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29 septembre 2018 6 29 /09 /septembre /2018 04:55

C’est l’hiver à Isola, et il fait sacrément froid dans cette métropole américaine. Lors de la nuit du 18 décembre, un agent de police découvre un jeune suicidé dans une cave. Steve Carella, policier au commissariat du 87e, et son jeune collègue Bert Kling (alors âgé de vingt-quatre ans), se chargent de l’enquête. Carella ne croit pas une seconde à la thèse du suicide. Âgé d’une quinzaine d’années, Annibal Hernandez avait récemment rejoint sa famille portoricaine ici. Il a une sœur, Maria, son aînée de quelques années. La mère de l’adolescent ne croit nullement au suicide, elle non plus. Elle sait qu’Annibal se droguait depuis son arrivée à Isola, sous l’influence de sa sœur, une camée qui tapine pour se payer sa consommation de stupéfiants. 

Qui fournissait la drogue à Annibal ? Voilà ce que doit trouver Carella. Tandis que Bert Kling va s’adresser au légiste Soames, qui lui confirme que le jeune homme n’est pas mort par strangulation, mais d’une overdose. Carella cherche des infos au club El Centro, un boui-boui où Maria passe très souvent. Elle prétend ne rien savoir sur le fournisseur de son frère. Carella ne comptait pas vraiment sur sa coopération. Il repère près de Grover Park un jeune dealer et ses deux complices. Bien qu’interrogé avec rudesse, le suspect ne livre aucune piste valable. Quant aux empreintes sur le lieu du crime, elles ne sont pas répertoriées dans les fichiers de police. Le lieutenant Peter Byrnes, qui dirige à cette époque le commissariat du 87e, suit de près cette affaire. Pour des raisons privées.

En effet, Byrnes a deviné que son fils Larry se droguait depuis quelques temps. Sans doute est-ce le fournisseur de celui-ci qui téléphone anonymement à Byrnes pour faire monter la pression. Ce dealer a également incité Maria a faire, le moment venu, un faux témoignage contre Larry – qui semblait connaître Annibal. Si Maria n’accepte plus de jouer le jeu, le dealer n’hésitera pas à la poignarder. Peter Byrnes et son épouse Harriet vont tenter de désintoxiquer leur fils, avant qu’il ne soit trop accro. Les inspecteurs Meyer Meyer (trente-sept ans) et Hal Willis vont bientôt participer à cette enquête. Mais c’est Carella qui tient déjà la meilleure piste, un certain Gonzo, intermédiaire du fournisseur de drogue. Ce qui ne sera pas sans danger pour Carella, car ce jeune type ne craint pas de tirer sur un flic. L’équipe du 87e doit donc identifier le fameux Gonzo, ce qui peut les mener au commanditaire. Possible que l’affaire trouve son épilogue avant Noël…

Ed McBain : Le fourgue (Série Noire, 1957)

Cette triple séance avait pour but de découvrir l’individu qui avait fourni de la drogue aux jeunes gens. L’arrestation d’un camé ne présente pas d’intérêt. On le fourre au placard et c’est à la municipalité de faire alors les frais d’une cure de désintoxication d’un mois. Le personnage important dans l’affaire, c’est le revendeur. Si les flics du 87e avaient voulu coincer chaque jour une centaine de camés s’adonnant à toutes les variétés possibles de stupéfiants, il leur aurait suffi de se balader dans les rues de leur secteur. La détention illicite d’une quelconque quantité de drogue tombe sous le coup de la loi sur l’hygiène publique. Le délinquant se fait obligatoirement octroyer une peine de prison d’un mois ou plus. Une fois rendu à la circulation, il ne lui reste plus qu’à se remettre en quête de came.
Le gamin ramassé à la sortie de Grover Park avait été trouvé porteur de deux grammes d’héroïne, qu’il avait probablement payés cinq dollars. Sa capture était négligeable, et seul son fournisseur intéressait le flics du 87e.

Il s’agit d’une des premières enquêtes de la série du 87e district, la troisième. Ce qui explique que l’auteur nous donne quelques descriptions physiques (Meyer Meyer), professionnelles (Bert Kling, tout juste promu inspecteur) ou personnelles (Carella est jeune marié, sa femme Teddy apparaissant en filigrane) sur les policiers du commissariat. Il évoque aussi une famille venue de Porto Rico, où la mère est consciente que le confort dont ils disposent en Amérique a une contrepartie plus sordide.

Le thème, c’est la consommation de drogue. Bien que l’histoire se passe dans les années 1950, le sujet n’est pas du tout éculé, puisque le processus d’intoxication des junkies n’a guère changé depuis ce temps-là. La lutte contre les trafics continue, encore plus compliquée à cause des drogues de synthèse qui se sont banalisées (méthamphétamines), pas moins destructrices que l’héroïne. Les injections (dont on nous parle ici sans faux-semblants) comportaient des risques supplémentaires. Ed McBain ayant déjà plusieurs romans à son actif quand il écrit en 1956 “Le fourgue”, on sent une belle maîtrise de l’intrigue, et du dosage de la noirceur, avec cette fluidité narrative qui le caractérise dès cette époque. Sombre affaire oui, mais pas la moindre lourdeur dans le récit. Il est bon de lire et de relire les romans d’Ed McBain, en particulier cette série.

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28 septembre 2018 5 28 /09 /septembre /2018 04:55

Au Commencement, Caïn tua Abel… Non, il n’est pas nécessaire de remonter si loin pour raconter l’histoire du crime, ni celle du polar – qui débute réellement au 19e siècle. Après le “Dictionnaire des Littératures Policières” de Claude Mesplède, voici un nouvel ouvrage de référence sur cet univers et sa vaste diversité. Traductrices et éditrices, Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat maîtrisent parfaitement leur sujet.

Sans doute les lecteurs choisissent-ils des romans policiers pour leur mystère ou la promesse de péripéties, pour leur ambiance anxiogène ou leur climat réaliste, pour se divertir ou pour bien d’autres raisons. Chacun trouve son bonheur dans les multiples déclinaisons de ce genre littéraire. Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Jules Maigret, Hercule Poirot et miss Marple, James Bond, Perry Mason, San-Antonio, etc. : le lecteur a l’embarras du choix, optant pour son ou ses héros préférés. Romans noirs ou d’énigme, polar rural ou urbain, thématiques historiques ou contemporaines – en phase avec l’actualité, scénarios humoristiques ou d’une noirceur absolue… la Littérature policière, c’est toute une histoire, depuis ses précurseurs jusqu’à nos jours. Les romanciers talentueux se comptent par dizaines, peut-être par centaines. Ni eux, ni leurs personnages ne doivent sombrer dans un oubli injuste.

Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat ont raison d’inclure dans le "domaine policier" des auteurs tels Stephen King ou John Le Carré, car les romans d’horreur et d’espionnage (de géopolitique, aujourd’hui) appartiennent à la même famille littéraire. Elles explorent aussi, outre les Américains, Anglais et Français, les plus marquantes œuvres à travers le monde. Incontournable polar nordique depuis “Millenium”, Henning Mankell et quelques autres. Mais des Italiens, des Espagnols, des Israéliens, des auteurs de nombreuses nationalités méritent d’être mieux connus des lecteurs. Généralement, derrière la fiction, ils témoignent des réalités de leurs pays. Intrigue policière et sociologie vont souvent de pair.

Si l’on est fasciné par le Mal, les pulsions meurtrières, les perversions ou les motivations des serial-killers, la psychologie masquée des protagonistes, le thriller (quand il est bien écrit) répond aux attentes des lecteurs. On frissonne et on s’interroge, ou on se contente de suivre la narration tant on est captivés. C’est un genre protéiforme à lui tout seul…

Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat : Le polar pour les nuls (First Éd., 2018)

Le grand Ed McBain fut le premier à nous faire partager l’ambiance des commissariats de police, à travers le travail des inspecteurs du 87e District d’Isola – série de romans maintes fois copiée par la production télévisée. Depuis quelques années, les véritables policiers se sont mis à écrire des polars, collant à leur expérience. Avec de bons résultats, parfois. S’ils sont percutants dans bien des cas, cherchant à ressembler aux séries-télé actuelles, il faut admettre que tous ne sont pas convaincants. Ce serait vrai également de certains "polars historiques" privilégiant trop la précision descriptive sur l’époque évoquée, au détriment d’intrigues faibles, limite insipides.

Au-delà des best-sellers (on ne niera pas la qualité de quelques-uns d’entre eux), la Littérature policière est riche. Probablement parce qu’aucun sujet n’est tabou pour ses auteurs. L’homosexualité, le racisme, l’aspect socio-politique, l’ombre des mafias et celle des lobbies, tout est traité dans le polar – miroir des années où il a été écrit. D’Horace Mac Coy évoquant les victimes de la crise économique des années 1930 à Nicolas Mathieu dessinant le portrait de populations d’aujourd’hui oubliées après les fermetures dans l’industrie, le contexte importe autant que le côté criminel ou délictueux.

Un temps, certains ont prétendu que le roman d’enquête, exercice intellectuel où il s’agit de trouver des preuves contre le coupable, c’était terminé. Bien au contraire, quantité de lecteurs apprécient encore et toujours cette version du polar. D’ailleurs, souvenons-nous que Raymond Chandler – un des plus grands noms du roman noir, créateur de Philip Marlowe – aimait les fictions d’investigation, qu’elles aient pour héros des détectives privés, des policiers ou des personnages ordinaires. Si la violence et la fatalité sont des éléments très présents dans la Littérature policière, la résolution d’affaires meurtrières ne manque pas de charme non plus. Et puis, Agatha Christie reste une des meilleures ventes de romans policiers dans le monde entier, pas de hasard.

On pourra regretter que soient peu évoquées ici les collections françaises populaires de la seconde moitié du 20e siècle, comme le Fleuve Noir Spécial-Police et ses auteurs. Marie-Caroline Aubert et Natalie Beunat ne commettent pas l’erreur de se vouloir "pédagogiques". C’est sur une tonalité souple, souvent enjouée, qu’elles nous invitent à explorer cet univers du polar. Conscientes que c’est prioritairement le plaisir qui guide chaque lecteur, elles nous suggèrent d’aller plus loin dans la découverte – y compris en s’adressant aux bouquinistes, en se renseignant sur les blogs et les sites. Sans oublier, classés par dix, les romans incontournables, les collections majeures, les meilleurs films policiers ou d’espionnage, les séries-télé d’hier et d’aujourd’hui, etc. Un ouvrage à se procurer sans délai, pour (presque) tout savoir sur la galaxie polardeuse.

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22 septembre 2018 6 22 /09 /septembre /2018 04:55

Domfront, bourgade du département de l’Orne, au milieu des années 1980, en été. Âgée de 14-15 ans, Martine Garnier est la fille d’Élise et Robert Garnier, installés depuis quelques temps au bourg de Saint-Front. Une famille dont la réputation n’est pas très bonne par ici. D’autant moins que Martine – que l’on surnomme La Renarde – a pris l’habitude de se baigner nue dans l’étang de Mortrée. Que ça excite le jeune Blaise Lemarchand, dix-huit ans, c’est assez normal. Mais des adultes comme le maraîcher Meunier ou le géomètre Jean-Noël Mornay ne sont pas non plus insensibles aux exhibitions de Martine. Veuf, père de deux grands enfants, Mornay fait figure de petit aristocrate local, alors qu’il mène une vie discrète.

Les baignades de Martine pouvaient exciter également le boucher Henri Masson. Celui-ci est abattu par arme à feu lors d’une tournée de livraisons, près de l’étang. L’enquête sur ce meurtre est confiée à l’inspecteur Maurice Hilaire. Il connaît bien la région de Domfront, où habite encore sa cousine Lucette. Même si le jeune juge Alain ne lui fait guère confiance, et si la mort du boucher ne l’émeut pas du tout, Hilaire mène ses investigations dans les règles. Il se renseigne auprès de la gendarmerie, interroge ceux que la victime a pu rencontrer peu avant d’être tué – Meunier et Mornay – ainsi que la veuve du boucher. Masson n’étant pas un sentimental, Hilaire doute qu’il s’agisse d’un crime passionnel. Sa version privilégie la thèse d’un rôdeur, ce qui ne plaît nullement au juge Alain.

Quand le policier Hilaire retourne à Domfront, un témoin âgé lui parle des exhibitions de Martine Garnier à l’étang de Mortrée. Voilà un angle nouveau pour son enquête, bien des gens d’ici ayant leur opinion sur le jeu malsain de l’adolescente aguicheuse. Mornay émet un avis prudent : “C’est un curieux petit animal que La Renarde, inspecteur. J’avoue que j’ai du mal à la définir.”

Après le boucher Masson, la mort continue à planer sur Domfront, et autour de Martine Garnier. Sans doute, le jeune Blaise et elle sont-ils innocents, entamant une petite amourette. Mornay risque d’apparaître tel un coupable idéal. Un notable assez fortuné, ça réveille les vieilles jalousies et il devient facile de le désigner. Mais si son supérieur, le commissaire Lemonnier proche de la retraite, est partisan des solutions un peu trop faciles, le policier Hilaire cherche de vraies preuves. En attendant, peut-être, les confessions écrites de l’assassin…

Michel Cousin : La Renarde (Fleuve Noir, 1986)

Né en 1928, Michel Cousin publia de nombreux romans sous son nom ou sous pseudos, dans les collections policières des Presses de la Cité et chez Fleuve noir. De 1973 et 1984, sous le pseudonyme de Michel Germont, il écrit 21 romans pour la collection Spécial-Police. Sous le même pseudonyme, il publie également des romans d'espionnage. On lui doit la série Contact, dix titres publiés chez Fleuve Noir entre 1984 et 1986. “La Renarde” est un des derniers titres publiés, en 1986, par Michel Cousin.

C’est la France encore rurale d’alors, qui sert de décor à cette affaire criminelle. Même si la notion d’insécurité est de plus en plus exploitée à l’époque, on imagine mal un crime crapuleux. On est ici dans un petit coin de Normandie où l’on tue pour des motifs ordinaires, ou presque. Un policier comme Maurice Hilaire, qui n’a rien d’un cador aux méthodes percutantes, convient parfaitement pour enquêter. Autour de la délurée Martine, existent sûrement certains secrets de famille. C’est donc un polar dans la bonne tradition que propose l’auteur, ce qui est très agréable à lire.

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20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 04:55

Fils bâtard d’une jeune femme morte en accouchant, Lockhart Flawse a été élevé par son grand-père – sévère maître d’un vaste domaine dans le Northumberland (entre Angleterre et Écosse). Assisté par le vieux M.Dodd, l’aïeul Flawse – nonagénaire – vit encore dans l’esprit de l’époque victorienne, son manoir très isolé n’étant équipé d’aucun confort. Non déclaré à l’état-civil à sa naissance, Lockhart a été éduqué par des précepteurs, mais il ne connaît rien de la vie à l’extérieur de leur propriété. Encore moins au sexe. Le vieux M.Flawse décide d’un voyage d’agrément sur un paquebot pour le rejeton (le bâtard) de sa fille et lui. C’est sur ce navire que le duo rencontre Mme Sandicott, une veuve de cinquante-six ans – et sa fille Jessica, du même âge que Lockart, dix-huit ans.

Si Jessica est naïve et romantique, sa mère s’arrange pour séduire le riche M.Flawse. Le mariage de Lockart et Jessica, ainsi que celui de son grand-père avec Mme Sandicott, sont célébrés à bord du paquebot. Ce qui évite toute formalité à M.Flawse. La mère de Jessica suit son nouveau mari jusque dans le Northumberland, réalisant bien vite que le mode de vie de l’aïeul n’a rien de confortable. Elle espère bien moderniser la demeure de M.Flawse, mais celui-ci s’y oppose, étant seul maître des lieux et des gens. La mère de Jessica comprend que son époux ne cherche qu’à la gruger, quand il négocie au sujet du testament qu’elle va devoir approuver. Par ailleurs, M.Flawse est obsédé par l’idée d’identifier le père inconnu de Lockhart, qui passerait un mauvais moment si l’aïeul le retrouvait.

Le jeune couple s’est installé à Sandicott Crescent, une rue londonienne dont Jessica est l’héritière. Pas forcément un cadeau, car il lui est impossible de vendre les maisons dont elle est désormais propriétaire. Lockhart et Jessica sont totalement inexpérimentés en matière de relations sexuelles. Lui s’énerve rapidement quand un médecin ose aborder la question. Elle, sentimentale à l’extrême, n’éprouve pas non plus de besoins sexuels. Pour Lockhart, toute tentative afin de s’adapter à Londres serait définitivement un échec. Il sème la pagaille chez son employeur, ne respecte pas le Code de la Route, etc. Par contre, si le couple veut vendre les maisons de Jessica, il va devoir ruser. Et il se montre plutôt habile pour que les locataires soient bientôt dans l’obligation de s’en aller.

Au manoir, entre le vieux M.Flawse et son épouse, c’est à qui tuera l’autre – sous l’œil indifférent de M.Dodd, qui joue de la cornemuse sans s’occuper d’eux. La question testamentaire reste au centre des préoccupations de l’aïeul et de sa femme. Entre-temps, Lockhart a mûri et, lorsque Jessica et lui reviennent dans le Northumberland, il espère bien succéder au grand-père à la tête de leurs biens. Sauf que M.Flawse y met une condition : qu’il retrouve son père naturel, sinon ce bâtard n’aura droit à rien. Lockhart s’y entend encore mieux que le vieux pour faire la chasse aux agents des impôts, mais même une enquête auprès d’habitants ayant connu sa mère ne l’aide guère à identifier son géniteur. Néanmoins, Lockhart n’est plus le rustre qu’on a voulu faire de lui…

Tom Sharpe : Le bâtard récalcitrant (Éd.10-18, 1999)

Lockhart appuya à fond sur l’accélérateur, et ils passèrent aussitôt à cent soixante à l’heure. Derrière, la voiture de police mit sa sirène en marche et grimpa à cent quatre-vingt.
— Ils nous rattrapent, chéri. Jamais nous ne pourrons nous en sortir.
— Oh que si, répondit Lockhart en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur. Leurs poursuivants étaient à quatre cent mètres derrière eux, et se rapprochaient rapidement. Lockhart emprunta une sortie menant à une route secondaire, tourna à toute allure dans un petit chemin puis, tirant le meilleur parti de ses instincts de chasseur, fonça à travers une barrière et se précipita dans un champ labouré. Derrière eux, la voiture de police s’arrêta ; des hommes en sortirent. Mais Lockhart avait déjà disparu. Trente kilomètres et quarante haies plus tard, il traversa de nouveau l’autoroute et poursuivit son chemin vers l’est en empruntant des petites routes.

S’ils n’appartiennent pas à la Littérature Policière, les romans satiriques de Tom Sharpe (1928-2013) sont un réel bonheur de lecture. Racontées sur une tonalité propre à l’auteur, les histoires s’avèrent désopilantes. Quand la caricature est aussi drôle – avec une bonne dose d’amoralité, cela donne des scénarios hilarants dotés d’une cascade de péripéties. On rit de bon cœur et sans complexe.

Dans “Le bâtard récalcitrant”, Tom Sharpe dessine de savoureux personnages : un vieillard retors et pontifiant se croyant toujours au temps de ses glorieux ancêtres, une veuve espérant faire avec lui un riche mariage et rapidement hériter, un couple de jeunes absolument inadaptés à toute vie sociale. Le vieux châtelain (plus lubrique qu’il ne l’affiche) domine son petit univers, mais son petit-fils est loin d’être un imbécile. Il s’agit d’un roman comique, mais surtout d’une suite effrénée d’aventures agitées.

Un véritable régal, que l’on dévore avec grand plaisir. Écrit en 1978, ce livre fut traduit en français pour les éditions Ramsay en 1990, puis réédité en format poche chez 10-18 en 1999. Tous les titres de Tom Sharpe méritent d’être lus et relus, et ce “bâtard récalcitrant” ne fait pas exception.

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15 septembre 2018 6 15 /09 /septembre /2018 04:55

Robert Munch est un artiste de cirque, un trapéziste renommé. Cette nuit-là, il choisit de se suicider, pour des raisons complexes. Mais deux hommes interviennent et le sauvent. Il s’agit du sexagénaire Norman Litman et de son assistant, Pierre. Litman est un agent des services secrets, très expérimenté, qui se charge de convaincre Robert Munch de remplir une mission pour son compte. Il devra se substituer à Red Black, un voleur auquel Munch ressemble un peu, auquel on va donner le visage de ce cambrioleur. Ce qui intéresse Litman, c’est que Robert Munch est un athlète capable d’escalader un mur d’immeuble jusqu’au neuvième étage. Sur place, il devra dérober des documents secrets de la plus haute importance. Munch accepte cette mission, non sans en connaître les dangers.

Le trapéziste s’installe dans le logement de Red Black, rencontrant bientôt Lola, voisine de chambre. Grimper neuf étages par l’extérieur d’un immeuble, même avec une excellente condition physique, Munch s’avoue qu’il ne faudra pas flancher. Il y parvient, puis regagne la chambre de Red Black, où il planque les documents volés. Imaginée par Litman, la seconde partie de l’opération oblige Munch à encore ruser. Il reçoit la visite d’un certain Dan, intermédiaire pour les acheteurs des documents. Le faux Red Black réclame le double de la somme qu’on lui a promise. Ce qui devrait susciter des réactions de la part des acheteurs. Peu après, un homme armé d’un couteau agresse Robert Munch dans la chambre de Red Black.

En réalité, l’agresseur est Joe Lermon, un ex-complice du vrai Red Black, qui s’est mis au service de Dan. Joe n’est pas dupe : il comprend illico que ce n’est pas son ancien ami qui est en face de lui. Munch maîtrise rapidement Joe. Néanmoins, ce dernier risque de révéler la vérité à Dan, ce qui ferait capoter le plan de Litman. Mais Joe paie bien vite son intrépidité en voulant reprendre la situation en main. C’est alors que Munch s’aperçoit que les documents secrets lui ont été volés. Il n’y a qu’une explication possible. Retrouver Dan lui paraît la seule solution pour se sortir de ce guêpier. Que Munch soit toujours en vie à ce stade de l’opération, ça ne correspond pas à ce qu’avait prévu Litman. Il va falloir faire appel à Pierre pour rétablir les choses. Mais, pour le moment, Robert Munch n’a plus envie de mourir…

André Lay : Les étoiles s’éteignent (Fleuve Noir Espionnage, 1956)

Cramponné d’une main au tuyau, il se pencha sur le côté, et de l’autre poussa la fenêtre. Un frisson le parcourut. La fenêtre ne cédait pas. Ses cheveux se hérissèrent sur son crâne. Il ne savait pas quelle fenêtre allait céder.
Alors commença vraiment pour lui le plus dangereux de son numéro. En équilibre sur un pied, retenu par une main, il longea la corniche, tâtant de l’autre toutes les fenêtres qu’il rencontrait. Collé contre le mur fouetté, par le vent, il avançait lentement. Chaque pas le rapprochait de la chute. Il savait que, s’il ne trouvait pas, il n’aurait pas la force de refaire le même chemin. Enfin, après des tâtonnements qui lui semblèrent durer des siècles, une fenêtre céda sous sa poussée avec un faible grincement. Une seconde plus tard, il était dans le couloir, le dos au mur, passant sur son front en sueur un mouchoir, reprenant péniblement son souffle.

André Lay (1924-1997) débuta aux éditions Fleuve Noir avec la publication de son premier roman, “Le diable est au fond du sac” (1956). Jusqu’en 1987, ce pilier du Fleuve noir a écrit cent quarante-deux romans, principalement pour la collection Spécial-Police. Il créa le personnage du commissaire Vallespi, truculent policier au Venezuela, héros de dix-huit romans de 1968 à 1977. Cette année-là, il lança une nouvelle série ayant pour héros le Shérif Garrett, qui vivra vingt et une aventures (dans un bled du désert Mohave – ou Mojave, à l’ouest des États-Unis) jusqu'en 1987. Une série drôle, et même "déjantée", mais moins originale que les Vallespi. “Les étoiles s’éteignent” (1956) est le seul roman qu’André Lay publia dans la collection Espionnage du Fleuve Noir, ce qui en fait une curiosité.

Certes, l’intrigue utilise un contexte avec des agents secrets, et des documents qui seraient du domaine de l’espionnage. À vrai dire, c’est plus sûrement un roman d’aventures à suspense, doté de belles péripéties, où l’action est privilégiée. Avec un caractère humain, car on ressent une réelle empathie pour Robert Munch. Une histoire solidement construite, vivante car racontée avec cette fluidité qui rend passionnants les romans de cette époque. Hormis cet "Espionnage", André Lay est un auteur à redécouvrir aussi et surtout pour ses nombreux polars.

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14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 04:55

Fred Kassak est décédé le 12 avril 2018 à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Il publia une douzaine de romans de 1957 à 1971, se consacrant par ailleurs aux scénarios de pièces radiophoniques et de téléfilms (dont les célèbres "Cinq dernières minutes"). Les adaptations de plusieurs de ses romans (en particulier par Michel Audiard) donnèrent des films très drôles, mais beaucoup moins fins que les œuvres originales de Fred Kassak.

En 1995, Le Masque publia un recueil de dix nouvelles inédites de l’auteur. S’il s’agit bel et bien d’histoires criminelles, c’est la tonalité souriante qui domine. Si l’on dit que ces textes sont humoristiques, ne confondons pas avec une prose rigolarde trop facile. Ce sont des nouvelles dites "à chute" (avec une surprise finale) qu’a concoctées Fred Kassak. Des textes qui, en plus de ses romans, prolongent notre délicieux plaisir de lire cet auteur…

Fred Kassak : Qui a peur d’Ed Garpo ? (Le Masque, 1995)

Petit survol des nouvelles de ce recueil.

 

Iceberg – Le hasard a fait se rencontrer Bernard et Irène. Il est tombé amoureux d’elle, le coup de foudre. Il l’invite souvent dans sa villa normande, en bord de Manche. Mais Irène vient toujours avec Georges, celui qui compte le plus dans sa vie. Bernard doit trouver le meilleur moyen de supprimer "accidentellement" ce gêneur qu’est Georges.

Une fois, pour voir – Médecin de campagne, noble métier. Sauf quand on l’exerce dans un coin perdu, à proximité d’une centrale nucléaire. S’il force son enthousiasme, son épouse vit nettement plus mal leur situation. Ce jour-là, alors qu’ils ont mangé dans le jardin, elle décide de tuer son docteur de mari qui fait la sieste. Son propre témoignage suffit à disculper l’épouse, du moins provisoirement.

Le bon motif – Au cours d’une promenade en forêt sur son cheval, Maurice Gambier est désarçonné, sa chute provoquant une mortelle fracture du crâne. À environ soixante ans, ce genre d’accident est vite fatal. Gambier avait contracté une assurance-vie au profit de son épouse, d’origine Polynésienne. Charles Dubignac, responsable du "règlement des sinistres" pour la compagnie d’assurance, n’a nullement l’intention de débourser un sou. Tous les prétextes et arguties seront bons pour ça. Avec l’approbation et le soutien de son collègue Ledoux, séduisant quadragénaire. Après avoir traité cette affaire, Dubrignac pourra partir en vacances dans des décors paradisiaques.

Et qu’on n’en parle plus ! – Il est l’ami et le complice de Géant-Hardi. Mais il s’est aperçu que, bien que se mettant autant en danger que lui, c’est toujours ce diable de Géant-Hardi qui tire profit et notoriété de leurs actions meurtrières. Rester anonyme dans l’ombre de ce soi-disant ami, ça suffit ! Tandis qu’ils se lancent ensemble dans une nouvelle mission, il va éliminer Géant-Hardi. Personne ne le soupçonnera, ne s’intéressera même à lui. Si on retrouve le cadavre bien longtemps après, ça n’aura plus d’importance.

Miracle au printemps – En ce splendide dimanche printanier, il ne croise que des couples, pas la moindre femme seule à séduire. Il rentre donc s’enfermer dans son studio-coin-cuisine, rien d’excitant à son programme de la journée. Quand sonne le téléphone, c’est un faux numéro. Une femme qui continue à appeler, à se tromper, à s’excuser de son erreur. Agacé au début, il finit par y voir un signe du destin, une chance. Tous deux prolongent leur conversation téléphonique. Idylle naissante ou début de la fin, pour lui ?

Dédicace – Il est légitime qu’un romancier penser à écrire en exergue de son nouveau livre une dédicace pour son épouse, puisqu’elle l’a aidé à exploiter une idée à laquelle personne n’avait pensé avant lui. Sans elle, il ne serait probablement pas allé au bout de cette histoire de crime parfait. Le "tapuscrit" du roman est prêt.

L’âge des problèmes – Il a décidé de divorcer, pour se remarier avec une femme beaucoup plus jeune que lui. Quand il l’annonce à son épouse, elle ironise sur les très nombreux problèmes de santé du mari vieillissant. Énervé, il lui assène en pleine tempe un coup de cendrier en verre de Murano. Simuler un accident de voiture mortel ne devrait pas être tellement difficile.

Qui a peur d’Ed Garpo ? – Cet écrivain sexagénaire réputé, oncle et parrain du jeune Edgar, procure à ce dernier un logement et un job à Paris. Le filleul est un admirateur de l’œuvre d’Edgar Poe, dont il a adapté en bédé une des nouvelles. L’écrivain, lui, n’a que mépris pour cet “histrion littéraire mené par la seule recherche de l’effet. Un fabriquant de fantasmagories sanglantes et morbides…” Il recommande vaguement la bédé d’Edgar à son éditeur. Qui, ne tardant pas à trouver fantastique cette version BD, la publie sans délai. Énorme succès, qui éclipse les ouvrages de l’oncle d’Edgar. Ce qui attise la paranoïa de l’écrivain, sa jalousie. La bande-dessinée, symbole de "sous-culture", plus populaire que la véritable littérature, c’est insupportable. L’oncle met au point un plan – qu’il estime quasiment infaillible – pour supprimer son filleul.

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9 septembre 2018 7 09 /09 /septembre /2018 04:55

Aux États-Unis, le moustachu Jim Qwilleran est un journaliste âgé d’un peu plus de quarante-cinq ans. Son seul ami est le chat siamois Koko, doué d’une intelligence assez originale, avec lequel vit Jim. Celui-ci mérite un meilleur poste au journal Daily Fluxion, qui l’emploie. On lui confie la rédaction en chef du nouveau magazine, Le Gai Logis, dédié à la décoration et aux demeures de style. Un rôle que sa collègue Fran Unger aurait bien voulu assumer, mais Jim Qwilleran préfère l’écarter du projet. Il se sent à la hauteur pour lancer ce magazine spécialisé. Il obtient l’aide de David Lyke, trente-deux ans, qui tient un commerce (florissant) de décoration et connaît parfaitement les spécialistes de ce milieu.

Pourquoi ne pas consacrer le premier numéro du Gai Logis à la propriété des fortunés Mr et Mrs Tait ? Le mari est un passionné d’objet en jade, dont il possède une magnifique collection. D’origine suisse, Mrs Tait est invalide et acariâtre. Qwilleran et son photographe réalisent un reportage chez le couple. Au lendemain de la parution du premier numéro du Gai Logis, Jim apprend que la demeure des Tait a été cambriolée. Mrs Tait est décédée d’une attaque cardiaque. Un vol qui intervient bien tôt après la diffusion du reportage, ce qui disculpe le Daily Fluxion d’une quelconque complicité. Le principal suspect, c’est Paolo, le domestique mexicain des Tait. Il a disparu, retournant dans son pays avec son butin.

Lors d’une réception donnée chez David Lyke, Jim fait la connaissance du riche Harry Noyton. Peut-être y a-t-il là un bon sujet à venir. Noyton partant en voyage en Europe, il va prêter son appartement luxueux à Jim (et au siamois Koko). Pour le deuxième numéro, c’est un foyer de jeunes filles qui sera à l’honneur. C’est ainsi que Jim rencontre Cockey Wright, une belle architecte travaillant dans la décoration. Ils auront l’occasion de sortir ensemble plusieurs fois, mais Jim ne demande s’il ne doit pas s’en méfier – car le chat Koko a fait preuve d’hostilité envers elle. Dans l’appartement d’Harry Noyton où il a déménagé, Jim déniche de troublants indices. Noyton était en contact avec Mrs Tait.

Après le cambriolage des jades, deuxième scandale autour du magazine Le Gai Logis, à cause du foyer de jeunes filles. Jim Qwilleran ne peut qu’imaginer un complot, émanant d’un journal concurrent ou d’une personne qui lui en veut. David Lyke donne encore une soirée chez lui, à laquelle le chat Koko est invité – en tant que curiosité. C’est d’ailleurs Koko qui, peu après, découvre le cadavre de Lyke. Fin connaisseur des affaires criminelles, Jim tente de démêler ces derniers événements…

Lilian Jackson Brown : Le chat qui mangeait de la laine (1967 – Éd.10-18)

Écrit en 1967, ce roman est le deuxième de la trilogie initiale consacrée à Jim Qwilleran et au siamois Kao K'o Kung (dit Koko). Lilian Jackson Braun ne continuera la série qu’à partir de 1986. Au total, trente romans à son actif. Ici, Jim et son chat jouent fréquemment à un "jeu du dictionnaire", où il s’agit d’associer des mots – Koko gagnant souvent. Mais le siamois, fin gourmet par ailleurs, va avoir des embarras digestif à force de dévorer n’importe quoi. “Tu dois être complètement fou ! Manger du tissus ! Tu as perdu la tête. ― Koko toussa encore une fois et rejeta une boule verte humide…” À vrai dire , c’est là une manière d’offrir une piste au journaliste. Le monde des décorateurs américains des années 1960 et de leur riche clientèle est décrit avec une certaine ironie. La tonalité du récit est essentiellement souriante, même si des méfaits sont commis. L’intrigue est énigmatique, mais il suffit de suivre le héros et son chat (qui aurait bien besoin d’une compagne) pour apprécier leurs investigations. Un roman à savourer…

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8 septembre 2018 6 08 /09 /septembre /2018 04:55

Cinq ans plus tôt, Willie Madden organisa le braquage de la Kenmore Trust, un gros coup. Certains de ses complices sont morts, d’autres sont en prison. C’est ainsi que Willie Madden a gardé une grosse part du butin, dans les 500.000 $. Depuis, sous de fausses identités, il mène une vie oisive dans de luxueux hôtels (surtout ceux de Californie du Sud) et s’offre ponctuellement les services de prostituées. À Tropico Beach, Willie est reconnu par le maître-nageur de l’hôtel, il est temps pour lui de disparaître à nouveau. Il reste perpétuellement sur ses gardes, bien qu’affichant un comportement débonnaire.

La police est toujours à la recherche de Willie Madden, en particulier le lieutenant Art Kramer. Mais ils ne sont pas les seuls. Carl Benedict, un des complices de Willie, est censé être mort. Même si c’est un dingue dans son genre, qui a déjà claqué toute sa part du butin, il est assez futé pour éviter qu’on le sache bien vivant. John Quait (dit Le Boiteux) est un détective privé vieillissant, qui fut proche de Willie. Il n’a pas tout à fait renoncé à le retrouver, non pas pour le livrer aux flics, mais pour empocher le magot de Willie. Carl est en relation avec le policier Nick Fay. Tous les trois – Carl Benedict, John Quait et Nick Fay – profitent des dernières infos situant plus ou moins Willie pour se lancer sur sa piste.

Comparse emprisonné de Willie Madden, Joe Wicks espère négocier avec le Lt Kramer, en échange de tuyaux. John Quait en est prévenu, et s’arrange pour que Wicks reçoive un sévère avertissement afin qu’il continue à se taire. De leur côté, le flic Nick Fay et Carl Benedict cherchent Willie à San Francisco. Ils le ratent à trois jours près, car il a quitté l’hôtel où il résidait. Nick Fay étant en mauvaise santé, ça ralentit les investigations du duo. Même si Carl est un tocard, il finit par retrouver la trace de Willie.

Sous le nom de Lawrence Allen, Willie se rend chez un médecin car il souffre de vertiges. C’est là qu’il fait la connaissance de la jeune infirmière du praticien, Dorothy Velinsky. Il est immédiatement séduit par cette personne au caractère ambitieux, qui se moque de ce qu’on pense d’elle. De fortes affinités apparaissent entre Dorothy et lui, Willie en est conscient. Dans sa vie clandestine, il ne serait pourtant pas prudent de se lier avec une femme, surtout si jeune. Et puis, il y a Carl Benedict qui rôde autour de lui. Celui-ci le loupe encore une fois de peu, à l’hôtel Golden West.

Pour le vieux détective privé John Quait, il ne serait sans plus raisonnable de continuer à pourchasser Willie. Mais son assistant Cheev et le mystérieux Y, contact de Quait dans la pègre, poursuivent leurs recherches. Le Lt Kramer essaie vainement un arrangement avec Carl. Tandis que Willie et Dorothy se rapprochent, c’est du policier Alford – du FBI – dont le couple va devoir se méfier…

W.R.Burnett : Un homme à la coule (Série Noire, 1970)

Au moment où Willie grimpait en voiture, Carl fit feu et Willie ressentit une violente piqûre au mollet gauche, comme s’il s’était déchiré à un fil de fer barbelé ; il claqua la portière et démarra en direction de la route côtière.
Plein sud désormais, vers la jungle inextricable de Los Angeles, à plus de cent cinquante kilomètres d’ici. Finis, les petits patelins et le motels de luxe du bord de mer. Il était temps pour lui de se fondre dans la masse des millions de citoyens pauvres et anonymes.
Mais il n’avait pas parcouru cinq kilomètres qu’il s’aperçut que Carl avait réussi à le suivre. Et Carl était le dernier type au monde qu’il souhaitait avoir à ses trousses. Une fois lancé dans la bagarre, Carl ignorait le sens des mots "prudence" ou "peur". C’était l’être le plus follement dangereux que Willie ait jamais rencontré. Mais d’où diable était-il sorti ? Faisait-il équipe avec Nick ? Était-ce lui qui avait fouillé son bungalow ? C'était plus que probable.

Mis à part “Good bye Chicago” (Série Noire,1981), “Un homme à la coule” est le dernier roman policier écrit par William Riley Burnett, en 1969. Depuis ses débuts en 1929, il a acquis une grande expérience de romancier et de scénariste. Le style est ici nettement plus jovial que dans ses premiers titres (Little Caesar, High Sierra, Quand la ville dort…). Il ne s’agit peut-être pas d’un "grand" roman de cet excellent auteur, mais d’une histoire très divertissante, agitée et passionnante à souhaits.

C’est avec une sacrée virtuosité qu’il nous raconte les tribulations de Willie Madden et de ceux qui sont à ses trousses, ce qui donne lieu à une aventure riche en péripéties. Ni Carl, ni le vieux privé Quait ne veulent buter Willie – qu’ils admirent pour son intelligence, dans un certain sens – ils visent juste son argent. L’affaire ne remontant qu’à cinq ans, la police est toujours en action. Tout ça ne perturbe que modérément le sympathique Willie, qui se sait en mesure de redoubler de prudence. Tomber sous le charme d’une jeune fille pourrait lui compliquer les choses… Un roman très agréable à lire – ou à relire.

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