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26 juillet 2018 4 26 /07 /juillet /2018 04:55

Un monsieur demande à parler au commissaire San-Antonio, qui est très pressé. Peu après, cet homme est abattu par un tireur devant les locaux de la police. Il s’agit d’un Polonais. Le vieil inspecteur Pinaud (dit Pinuche) déniche sans tarder des éléments sur la victime : ce défunt Polonais recherchait à Pigalle un truand de bas étage, Carmona. Or, ce dernier est emprisonné à la Santé après une brutale altercation avec San-Antonio à la Foire du Trône. Carmona l’a fait exprès, pour se protéger. Le commissaire fait libérer contre son gré le petit truand. C’est l’inspecteur Bérurier, spécialiste en la matière, qui est chargé de la filature de Carmona. Celui-ci se rend directement chez sa nana.

Les policiers retrouvent bientôt le couple mort chez la maîtresse de Carmona. San-Antonio a l’idée de changer d’aspect, prenant provisoirement le visage du truand décédé, afin de servir d’appât. Nul doute que ceux qui voulait choper Carmona sont encore sur le coup. Le faux truand s’installe à l’Hôtel des Pirouettes, dont le patron est un ami. Se baladant dans les quartiers chauds parisiens, San-Antonio/Carmona repère une séduisante jeune femme répondant au prénom de Régine. Elle a tout pour attirer les hommes et ne paraît pas farouche, la donzelle. Le commissaire ne se fait pas longtemps prier pour suivre sa conquête dans son appartement.

C’était un piège ! Trois types armés, dont le chef est un certain Staub, attendaient Régine et Carmona. Leur but consiste à faire parler le petit truand, à lui faire avouer quelque chose qu’il a découvert. Ils vont le torturer, sans la moindre pitié. Sauf que San-Antonio ignore totalement quel secret cachait Carmona. Le commissaire ne manque pas de résistance, mais il y a des limites. Et l’intervention de l’inspecteur Bérurier est tardive. La clé de cette affaire tarabiscotée, c’est certainement un homme mort depuis treize ans, un Polonais en exil…

San-Antonio : Le fil à couper le beurre (Éd.Pocket)

Publié en 1955, “Le fil à couper le beurre” appartient à la catégorie des authentiques romans policiers de la série. Le commissaire San-Antonio mène une véritable enquête sur le meurtre d’un Polonais assassiné sous ses yeux. Si la tonalité est déjà personnelle, et le vocabulaire riche en formules originales ou souriantes, l’histoire reste dans les codes classiques du polar d’action, avec un suspense bienvenu. Gros et vulgaire, Bérurier répond à un portrait encore plutôt limité en excentricités – ça évoluera grandement dans leurs futures aventures. Béru conduit une traction avant Citröen 15CV, véhicule dont tous les nostalgiques se souviennent avec émotion. Personnage de la série depuis l’année précédente, le vieil inspecteur César Pinaud fait ici une ou deux apparitions. Un très bon épisode des tribulations animées du commissaire San-Antonio.

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14 juillet 2018 6 14 /07 /juillet /2018 04:55

En ces années 1950, le juge Bernomdunchien est en poste à Valognes, dans le département de la Manche. En parallèle de son métier, c’est un passionné d’histoire locale. Il s’intéresse en particulier à celle de la famille Giron, entourée d’une part de légendes et de crimes, qui vivait au 15e siècle au manoir de Réville, qui existe toujours. Même si cette époque est lointaine, il y a encore des documents sur les Giron… À la mi-août, le juge doit faire passer son travail en premier : un cadavre a été signalé aux îles Saint-Marcouf, qui dépendent juridiquement de Valognes. Maillard, un vieux pêcheur alcoolique, attend les autorités sur place. Chargé de l’affaire, le juge se rend sans enthousiasme sur ces îles.

Maillard a perdu la trace de "son" cadavre. Et, dans la brume qui les environne, il n’est pas facile de situer le corps. Dès le lendemain, on met en œuvre de gros moyens pour le chercher, en vain. La marée l’aurait-elle emporté, ou s’agissait-il d’une hallucination due à l’abus d’alcool de la part de Maillard. Le vieux pêcheur peut aussi bien être suspecté car, l’endroit étant peu fréquenté, on peut y supprimer quelqu’un – ou le tuer par accident – avant de donner l’alerte. Éventualité improbable, le vieux Maillard n’ayant pas mauvaise réputation, mais que les magistrats ne peuvent pas écarter. À moins que le crime se soit produit dans un des ports de la région, et qu’on ait transporté le corps sur les îles?

Puisque l’enquête s’enlise, le juge Bernomdunchien s’accorde un peu de vacances. Pour se consacrer à ses recherches sur la famille Giron. C’est au manoir de Réville qu’il espère dénicher du nouveau. La demeure est habitée par une dame, Mme d’Espéchelle, qui n’en est pas la propriétaire mais bénéficie d’un contrat de location pas ordinaire, aux limites de la régularité. Se faire passer pour jardinier, voilà l’astuce qu’a trouvé le juge afin de procéder à des fouilles sur la propriété du manoir de Réville. C’est ainsi qu’il tombe enfin sur le "cadavre des îles". Cette fois, la justice peut passer à l’action. Le juge interroge la dame du manoir, qui semble complètement dépassée par tout cela.

L’autopsie de l’inconnu confirme qu’il a été tué par arme blanche, sans doute pas un poignard courant. Grâce au témoignage d’un prisonnier allemand, ayant fait partie de la garnison résidant durant la guerre au manoir, les investigations vont rapidement progresser désormais. Car cette demeure dissimule depuis des siècles un lieu secret. Dont l’assassin, qui connaissait tous les recoins du manoir, s’est servi…

Maurice-Ch. Renard : L’inconnu des îles (Le Masque) – Grand Prix du roman d’aventure 1954

Maurice-Ch. Renard (1888-1973) était natif de Caen. On ne s’étonnera donc pas qu’il ait utilisé le décor normand pour ce livre, récompensé par le Grand Prix du roman d’aventure 1954. Il y présente des personnages caractéristiques de ce temps-là, quelques années après la fin de la guerre – qui reste alors dans les esprits, bien sûr. Entre le crime du 20e siècle et ceux remontant au 15e siècle, l’intrigue s’avère complexe – habilement construite et fort plaisante à suivre. Le mystère est omniprésent, non dénué de petites touches d’humour ou de sourires. Moins original, plus traditionnel que “Vous qui n’avez jamais été tués” d’Olivier Séchan et Igor B.Maslowski, ce roman de Maurice-Ch. Renard n’est peut-être pas un "polar de référence", mais il mérite qu’on s’en souvienne et qu’on le relise, à l’occasion.

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12 juillet 2018 4 12 /07 /juillet /2018 04:55

Bornéry est une sous-préfecture rurale, non loin de la rivière la Sorgue. Vincent Géraud y est provisoirement le rédacteur en chef d’un petit hebdo local. Parmi les contributeurs, on trouve un vieil auteur de romans-feuilletons, M.Delille. Sa spécialité, ce sont des histoires mortifères appartenant au genre Fantastique, le surnaturel avec des fantômes, des revenants, des jeteurs de sorts, des cas de maisons hantées ou de communication avec l’au-delà. Il prétend se baser sur d’anciens faits réels. Vincent est plutôt sceptique sur ce type de romans, mais ça plaît à un certain lectorat. Pas de raison de censurer la publication : le nouveau titre de M.Delille, “Le manoir de la mort”, sera donc publié par épisode dans son journal.

Par ailleurs, Vincent fait la connaissance d’une touriste excitante, alors qu’elle se baigne nue, Marina. Avec son copain Jean-Jacques, elle fait du camping sauvage dans la région. Ces deux-là sont fauchés, des marginaux de la mouvance hippie de l’époque. Jean-Jacques est sujet à des hallucinations. La nuit, il délire, imaginant spectres et fantômes. Il croit rencontrer une sorcière nommée Clarisse. Or, c’est justement le prénom de celle qui hante la demeure du “Manoir de la mort” et persécute ses habitants. Pourtant, Jean-Jacques n’est pas censé connaître cette histoire en cours de publication… Vincent fait la connaissance d’Agnès, la petite-fille de M.Delille, jolie jeune fille aussi attirante que d’un comportement déconcertant.

Tandis que Jean-Jacques a de nouveau rencontré la sorcière Clarisse, Marina tombe malade. Vincent la fait hospitaliser à la clinique locale. Elle est victime d’une sorte d’empoisonnement. Jean-Jacques ne va pas mieux dans sa tête. Grâce à Agnès, Vincent a lu l’intégralité du “Manoir de la mort”. Il reste trop cartésien pour penser que la sorcière Clarisse, si néfaste et destructrice dans le roman-feuilleton, serait de retour à Bornéry. Bien sûr, il y a les vieilles légendes maléfiques de la région. Certes, c’est troublant même pour un esprit lucide comme celui de Vincent. Mais il existe certainement une autre cause expliquant le parallèle entre la fiction (“Le manoir de la mort”) et les faits se déroulant actuellement à Bornéry…

Dominique Arly : Le manuscrit maudit (Fleuve Noir Angoisse, 1973)

Un rideau d’aulnes, après le virage. Je stoppe à proximité de la rive. Triste spectacle : de l’eau noirâtre qui charrie de l’écume glauque, des dépôts d’une mousse grumeleuse s’accrochent aux cailloux, aux herbes du bord. Je prends quelques photos, me remets au volant, roule vers l’amont. Quelques clichés encore.
Je découvre plus haut les bâtiments riverains de la porcherie et de la laverie, responsables de la pollution. Je ne les photographie pas : si je les dénonçais publiquement, il est probable que La Gazette aurait des ennuis. Et moi aussi. Déplorer le pitoyable état de la Sorgue, ce sera déjà beaucoup.

Rappelons que la collection Angoisse fut publiée chez Fleuve Noir de 1954 à 1974. Paru en 1973, “Le manuscrit maudit” est (sauf erreur) le 18e titre que Dominique Arly (1915-2009) écrivit pour ladite collection. Cet auteur fut plus productif pour la collection Spécial-Police du Fleuve Noir, avec quarante-sept titres à son actif de 1966 à 1980. La tonalité des récits est claire, factuelle, chaque histoire étant teintée d’un érotisme léger. “Le manuscrit maudit” n’est pas destiné à effrayer, a exagérément stresser les lecteurs. Au contraire, le narrateur (Vincent, le rédacteur en chef) conserve une certaine réserve sur l’apparition de la sorcière Clarisse : Jean-Jacques n’est pas un témoin parfaitement fiable. Un roman solide, d’une lecture très agréable, plus polar que surnaturel, par un des piliers du Fleuve Noir de cette époque.

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11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 04:55

Jefferson Cty, aux États-Unis. Lester M.Carradine est un écrivain de best-sellers. Il est marié à Arabel. Ils ont deux grands enfants. Ce soir-là, il reçoit un message annonçant qu’il va être tué sans tarder. Ce qui entraîne une série de cauchemars. Mais c’est au matin que Lester s’aperçoit qu’il est mort, qu’il est devenu un fantôme. Pensant à juste titre que le décès est suspect, le docteur refuse d’accorder le permis d’inhumer. On évoque un éventuel suicide, mais Lester n’avait aucune envie de se supprimer. À l’autopsie, on se rend compte qu’il a été empoisonné. C’est l’inspecteur Howery qui est chargé de l’enquête. Lester étant une personnalité, le consciencieux policier va tout mettre en œuvre pour trouver le coupable.

La liste des ennemis de l’écrivain est longue, tous appartenant au monde littéraire, dans lequel ils ont peu brillé contrairement à lui. En tête, viendrait sans nul doute Dwight Larrimore. S’il se présente comme poète, c’est plus sûrement un escroc. Il était en conflit avec Lester pour une sombre histoire de chèque. Ensuite, Dinah Voltayre figure en bonne place parmi les suspects. Extravertie, elle ne possède pas le moindre talent selon Lester. L’éditeur de ce dernier publie quand même un de ses livres. Mais Dinah et Lester restent en froid par la suite. Il y a encore Hugo van Kesten, sexagénaire marié à Paula, qui écrit des romans d’espionnage. Il se produit un pataquès avec son épouse, qui attise sa haine contre Lester – pourtant responsable de rien.

D’autres écrivains à soupçonner, il y en aurait encore plusieurs. Être un fantôme présente des avantages : Lester suit de près le policier Howery dans son enquête. Il ne faudrait pas oublier Danton Shipka parmi les coupables potentiels. C’est un journaliste malhonnête, qui joue au maître-chanteur, extorquant de belles sommes à Lester. Danton Shipka envisage même de devenir le gendre de l’écrivain. Alors qu’Howery piétine quelque peu, Dinah Voltayre se dénonce spectaculairement. Des aveux qui entraînent son arrestation. Même s’il y a fort à parier qu’elle ne fait ça que pour promouvoir son nouveau livre. Le fantôme de Lester s’interroge sur ses divers ennemis, cherchant celui qui avait le plus de facilité à l’empoisonner. Bientôt, l’assassin sera contraint d’avouer son crime…  

Olivier Séchan – Igor B.Maslowski : Vous qui n’avez jamais été tués (Le Masque) – Grand Prix du roman d’aventures 1951 –

Je repartis avec Howery et l’accompagnai à son bureau. La condition de fantôme – je le précise tout de suite – n’a rien de particulièrement intéressant pour ce qui est des facilités de communication. À part la faculté de traverser les portes sans les ouvrir, il n’y a rien de changé par rapport aux vivants. On ne peut marcher que de son pas naturel et, si l’on veut aller plus vite, il faut utiliser comme le commun des mortels l’auto, l’autobus ou le métro.
Je me fis donc ramener dans l’auto de la police et, en cours de route, bénéficiai des premières réflexions qu’il confia à son assistant qui conduisait la voiture.

Le Grand Prix du roman d’aventures était un Prix-maison, auto-attribué par les éditions Le Masque. Dans ce cas précis, cette récompense ne fut nullement usurpée. Car “Vous qui n’avez jamais été tués” bénéficie d’une véritable originalité, et d’un bel humour. Notons qu’il ne s’agit pas de dérouler simplement une liste de suspect : leurs rapports avec Lester sont détaillés, et riches en péripéties. Tout cela avec une fluidité narrative exemplaire – jamais de lourdeurs dans les bons romans d’alors. Les auteurs sont Igor B.Maslowski (1914-1999) et Olivier Séchan (1911-2006), père du chanteur Renaud, auteur émérite de suspenses policiers et de romans-jeunesse. Ce livre doit figurer parmi les meilleures références de l’histoire du polar.

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10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 04:55

Jacques le Luck est un riche industriel. Après quelques jours d’absence, il revient à son manoir. Il apprend qu’il est censé être mort la veille, son corps étant exposé dans une pièce de la maison. Un grand choc pour son épouse, qui décède dès qu’elle le voit. Cela suscitera peu d’émotion chez lui, car le couple s’entendait très très mal. Le commissaire Becassi est chargé d’enquêter sur les circonstances de l’affaire. Il émet bientôt une hypothèse sensée : le soi-disant Jacques Le Luck, le mort de la veille, serait le jumeau de l’industriel. Il se trouve que Le Luck a effectivement un jumeau, Thomas, qui n’est pas du tout son sosie. Celui-ci vit dans cette demeure, tel une sorte d’ermite, servi par son valet Nic. Ce Nicaise Gervais est un ami de longue date de Thomas. 

Le commissaire est prévenu : Thomas est un personnage des plus étranges. Un sorcier, un mage, un thaumaturge, bien difficile de le cerner. Selon son valet Nic, quelques années plus tôt, vagabondant à travers le pays, Thomas Le Luck aurait accompli un certain nombre de miracles. Puis il s’est établi comme fakir, influant mentalement selon les demandes de clients. Installé chez son frère, Thomas fuit le contact avec quiconque. Quand le commissaire parvient à lui parler, l’ermite s’accuse d’avoir causé par l’esprit la mort de la détestable épouse de son frère. Le policier est bien plus rationnel que ça. Il va enquêter en Bretagne, dans la commune dont sont originaires les frères Le Luck. Il s’y passa des choses énigmatiques autrefois.

C’est à Paris que le commissaire Becassi poursuit ses investigations. Pas seulement pour en découvrir davantage sur le mystérieux Thomas. Des témoins évoquent un certain M.Guy, au visage d’ange. Selon le policier, cet inconnu introuvable pourrait être une des clés de l’affaire. Malgré ses efforts, il n’avance guère. Désormais, Jacques Le Luck court un vrai danger mortel, annoncé par son frère devin. Par la suite, le comportement de Thomas reste parfaitement illogique. L’accuser d’une diabolique machination serait absurde. Le policier pourrait également soupçonner Nicaise Gervais, mais ce dernier n’a pas grand-chose à gagner à comploter. Sa fidélité à Thomas prime tout. Pour le commissaire, qui s’est pourtant démené, l’histoire a peu de chances de trouver sa solution…

Marc Agapit : Le temps des miracles (Fleuve Noir Angoisse, 1972)

La collection Angoisse fut publiée par les éditions Fleuve Noir de 1954 à 1974. Son audience fut moindre par rapport aux collections Espionnage et Spécial-Police, bien que présentant des suspenses "surnaturels" originaux et généralement de belle qualité, voire de vraies "perles rares". Marc Agapit (1897-1985) fut le principal contributeur de cette collection. Ses romans se plaçant dans un quotidien proche de la vraie vie, il cultiva des ambiances troublantes. Il ne cherchait pas à effrayer, à susciter l’horreur, mais poussait le lecteur aux limites de l’improbable, de l’inexplicable. La narration est claire, le rythme est sans temps mort.

La particularité de “Le temps des miracles”, paru en 1972, consiste à proposer une enquête policière en bonne et due forme. Faut-il croire aux miracles, par la seule intervention de l’esprit ? C’est la proposition que Marc Agapit fait ici à ses lecteurs. Voilà un auteur extrêmement original et inventif, dont il faut lire ou relire les romans.

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3 juillet 2018 2 03 /07 /juillet /2018 04:55

À part pour la gymnastique sexuelle, le commissaire San-Antonio n’est pas un amateur de sports. C’est l’inspecteur Bérurier qui l’entraîne ce jour-là au match de football, au stade de Colombes. La rencontre France-Eczéma s’annonce exceptionnelle. Dans les tribunes, le gros Béru ne risque pas de passer inaperçu. Le match s’interrompt bientôt : l’arbitre teuton Otto Graff vient d’être abattu par un tir de deux balles. Le commissaire San-Antonio ne peut rester sans réagir. Tandis que Béru se fait agresser de toutes parts, le policier fouille les vestiaires. En particulier celui d’Otto Graff, car il s’agit d’en savoir plus sur la victime. À l’occasion de ce match, il résidait à l’Hôtel Modern. Selon l’expert, les balles ont été tirées par un fusil, à au moins deux cent mètres.

C’est bien simple, il y a un immeuble juste en face, ça vient donc de là, un tir du 3e ou du 4e étage. La concierge n’a vu personne de suspect entrer ou sortir de son immeuble. San-Antonio rend visite aux locataires du bâtiment. L’arme de précision, il la retrouve chez des voisins qui ont été ligotés et bâillonnés par les tireurs masqués. De retour au stade, San-Antonio repère un second mort inconnu, oublié dans la cohue de l’événement. Le temps de faire son rapport au Vieux, son supérieur, et San-Antonio est reparti sur la piste des assassins. C’est à l’Hôtel Modern que le commissaire espère dénicher des indices. Le vaillant Béru est déjà sur le coup lui aussi, dans la chambre du défunt arbitre est-Allemand, encore que l’inspecteur ne soit pas plus efficace que d’habitude.

Dans cet hôtel, il y a deux clients du nom de Graff : Otto la victime, et son supposé frère Pauli Graff. Ce dernier serait un artiste de cirque, de nationalité helvétique. Ce curieux bonhomme, San-Antonio l’a déjà croisé au stade. Dans la tradition communiste, Otto Graff était accompagné de deux sbires du régime. En voilà deux qu’on ne peut pas suspecter du meurtre, c’est déjà ça. Mais si on les arrête, ces flics de l’Est étant disciplinés, il ne faut pas s’attendre à des révélations fracassantes, non plus. Est-ce au cirque que San-Antonio trouvera les explications de toute l’affaire? Pas sûr. Car ce crime pourrait bien avoir été motivé par une toute autre raison, vieille comme le monde : la vengeance…

San-Antonio : San-Antonio renvoie la balle (Éd.Pocket)

Publié en 1960, ce polar est bâti sur une intrigue sans complication, un scénario classique de l’enquête policière. Avec une très grosse différence, quand même : c’est une aventure du commissaire San-Antonio. L’histoire est donc racontée dans la tonalité burlesque chère à Frédéric Dard. S’il est question de football, San-Antonio ne manquera pas de prouver une fois de plus son talent de séducteur, en batifolant avec la rousse Geneviève, témoin du crime. On ne peut passer sous silence la tonitruante présence de Bérurier. Le Gravos, le Mahousse, le Phénoménal, l’Énorme, son Altesse Rarissime, des surnoms collant parfaitement au personnage du Gros. Lire et relire San-Antonio, c’est toujours s’offrir un moment de détente, ne nous en privons pas.

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 04:55

Anglais, Martin Neale a cru faire fortune en Argentine, mais il est dans la dèche. Il se retrouve dans le petit village d’Itapangua. Il espère mettre la main sur son compatriote Stephen Darnley, recherché pour un kidnapping meurtrier. Il y a une forte récompense à la clé. Neale n’y parviendra pas seul. Aussi contacte-t-il le commissaire d’Itapanga, Carjaval, un citadin qui ne se plaît guère dans ce trou perdu. Le policier accepte de s’associer à Neale. Il mobilise un camion et quelques "vigilantes" parmi les hommes étant sous ses ordres. Ils filent vers le désert, dans la direction où sont partis Darnley et sa compagne Suzanne. Le couple étant tombé en panne d’essence dans un village indien, il a poursuivi sa route à dos de mulets.

Neale, le commissaire Carjaval et sa petite troupe doivent opter pour la même solution : continuer la chasse sur les pistes du désert avec des mulets. Ils rattrapent Darnley et Suzanne. Il s’agit maintenant de rentrer à Itapangua, un périple sous le soleil ardent de cent-cinquante kilomètres, avec peu de vivres et d’eau en réserve. Quand les "vigilantes" comprennent qu’il y a une grosse prime pour ramener Darnley, ils exigent leur part. Neale et le commissaire Carjaval n’ont pas le choix, d’autant que Resi – un des "vigilantes" – ne compte pas en démordre. La progression est de plus en plus pénible à travers le désert, sous ce soleil de plomb. Deux des mulets meurent, à bout de forces. Tous n’ont d’autre choix que de tenir bon, à pied ou sur les mulets restants.

L’Indien Ceja, celui qui connaissait le mieux la région, décède en cours de route. Tant qu’il est simple de suivre la même piste qu’à l’aller, le groupe s’inquiète peu. Néanmoins, la confiance n’est pas au beau fixe entre Neale, le commissaire Carjaval et les "vigilantes". Mais Resi ne peut pas tout surveiller : en pleine nuit, Neale ne fait rien pour empêcher Darnley et Suzanne de tenter leur chance seuls. Il est conscient que, même s’ils prennent un peu d’avance, le défi est trop incertain. Arriver les premiers à Itapangua, essayer une autre solution pour disparaître ? C’est illusoire. En outre, il faut craindre une réaction radicale de Resi si le groupe rattrape le couple de fuyards. Et au final, combien seront-ils pour toucher la grosse récompense promise ?…

Michael Barrett : Balade au soleil (Série Noire, 1956)

L’arme au poing, ils arrivèrent à la hauteur des deux mulets chancelants. L’homme et la femme se tournèrent lentement, très lentement vers eux. Leurs visages toisèrent les uniformes bruns et débraillés, les revolvers, les peaux sombres, la figure barbue de Carjaval et finalement s’attardèrent sur Neale.
Un masque de poussière ternissait le visage de la femme, creusé par la fatigue et la peur ; elle l’observa un instant, puis ses yeux se tournèrent de nouveaux vers les hommes, leurs uniformes, leurs dagues et leurs revolvers. Neale y lut la terreur, l’amertume et la haine : l’autre l’avait reconnu et compris. Il détourna les yeux et pensa à l’argent. Cinq cent mille pesos.

Michael Barrett (1924-1999) était un romancier anglais. Il a publié une douzaine de livres, plusieurs ayant été traduits en français – dont “Les fuyards de Zahrain” (1963), “Feux de bush” (1968), ou “Ce soir à Sacarra” (1972). “Balade au soleil”, son premier suspense paru en 1956 dans la Série Noire, s’avère très bien construit – même si le scénario peut nous sembler aujourd’hui assez conformiste, un peu tel un western caniculaire en Amérique latine. Malgré tout, grâce aux péripéties bienvenues, on se passionne pour le sort de Neale, du commissaire Carjaval et de ses hommes. Un polar qu’il n’y a pas de raisons de reléguer dans les oubliettes de la littérature policière, qui se lit encore de nos jours avec un plaisir certain.

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30 juin 2018 6 30 /06 /juin /2018 04:55

À cette époque, fin des années 1970, il y a encore de l’argent en billets dans les banques. C’est pourquoi Billy Richards et sa petite bande braquent la National Westminster bank de Beechwood Brook. Pas une succursale d’importance, mais ils espèrent un beau butin quand même. À l’intérieur, se trouvent quatorze personnes, dont cinq clients. Glover, le directeur, se montre d’emblée coopératif. Mieux il obéira, plus vite ce sera fini. Sans doute est-il un peu trop optimiste. Un agent de police au repos s’est aperçu qu’il y avait un problème. Informé, l’inspecteur Tallboy prend la situation au sérieux. D’abord, vérifier par téléphone qu’il s’agit bien d’un hold-up. Ce que confirme Trotter, un des clients, producteur de télévision.

Rapidement, la complice qui attendait les braqueurs dans une voiture est arrêtée. Dans la banque, le vieux Ralph Reacher essaie de raisonner Billy Richards. Ce dernier est bien trop déterminé pour l’écouter. D’autant que Reacher devient vite barbant avec son bon-sens d’homme d’expérience. Billy finit par lui tirer dessus, le blessant sérieusement. Pendant ce temps, la police encercle les lieux et des tireurs d’élite sont prêts. Pour l’heure, les otages ne dramatisent pas, même s’ils n’ont guère de solution immédiate pour s’en sortir. Établir une ligne directe téléphonique entre la police et la banque n’est pas si simple, car Billy redoute un piège. C’est le père O’Connor qui va servir d’intermédiaire afin de mettre en place ce téléphone direct.

La police a identifié Billy Richards, un multi-récidiviste du banditisme, ainsi que son principal complice Walter Regan, un truand qui ne craint pas de tuer. Les deux autres comparses n’ont pas vraiment de poids. Évacuer Ralph Reacher par ambulance est désormais une priorité. Là encore, Billy craint une entourloupe des policiers. Si l’inspecteur Tallboy se fait passer pour un ambulancier, c’est surtout pour observer ce qui se passe à l’intérieur de la banque. Pour garantir la sécurité des otages, il est exclu de donner l’assaut. Une voiture pour prendre la fuite avec butin et quelques otages, c’est maintenant ce dont ont besoin Billy et ses complices. Les policiers temporisent. Au bout de trois heures, il va être temps que l’on intervienne pour en finir…

John Wainwright : Une si jolie petite banque (Série Noire, 1980)

John Wainwright (1921-1995) fut l’auteur de quatre-vingt-trois livres, dont seulement quelques-uns traduits en français (chez Le Masque et à la Série Noire). Le plus connu en France est certainement “À table !”, adapté au cinéma par Claude Miller en 1981, avec Lino Ventura et Michel Serrault. Se déroulant principalement en lieu clos, “Une si jolie petite banque” ne tombe jamais dans le théâtral. L’excellente idée de l’auteur, c’est d’alterner les versions, les témoignages par plusieurs clients et employés, tous ne réagissant évidemment pas de la même manière. Au départ, c’est avec désinvolture que le producteur-télé Trotter prend la chose, par exemple. Fréquent dans les années 1960 et 1970, ce type de braquage est aujourd’hui extrêmement rare : il n’y a quasiment plus de billets dans les banques, le plus stupide des voyous le sait bien. Raconté avec souplesse, ce polar témoigne donc d’une époque, restant diablement captivant. John Wainwright est assurément un auteur talentueux, injustement oublié.

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