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10 août 2018 5 10 /08 /août /2018 04:55

Aux États-Unis, le comté de Moose se trouve à six cent kilomètres au nord de partout. La petite ville de Pickax a connu un passé plus glorieux, au temps des pionniers, puis grâce aux mines de charbon. Aujourd’hui, on y vivote gentiment. C’est là qu’habite Qwilleran, un journaliste sans souci financier, qui vit avec un couple de chats siamois, Koko et Yom Yom. Il est convaincu que Koko est doué d’une intuition qui, dans certaines affaires criminelles, donne d’utiles indices. Encore faut-il traduire ces signes. Connu de toute la population locale, Qwilleran est fiancé à Polly Duncan, la bibliothécaire de Pickax.

Ces jours-ci, la ville est en fête, autour de plusieurs événements : le Rassemblement Écossais présente une série de compétitions sportives celtiques, un hommage est rendu à Mark Twain, et le vieil hôtel a été complètement rénové devenant une luxueuse auberge. Le premier client prestigieux sera M.Delacamp, négociant en bijoux de Chicago. La propriétaire de l’auberge ayant été une amie de la défunte mère de Qwilleran, il va être le premier à découvrir les nouvelles installations. Par la même occasion, il va louer son appartement vacant à Barry Morghan, le jeune directeur de l’auberge.

Si l’on donne une soirée de gala réunissant l’élite de Pickax (dont Qwilleran et Polly) pour l’inauguration de l’établissement, c’est surtout la venue de M.Delacamp que l’on attend. Il donne une réception pour entrer en contact avec les femmes désireuses de vendre ou d’acheter des bijoux, des transactions qui se font uniquement en argent liquide. Delacamp est accompagné de sa nièce, Pamela North. À peine Qwilleran a-t-il fait sa connaissance que Delacamp meurt la nuit suivante à l’hôtel. Il s’agit d’un homicide, il a été asphyxié avec un oreiller entre deux heures et trois heures du matin. Dans les lieux publics de Pickax, les commérages vont bon train, chacun prétendant savoir quelque chose.

Que signifient les simagrées du chat Koko avec des noix du Brésil et autres crayons jetés sur le tapis, chez Qwilleran ? Si le meurtre de M.Delacamp a choqué les habitants, les festivités ne continuent pas moins. Réceptionniste à l’auberge, le jeune John Campbell, dit Boze, est médaillé à l’une des épreuves du Rassemblement Écossais. C’est aussi le suspect principal du meurtre de M.Delacamp. Andrew Brodie, chef de la police de Pickax et joueur de pibrock, connaît bien le parcours de cet orphelin. Qwilleran apprend que l’assassin a volé l’argent liquide de sa victime – sans doute une forte somme – mais pas les bijoux, trop difficiles à revendre. Même si l’on doit pourchasser Boze dans les anciennes mines de charbon, il n’est probablement pas l’instigateur de ce meurtre…

Lilian Jackson Braun : Le chat qui volait une banque (Éd.10-18, 2000)

Lilian Jackson Braun (1913-2011) écrivit plusieurs romans à la fin des années 1960, ayant pour héros Jim Qwilleran et son chat siamois Koko (Le Chat qui lisait à l'envers – Le Chat qui mangeait de la laine – Le Chat qui aimait la brocante). Elle l’interrompit jusqu’en 1986, où “Le chat qui voyait rouge” connut un réel succès public. “Le chat qui volait une banque” appartient à cette seconde série. C’est avant tout l’ambiance dans une petite ville américaine – où chacun est supposé se connaître – qui anime l’histoire. Les origines de fondateurs de Pickax (dont fit partie la famille de Qwilleran – les Macintosh) donne ici le prétexte à des fêtes "à l’Écossaise", avec ses compétitions typiques. L’intrigue criminelle est assez légère, mais permet un semblant d’enquête de la part de Jim Qwilleran. Avec une décontraction de dilettante, et de l’humour. Sympathique !

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8 août 2018 3 08 /08 /août /2018 04:55

À Manchester. Quand Kate Brannigan dresse le bilan de son activité, le situation est mitigée : “Chez Brannigan & Co, mon cabinet de détectives privés, nos missions sont assez variées. Auparavant, lorsque j’étais associée à Bill Mortensen, nous enquêtions sur des problèmes de fraudes financières, de sécurité informatique, d’espionnage et de sabotages industriels, sans compter des affaires que des amis nous confiaient de temps en temps. Depuis le départ de Bill pour l’Australie, il fallait que je ratisse large pour m’en sortir. J’avais arraché à quelques cabinets d’avocats des missions d’huissier, ajouté "surveillance" à notre papier à lettres et démarché les compagnies d’assurances pour leur proposer mes services d’enquêtrice sur les fraudes.” C’est ainsi que Kate accepte de servir de garde du corps à la célèbre star-télé Gloria Kendal.

Les Anglais sont accros à leurs feuilletons télévisés : “Dieu sait pourquoi, mais les Britanniques pardonnaient les vices des acteurs de leur feuilleton préféré plus facilement que ceux de la Maison de Windsor, même s’ils payaient aux deux des salaires considérables, l’un par le biais des impôts, l’autre par celui plus discret des écrans publicitaires.” Une mission très rentable s’annonce donc pour Kate. L’actrice Gloria Kendal a reçu plusieurs lettres de menaces et tous les pneus de sa voiture ont été tailladés. Ce qui explique son besoin d’être sous protection. Dorothea Dawson, la voyante attitrée des studios de télé NPTV confirme que la mort rôde autour de Gloria. La détective privée ne cache pas que la voyante et ses prédictions la laissent sceptique.

Sans négliger ses collaborateurs – son assistante Shelley, le fils Noir de celle-ci Donovan qui a souvent des ennuis, l’expert-informatique Gizmo – Kate Brannigan devient l’ombre de Gloria Kendal. Au studio, se pose un problème annexe (il y a des fuites sur les futurs scénarios du feuilleton, relayées par les journaux), que doit régler John Turpin, le Coordinateur Administration et Production de NPTV. Le mouchard figure certainement parmi le petit monde travaillant pour le studio, peut-être même le maquilleur Freddie qui sait tout ce qui se passe. Sinon, l’atmosphère semble assez décontractée au sein de l’équipe du feuilleton, Kate ne repérant personne qui voudrait tuer Gloria Kendal. Jusqu’à ce que paraisse un article sur elle et ses ennuis, ce qui provoque quelques tensions dues à une part de jalousie entre acteurs.

Ce n’est pas Gloria qui est assassinée, mais la voyante Dorothea Dawson. Si le sergent Linda Shaw se montre plutôt amicale avec Kate Brannigan, ce n’est pas le cas de son supérieur, l’inspecteur-chef Cliff Jackson. La détective constate que l’opinion sur Dorothea Dawson était nettement positive : “Elle te parlait des relations entre les planètes et de leurs effets sur ta vie. Une analyse très fouillée, tu sais. Elle savait tout sur les gens auxquels elle avait affaire. Dorothea avait l’habitude de garder le moindre renseignement, aussi insignifiant fût-il… Tout ça contribuait au mythe de la voyante extralucide.” C’est en se penchant sur le passé de Dorothea – avec un épisode douloureux datant de vingt ans – que Kate progresse dans ses investigations. Vu que l’inspecteur-chef Jackson la soupçonne maintenant du meurtre de la voyante, Kate a intérêt à se montrer efficace…

Val McDermid : Mauvais signes (Le Masque, 1998) – Prix du Roman d’Aventure 1998 –

De 1992 à 1998, la détective Kate Brannigan a été l’héroïne de six romans (Le dernier soupir – Retour de manivelle – Crack en stock – Arrêts de jeu – Gènes toxiques – Mauvais signes). Cette ultime enquête a été récompensée par le Prix du Roman d’Aventure, attribué par les éditions Le Masque. Richard, le compagnon de Kate, journaliste de rock, ne joue ici qu’un rôle mineur, mais leur ami Dennis – ex-cambrioleur – va être accusé du meurtre d’un malfrat. Et le jeune Donovan, à cause de sa couleur de peau, a beaucoup de mal à remplir les missions confiées par Kate. Toutefois, l’essentiel de l’intrigue se déroule dans le milieu de la production télévisuelle. L’ambiance décrite par Val McDermid paraît proche de la réalité des studios. Le récit est enjoué, prêtant souvent à sourire. D’autant que Gloria, actrice d’âge mûr, est une extravertie sans naïveté sur sa notoriété. Un polar très réussi.

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6 août 2018 1 06 /08 /août /2018 04:55

C’est le printemps à Isola, la métropole américaine. Âgé de quarante-cinq ans, l’homme d’affaires Anthony Forrest est abattu en pleine rue à la sortie de son bureau. Ce meurtre ayant été commis dans le 87e district, l’inspecteur Steve Carella est chargé d’enquêter. Il sera assisté par le lieutenant Meyer Meyer, du même commissariat. Selon les témoins, Anthony Forrest était unanimement apprécié, ce qui rend ce crime surprenant. Peu après, c’est au tour de Randolph Norden, quarante-six ans, d’être éliminé dans des conditions identiques. Pour le policier Carella, pas de doute : le tueur est un "canardeur" supprimant presque impunément qui bon lui semble – puisque apparaissant anonyme dans la ville.

La troisième victime est Blanche Lettiger, une prostituée alcoolique. Son proxénète Harry Wallach est cuisiné par Steve Carella et Meyer Meyer, mais il n’a pas un profil d’assassin. Blanche fut jadis étudiante, elle joua dans une pièce de théâtre semi-amateur. Le duo de policiers reste en contact avec l’Université, au cas où les archives révéleraient quelque chose. Le marchand de fruits et légumes Salvatore Palumbo et l’attorney adjoint Andrew Mulligan sont les victimes suivantes. La théorie initiale de Meyer Meyer – le tueur viserait des quadras ayant obtenu une belle réussite sociale – tombe à l’eau. Cindy Forrest, fille du premier mort, suit le dossier. Pour elle, le mobile du tueur est psychologique.

Tandis qu’un sixième meurtre est commis, le jeune policier Bert Kling est de retour de vacances. Il pourrait avoir un œil neuf sur cette suite criminelle. Deux personnes vont tant soit peu éclairer Steve Carella et Meyer Meyer. Thomas di Pasquale et David Arthur Cohen se souviennent d’un épisode datant de plus de vingt ans, qui justifierait peut-être une vengeance. Entre-temps, à Minneapolis, un certain Peter Kelby a été supprimé, septième victime du même tueur… Aujourd’hui, Helen Vale (ex-Struthers) est devenue une actrice connue. Elle contacte Steve Carella, au sujet de l’épisode déjà évoqué par Di Pasquale. Le plus suspect est Cohen. Durant la guerre, qu’il passa dans le Pacifique, il était tireur d’élite et parmi les plus efficaces. Mais le tueur se manifestera encore, même s’il rate sa victime suivante qui n’est que blessée…

Ed McBain : Dix plus un (Série Noire, 1964)

Le canardeur appartient à une race peu commune de meurtriers, qui n’a de commun avec son homologue du temps de guerre, le tireur d’élite, que la méthode employée. Ce peut être un gosse qui étrenne sa nouvelle carabine en tirant sur les passants, de la fenêtre de sa chambre. Ce peut être un monsieur qui a décidé de tirer sur tout ce qui porte du rouge. Ce peut être une sorte de Jack l’Éventreur qui tire sur toute blonde bien balancée qui passe dans la rue. Ce peut être un anticlérical, un anti-végétarien, un anti-octogénaire, un antisémite, un anti-pacifiste, un anti-tout.
Le canardeur qui œuvre en temps de paix a tout le loisir de tuer et de disparaître. Il est tranquille parce que ses victimes ne sont presque jamais armées et ne s’attendent pas à un acte de violence. L’affolement suit en général le coup de feu et lui permet de disparaître. Personne ne risque de riposter. Il laisse derrière lui un cadavre et il pourra se balader tranquillement dans les rues comme un paisible citoyen.
Carella et Meyer ne tenaient pas à avoir affaire à un canardeur.

Les amateurs de polars ont plaisir à lire ou relire, de temps en temps, une aventure des policiers du 87e district d’Isola. Steve Carella, Meyer Meyer et Bert Kling sont à l’honneur cette fois. “Dix plus un” fait partie des très bons titres de la série. Dès la page 92, l’auteur nous offre la principale clé de cette suite de meurtres. Si le tireur vise depuis des toits, utilisant des cartouches Remington 308, l’essentiel reste de comprendre ce qui motive ses actes… et de l’identifier. Une intrigue fort bien pensée.

Ce roman fut adapté au cinéma en 1971 sous le titre “Sans mobile apparent”, avec Jean-Louis Trintignant (Carella), Dominique Sanda, Sacha Distel, Carla Gravina. L’action se déroulait à Nice, dans ce film.

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4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 04:55

San-Antonio a écourté ses vacances en Dordogne avec sa maman, la brave Félicie. À peine est-il rentré à Paris que, ce soir-là, le Vieux – Achille, dit aussi le Tondu, son chef – l’appelle d’urgence. Un de ses amis éditeurs donnait aujourd’hui une soirée mondaine. Soudain, la plupart des invités se sont trouvés mal. San-Antonio est chargé d’aller voir sur place ce qui se passe. Le mystère est vite éclairci : tous ont consommé du whisky, du scotch Mac Herrel. L’alcool était dopé à l’héroïne, ce qui explique l’état des invités. Ces bouteilles ont été fournies par M.Olivieri, ami de l’éditeur. Quand la commissaire se pointe chez lui, on le retrouve mort. Dans la cave, la réserve de whisky Mac Herrel s’est envolée. San-Antonio en conclut que des contrebandiers se sont trompés en livrant ces bouteilles contenant de l’héroïne chez M.Olivieri.

Le Vieux autorise San-Antonio à partir enquêter en Écosse. Le commissaire sollicite d’être accompagné par l’inspecteur Bérurier : “…Béru n’est pas très intelligent. C’est un rustre, un soiffard, un butor, mais il a des qualités qui en font néanmoins mon plus précieux collaborateur… D’abord, il m’est attaché comme un chien ; ensuite, il est bon, courageux, tenace. Et enfin, il a par instant une espèce de jugeote matoise qui équivaut à du génie…” Après un tel éloge du Gravos, le Vieux ne peut qu’accepter que le Mastard accompagne San-Antonio au pays des cornemuses et du Loch Ness. Direction Glasgow. Puis le duo va s’installer au village de Stingine où, dans une auberge, "le commissaire-chéri-de-ces-dames" ne tarde pas à être intime avec Katty, l’accorte soubrette.  

Qu’en est-il des whiskies Mac Herrel ? La distillerie appartient à la vieille Daphné Mac Herrel, une digne old lady en fauteuil roulant. Sa petite-nièce, la blonde Cynthia, vingt-cinq ans, fiancée à un fils-à-papa du coin – sir Concy – est censée épauler son aïeule. C’est un technicien nommé Mac Ornish qui dirige la distillerie, à la production modeste. Surveiller de loin le château des Mac Herrel, c’est bien. Mais San-Antonio doit mettre en œuvre une ruse – avec la complicité de l’inénarrable Béru – pour s’y faire inviter. Bientôt, le voici dans la place, se prétendant écrivain tandis que Bérurier assume (mal) le rôle de son larbin. Il aimerait mieux consacrer ce séjour à la pêche dans le lac voisin. Il paraît que s’y cache un monstre, sans doute un cousin de celui du Loch Ness.  

Après une visite à la distillerie Mac Herrel, San-Antonio se heurte à l’hostilité frappante de sir Concy, le jaloux fiancé de Cynthia. De toutes façons, la jeune femme finit par faire des galipettes au lit avec cet invité français. Dans la nuit, San-Antonio retourne à la distillerie. Il trouve un cadavre dans un tonneau de scotch. Le commissaire n’en a pas fini de découvrir des secrets sur cette famille Mac Herrel…

San-Antonio : San-Antonio chez les Mac (Éd.Pocket)

Les aventures de San-Antonio, c’est avant tout une narration au vocabulaire inventif, à la tonalité amusée, et un univers aux personnages singuliers. Publié en 1961, “San-Antonio chez les Mac” correspond à cette définition. La présence active de Bérurier – surnommé selon les cas le Cradingue, le Gonflé, etc. – ajoute du piment aux péripéties. Toutefois, l’aspect polar n’est nullement négligé dans cette histoire. L’intrigue s’avère même plutôt solide. Un trafic d’héroïne dans des bouteilles en direct d’Écosse, pas si banal.

Une série de rebondissements attend San-Antonio, qui avoue : “Dans cette affaire, convenons-en, nous nous comportons davantage comme des malfaiteurs que comme des policiers. Violation de domicile, détérioration de voiture, incendie volontaire, rien ne manque à notre palmarès…” Qu’importe, puisque c’est pour que triomphe la vérité, et puisque ça donne un roman trépidant autant que souriant. Éternel San-Antonio…

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2 août 2018 4 02 /08 /août /2018 04:55

Cette nuit-là, une fusillade se produit au cœur de Paris, rue Garancière. L’étudiant Marcel Corbon et un inconnu s’entre-tuent. Témoin de la scène, l’étudiante Martine Leboulay est blessée. Son amie Rita Blanchot, habitant juste à côté, sera retrouvée assassinée chez elle. Un drôle d’imbroglio auquel la police ne comprend pas grand-chose, si ce n’est qu’il s’agit certainement d’une affaire liée à un trafic de drogue.

En ce mois de juin, l’agent secret Francis Coplan passe ses vacances à La Baule. Il n’est pas loin de s’ennuyer, lui qui est un homme d’action, quand un incident lui permet de faire la connaissance d’une jeune fille, Martine Leboulay. Coplan n’a nullement l’intention de la séduire, mais ils se revoient avec plaisir, sans dépasser le stade du vague flirt. Ils s’organisent une balade nocturne en mer, vers les îlots des Grands Cardinaux.

Deux hommes les y attendent, des universitaires. Un professeur français et son homologue anglais. Ils voulaient rencontrer Coplan dans le plus grand secret, Martine ayant servi d’appât. Ils sont très inquiets au sujet du trafic de drogue visant en ce moment les étudiants de leurs pays respectifs. Car, dans les filières scientifiques, il peut y avoir des fuites concernant les technologies avancées, encore à l’étude.

Coplan comprend que c’est davantage une affaire d’espionnage que de lutte contre les réseaux de trafiquants. Dès le lendemain, l’agent secret et Martine quittent La Baule pour Paris. Ayant mis la jeune fille à l’abri, Coplan planque chez elle. Mais, suite aux meurtres de la rue Garancière, la diffusion du stupéfiant est au point mort. Le juge d’instruction Laborde confirme officieusement à Coplan que cette drogue est très spécifique.

Puisqu’il ne se passe plus rien en France, et que personne n’a d’infos à leur fournir, Coplan et Martine vont poursuivre l’enquête en Angleterre. Direction l’austère ville universitaire de Cambridge. Malgré l’hypocrisie régnant ici sur les "distractions" estudiantines, dont la consommation de drogues fait partie, Martine ne tarde pas à dénicher des contacts. Notamment une nommée Sally, qui diffuse généreusement le stupéfiant spécial.

Les trafiquants pratiqueraient du chantage sur les jeunes, les prenant en photos dans des situations scabreuses, afin de faire ensuite pression sur eux. Chez Sally, Francis Coplan est attaqué par un trio de sbires au service du réseau en question. Il est assez entraîné pour riposter et bien vite maîtriser le problème. C’est à Londres que l’agent secret et Martine peuvent espérer des réponses. Avec l’aide de Mallowan, agent du MI5, ça permettra de faire progresser plus rapidement leurs investigations…  

Paul Kenny : Arme absolue (Fleuve Noir Espionnage, 1958)

Au temps de la Guerre Froide, dans les années 1950-1960, les romans d’espionnage sont très prisés des lecteurs. Chez Fleuve Noir, l’agent OSS 117 (créé par Jean Bruce) est le premier héros français à se distinguer. Il poursuivra ses aventures dans la collection Un Mystère, mais il a déjà un successeur : Francis Coplan, l’agent FX18 (de Paul Kenny). Les romans d’espionnage se déclinent sur plusieurs modes. Affrontement direct sur le terrain entre espions de l’Est et leurs homologues de l’Ouest, souvent dans des décors lointains voire exotiques. Infiltration chez l’ennemi ou opération visant des traîtres travaillant pour l’adversaire. Élimination d’un haut responsable communiste du renseignement, pourquoi pas ? Protection d’un témoin, ou récupération d’un agent fait prisonnier par l’ennemi, ça arrive. La gamme d’intrigues est vaste, toujours dans le registre du roman d’action.

Avec Francis Coplan, on le constate dans ce “Arme absolue” (1958), il est fréquent que les missions ressemblent plutôt à des enquêtes policières, même si les investigations aboutissent à un contexte d’espionnage. Espion-détective, tel pourrait être le qualificatif à son sujet. Sous bien des aspects, ce type de romans témoigne d’une époque, d’un climat. Il est assez agréable de retrouver ces ambiances du passé.

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1 août 2018 3 01 /08 /août /2018 04:55

Pour le plaisir, un petit jeu. Voici un extrait d’un "classique" de la Série Noire, roman d’un auteur français paru en 1958. Il fut adapté au cinéma en 1960, sous le même titre. De quel roman s’agit-il, et qui en était l’auteur ? À vous de jouer…


 

Il indiqua le chemin de son dernier domicile, rue de Bruxelles, près de la gare. Éric stoppa deux cent mètres avant, et regarda partir Abel. Les enfants avaient posé sur la couchette la longue boîte plate du marchand de jouets. Cette voiture immense, avec un lit, des petites fenêtres ornées de rideaux, ressemblait à une chambre. Ça leur faisait drôle aussi de voir Éric revêtu d’une blouse blanche.

Le temps s’écoulait. Abel tardait. Éric ôta la blouse et sortit. Il s’achemina jusqu’à l’hôtel et passa devant, lentement, sans s’arrêter. Il revint sur ses pas et poussa la porte battante. Il y avait deux ou trois personnes devant le petit comptoir de la réception. À droite, s’ouvrait une sorte de salon. Deux hommes attendaient, assis dans des fauteuils autour d’une table ronde, très basse. Éric s’avança et prit place à la table voisine. Il pouvait observer l’ascenseur et la descente de l’escalier. Si Abel était arrêté dans sa chambre, il le verrait sortir avec les flics. Les deux types qui attendaient le regardaient. Ils ne parlaient pas entre eux.

Éric se demandait combien ils pouvaient être en haut pour avoir ceinturé Abel sans qu’il puisse se servir de ses armes. Bientôt, un homme apparut dans les escaliers; il était suivi d’Abel et un autre homme fermait la marche. Abel portait une petite valise. Éric se leva et glissa la main vers son automatique. À côté de lui, les deux clients ne bougeaient toujours pas.

En voyant Stark, Abel marqua l’étonnement et obliqua dans sa direction.

Tiens, tu es là, fit-il.

Stark comprit qu’Abel était seul. Il soupira et sa main reprit sa place. Abel avait vu le geste. Ils sortirent.

Ça m’a paru long, expliqua Éric, alors je suis venu et j’ai vu des types. On aurait dit qu’ils t’emballaient.”

Polar mystère
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30 juillet 2018 1 30 /07 /juillet /2018 04:55

Gilbert Vandœuvre, trente-quatre ans, est employé administratif chez France-Air-Pur, une association s’occupant de tourisme. Fiancé à Danielle, il est temps pour lui de rompre avec son amante Monique. Mais celle-ci lui annonce être enceinte de lui. Il faudrait beaucoup d’argent à Gilbert pour faire face aux frais du mariage d’un côté, à ceux occasionnés par la naissance du bébé de Monique de l’autre. Or, Gilbert ne dispose que d’un salaire modeste. Il tente de demander une augmentation. Sa requête est soumise à toute la hiérarchie de France-Air-Pur. Même s’il obtient un bonus salarial, ce sera loin de couvrir les dépenses à venir. Monique n’a pas l’intention d’avorter, et Danielle est déjà très excitée par la vie de couple qui les attend avec Gilbert.

S’il montait en grade dans l’administration de France-Air-Pur, un meilleur poste lui offrirait aussi un bon salaire. En évinçant son collègue Bertholy ? Cela ne l’avancerait guère. Par contre, en observant une partie de billard, Gilbert a sous les yeux un exemple de carambolage. Provoquer une "réaction en chaîne", voilà la solution. S’il élimine Maurice Lebignac, le directeur général, tous montent d’un cran dans la hiérarchie, Gilbert faisant partie des nouveaux promus. Il entreprend donc de surveiller Lebignac. Bien qu’il ait mijoté avec soin son plan, Gilbert admet qu’il n’est pas si facile de passer à l’acte. D’autant que le directeur général s’absente de Paris ce week-end-là. Gilbert n’a plus qu’à prendre en filature la sémillante épouse de Lebignac.

Gilbert s’aperçoit que cette dame est la maîtresse de Christian de Beaumanoir, adjoint de son mari. Adresser une lettre anonyme à Lebignac, lui révélant la vérité ? L’initiative de Gilbert reste sans effet. Alors, il en envoie d’autres, pas plus efficaces. Il comprend que l’élimination directe du directeur général est l’unique solution. Encore faut-il trouver le bon moyen, le moment idéal. Sur ce dernier point, Gilbert a son idée. Chaque année, France-Air-Pur organise une Kermesse d’Été (généralement sous une météo pluvieuse). C’est Gilbert qui en règle les détails. S’il parvient à ses fins, est-ce que l’inspecteur de police Sommet et son adjoint Laruche s’avéreront de fins limiers ? Ils se contenteront plus sûrement des apparences…

Fred Kassak : Carambolages (1959)

Au reste, il ne fallait pas exagérer l’importance des mots. Un homme qui a menti une fois ne se considère pas toute sa vie comme un menteur, celui qui n’a volé qu’une fois comme un voleur, celui qui n’a séduit qu’une femme comme un séducteur. Ce n’est pas parce qu’il commettrait une fois un homicide volontaire que Gilbert devrait se considérer toute a vie comme un assassin. Il y avait un assassinat à commettre, il le commettrait et voilà tout.

Petit hommage à Fred Kassak, décédé le 12 avril 2018 à l’âge de 90 ans. “Carambolages” fut publié en 1959 dans la collection "Crime Parfait ?" chez l’Arabesque, puis en 1962 dans la coll. Un Mystère des Presses de la Cité. Depuis de nombreuses années, ce roman figure au catalogue des éditions Le Masque. Cet auteur respecté fut récompensé par le Grand Prix de Littérature Policière 1958 et par le Prix Mystère de la Critique 1973. Respecté, il le fut moins par le cinéma : roman malin et drôle, “Carambolages” fut porté à l’écran en 1963, un film de Marcel Bluwal, adapté par Pierre Tchernia et Michel Audiard, avec Jean-Claude Brialy, Louis de Funès, Michel Serrault, Sophie Daumier. Une version que Fred Kassak désapprouvait, en témoigne cet extrait d’un entretien de 2017 :

Emmanuel Legeard: ...vous n’aimez pas l’adaptation de “Carambolages” avec Brialy?

Fred Kassak: Exactement. Où j’ai fait de l’humour, ils ont fait du guignol: on voit des acteurs qui s’agitent comme des pantins pour faire leur numéro… c’est le registre de la clownerie! Alors que l’humour, ça n’a rien à voir; c’est une tonalité de l’ironie. Donc, ils ont retenu l’idée principale, c’est entendu, celle de décapiter la hiérarchie pour débloquer l’ascension des échelons. Malheureusement, l’ensemble s’éparpille en gags plus ou moins laborieux, et on bascule dans le burlesque. J’ai beau adorer le burlesque et vénérer Laurel et Hardy, il n’avait rien à faire là. Alors, on pourra dire que j’entonne la complainte de l’auteur trahi, mais évidemment qu’il l’est, trahi, l’auteur, quand il trouve le ton pince-sans-rire qu’il a employé transformé en guignolade. Quant à la fin, non seulement elle n’est plus celle du roman, mais elle s’inspire tout droit d’About Eve, chef-d’œuvre auquel on ne devrait pas toucher… même si ce genre d’emprunt est aujourd’hui qualifié d’"hommage". Quoi qu’il en soit, la vérité m’oblige à dire que bien des gens que je connais et qui n’avaient pas lu le roman ont aimé le film, y ont beaucoup ri, et n’ont pas semblé comprendre mes réticences.

(http://archive.wikiwix.com/cache/?url=https%3A%2F%2Famisdelegeard.wordpress.com%2F2017%2F09%2F02%2Ffred_kassak%2F )

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28 juillet 2018 6 28 /07 /juillet /2018 04:55

Paris, en 1957. Myra Sorri, vingt-deux ans, vend des billets de la Loterie Nationale dans sa guérite, au coin du Boulevard Montparnasse. Son cœur balance entre deux hommes. Il y a Georges Moreau, employé d’un garage place Falguière, célibataire d’environ trente ans vivant avec sa mère. Et Francisco Lugo, dit Frisco, petit truand ami de Toni Sorri, le frère de Myra… Quand Paul Gervier, collègue antipathique de Georges, gagne quinze millions à la Loterie, Georges a envie de l’effrayer le soir-même. Une mauvaise idée selon sa mère et selon Myra, une blague infantile. Frisco a appris lui aussi le coup de chance de Paul Gervier. Avec Toni, ils le braquent à son domicile peu avant minuit. Avec cynisme, Frisco abat froidement Paul Gervier avant de repartir.

Georges Moreau arrive chez son collègue quelques minutes plus tard, armé pour lui faire peur, et le trouve mort. Entre-temps, la police a été alertée anonymement. Georges fuit par le toit de l’immeuble de Paul Gervier pour éviter les flics. Un peu plus loin, il tombe dans la chambre d’une jeune femme, Claire. Celle-ci est plutôt curieuse que choquée par l’intrusion nocturne de Georges. Même s’il sort pour aller expliquer l’affaire à sa mère, puis à son ami Maurice, il revient dans la chambre de Claire, la planque la plus sûre qu’il puisse espérer. D’autant qu’il a laissé des indices l’accusant sur le lieu du crime. Policier de la PJ, l’inspecteur-principal Frédéric Max est sur sa piste dès le lendemain matin.

Sans nouvelles de Georges, Myra a vite compris que c’est Frisco qui a tué Paul Gervier. Le policier Max interroge les employés du garage de la place Falguière, puis s’adresse à Myra (qui ne parle pas de Frisco), avant de questionner la mère de Georges. Chacun lui répète que Georges est un "brave type", pas un assassin, ce qui agace quelque peu l’enquêteur. Même l’ex-flic Mic Serrand, devenu détective privé, confirme cette impression d’innocence que donne Georges. Grâce à son copain Maurice, le fuyard contacte d’ailleurs Mic Serrand. Ce dernier approche Myra, convaincu qu’elle en sait bien davantage qu’elle ne le dit. Pour Georges et l’inspecteur-principal Frédéric Max, il ne suffit pas d’identifier le duo Frisco et Toni, il faudra sûrement les affronter, armes à la main…

Mario Ropp : Jeu sans joie (Fleuve Noir, 1957)

Marchant à quatre pattes, il alla jusqu’au bord du toit de l’immeuble. La maison suivante était plus basse d’un étage. Georges eut une grimace, puis découvrit des crampons de fer fixés dans le ciment. Il descendit cet escalier, fit quelques pas sur le toit plat et osa s’approcher de la pente, pas très abrupte, qui donnait sur la rue d’Odessa.
Il n’aimait pas beaucoup ça, mais il fallait pourtant trouver un moyen de quitter les toits. Les policiers pouvaient y monter d’un moment à l’autre et ce serait alors une belle corrida. Georges avait déjà vu ça au cinéma ; c’était drôle, bien sûr, mais très peu pour lui !
Des petites fenêtres avancées s’alignaient le long de la pente du toit, mais on ne pouvait voir si elles étaient ouvertes ou fermées. De plus, il y avait peu de chances que les chambres fussent inoccupées. Georges commençait à se sentir de plus en plus mal à l’aise. Et la présence de la rue, là en bas, l’attirait d’une manière dangereuse.

De 1957 à 1983, Marie-Anne Devillers (1917-2007) publia environ cent romans policiers dans la collection Spécial-Police, sous le pseudonyme de Mario Ropp. Ce qui fit d’elle un des auteurs les plus prolifiques de cette collection, avec une moyenne de quatre titres parus chaque année. Sans doute ses livres avaient-ils un réel succès, mais certains auteurs du Fleuve Noir estimaient que l’éditeur abusait de la situation. “Jeu sans joie” est le premier titre de Mario Ropp publié au Fleuve Noir, en 1957.

On est encore dans le Paris de l’après-guerre, avec ses garages de quartier, ses bistrots d’habitués, ses guérites où se vendaient les billets de la Loterie, ses véhicules d’époque, sa population modeste – telle la famille de Myra. Une ambiance typique des polars d’alors, avec un petit voyou qui n’hésite pas à tuer. Pour l’anecdote, notons que la mère de Georges s’appelle Jane Moreau. C’est cette année-là que l’actrice Jeanne Moreau accède à une vraie célébrité grâce à son rôle dans “Ascenseur pour l’échafaud”. Un suspense agréable, qu’il n’est pas interdit de redécouvrir.

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