’Evan, un terrain de trente hectares, ce qui ne rapportera jamais des fortunes. Chris préférerait que son jeune mari devienne commercial pour les sociétés de son père. Affable et amical, il a toutes les compétences pour un tel métier. Ce jour-là, Chris entend des coups de feu : des chasseurs se sont introduits dans leur propriété. Cet incident ne perturbant guère Evan, Chris va à la rencontre de ces intrus. Il s’agit d’un jeune frimeur, Vince, et d’un homme mûr, qui pourraient se montrer assez vite menaçants. L’intervention de Chris ne sert à rien, sauf à la mettre en danger. Quand elle rentre à la ferme, le pick-up jaune du duo la suit à la trace. Arrive l’heure de la confrontation entre les deux intrus armés et Evan. Faut-il dramatiser la situation, comme l’a fait Chris, ou bien utiliser une autre méthode ?

"L’enclos du taureau" (1959) : Dans le Michigan, Eladio Montoya fait partie de ces ouvriers agricoles mexicains employés dans les fermes. Sherman David a hérité d’un ranch ainsi que d’une usine d’outillage à Détroit, deux activités qui fonctionnent très bien. Il est fiancé à Megan, une jeune femme faisant preuve d’une certaine désinvolture. Sherman David a invité au ranch M.Thornhill, un de ses clients. Megan lui ayant suggéré une idée, il pense avoir trouvé le moyen d’impressionner son visiteur. Eladio fut naguère torero, après avoir été banderillero pour Luis Fortuna, un grand nom de la tauromachie. Il a interrompu sa carrière, pour diverses raisons. Sherman David l’oblige à affronter, dans son enclos, le taureau qu’il possède, menaçant de renvoyer le frère d’Eladio et sa famille. Le spectacle risque d’être sans grand intérêt, car il ne s’agit pas d’un taureau de combat. Soutenu par Megan, Eladio aura bien vite un autre défi à relever.

J’ai bu un deuxième bourbon et je me suis détendu, j’avais toute la soirée, toute la nuit devant moi ; il faisait déjà noir et le bar était aux trois-quarts plein, avec en fond sonore le bruit des gens rassemblés, la glace dans les verres et une musique douce style Cole Porter. Un bourbon de plus. La fille de la Westway que j’avais reconnue pour l’avoir vue au Sands est passée devant moi avec un type ; elle a souri et j’ai hoché la tête en me demandant si le sourire était plus qu’un sourire... [“Les soirées loin de chez soi” 1959.]

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24 mars 2018 6 24 /03 /mars /2018 05:55

À l’Est des États-Unis, dans les années 1920, Alexander Dennison est un jeune médecin sans fortune, ni clientèle. Il est fiancé à Evelyne Curtis, fille d’un magistrat vivant chez son père. Ils s’écrivent souvent, Dennison attendant une meilleure position sociale avant de se marier. Elle lui reproche quelque peu sa mollesse de caractère. Coup de chance, Dennison est engagé comme assistant par le vieillissant docteur Charles Leatherby. Homme cultivé, il vit dans une luxueuse demeure. Surtout, le jeune médecin bénéficiera d’un salaire très confortable. Leatherby est entouré de sa sœur, Rose Lewis, et d’une infirmière, miss Hilda Napier. Il semble que cette dernière soit sur le point de se marier avec Leatherby, malgré une grande différence d’âge. Elle conseille à Alexander Dennison de renoncer à ce poste.

Le jeune médecin s’interroge sur la froide Mrs Lewis : “C’était une belle femme, et jeune. Il lui donnait vingt ans de moins que son frère. De plus, elle était une hôtesse courtoise. Mais quelque chose en elle perturbait Dennison. Elle le faisait se sentir insignifiant, une ombre éphémère dans la maison.” On apprend la mort soudaine du banquier Manley, patient du docteur Leatherby qu’il avait consulté peu avant. Même une crise cardiaque chez un tel personnage entraîne une enquête. C’est alors que Jeff Folyet se manifeste chez Leatherby. Celui-ci fut pendant un temps l’assistant du vieux docteur. S’il ne suggère pas exactement que le décès du banquier serait suspect, la présence de ce Folyet paraît embarrasser la maisonnée. Néanmoins, Leatherby l’invite à séjourner chez lui.

Malgré l’ambiance, Dennison se refuse à cultiver des doutes paranoïaques. Toutefois, la disparition de Folyet pose bien des questions. Auxquelles des témoignages incertains sollicités par Dennison n’apportent pas de réponses. À son hôtel, on n’a pas revu Folyet non plus, et personne n’a son adresse, à New York ou ailleurs. L’infirmière Hilda Napier se montre désormais plutôt enjôleuse envers Dennison, jouant peut-être avec lui comme avec une marionnette. Bien que le chauffeur de Leatherby ait trouvé des traces de sang dans la voiture du vieux médecin, il n’envisage pas un meurtre. Par contre, Dennison craint que Folyet ait été assassiné. En l’absence de Leatherby, le jeune docteur reçoit une curieuse patiente, Mrs Smith, qui tient absolument à obtenir la potion préparée pour elle.

Risquant de commettre une erreur en lui donnant ce produit, Dennison est embarqué dans une situation qui le dépasse de plus en plus. Quel est le rôle de Folyet, mort ou vivant, et que penser de ces lettres qu’il aurait écrites ? Un nouveau décès bizarre, similaire à celui du banquier, mérite explication. Il faudra l’intervention d’une tierce personne pour éclaircir tant de faits mystérieux…

Elisabeth Sanxay Holding : Miasmes (Éd.Baker Street, 2018)

Ensuite, il y a ces patients que Leatherby voit à l’étage. Eh bien, quoi ? Ils viennent sans se cacher. Et lui ne fait aucun mystère de ces visites. Aucune raison, donc, de s’inquiéter à ce sujet. Il est connu et respecté au village. Il n’est pas du genre à tenir un cabinet en sous-main. Toutes les tâches qu’il m’a confiées sont parfaitement transparentes et légales.
Enfin, cette affaire Manley… Folyet semble insinuer que Leatherby en sait plus long qu’il ne veut l’admettre. Folyet considère la ‘crise cardiaque’ d’un œil sceptique. Eh bien, supposons qu’il s’agisse bien d’un suicide, et que Leatherby le sache. Peu importe ! Qui diable est ce Folyet ? Non, il n’y a rien dans cette affaire Manley qui puisse m’intéresser. En y réfléchissant mieux, il n’y a rien qui puisse m’intéresser du tout. J’ai un travail légitime à accomplir. Je peux me contenter de le faire et de me mêler de mes affaires.

La romancière américaine Elisabeth Sanxay Holding (1889-1955) fut l’auteure de dix-huit romans policiers, de 1929 à 1953, et d’un certain nombre de nouvelles. À ce jour, quatre de ses titres ont été traduits : Crime étrange aux Bermudes (1946), Le vieux cheval de bataille (1952), La candide Madame Duff (1953), Au pied du mur (1953, réédité en 2013 aux Éd.Baker Street). En voici un cinquième, avec ce “Miasmes”, initialement publié en 1929, qui fut le premier suspense écrit par cette auteure. Raymond Chandler semblait tenir en haute estime Elisabeth Sanxay Holding, pour les qualités psychologiques de ses intrigues. Plusieurs de ses titres furent transposés au cinéma, dont deux films adaptés du roman “Au pied du mur” (en 1949 et en 2001).

Dès le départ, le portrait du Dr Dennison reflète avec crédibilité les cas de ces jeunes diplômés d’alors. Ils avaient l’espoir de faire carrière comme médecins, mais manquaient sûrement d’un peu de maturité. Ce qui explique qu’il ne se sente pas à l’aise chez son riche confrère âgé, et qu’il soit plutôt désemparé face aux mystères qui l’entourent. Il est vrai que vont se succéder diverses péripéties fort étranges. Entre Hilda Napier, Rose Lewis, et sa fiancée Evie, Dennison n’est pas sûr de pouvoir se fier à une femme pour élucider ces sombres énigmes. Pourtant, elles sont probablement plus lucides que lui. Les rouages de cette histoire entretiennent un climat d’incertitude, un suspense inquiétant. Elisabeth Sanxay Holding appartient à la meilleure tradition de la littérature policière.

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17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 05:55

Puisque le héros anonyme en possède une, appelons-le Jaguar. Bruno Desarnauds, un de ses bons copains d’études devenu flic, se fait buter peu après leurs retrouvailles. Le commissaire Tourouvre des R.G., beau-père de la victime, le savait en danger. Deux types à moto abattent Étienne Pezetta, le flic partenaire de Bruno. Jaguar rattrape bientôt le tueur. Ce qui le met sur la piste d'Ahmed, celui qui a éliminé son ami Bruno. Le commanditaire d'Ahmed est un nommé Vuidos, qui produit des photos pornos homos. Celui-ci est en contact avec Le Villain, connu de la justice, qui semble être son patron. Les deux tueurs sont bientôt supprimés.

Valentin "le Toulousain", un truand pas net, apprend à Jaguar ce qu'organise Le Villain : des combats mortels de gladiateurs, sur lesquels on parie. Avec sa complice Karen, il fait ensuite chanter les riches parieurs. Trahi par Valentin, Jaguar espère que le commissaire sera son allié. Les mêmes personnes lui font du chantage pour une autre histoire, avoue-t-il. Plusieurs témoins sont successivement exécutés. Jaguar hésite à continuer.

Lâché par le policier, Jaguar entraîne sa jeune maîtresse Danielle dans sa sanglante aventure. Ayant éliminé Valentin, le couple doit abandonner leur puissante voiture et voler un taxi, avant de se réfugier chez Sam Perez. Ce viticulteur bourguignon est leur seul ami sûr. Mais la bande dirigée par le nommé Carvallo est déjà sur leurs traces. Jaguar, Danielle et Sam peuvent se replier dans un mas de Clermont-L'Hérault. Ils savent que les truands ne tarderont pas à les y cerner. Ils se préparent à affronter leurs adversaires, pour un inévitable carnage…

Kââ : Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales (Éd.La Table Ronde, coll.La Petite Vermillon, 2018)

Le temps de me tourner, j’entendis trois fois le départ des 357 magnum, le hurlement de la moto qui démarrait et l’officier de police judiciaire Étienne Pezetta devint un corps en proie à la démence des impacts, corps violemment, épouvantablement repoussé en arrière dans le restaurant. Lorsque les balles eurent fini de traverser ce corps, mort avant d’avoir touché terre, elles poursuivirent, l’une d’elle arracha le bras d’une dame très honorable, et les deux autres se contentèrent d’aller déchiqueter les paquets de cigarettes en fin de trajectoire.
Valentin était déjà au volant, reculait, je poussai Danielle hallucinée dans la Golf GTI, la moto des tueurs filait dans la rue de la Roquette. Valentin grilla le feu rouge et fonça après eux sans dire un mot. Il avait toujours son sourire niais. Valentin monta à cent-soixante dans la ligne droite de la rue déserte

Auteur d’une vingtaine de romans, Kââ (1945-2002) figure parmi les écrivains marquants du polar noir. “Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales”, son quatrième roman, a été publié initialement en 1985. Il n’est pas exagéré d’affirmer que sa tonalité fut exceptionnelle. Peut-être parce que ses histoires sont plus cyniques que réalistes, parce que son jeu avec la mort est souvent dérangeant. Ça canarde beaucoup sans états d’âme, en utilisant des flingues puissants, multipliant les cadavres, la plupart des victimes ayant mérité leur sort.

C’est bien cette ironie mordante dans des cascades de scènes noires qui fait tout l’intérêt de cet auteur hors catégorie. En ce sens, il fut nettement plus novateur que certains auteurs de la veine “néo-polar” des années 1980, qui ont aussi leurs qualités. La narration est cash, percutante, décrivant l’instant aussi sombre soit-il. Dans un monde cynique et mortifère, l’outrance est de circonstance. Tant pis si la morale n’est pas toujours sauve. Les rééditions de titres de Kââ sont d’excellentes initiatives, car c’est un auteur majeur qui ne doit surtout pas tomber dans les oubliettes du polar.

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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 05:55

Ragtown est une ville de l’ouest du Texas qui s’est développée grâce au pétrole. Si Mike Hanlon a ainsi fait fortune, c’est parce qu’il a su habilement combiner ses affaires, quitte à causer quelques mécontentements. Puis il a construit un grand hôtel, le seul digne de ce nom dans cette ville dont il est le shérif en titre. Aujourd’hui, Mike Hanlon est impotent, en fauteuil roulant, ce qui ne l’empêche pas de garder un œil sur ce qui l’entoure. S’il s’est marié assez récemment avec Joyce, c’est peut-être pour qu’on l’envie d’avoir une jolie épouse ne manquant pas de caractère. Toutefois, Mike Hanlon se méfie d’elle, qui serait bien capable de le priver de la moitié de sa fortune, voire davantage. Il n’accorde aucune confiance non plus à Lou Ford, le shérif adjoint, qu’il devine totalement corrompu.

Le parcours de David McKenna, surnommé Bugs, a été plus chaotique que la moyenne, avec une grosse part de malchance. Sans doute se montra-t-il souvent trop impulsif dans les postes d’agent de sécurité qu’on lui confiait. Ce qui était dû à un tempérament d’une certaine rigueur et à des mauvais choix. Après plusieurs séjours en prison, il débarque à Ragtown tel un vagabond, frôlant de nouveaux ennuis. Bien que son casier judiciaire ne plaide guère en sa faveur, le shérif Lou Ford lui indique un job à sa mesure : Mike Hanlon cherche un agent de sécurité efficace. Joyce Hanlon approuve et appuie sa candidature. Bugs est bientôt engagé par le propriétaire de l’hôtel. Rapidement, il ressent une sincère sympathie pour Mike Hanlon, tout en évitant de trop l’afficher, restant à sa place.

Joyce s’avère plutôt câline envers Bugs, attitude dont il n’est pas vraiment dupe. Il y a une autre femme qui l’attire davantage à Ragtown, Amy Standish. Âgée de trente ans, cette institutrice est la fiancée du shérif Lou Ford. Une relation houleuse, constate Bugs. Il a donc de possibles chances de plaire à Amy, qui n’est pas contre des rendez-vous privés. Bugs doit se montrer prudent, maintenant qu’il a un job confortable, d’autant qu’il se doute que Lou Ford est un type malsain. Westbrooke, qui assure la gestion de l’hôtel, est un professionnel sérieux. Il a un problème avec l’ami comptable qu’il a lui-même engagé. Ce dernier a détourné 5000 dollars. Bugs ne comptait pas intervenir dans ce problème. Il eût été préférable qu’il n’aille pas sermonner le comptable, qui meurt à cette occasion.

Bugs sait avoir une part de responsabilité dans la mort du comptable. Mais puisque ça semble être un suicide et qu’il possède un alibi, il y a moins de risque. Par contre, on n’a pas retrouvé le petit pactole détourné. Et bientôt, Bugs reçoit une lettre de chantage. Jusqu’à là, il accordait sa confiance à Rosalie Vara, la femme de ménage métisse, dont il devinait l’intelligence. Mais il l’imagine bien capable de le faire chanter. À moins que ce ne soit Joyce, assez perverse pour jouer ce jeu-là. Si le gérant Westbrooke a sombré dans l’alcool, une cure lui permettra d’y voir finalement plus clair. De son côté, que projette Mike Hanlon concernant son épouse Joyce ? Il y a fort à parier que Lou Ford compte tirer profit de toutes ces embrouilles…

Jim Thompson : Ville sans loi (Rivages/Noir, 2018)

Westbrook se passa le dos de la main sur la bouche. Dit que, merde, il était désolé, il ne voulait pas que Bugs le prenne comme ça. Il n’avait rien fait de plus pour Bugs qu’il n’en aurait fait pour quelqu’un qu’il appréciait, et que Bugs ne lui devait pas un sou. Mais… mais…
Sa voix enfla, devint tout à coup vindicative. L’alcool déferlait sur lui comme une grande marée, anéantissant toutes ses inhibitions, ne laissant que sa terreur et un sentiment d’indignation. Sa petite bouche dure cracha un flot de paroles venimeuses et haineuses.
Il ne pensait pas ce qu’il disait. C’était l’alcool qui parlait, pas lui. Mais il y avait chez lui un cynisme inhérent qui lui donnait la faculté de mettre bout à bout diverses situations pour aboutir invariablement à des conclusions peu flatteuses. Des conclusions, des réponses, qui dénotaient un manque de logique risible mais étaient en même temps insidieusement convaincantes. Bugs le regardait bouche bée sans savoir s’il devait rire ou se fâcher.

La collection Rivages/Noir a entrepris de publier l’intégralité des livres de Jim Thompson (1906-1977), icône du roman noir. Avec beaucoup d’inédits, ainsi que des retraductions de titres parus précédemment chez d’autres éditeurs (tels “L’assassin qui est en moi” ou “Pottsville, 1280 habitants”). Datant de 1957, le présent roman fut publié sous le titre “Éliminatoires” dans la Série Noire, doté d’une traduction moins complète.

Pour être objectif, “Ville sans loi” n’est pas le plus remarquable roman de l’auteur. Mais même un livre un peu moins original de Jim Thompson, ça reste une excellente lecture. Ce qui peut légèrement dérouter, c’est qu’il n’y a pas de héros central dans cette histoire, si ce n’est l’hôtel Hanlon. Malgré un passé agité, l’agent de sécurité Bugs McKenna apparaît comme le moins malhonnête de l’intrigue, face à la sournoiserie ambiante. Au poker, on aurait un "full" avec les cinq cartes en jeu : trois Reines (Joyce, Rosalie, Amy) et deux Rois (Mike Hanlon, Lou Ford). Chacun dissimule ses intentions, les plus hypocrites étant les femmes, mais les hommes sont assurément aussi fourbes.

À travers les personnages d’Ed et Ted, employés de l’hôtel, Jim Thompson a voulu donner une touche drôlatique. Disons qu’ils peuvent prêter à sourire, sans plus. Moins de tension, d’intensité, et peut-être d’inspiration, que dans d’autres romans de l’auteur. Malgré tout, il maîtrise à merveille le chassé-croisé des protagonistes, et c’est avec un véritable plaisir que l’on suit leurs aventures.

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