Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 novembre 2018 4 01 /11 /novembre /2018 05:55

Frank Clemons est lieutenant de police à Atlanta, en Géorgie. Quadragénaire, il a du mal à surmonter le suicide de sa fille Sarah, seize ans. Un décès qui entraîna son divorce, Frank ayant sombré dans l’alcoolisme. Son frère aîné Alvin, policier à Atlanta lui-aussi, se montre bienveillant envers Frank, même si ce dernier n’apprécie guère la compassion d’Alvin. Sans doute eût-il fait un meilleur pasteur que leur père. Frank s’entend davantage avec Caleb Stone, vieux flic chevronné. Caleb n’est pas un donneur de leçons, mais il a su développer ses "réseaux" durant sa carrière, et en tirer expérience.

Le cadavre d’une jeune fille de dix-huit ans, Angelica Devereaux, est découvert sur un terrain vague d’un quartier très modeste de la ville. Une très jolie Blanche comme elle, appartenant à un milieu fortuné, n’avait rien à faire dans cet endroit. Quant à la cause de sa mort, elle est d’abord difficile à déterminer. L’autopsie montre qu’Angelica était enceinte, et qu’elle est décédé par empoisonnement. Frank rencontre Karen Devereaux, la sœur de la jeune fille, artiste peintre. Orphelines depuis quelques années, Angelica et elle vivaient dans une luxueuse maison des quartiers les plus rupins d’Atlanta. Si elle était d’une beauté lumineuse, Angelica n’était guère liante – ni vers sa sœur, ni vers l’avocat tuteur qui géra son riche héritage jusqu’à ses dix-huit ans. Pas proche non plus des autres élèves de l’Académie Northfield, où elle venait de terminer ses études.

Frank et Caleb se demandent si Angelica n’a pas tenté d’avorter en s’injectant un produit nocif et fatal. Mais elle avait largement les moyens de faire appel à un médecin compétent pour ça. Caleb Stone déniche bientôt un témoin, une prostituée reconvertie, qui séjourne près du terrain vague de Glenwood – où on trouva le corps d’Angelica. Cette nuit-là, elle a remarqué une voiture rouge neuve et la silhouette d’un homme mûr. Frank enquête au collège, s’intéressant à la pièce de théâtre amateur dont elle avait tenu le rôle principal. Grâce aux contacts de Caleb, la voiture de la jeune fille est retrouvée chez un casseur-automobile. Le petit voyou noir ayant volé le véhicule, que le duo de policiers interroge, n’est pour rien dans la mort d’Angelica. Frank et Caleb sont présents aux obsèques de la jeune fille, mais ses proches (avocat, médecin…) sont fort peu soupçonnables…

Thomas H.Cook : Qu’est-ce que tu t’imagines ? (Série Noire, 1989)

De retour dans l’entrée, il ne lui fallut qu’un instant pour identifier le tableau de Karen Devereaux. C’était une huile représentant une petite fille debout près d’un vase de fleurs. Il contempla attentivement les tourbillons de couleur, le regard attiré par le visage, la peau pâle et sans défaut, le bleu profond des yeux. Il se rendit immédiatement compte que c’était le visage d’Angelica qui le fixait, impassible, les lèvres légèrement bleutées. C’était bien Angelica, aucun doute. Il passa du visage au corps puis aux petites jambes blanches, se préparant presque à trouver un pied nu et une pauvre cheville écorchée.
Karen avait signé dans le coin inférieur droit et, tout en continuant à regarder le tableau, Frank s’étonna de ne pas l’avoir remarqué plus tôt. Ses couleurs étaient plus sombres, son atmosphère plus grave. Le portrait tranchait brutalement avec les toiles qui l’entouraient.

Publié dans la Série Noire en 1989, “Qu’est-ce que tu t’imagines ?” est le troisième roman de Thomas H.Cook. Cet auteur n’atteindra une certaine notoriété en France qu’avec “Les rues de feu” en 1992, son cinquième titre. Cette histoire relate des faits s’étant déroulés 1963 à Birmingham, Alabama, où une fillette Noire a été assassinée. La ségrégation règne dans cet État américain rendant l’ambiance explosive. Policier blanc intègre, Ben cherche la vérité, contre vents et marées. Un roman noir d’une force remarquable.

L’intrigue de “Qu’est-ce que tu t’imagines ?” reste très classique, Thomas H.Cook n’ayant pas encore la maturité de romancier qui fait aujourd’hui de lui un des maîtres du polar noir. S’il s’agit d’une enquête de police plutôt classique, autour d’une jeune fille que rien ne prédestinait à mourir si tôt, les investigations de Frank Clemons et de Caleb Stone sont sinueuses. Car une aura de mystère planait sur la victime, resplendissante de beauté autant que d’une psychologie assez complexe. Frank ne cache pas son attirance pour Karen, la sœur d’Angelica, mais une relation apparaît improbable. 

Moins subtil que ce qu’il écrira plus tard, ce roman ne doit pas être négligé dans l’œuvre de Thomas H.Cook.

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 04:55

Paris, dans les années 1950. Cette nuit-là, le cadavre d’une jeune fille est découvert place Vintimille, dans le 9e. Ce coin de Montmartre, c’est le secteur de l’inspecteur Lognon, que l’on surnomme le Malgracieux. Il ne va pas apprécier que le commissaire Maigret et son adjoint, l’inspecteur Janvier, s’intéressent à ce meurtre. Selon les premières constatations du légiste, le Dr Paul, n’était pas une prostituée (elle était vierge). Par contre, elle était alcoolisée. La victime a été mortellement frappée. Une piste mène Maigret et Lognon rue de Douai, à la boutique de Mlle Irène. Cette dame a effectivement prêté une robe du soir à cette jeune fille, pour la deuxième fois. Mais Mlle Irène ignore son identité.

Malgré la publication d’une photo de l’inconnue dans les journaux, les réactions du public tardent. Finalement, un appel téléphonique anonyme conseille au commissaire une adresse, rue de Clichy (non loin de la rue de Douai et de la place Vintimille). Selon les renseignements fournis par la concierge, la victime sous-louait une chambre chez une dame âgée, Mme Crêmieux – ce qui n’est pas légal. Elle s’appelait Louise Laboine, avait vingt ans. La loueuse trouvait Louise renfermée, ne réussissant jamais à lui faire parler de sa vie privée, de son passé. Seule évidence, Louise était désargentée. L’inspecteur Lognon retrouve un chauffeur de taxi qui a vu la jeune fille entrer au club Roméo.

La boîte de nuit était, cette nuit-là, réservée pour une fête de mariage. Selon des témoins, Louise est entrée en contact avec la mariée, Jeanine Armenieu. Une autre piste s’avère importante : Louise Laboine a vécu quelques années plus tôt avec sa mère à Nice. Un policier local va interroger ladite mère. C’est une ancienne artiste fréquentant assidûment les casinos (il la trouve à celui de Monte-Carlo). Comme tant de personnes peu riches, elle y gagne de quoi vivre. Le sort de sa fille Louise la laisse quasiment indifférente. Elle l’a élevée seule, le père – un nommé Van Cram, un aventurier international fiché pour divers vols – ayant bien vite disparu de leurs vies.

L’inspecteur Janvier a pu situer le bar où Louise passa un moment, le soir de sa mort. Elle y consomma plusieurs grogs avant de se rendre au club Roméo. Près de la rue du Chemin-Vert, le commissaire obtient des renseignements sur la mariée. Jeanine Armenieu a vécu à une époque chez une tante à elle. Elle a hébergé Louise à l’insu de cette tante pendant un certain temps. Ce qui fut à l’origine de la rupture entre Jeanine et elle. Depuis, Jeanine a disparu, poursuivant son but : se marier avec un homme riche. Elle a "mis le grappin" sur Marco Santoni, connu comme fêtard mais pas vraiment malhonnête. L’inspecteur Lognon continue son enquête pour Maigret mais, cette fois encore, il se trompe dans ses investigations, faute d’avoir compris l’état d’esprit de Louise et le contexte autour d’elle…

Georges Simenon : Maigret et la jeune morte (1954)

Maintenant, il connaissait son nom, pour autant que ce fût son nom véritable. Il savait où elle avait dormi les deux derniers mois, où elle avait passé une partie de ses soirées.
Il savait aussi que, par deux fois, elle s’était rendue rue de Douai pour louer ou pour emprunter une robe du soir. La première fois, elle avait payé. La seconde, il lui restait deux ou trois cent francs en poche, à peine le prix d’un taxi ou d’un repas frugal.
Est-ce que la première fois où elle s’était rendue chez Mlle Irène, c’était à la suite du coup de téléphone ? Cela paraissait improbable. Cette fois-là, il n’était pas si tard quand elle s’était présentée dans la boutique.
En outre, elle était rentrée rue de Clichy à six heures du matin, vêtue de sa robe et de son manteau habituels. Elle n’avait pas pu déjà aller rendre la robe de satin bleu à Mlle Irène, qui se levait tard.

Écrite et publiée en 1954, cette enquête de Jules Maigret est plaisante à suivre, sans être d’une véritable originalité. Le commissaire y est entouré de son équipe habituelle de policiers : Janvier, Lucas, Torrence, et le jeune Lapointe (à la PJ depuis deux ans). Le plus singulier des inspecteurs, c’est Lognon : “C’était l’ennui avec Lognon. Il venait, à la sueur de son front, c’était le cas de le dire, de réunir un certain nombre de renseignements probablement précieux. Si ces renseignements avaient été apportés par un de ses inspecteurs, Maigret en aurait mis aussitôt quelques autres en chasse afin d’en tirer le maximum. Un homme ne peut pas tout faire. Or, si le commissaire agissait ainsi, l’inspecteur Malgracieux aurait la conviction qu’on lui retirait le pain de la bouche.” Efficace flic de quartier, il se considère comme brimé dès que Maigret et ses adjoints prennent en main une affaire pouvant être de son ressort.

Aspect intéressant également, quelques scènes se déroulent boulevard Richard-Lenoir, au domicile du commissaire. Son épouse, femme au foyer toute dévouée à son mari, y est parfois sollicitée pour donner son opinion.(“— Je me demande quels sont les cas où une jeune fille éprouve un urgent besoin de porter une robe du soir” se demande Maigret, sa femme ayant une réponse.) Une affaire assez tranquille, sur une intrigue classique – l’essentiel étant de cerner le profil de la victime, et de reconstituer son emploi du temps. Maigret reste une valeur sûre du roman policier traditionnel.

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2018 3 24 /10 /octobre /2018 04:55

Au début des années 1950, les Aiglons est un Institut médico-éducatif situé dans les montagnes savoyardes. Ce pensionnat regroupe soixante-trois enfants et adolescents. Âgé de dix-neuf ans, Moulin est un étudiant surnommé ici "Narcisse". Il fait partie des éducateurs des Aiglons, apprécié de la plupart des jeunes et de ses collègues. Quand il découvre le corps de Claude Boucheret, élève de Seconde, l’ado est dans le coma après ce qui paraît être une chute dans le massif montagneux. Boucheret ne survivra pas longtemps, bien qu’ayant été hospitalisé un peu plus tard. Un accident ? Narcisse n’en est pas vraiment convaincu. Car, même s’il n’avait que quatorze ans, Claude Boucheret avait des opinions politiques tranchées, partisan du communisme.

Parmi les élèves des Aiglons, il y a les "popotins" héritiers de la tradition réactionnaire, et les communistes. Chacun des camps défend plutôt une position de principe, plus ou moins engagée. Même si rôle des éducateurs impose une neutralité, et si Narcisse garde une distance envers les réalités du quotidien, la mort du jeune Boucheret le pousse à se poser des questions. Explorant les alentours du lieu de la chute de l’élève, il admet que deux versions sont possibles, crime ou accident. L’hypothèse meurtrière n’est pas exclue malgré tout. Une discussion avec les élèves lui montre l’importance de l’aspect politique pour quelques-uns d’entre eux. Un de ses amis éducateurs est féru de psychologie, mais cela ne suffit pas à expliquer le manque d’émotion affiché par Narcisse.

Il est clair que Grand-Condor, le directeur de l’établissement, ne cherche qu’à minimiser le rôle des encadrants, privilégiant le manque de prudence de Boucheret ayant entraîné cet accident. Néanmoins, une bagarre violente entre Chassant – le meilleur ami du défunt – et Varin – un des plus virulents chez les "popotins", indique à Narcisse que l’antagonisme a pu aller jusqu’au crime. Le jeune éducateur ne prend toutefois pas encore parti, même s’il est assez convaincu par les accusations de Chassant et de ses copains. Face à la tension qui monte, Narcisse adopte son repli préféré : une balade dans la montagne voisine. C’est ainsi que, après s’être légèrement blessé, il fait la connaissance du couple Bertod. Le mari a compris l’état d’esprit de Narcisse. Au lieu de théoriser, il lui conseille d’agir.

Le père de Claude Boucheret étant arrivé aux Aiglons, le directeur lui répond en évoquant avec une hypocrisie certaine la version "accidentelle" de la mort de l’élève. Narcisse est bien obligé de rester sur la même explication, mais il n’en pense pas moins. Il penche de plus en plus pour Chassant et son camp, bien que n’étant lui-même ni communiste, ni militant politique ou religieux. Un vent de révolte commence à gronder aux Aiglons, ce qu’il peut comprendre. S’associer au groupe de Chassant, contre l’autorité, n’est pas sans risque pour la suite de sa vie et de ses études. Pourtant, laisser planer une injustice ne convient assurément pas à Narcisse…

Jean Meckert : Je suis un monstre (Éd.Joëlle Losfeld, 2005)

Voudrais-tu comprendre, Tourillon, que les révoltés sont infiniment moins dangereux que les crétins. Nous venons d’avoir ici un crime crétin dans toute son horreur, et nous allons être obligés de le masquer, de l’absorber parce que les crétins sont les rois. Tout est permis, le crime, la guerre à profit, la prévarication, la combine… Il y a quelque chose de pourri dans le royaume, et ceux qui ne veulent pas s’adapter à la pourriture seraient considérés comme des malades ?…

Il s’agit du dernier roman publié en collection "blanche" chez Gallimard par Jean Meckert sous son nom en 1952, réédité aux Éd.Joëlle Losfeld en 2005. Par la suite, il va acquérir une grande notoriété sous le pseudonyme de Jean Amila dans la Série Noire. Pour l’édition 2005, Stéfanie Delestré et Hervé Delouche présentent un utile survol de la vie et de l’œuvre de Jean Meckert, anarchiste s’inscrivant dans la "littérature prolétarienne". Il faut souligner que “Je suis un monstre” évoque avec clarté le climat de l’après-guerre.

Le PC d’obédience stalinienne pèse électoralement, les conflits sociaux sont durs et réprimés sans pitié par la 4e République. C’est la Guerre Froide au quotidien en France. Est-ce que, comme on le voit dans ce roman, des ados de 14-15 ans exprimaient déjà des positions politiques ? Il faut se souvenir que, Certificat d’Études en poche, même s’ils poursuivaient un peu leur cursus, la plupart des jeunes entraient tôt dans la vie active. Ils pouvaient donc se sentir concernés par les luttes sociales, ou au contraire adopter l’idéologie de l’ordre et du travail sans récrimination transmise par leurs familles.

L’éducateur "Narcisse" Moulin, narrateur des faits, est un témoin de son époque. Préparant un essai encore nébuleux sur le thème de la Fatigue, son caractère solitaire étant en phase avec les décors montagneux qui l’entourent, incertain sur sa sexualité, il se considère comme "en retrait" – sans conscience politique, ni opinion sur la société. Ce qui ne l’empêche pas de vérifier l’attitude mensongère de la direction de ce pensionnat, ni le comportement des élèves aux réactions radicales.

Il convient d’ajouter que, à l’opposé de beaucoup d’écrivains de ce temps-là, le "style littéraire" de Jean Meckert apparaît limpide et fluide, d’une belle modernité et n’a pas du tout vieilli. Des experts tels Marcel Duhamel ou Raymond Queneau l’avait compris dès ses premiers titres. Décrire avec une vraie subtilité les nuances chez un être complexe comme Narcisse, évoquer la toile de fond politique… C’est sans la moindre lourdeur que Jean Meckert y parvient, même si la facilité d’écriture n’est probablement qu’apparente. Ce roman n’est pas un polar, mais son intrigue contient une part affirmée de suspense. Ses livres, qu’ils soient signés Jean Amila ou Jean Meckert, font partie de la belle littérature populaire française, méritant d’être lus ou relus encore et toujours.

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2018 7 21 /10 /octobre /2018 04:55

Le commissaire San-Antonio est maintenant directeur de la PJ. Ce soir-là, il dîne avec sa brave mère Félicie dans un restaurant de spécialités. Voilà qu’on l’appelle au téléphone, un inconnu se disant en danger mortel. Ce ne peut être qu’un canular, San-Antonio ne voit pas d’autre explication. Malgré tout, un peu plus tard dans la nuit, il s’intéresse à l’immeuble en face du restaurant. Il y découvre un tueur d’élite armé assassiné, ainsi que deux victimes collatérales. Ce n’est pas le couple de voisins, mal assortis, qui pourra utilement témoigner. San-Antonio appelle à la rescousse son équipe de policiers, afin d’essayer d’évaluer ce qui s’est produit dans cet appartement. Dès le lendemain, le commissaire livre aux médias une version approximative de ces crimes.

Une jeune journaliste, Marie-Laure, est restée dans les parages. San-Antonio ne peut que succomber à la donzelle. Bientôt, le duo de tueurs de l’appartement est repéré dans un hôtel de la Vallée de Chevreuse. Cerner les lieux, tenter un piège, ne suffira sans doute pas. D’autant qu’une greluche intervient dans le tableau, dans un état pitoyable, affirmant avoir été violée par la paire de tueurs. Tout ça se termine par une fusillade, qui cause la mort d’un des policiers, et la disparition des malfaisants. Selon l’analyse d’expert, l’arme du tueur d’élite dispose d’un fonctionnement très spécial. On peut s’étonner que les tueurs ne l’aient pas emportée. Marie-Laure n’a pas dit son dernier mot. C’est elle qui déniche la trace de la prétendue "violée" de l’hôtel.

La cible, au restaurant, n’était nullement le commissaire San-Antonio. Plus sûrement le grand scientifique Anton Raspek, qui dînait là aussi. Ce dernier est décédé entre-temps, d’ailleurs. Pour San-Antonio et son adjoint Jérémie Blanc, subsistent des incohérences dans le scénario. La "violée" et son complice semblent bien être partis se réfugier au Brésil. Alors, c’est certainement là-bas quelque part dans la jungle, dans la tribu de Condor-miro, que se trouvent une grande partie des réponses. Quand il le faut, refusant les dénouements bancals, San-Antonio est voyageur. Direction le Brésil pour le commissaire…

San-Antonio : Allez donc faire ça plus loin (Pocket)

À peine pénétré-je dans l’appartement que je renifle une odeur de sang ou assimilé. Je traverse une entrée où sont exposées, sur des consoles, des vases chinois qui flanqueraient la migraine à un mandarin et à sa mandarine. En sus, on a droit à un bouddha dont la frime ne me revient pas:le genre adipeux-lisse, à l’œil enfoncé comme un escarguinche cuit au fond de sa coquille.
La double porte du salon est grande toute verte (comme dit Bérurier). La clarté de l’avenue suffit pour qu’on se repère. Il y a également le voyant rouge d’un poste de télé dont la lueur s’aperçoit depuis le trottoir d’en face. Ces maigres sources de lumière me suffisent à distinguer un corps d’homme allongé sur le tapis, la face en avant.

Indémodable San-Antonio, dont c’était ici la 157e aventure, publiée en 1993. “Souvent imité, jamais égalé” peut-on affirmer, car San-Antonio c’est avant tout une écriture, un véritable style. Il y est beaucoup question de sexe ? Parlons plutôt de gaudriole, de grivoiserie, de paillardise… Notons dans ce “Allez donc faire ça plus loin”, le passage remarqué – et toujours remarquable – de Bérurier et de César Pinaud, les vieux de la vieille. Sans oublier la mère du commissaire, Félicie. Des piliers de la saga San-Antonio. Inutile de préciser que se multiplient les péripéties. Les romans "dernière période" de l’auteur n’en sont pas moins excitants, percutants. L’humour et le polar ne sont pas incompatible, Frédéric Dard l’a démontré avec un talent indéniable.

Partager cet article
Repost0
20 octobre 2018 6 20 /10 /octobre /2018 04:55

En Californie, vers 1960. James Carson, trente-six ans, occupe un emploi de cadre à la comptabilité de la société pétrolière de El Segundo. Il vient d’épouser quinze jours plus tôt Shannon Grey, vingt ans, avec laquelle il a eu le coup de foudre voilà quelques semaines. Le couple est parti en voyage de noces sitôt après le mariage. Lune de miel en camping dans une caravane, une idée originale de Shannon. Au retour, Carson a encore du mal à maîtriser la conduite de sa voiture tractant ladite caravane. À un embranchement, ils se trompent de route durant la nuit. Peu après, le couple est attaqué par un duo de jeunes voyous. Ils violent Shannon sous les yeux de Carson, sans qu’il puisse réagir. Puis ils la kidnappent et disparaissent. Dès qu’il le peut, le mari alerte la police.

Une escouade de flics est bientôt sur place, mettant tout en œuvre pour intercepter les deux malfaiteurs et leur prisonnière. Toutefois, les policiers se montrent vite sceptiques sur la version des faits donnée par Carson – qui ne dit que la vérité, pourtant. Dans la voiture, ils trouvent un revolver qui n’est pas censé y être. Peut-être une précaution, dont Shannon a oublié d’avertir Carson. Dans les fichiers photos de police, il ne reconnaît pas leurs agresseurs. Il regagne son appartement, mais reste sous l’œil des enquêteurs. La seule famille de Shannon, c’est sa sœur Shirley Grey. L’épouse de Carson ne lui a pas caché que la blonde Shirley était mi-strip-teaseuse, mi-prostituée. Il se rend à l’hôtel où elle réside. Si Shirley apparaît effectivement beaucoup plus vulgaire que Shannon, elle n’est pas indifférente au sort de sa sœur. Sa spontanéité ne déplaît pas à Carson.

Les policiers pensent avoir accumulé les indices contre leur suspect, avec des témoignages et des éléments à charge. Toujours vive, Shirley ne leur cache pas sa façon de penser, affirmative sur l’innocence de son beau-frère. Faute de preuves suffisantes, Carson et Shirley sont libres. La sœur de Shannon s’installe dans leur appartement, essayant d’aider Carson a démontrer qu’il n’est pas un meurtrier. De la sympathie au sexe, il n’y a qu’un pas pour le couple. Dès le le demain, Carson reçoit une demande de rançon de la part des ravisseurs, accompagnée d’une photographie éloquente de Shannon. Les 50.000 dollars réclamés, c’est bien plus d’argent qu’il n’en possède. Néanmoins, il y a peut-être une solution pour payer – sans prévenir la police. Les kidnappeurs sont très bien renseignés sur le lieu de la remise de la rançon.

Carson et Shirley agissent du mieux possible pour empêcher les deux ravisseurs de toucher le gros paquet de dollars. Mais Shannon n’est pas libérée pour autant, et le duo parvient à filer. La police n’était pas loin, intervenant en accusant une fois de plus Carson d’avoir monté ce scénario pour – en plus du meurtre – détourner cette forte somme. S’il parvient à s’enfuir, Carson est blessé et hospitalisé. Ce qui lui permet de réfléchir à la situation inextricable dans laquelle il est plongé…

Day Keene : Je cherche après Shannon… (Série Noire, 1960)

Compte tenu de la raclée qu’il avait reçue, il fut étonné qu’elle ait laissé si peu de traces. Il n’avait jamais été ce qu’on appelle un "joli garçon". Ses traits étaient trop marqués, trop virils. Il avait trente-six ans, et son visage commençait à se rider. Ses cheveux grisonnaient par endroits. Mais, même après cinq années passées derrière un bureau, il conservait sa forme physique. Ses quatre-vingt kilos étaient du muscle pur. Le jour où il se retrouverait en face des deux jeunes brutes, il n’aurait besoin de personne pour leur régler leur compte.

Quand il écrit ce roman, Day Keene (1904-1969) a déjà une bonne trentaine de romans à son actif. C’est dire qu’il maîtrise parfaitement une intrigue et son suspense. La base de l’histoire ne cherche pas l’originalité : une jeune femme enlevée et séquestrée, son mari faisant figure de principal suspect. Comme la plupart des héros de l’auteur, James Carson est un citoyen américain honnête, peu préparé à devoir prouver son innocence. Malgré tout, il ne manque pas de combativité, espérant retrouver saine et sauve sa jeune épouse. En face, la police choisit la facilité, tant il est vrai que la version du mari est bancale par rapport aux indices qu’ils collectent.

Heureusement, il peut compter sur sa belle-sœur. “Pour autant qu’il pût en juger, Shirley n’était pas immorale, ni même amorale. Elle voyait les choses en face ; et, pour survivre dans la jungle enfumée, alcoolisée et artificielle où elle vivait, elle utilisait au mieux la seule arme dont l’eût pourvue la nature. En outre, elle avait pour Shannon un attachement farouche.” Le savoir-faire avéré de Day Deene et sa narration fluide visent à captiver les lecteurs, en ménageant autant de rebondissements que de questions. Un authentique polar de tradition.

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2018 6 13 /10 /octobre /2018 04:55

La journée s’annonce ordinaire à la Tour Montparnasse, à Paris. Mais, dirigé par une certaine Lorraine – dite "La Patronne" – un commando vient de s’installer au 17e étage de l’immeuble. Si la bande ne compte que huit complices, ils feront en sorte de sembler plus nombreux. Rapidement, Lorraine et ses hommes prennent en otage deux cent personnes employées à cet étage. La plupart des lignes téléphoniques sont coupées par le commando. Parpant, le commissaire de police du quartier, est bientôt informé de la situation. Tandis que Lucien Bédoré, directeur d’exploitation de la Tour, relativise le problème pour calmer les mécontents, le commissaire Parpant obtient un premier contact téléphonique avec Lorraine. Celle-ci montre une détermination certaine.

À la tête du commando, au 17e étage, "La Patronne" gère l’opération avec fermeté. Quand il faut éliminer les otages récalcitrants, Lorraine n’hésite pas à le faire. Elle a exigé d’être mise en rapport avec le Préfet de Police. Ce dernier et les décideurs politiques tergiversent afin de laisser s’enliser les choses. Lorraine n’est pas d’humeur à perdre du temps : une rançon de deux cent millions de Francs, voilà ce qu’elle réclame. Le policier Leripinsec va s’occuper de l’affaire, puisque le Préfet de Police préfère rester en retrait. La rousse Lorraine est finalement identifiée : ce serait Lorena Davallo, connue des services de police mais pas pour actes de banditisme. Le commissaire Leripinsec ne sous-estime nullement "La Patronne", tout en cherchant la meilleure solution pour mettre fin à l’opération.

La rançon en lingots d’or doit être déposée par hélicoptère sur le toit de la Tour. Lorraine accepte cette procédure, même si elle retarde le déroulement prévu. Au 17e, la tension monte chez les otages. S’il advient une tentative de rébellion, Lorraine et sa bande riposteront sans la moindre hésitation, tant pis si ça cause des victimes. Lorraine et sa bande obéissante s’impatientent. Autour de la Tour, le GIGN est prêt à intervenir. Le commissaire Leripinsec préférerait une issue moins expéditive, avec l’aide de certaines personnes présentes dans la Tour, près du 17e. À l’heure du versement de la rançon, l’affaire peut encore réussir pour Lorraine, en évitant un dramatique bain de sang.

Paul Kinnet : La Tour, prends garde ! (Série Noire, 1986)

À partir de 1975, c’est chez Le Masque que Paul Kinnet va publier l’essentiel de ses romans policiers. “Voir Beaubourg et mourir” est récompensé en 1978 par le Prix du Roman d’aventure. Un seul titre de Paul Kinnet fut publié dans la Série noire, “La Tour, prends garde !” en 1986. Une prise d’otage dans la célèbre Tour Montparnasse, une très forte rançon exigée, une "Patronne" de commando jusqu’au-boutiste, voilà les éléments qui assurent un roman d’action aux péripéties multiples. La narration claire est, comme dans tout bon polar, le premier atout favorable. Pas de cachotterie inutile pour le lecteur, c’est ainsi que le tempo reste vif et passionnant. Baignant dans son époque – le milieu des années 1980 – “La Tour, prends garde !” est sans nul doute un excellent "Série Noire" à redécouvrir.

Partager cet article
Repost0
6 octobre 2018 6 06 /10 /octobre /2018 04:55

James Brady, trente-quatre ans, est marié à May, une veuve qui a deux enfants. La famille s’est installée dans la lointaine banlieue de New York. Ce qui ne simplifie pas la vie de Brady, par rapport à son métier. Rédacteur publicitaire pour une société new-yorkaise, un travail mal payé, il prend le train chaque jour pour rejoindre son emploi. Il a du mal à faire face financièrement pour assumer les charges familiales. Un meilleur salaire serait inespéré, son job étant déjà précaire. Ce jour-là, la météo étant mauvaise sur New York, il prend un taxi, car il est en retard. Une jeune femme vêtue d’un imperméable rouge avait choisi le même véhicule. Face à Brady, elle semble effrayée, et sort vivement du taxi. Elle est percutée par une voiture, blessée sans gravité, et va être bien vite hospitalisée.

Brady fait comme s’il n’avait rien vu de l’incident. Peu après, il découvre dans le taxi un paquet oublié par la jeune inconnue. Bien qu’il ne puisse pas immédiatement compter la somme en billets, il réalise qu’il y a là un gros pactole. L’honnête Brady s’interroge. Avec cet argent, c’est la fin de ses soucis financiers. Il décide de le garder. Il s’isole dans un hôtel douteux afin de chiffrer la somme. 50.000 dollars, c’est énorme. Ne pouvant pas le ramener tout de suite chez lui, il dépose le paquet à la consigne de la gare de Grand Central. Il est bientôt conscient que tant d’argent en billets, emballés dans un journal de Chicago, ça appartient sûrement à quelqu’un de la pègre. Brady sait pertinemment que les gangsters ne plaisantent pas avec ceux qui dérobent leurs biens.  

La jeune blessée a vingt-et-un ans, elle se nomme Ruby La Rue. Officiellement danseuse à Chicago, elle transportait ce paquet pour le compte de Louie Diamond. Ce dernier est un des grands caïds de la ville, ayant fait partie de la mafia des temps héroïques à l’époque d’Al Capone, Bugsy Siegel et autres chefs du banditisme. Se faire doubler par une fille comme Ruby ou par quiconque ayant piqué le paquet, pas question ! Louie Diamond envoie rapidement deux sbires à New York pour retrouver le paquet de billets. Pour sa part, Ruby étant sortie de l’hôpital, elle cherche à remettre la main sur le fric. Elle a retenu le nom du chauffeur de taxi, dont elle trouve l’adresse personnelle. Mais les hommes de main de Louie sont déjà sur sa trace., réagissant sans pitié.

Pendant deux jours, James Brady traîne dans les bars, échafaudant les projets qu’il pourra concrétiser avec ce pactole. Y compris réussir à écarter sa jeune belle-fille, qui se montre trop sentimentale avec lui. Échapper aux mafieux ne sera sans doute pas facile non plus. Par ailleurs, deux policiers ont fait le lien entre Ruby et Louie Diamond, surveillant aussi discrètement que possible la jeune femme. Garder les 50.000 dollars n’est probablement pas la meilleure solution pour Brady…

Day Keene : Un colis d’oseille (Série Noire, 1959)

Dans ce roman publié en 1959 dans la Série Noire, Day Keene (1904-1969) utilise avec une belle habileté un sujet souvent traité par les auteurs de polars. Un gros paquet de billets tombé miraculeusement entre les mains d’un quidam, et tout peut arriver. Brady est un citoyen ordinaire, assez désargenté, employé modeste et chargé de famille, auquel une telle somme ferait grand bien – mais sa trouvaille devient aussi embarrassante. Si Day Keene nous présente le mafieux de Chicago propriétaire du pactole, ce sont les cas de Brady et celui de Ruby qui priment.

Pour la jeune femme, un moyen d’échapper à ce monde de la pègre si malsain. Pour Brady, qui réfléchit aux conséquences favorables mais également aux risques, il y a là un coup à tenter. Dans les romans de Day Keene, c’est le vécu des personnages qui leur confère une authenticité, une crédibilité. S’y ajoute un atout fort : le contexte, l’Amérique de l’époque. Au-delà de l’intrigue proprement dite, l’auteur se veut témoin de son temps. Il convient de souligner la fluidité narrative du récit, qui ne cherche jamais à égarer les lecteurs. Injustement dédaigné, Day Keene fait partie des très bons romanciers de la Série Noire. Relire (ou découvrir) ses polars est toujours un vrai plaisir. 

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2018 5 05 /10 /octobre /2018 04:55

Début des années 1970. Luj Inferman et La Cloducque forment un duo d’éternel fauchés, incompatibles avec tout emploi salarié, combinards sans succès. Luj Inferman essaie de conserver une allure acceptable, tandis que La Cloducque – dont on ne sait si c’est un homme ou une femme – cache son hygiène inexistante sous un miteux manteau. Ces deux clodos-là sont inséparables, bien qu’entretenant une relation conflictuelle. L’hiver ayant été bigrement froid, ils ont trouvé refuge chez leur ami Nénesse dans une sombre banlieue parisienne. Hélas, Nénesse est moribond. Il se fait prier pour leur confier un ultime secret. Il détient un lot de faux billets, pour cinq milliards de Francs. Sauf que ce fric est inutilisable, à cause du graveur. Néanmoins, Nénesse ayant clamsé, Luj Inferman et La Cloducque s’emparent du lot de biftons et se tirent vers les Alpilles.

À Digne, ils font la connaissance de Ferdinand de Dinan, patron d’un cabaret, qui les présente à Gino, un caïd de Marseille. Ce dernier a flairé le bon coup, car il s’avère que ces billets sont magiques. En effet, en les plaçant dans un portefeuille, ils se multiplient. Voilà qui intéresse Gino, qui tente de les arnaquer. Il vaut mieux s’éloigner pour l’instant du truand marseillais. Autre problème : le miracle ne fonctionne pas pour le duo, qui reste dans la dèche. Probablement à cause de La Cloducque, qui leur porte la poisse. Il/elle a planqué le lot de biftons dans une cachette qu’il/elle ne révèle pas à Luj Inferman. Tous deux repartent vers Paris, en quête d’un moyen pour se financer entre-temps. Pas grâce à un boulot régulier, c’est sûr. La Cloducque ne se gêne pas pour dévaliser les mendiants aveugles et autres méthodes à sa portée.

Peut-être qu’en cambriolant avec succès un château dans le Loiret, le duo verra le bout du tunnel ? Non, car la police intervient chez le receleur qui allait leur offrir un bon prix, réduisant leurs efforts et le butin à zéro. Luj Inferman et La Cloducque se font engager par le détective Tive pour une mission – traquer un mari cocufiant son épouse – qui finira en eau de boudin, comme le reste. Il n’y a que la solution marseillaise qui leur permettrait de tirer parti des faux biftons, tout en se méfiant de ce satané Gino. La Cloducque retrouve, non sans mal, avec son compère la grotte où il planqué le lot de cinq milliards en billets ratés. Si la cachette est vide, ce n’est pas le fait de Gino et sa bande. Le duo s’est fait doubler par d’hallucinants monarchistes préparant un complot, rien que ça ! Leur aventure ne s’achèvera pas là, les entraînant bien loin de la métropole, toujours en galère… 

Pierre Siniac : Les 5 milliards de Luj Inferman (Série Noire, 1973)

Nous voilà bombardés agents provocateurs à la solde du patronat. C’est surtout Clod’ qui a été sollicitée ; moi, on m’a pris pour faire plaisir à l’herma et un peu à contrecœur. Je ne sais trop – Clod’ non plus, d’ailleurs, à ce qui semble – en quoi consiste l’étrange turbin qu’on exige de nos pauvres personnes, mais je pense que des types de notre trempe sauront se débrouiller et plaire à la haute direction sans faire trop de dégâts.
La Clod’ s’est refusée à quitter son pardingue salopé par les âges et les intempéries. Elle a cependant consenti à ôter son chapeau cloche, jugé trop bourgeois par le monde ouvrier. Elle a plié la coiffe salingue en huit et l’a glissée dans une de ses poches ; à la place, sur la citrouille avariée qui enveloppe son ciboulot spongieux, elle a posé une petite casquette grise à longue visièretrès plate, et glissé un gros crayon entre une de ses feuilles de chou et sa tempe.

Parmi son œuvre abondante, Pierre Siniac (1928-2002) est l’auteur d’une série de romans ayant pour héros cette paire de clochards déjantés : Luj Inferman et La Cloducque, Les 401 coups de Luj Inferman, Les 5 milliards de Luj Inferman, Luj Inferman dans la jungle des villes, Pas d’ortolans pour La Cloducque, Luj Inferman chez les poulets, Luj Inferman ou Macadam-Clodo. Au fil de leurs sept tribulations, le duo éternellement sans-le-sou est confronté à mille péripéties… destinées à nous faire sourire, et même bien davantage. Ces personnages ont un sympathique côté anar, dans le contexte de l’époque (de 1971 à 1982). Entre eux, c’est autant le chacun-pour-soi et les disputes que la solidarité, selon les cas. Même s’il cherche à se débarrasser de l’encombrant hermaphrodite, Luj Inferman ne peut longtemps se passer de lui (ou d’elle plutôt, encore que…).

Avec “Les 5 milliards d Luj’Inferman, nous les suivons dans un périple à travers la France. En possession de faux-billets miraculeux, ils se débrouillent aussi mal que possible pour se renflouer tant soit peu. Le scénario ne cherche nullement à être crédible, l’essentiel pour l’auteur étant de proposer une histoire désopilante, pleine d’action et de rebondissements en tous genres. Ce postulat étant vite accepté, on se régale à la lecture des déboires qu’ils traversent. C’est aussi l’occasion pour l’auteur de dresser le portrait de personnages secondaires particulièrement insolites. L’humour n’a jamais été incompatible avec le roman noir, Pierre Siniac le prouva avec brio. Luj Inferman et La Cloducque, sept romans à redécouvrir.

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/